Sommet USA/Inde : la 2ième révolution verte?
L’équipe de néo-conservateurs de George W. Bush poursuit sa croisade mondiale contre le terrorisme alors ça n’a donc pas été une surprise que ce sujet ait été au haut de la liste de sujets entre lui et le Premier ministre de l’Inde Man Mohan Singh, le 18 juillet dernier.
L’autre sujet a été l’agriculture…et comme on verra au cours des prochaines minutes, le terrorisme et l’agriculture ont des liens dont on ne se doute pas à première vue.
L’inde et les ÉU ont donc signé une entente de principe pour une collaboration dans la promotion de la démocratie, la lutte au terrorisme, mais plus important encore : les ÉU s’engagent à enseigner les vertus de la biotechnologie et des manipulations génétiques à l’industrie agricole de l’Inde.
Dans certains milieux, on qualifie déjà cette entente de deuxième révolution verte en référence à la première révolution verte qui avait eu lieu pendant les années 60 suite à la collaboration de l’Inde et des ÉU à l’époque.
Mais selon l’activiste indienne de renom Vandana Shiva, la révolution verte des années 60 a créer et nourrit le terrorisme et l’extrémisme au Panjab, un État indien de 20 millions d’habitants pendant les années 80 et rien n’indique que cette deuxième révolution ne fera pas la même chose…
Shiva affirme que le fait d’imposer des technologies et des modèles d’échange agricoles qui servent avant tout les intérêts des entreprises ÉU sur l’Inde contribue à détruire le mode de vie de millions de fermiers…ce qui en fait un véritable champ de recrutement pour de nouveaux terrorismes.
Elle rappelle qu’au moment de l’indépendance de l’Inde, l’agriculture nationale était en fort mauvais état surtout à cause des décennies d’abus de la part de la Grande-Bretagne…restez là pendant la deuxième heure, on ira un peu plus loin au sujet du rôle des puissances impériales sur la faim dans le monde.
Bref, la nouvelle Inde indépendante avait faim et le ministre de l’agriculture de l’époque avait lancé un programme ambitieux de réparations de cycles hydrauliques naturels pour permettre aux fermiers locaux d’augmenter leur productivité d’une manière écologique.
Mais pendant que les chercheurs indiens tentaient de remédier à leurs problèmes agricoles d’une manière durable, traditionnelle et plus en harmonie avec la nature…
Une autre vision de l’agriculture prenait forme aux ÉU : basée non pas sur une intensification des processus de la nature, mais sur l’intensification des crédits d’achat pour des fertilisants chimiques et des pesticides.
Des experts américains ont volé au secours des indiens et sont aller convaincre le gouvernement de laisser-faire l’agriculture basée sur l’autarcie, la diversité locale et d’adopter plutôt la vision de l’importateur dépendant d’un modèle étranger.
Au milieu des années 60, la Banque mondiale et USAID ont tordu le bras de l’Inde pour que le pays s’ouvre aux investisseurs étrangers et qu’il élimine les contrôle domestique de son industrie agricole.
Et lors d’une sécheresse en 1966, le président Lyndon Johnson en a profité pour imposer une collaboration agricole étroite entre l’inde et les ÉU.
C’était le départ de la fameuse révolution verte, une agriculture qui profite surtout aux exportateurs américains, une agriculture riche en produits chimiques : deux éléments qui ont contribué à l’apparition d’un mouvement extrémiste et au désastre de Bhopal.
La frustration face à la situation a débordé en terrorisme dans l’État du Punjab et l’assassinat d’Indira Gandhi en 1984 et la mort de 30 000 personnes depuis.
Et la dépendance aux chimique a mené au désastre de Bhopal où l’accident à l’usine de pesticides Union Carbide a tué plus de 35 000 personnes depuis décembre 1984.
La seconde révolution verte qui s’annonce possède les mêmes caractéristiques injustes que la première : une centralisation du pouvoir et une appropriation des ressources et de la terre qui vole aux fermiers locaux la possibilité de prendre contrôle de leur vie.
Faut se rappeler encore et toujours que le terrorisme vient au monde dans des situations économiques injustes et anti-démocratiques.
On peut même faire le parallèle entre le terrorisme au Panjab et à Oklahoma où les fermiers sont en crise depuis des décennies…une situation de stress de longue durée qui provoque l’extrémisme anti-gouvernemental qu’on voit de plus en plus là-bas.
La nouvelle entente entre l’Inde et les ÉU sur l’agriculture risque donc, selon Vandava Shiva, d’éroder la démocratie et de provoquer l’extrémisme : tout le contraire du but de la mission de George Bush en Inde.
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