L'Arabie Saoudite sous l'emprise du Wahhabisme
Avec la mort du roi Fahd d’Arabie Saoudite lundi dernier, le moment est propice à une brève rétrospection de l’histoire du pays, et surtout une revue de l’union entre la famille royale de Saud et la version extrême de l’islamisme qu’est le Wahhabisme.
L’Arabie saoudite est un pays de 26 millions d’habitants et demeure le plus grand exportateur de pétrole de la planète.
La famille royale des Saud qui contrôle le pays sans partage a réussi à imposer sa domination et à la maintenir avec l’aide du Wahhabisme, la version de l’islamisme auquel s’adhère entre autre Oussama ben laden.
Le Wahhabisme vient du nom de son fondateur Abdul-Wahab qui avait déclaré au 18ième siècle qu’il fallait s’en tenir à la lecture strictement littéraire du Coran et que tout acte ou point de vue non-orthodoxe devait être condamné et combattu.
Le fondateur de l’état moderne d’Arabie saoudite, Ibn Saud, a conquis la péninsule durant les années 1920 avec l’aide de formations militaires tribales nommées Ikhwan.
Mais lorsqu’on regarde les origines du règne de la famille des Saud, faut surtout concentrer son attention sur l’autorité cléricale nommée mutawwa… une organisation qui a été essentielle pour l’établissement de leur règne sur les différentes tribus réparties sur la péninsule arabique.
Un mutawwa était un membre de la population sédentaire qui se spécialisait dans les rituels religieux, ou plus simplement un spécialiste du rituel avec une connaissance limitée de la théologie.
Les mutawwa exigeaient non seulement la soumission à Allah, mais surtout une soumission à la famille Saud, utilisant sans retenu la violence contre ceux qui refusaient de se soumettre.
Ces spécialistes du rituel sont devenu l’essence de ce qu’est devenu le comité pour la propagation de la vertu et la prohibition du vice.
Les mutawwa étaient essentiel à l’établissement du règne de Saud durant le premier tiers du 20ième siècle, entre 1902 et 1932, leur fameux régime religieux de discipline et de punition avait soumis la population Arabe à voir Ibn Saud comme étant le chef suprême sur toutes les tribus.
D’autant plus que les mutawwa collectaient le zakat, c’est-à-dire les taxes pour le gouvernement central.
Les mutawwa avait aussi joué un rôle cruciale dans la création des ikhwan, les groupes militaires avec lesquels Ibn Saud à conquis la péninsule…les ikhwan s’étaient vu attribué le nom de soldats qui appliquait la doctrine de l’unité d’Allah.
Alors lorsque les mutawwa appliquaient le contrôle mental sur le peuple, les ikhwan s’occupaient de la coercition physique.
En gros, sans le wahhabisme, la famille royale n’aurait jamais réussi à imposer sa domination sur une si grande partie de la péninsule arabique, parce qu’aux début du 20ième siècle les Saud n’avaient presque pas de liens avec les autres tribus.
C’est encore le cas aujourd’hui. Sans un régime religieux aussi répressif, la société d’Arabie saoudite retournerait à sa structure d’autorité tribale, une société où la famille Saud n’aurait certainement pas la place pré-éminente qu’elle a depuis plus de 75 ans.
Ce qui fait dire à certains que le plus grand exportateur de pétrole au monde ne sera jamais un état moderne et ouvert parce qu’il a besoin de soumettre sa population à un régime religieux répressif pour protéger le roi…et plus le reste de la société s’appauvrit, plus l’autorité de la police religieuse sera grande.
C’est drôle, ça me fait penser au virage religieux qui a permis aux Républicains de dominer la scène politique aux États-Unis depuis la fin des années 90…pas pour rien que les deux pays se sont si bien entendu depuis 30 ans!
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