31 octobre 2005

TAMBOURS DE GUERRE

Syrie/États-Unis

Une enquête menée par l’ONU sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri se poursuivra jusqu’au 15 décembre prochain, et selon toutes les indications ça pourrait être l’étape décisive pour une intervention militaire des ÉU en Syrie.

Jusqu’à présent, l’enquête accuse quatre généraux libanais pro-syrien en plus de plusieurs Syriens, dont des membres de la famille du président syrien Bashar al-Assad d’avoir comploté pour l’élimination du PM libanais qui voulait voir les troupes syriennes quitter son pays.

Depuis l’invasion de l’Irak en 2003, les ÉU cherchent à imposer des sanctions politiques et économiques contre la Syrie, en plus de l’isoler diplomatiquement :

La Syrie a souvent été accusée par les ÉU de supporter les insurgés sunnites en Irak.

En fait depuis 2003 les néoconservateurs qui mènent le bal à Washington n’ont jamais caché que l’intervention militaire lancée contre l’Irak allait se répandre dans le reste de la région du Moyen-Orient : que ce soit en Syrie, en Iran ou même en Arabie Saoudite.

L’enquêteur en chef de l’ONU Detlev Mehlis a réitéré sa demande à la Syrie pour que le pays coopère entièrement à l’enquête sur l’assassinat d’Hariri.

Au cours des prochains jours on discutera au conseil de sécurité de l’ONU à savoir si des sanctions devront être imposées contre la Syrie si le régime d’Assad ne collabore pas pleinement à l’enquête.

La Russie et la Chine ont jusqu’à présent refusé l’idée d’imposer de telles sanctions.

Il y a trois jours Assad a donc créé un comité spécial pour mener sa propre enquête sur l’assassinat et il a dit que si des preuves solides devaient en ressortir que des membres de son entourage seraient responsables il a affirmé qu’il prendrait les actions appropriées.

Ça risque d’être insuffisant pour les ÉU et Washington a déjà lancé sa menace : si tu ne t’occupes pas du problème nous allons venir nous en occuper.

Et là bien la Syrie accuse les ÉU d’avoir déjà mené des incursions militaires dans son territoire.

Même dans le New York Times, le 15 octobre dernier on rapporte que l’armée américaine ne se gêne plus de poursuivre ses cibles qui fuient de l’Irak en Syrie.

La ligne est donc de plus en plus mince à la frontière qui sépare la Syrie de l’Irak…

Tout ça dans un contexte ou plusieurs croient que ça fait longtemps que les néoconservateurs à Washington ne souhaitent rien de mieux que de renverser le régime de Bashar al-Assad et de le remplacer par un qui serait plus gentil avec les ÉU et Israël.

Et vu que les armes de destruction massive n’ont jamais été trouvées, bien certains officiels états-uniens ont déjà suggéré que la Syrie avait permis à Saddam de les cacher là-bas.

Même s’il a souvent été dit que les troupes américaines s’épuisent en Irak et en Afghanistan, à un point où l’éventualité de l’invasion d’un autre pays était improbable…l’histoire a d’autres leçons pour nous.

Les régimes qui font face à une humiliation militaire ont plus souvent qu’autrement accru l’étendue le champ de guerre : par exemple lorsque Richard Nixon a fait déborder la guerre du Vietnam dans les pays voisins : au Cambodge et au Laos…justement parce qu’on accusait ces deux pays de supporter l’ennemi.


On parlait donc de l’éventualité d’une intervention militaire des ÉU en Syrie, sous prétexte que la Syrie aide les factions terroristes en Irak, en plus de nuire à l’enquête que l’ONU mène actuellement sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri.

Jusqu’à présent l’enquête de l’ONU accuse des personnes dans l’entourage immédiat du régime syrien de Bashar Assad et les 15 membres du conseil de sécurité discutent sur la voie à suivre si Assad ne coopère pas pleinement à l’enquête.

À Washington on a déjà commencé à battre les tambours de guerre et l’armée américaine a déjà mené des campagnes militaires en Syrie.

Un comité du sénat a demandé à la Secrétaire d’État Condoleezza Rice le 19 octobre dernier si l’administration Bush comptait prendre des actions militaires contre la Syrie et elle a répondu que le président Bush n’a pas éliminé l’option militaire pour régler le problème.

