Ken Roth est le directeur exécutif de l’organisation non-gouvernementale Humain Rights Watch, dont on peut consulter le site Internet au www.hrw.org une organisation vouée à la défense des droits humains à travers le monde; il a signé un article sur l’utilité d’amener les tyrans en justice.
Les dirigeants responsables d’atrocités doivent être amenés devant les tribunaux pour réparer un peu les dégâts causés aux victimes et à leur famille, pour punir les bourreaux et surtout à décourager d’autres tyrans qui voudraient commettre les mêmes crimes.
Mais certains critiques allèguent que la menace de poursuite pousse les dictateurs à s’accrocher au pouvoir plutôt que d’abdiquer ou que ça l’encourage les combattants à se battre plutôt qu’à chercher des ententes de paix.
Ken Roth donne comme exemple Charles Taylor, non pas le philosophe canadien mais plutôt l’ancien président du Libéria qui vit un exil confortable au Nigeria depuis trois ans grâce à l’appui des ÉU/GB.
Taylor avait été accusé en 2003 par un tribunal de l’ONU d’avoir supporté les rebelles du Front Révolutionnaire Uni connu pour avoir massacrer (viols, coupage de bras par machettes) de ses victimes pendant la guerre civile au Sierra Leone.
Cet exil doré loin Taylor loin de la justice empêche les victimes au Sierra Leone d’amener leurs agresseurs en justice et ça montre à d’autres tyrans qu’eux aussi pourront massacrer des gens en toute impunité.
Avant l’apparition de tribunaux internationaux les tyrans avaient l’habitude de fuir lorsque leur régime s’écroulait.
Par exemple : Marcos des Philippines, Duvalier d’Haïti, Mengistu d’Éthiopie, Amin de L’Uganda, Stroessner du Paraguay, Mobutu du Zaïre et le Chah d’Iran.
Tous ces hommes méritaient le traitement aujourd’hui réservé à Slobodan Milosevic, l’ex-président de la Yougoslavie.
Et tous ces hommes se sont accroché au pouvoir jusqu’à la dernière seconde, même s’il n’y avait pas de menaces sérieuses de les amener en justice.
L’arrestation de Milosevic a eu le bel effet de calmer les dirigeants bosniaques qui ne sont pas non plus des enfants de chœur.
On peut voir les effets de la présence de la cour pénale internationale sur des conflits comme au Congo et au Darfour où la menace de poursuites poussent les commandants meurtriers à pencher du côté des réformes plutôt que de poursuivre les massacres.
L’impunité n’a aucune utilité, pire, ça provoque encore plus d’horreur : on a pardonné les atrocités commises par l’armée indonésienne en septembre 1999 au Timor oriental alors l’armée s’est permise de poursuivre sa brutalité aujourd’hui en Aceh.
Y’a le président de la Colombie, Alvaro Uribe qui est sur le point de légèrement punir les paramilitaires dans son pays sans exiger une démobilisation totale…
Ken Roth nous rappelle donc que même si les circonstances ne permettent pas des poursuites, il ne devrait jamais y avoir de la place pour de l’impunité concernant des violations aux droits humains et les crimes contre l’humanité.
L’histoire récente nous montre bien que les poursuites et même la menace de traîner les tyrans en justice réduisent considérablement le niveau d’atrocités commises.
C’est à ce demander à quel point George Bush et Tony Blair se seraient embarqué dans le marasme de l’Irak si ils étaient certains qu’un jour la cour pénale internationale pouvait les lancer en prison…