Donc la guerre en Syrie s’approcherait, les conflits transfrontaliers entre la Syrie et les ÉU ont déjà eu lieu.

Le 1er octobre dernier Bush et ses proches se sont réunis pour considérer les actions à prendre contre la Syrie, incluant l’action militaire.

Tout ça est bien, sauf qu’aux dernières nouvelles la constitution des ÉU écrit noir sur blanc que ce la grave décision de déclarer la guerre contre un autre pays n’appartient pas au président, mais au congrès.

En plus, la charte de l’ONU affirme aussi que tous les pays membres devraient se retenir de menacer et d’utiliser l’agression militaire contre un autre pays…à moins que le conseil de sécurité approuve.

Depuis un bon bout de temps le peuple états-unien affirme majoritairement que la décision d’utiliser la force militaire contre l’Irak était une mauvaise idée…et c’est dans ce contexte là que l’administration Bush contemple vraiment d’agir en Syrie.

Alors dans leur délire semblerait que Bush et Cie semblent croire que le président a le droit de déclarer la guerre contre n’importe qui sans consulter le congrès.

Du moins c’est ce que Condoleezza Rice a déclaré au sénat récemment : elle a dit qu’il ne fallait limiter les pouvoirs de guerre du président dans le contexte de la guerre mondiale au terrorisme.

Justement, la constitution américaine limite clairement la capacité du président de déclarer la guerre…alors est-ce que Bush serait prêt d’aller contre sa propre constitution en attaquant la Syrie et l’Iran?

Vu la réticence du congrès américain de critiquer l’appareil de politique étrangère en place, il est facile de croire que la Syrie est dans la mire.

Et autant que les ÉU n’avaient aucune idée des lendemains du renversement de Saddam en Irak, ils n’ont aucun plan précis pour remplacer le président Bashar Assad.

Alors gardons un œil sur cette enquête de l’ONU, parce qu’il est facile de voir comment les ÉU s’y prennent pour isoler un régime qu’ils veulent renverser…comme en ce moment avec la Syrie.

Difficile à croire que Bush, Cheney et Cie pourraient aller de l’avant et briser un autre pays du Moyen-Orient : pourtant, c’est déjà commencé.

DES REMÈDES PIRES QUE LA MALADIE

Système de santé PPP

Pour revenir sur le manifeste pour un Québec lucide qui dit en somme qu’il faudra collectivement se serrer la ceinture pour faire face aux défis posés par le vieillissement de la population; notre retard économique par rapport au reste de l’Amérique du Nord; la réduction de la dette et les besoins criants en santé et en éducation.

Une des solutions proposées serait de laisser de la place au privé dans le système de santé et puis d’arrêter de paniquer avec cette idée là.

Dans le manifeste on ne mentionne pas les profits monstrueux des compagnies pharmaceutiques comme étant une menace au système de santé, mais ça c’est un autre sujet en soi.

Le problème avec l’entrée du privé dans le système de santé comme solution miracle pour guérir le système c’est que tout prouve que ça finira par coûter plus cher.

Non seulement le système privatisé à l’américaine coûte vraiment plus cher, il s’avère qu’il est aussi beaucoup moins efficace que le modèle public.

Malgré ces faits, ici comme à travers le reste du Canada on a adopté la privatisation de facto avec les PPP, les partenariats privé-public dans les hôpitaux.

Dalton McGuitny, le premier ministre de l’Ontario a annoncé l’arrivé de 14 hôpitaux PPP à travers la province.

Il a annoncé même s’il avait vertement dénoncé les hôpitaux PPP lors des dernières élections provinciales, accusant les hôpitaux PPP de coûter trop cher, que leur contrat était trop long et que tout ça allait éventuellement mener à un système de santé à l’Américain.

Il avait bien sûre raison, mais là son plan de 14 hôpitaux PPP devra faire face à l’opposition venant de l’Ontario Health Coalition. Sûrement le genre de groupe que dénonce Lucien Bouchard et sa gang dans le Québec Lucide!

On souhaite bonne chance à la coalition, parce que si le projet ontarien de privatisation est réussie on risque de voir des hôpitaux PPP apparaître partout à travers le pays.

La plupart des hôpitaux PPP signifient que l’on a signé un contrat avec un consortium privé pour le design, la construction, le financement et l’opération de l’hôpital pour un long moment, normalement entre 25 et 30 ans.

Alors tous les services non-médicaux sont regroupés en un contrat unique ayant des débits de revenus garantis pour des services allant de l’alimentation à la buanderie en passant par la maintenance et le nettoyage.

En regroupant les services de la sorte, il devient pratiquement impossible de cesser un contrat individuel sans mettre fin l’ensemble à des coûts pouvant monter à des centaines de millions de dollars.

Selon des études de l’université McMaster publiées dans le Canadian Medical Association Journal le mélange de profits et d’hôpitaux est morbide et coûteux.

On y dit que le gouvernement canadien paierait 7,2 milliards de plus par année en santé si le Canada devait aux hôpitaux à buts lucratifs.

L’étude est même allée jusqu’à chiffrer le nombre de morts qui en résulterait directement : 2200 par année.

Il y a aussi la menace très sérieuse de fraude : aux ÉU au milieu des années 1990, la fraude par les géants de la santé s’élevait à 100 milliards par année.

En GB, la feuille de route des hôpitaux PPP est tellement désastreuse que le gouvernement de Tony Blair est même allé jusqu’à menacer d’augmenter les taxes pour payer les coûts additionnels que ça l’a amené.

La compagnie qui signe le contrat PPP paie non seulement des taux d’intérêt plus élever pour son financement du projet, mais il compte recevoir jusqu’à 16% de retour sur son investissement.

Si on ajoute à ça le coût exorbitant des cadres et on voit pourquoi les budgets pètent le plafond.

Alors la seule stratégie pour baisser les coûts s’avère de mettre des employés à la porte et de réduire les qualifications des autres travailleurs pour baisser leur salaire.

Le penchant vers l’introduction du privé dans notre système de santé n’a rien de lucide.

Alors pourquoi entrer le privé dans la santé si en fin de compte ça fini par coûter plus cher à l’État, donc aux citoyens payeurs de taxes? Tout simplement parce que ça sera payant pour les amis de nos chers représentants au pouvoir.

C'EST LE BARIL QUI POURRIT LES POMMES!

Échec du capitalisme

Je vous parle brièvement du livre qui vient de sortir : «Capitalism’s Achilles Heel : Dirty money and how to renew the free-market system»

Ça l’a été écrit par Raymond W. Baker, un homme qui connaît par cœur les rouages du système capitaliste mondial puisqu’il a été un homme d’affaires important en Afrique et en Amérique latine pendant 40 ans.

La thèse de son essai est en deux volets : le capitalisme est pourri et fétide, mais mérite d’être réformé puisque, crois-t-il à tort, il n’existe pas d’alternative valable.

Pour une alternative désirable au capitalisme, je vous conseille de visiter le lien «société participative» qui se trouve dans le menu de notre site Internet.

Bref, la thèse de Baker mérite notre intérêt parce qu’il nous offre une critique cinglante du capitalisme et que ça vient d’une personne qui connaît le système de fond en comble, ayant œuvré dans plus de 60 pays au cours des 40 dernières années.

Il témoigne donc dans son livre de la généralisation des opérations illicites et de corruption dans les six continents.

Il avoue candidement que la structure de base du système économique global souffre de défauts fondamentaux et les risques qui en résultent affecteront les riches tout comme les pauvres.

Il dit avoir plus souvent qu’autrement avoir observé l’abus de brèches dans les contrôles de la finance globale pour accumuler d’immenses profits.

Baker affirme que le système du marché-libre a la très mauvaise réputation de favoriser l’avènement de toutes sortes de fraudes, de scandales et d’illégalités, même ici dans les pays de l’Ouest.

Il défend sa thèse avec un bon nombre d’exemples de fraudes, de vols, de pratiques corrompues, des irrégularités chez les firmes de comptable, de fausses déclarations de revenus, la mauvaise présentation des actifs, l’évasion fiscale, les conflits d’intérêts, etc.

Les coupables sont les gros noms de la finance globale, parmi eux : Citigroup, JP Morgan Chase, bank of America, Bankers trust, Bank of New York.

Les transnationales ne sont pas épargnées non plus : Enron, Worldcom, Global Crossing, Halliburton et les 5 grandes firmes de comptables aussi.

Durant la révolution néo-libérale, on nous avait promis qu’en laissant les forces du marché global agir librement on se débarrasserait de la corruption et de la criminalité qui surgissaient à cause des interventions et de la réglementation des gouvernements.

Dans les faits, depuis la globalisation du libre-marché suite à la chute du mur de Berlin, on a assisté à l’explosion du volume d’activités commerciales et financières illicites, nous dit Baker.

Les banques et les institutions financières ont été inondées d’argent sale.

Baker déclare que ces sujets sont tabous pour les cercles gouvernementaux et financiers, mais que tout ce torrent de capital venant d’activités illicites est une menace majeure à la stabilité et à la sécurité des transnationaux, des démocraties, voire du libre-marché global.

La majeure partie du livre est consacrée au problème de l’argent sale et de son blanchiment et le rôle joué par les paradis fiscaux et bancaires.

Il définit les trois formes d’argent sale : la criminelle, la corrompue et la commerciale en ajoutant que les trois formes utilisent à peu près les mêmes subterfuges pour blanchir l’argent à travers des canaux internationaux.

Raymond W. Baker montre en détail comment une industrie corrompue a proliféré au Nigeria, en Indonésie et au Pakistan : menant à de tristes résultats comme la pauvreté endémique, la décomposition des infrastructures et la réduction des programmes sociaux.

L’essai de Baker a le mérite de bien décrire l’état du capitalisme global, mais il se met un doigt dans l’œil en croyant aveuglément que le système peut-être réformé et nettoyé de ses pires caractéristiques.

Tout ça parce qu’il avoue ne pas connaître d’alternatives viables et désirables au capitalisme, pourtant il n’aurait qu’à visiter notre site Internet et cliquer sur le lien «société participative» pour comprendre qu’un autre monde est possible!

24 octobre 2005

POUR UN JAPON LUCIDE?

La pari remporté du Premier ministre Koizumi

On risque d’entendre beaucoup parler du manifeste pour un Québec lucide avec la réponse des progressistes québécois qui ne tarderont pas de mettre les pendules à l’heure…

En fait ils auraient dû appeler ça pour un Québec translucide, qui laisse passer une lumière sans dévoiler les formes, qui aveugle en quelques sorte sans que l’on puisse discerner les véritables motifs…

Pour mieux comprendre l’offensive mondialisée de l’infime minorité de riches et de puissants contre les masses de pauvres, c’est toujours pertinent de voir ses manifestations dans d’autres pays.

Prenez cet article de Gavan McCormack, professeur à l’université de l’Australie…

Au Japon, où on a tenu des élections le 11 septembre dernier, les électeurs sont tombés sous le charme de Junichiro Koizumi, le premier ministre charismatique qui a remporté le pouvoir en incarnant l’image d’un réformateur progressiste, mais qui dans les faits est tout sauf ça.

Quatre ans après son premier mandat, il s’est assuré une majorité encore plus forte au début du mois de septembre dernier et a réussi à museler tous ceux qui osent s’opposer à lui et surtout à ses projets néo-libéraux.

C’était qualifiée d’une élection référendaire où les japonais étaient appelés à dire Oui ou Non au mandat de Koizumi pour réformer la poste.

La poste est un élément fondateur du haut niveau de vie que les Japonais ont connu depuis les années 70.

Pourquoi la poste? Bien parce que c’est une institution unique qui s’occupe non seulement de 25 000 bureaux de poste et du système national de livraison, mais c’est surtout un système d’économie et d’assurance.

C’est le fonds de pension le plus imposant de la planète, ayant 3 trillions de dollars à son actif. C’est la première institution financière mondiale que Koizumi souhaite privatiser, et donc d’éloigner sa gestion des mains du peuple japonais.

Dans les coins reculés du Japon, la poste est l’institution sociale centrale.

Plusieurs préfèrent y déposer leurs économies plutôt que dans les banques parce que c’est sécuritaire, et surtout grâce au sentiment généralisé que la poste utilise ses fonds pour les projets nationaux de développement.

Alors au mois d’août son parti, le LDP, le parti Libéral-Démocrate au pouvoir depuis 55 ans — plus longtemps que le parti communiste en Chine! — a refusé d’adopter la réforme de la Poste de Koizumi, qui veut privatiser le tout en quatre compagnies. Du coup le Premier ministre a dissout la Chambre des députés et on a tenu des élections.

Pourtant, personne ne s’est plaint que les services de la poste étaient insatisfaisants et Koizumi n’a pas dit grand chose pour justifier sa réforme autrement qu’en réaffirmant que le privé pouvait faire un meilleur boulot.

Pourtant, Koizumi a même dit que sa réforme de privatisation de la poste était la voie naturelle à suivre, pour ne pas dire lucide, n’est-ce pas?

Alors il a ostracisé les membres de son propre parti qui s’opposaient à son projet d’illuminé et maintenant vient de remporter une élection menée plutôt sur son image que sur le fonds de sa pensée.

Si vous avez vu une photo de Koizumi vous comprendrez l’excentricité qu’il représente dans une société si conservatrice : les cheveux longs, la chemise ouverte, des discours passionnés ponctués de phrases courtes qui s’insèrent parfaitement dans les médias électroniques.

Le chef du parti démocratique japonais, Katsuya Okada était tout le contraire : veston-cravate, des discours plates et sérieux…il représentait le vieux Japon tandis que Koizumi était perçu comme cool et nouveau.

Pourtant, c’est Koizumi qui veut revenir en arrière avec sa réforme de la poste et ainsi, ramener le Japon à une époque où le capital menait librement le pays sans supervision démocratique.

Il a donc gagné son pari et mènera maintenant sa réforme…qu’est-ce que ça signifie pour les japonais? On en parle après la musique.

Alors dans le contexte actuel du Québec lucide ou translucide selon comment on analyse le sermon de Bouchard et ses apôtres…

Bref, dans ce contexte-là nous parlions des élections récentes au Japon où le premier ministre charismatique mais démagogique Junichiro Koizumi a remporté son pari de privatiser la poste japonaise, l’institution financière la plus importante de la planète.

Il a basé sa campagne de réforme de la poste en disant que c’était la chose rationnelle, voire naturelle pour l’avenir du Japon.

Il faut comprendre que le bureau de poste du Japon a été l’élément central du développement de l’État bureaucratique japonais.

Il a remplit ce rôle en assurant un flot d’investissement vers des projets de développement de toutes sortes.

Le rôle de la poste était en fait celui de moteur principal dans un système économique qui s’approchait du keynésianisme.

Le système avait été mis en place sous le règne du premier ministre Tanaka pendant les années 70.

C’était mis en place pendant une période de répartition des richesses, d’emploi à vie, de systèmes de santé et d’éducation et où la majorité des Japonais se considérait comme membres de la classe moyenne.

Mais vu que le système était basé sur les exigences de la croissance perpétuelle et puisqu’il était continuellement manipulé pour servir les intérêts privés et public…il était intrinsèquement corrompu.

Et au cours des années 1990 la croissance a ralenti, la dette nationale s’est drastiquement gonflé et les scandales financiers se sont proliférés.

C’est dans ce contexte que Koizumi a pris le pouvoir en 2001 en incarnant le changement…

Pourtant il était intimement lié aux groupes d’intérêts qui tenaient à défaire le filet social japonais, à privatiser les entreprises et aujourd’hui à défaire et à privatiser le plus grand fonds de pension du monde.

Alors pendant le règne de Koizumi, depuis 2001, l’économie japonaise s’est réduite, la dette nationale a grossi encore plus et le salaire moyen des travailleurs a chuté.

La restructuration éclairée qu’il a menée a fait perdre beaucoup d’emplois, baisser les salaires tout en réduisant le filet social.

Alors on voit qu’il faut faire très attention aux leaders charismatiques qui nous disent incarner la lucidité.

Faut garder un œil sur les pressions externes qui poussent nos dirigeants à nous vendre des réformes qui vont contre nos intérêts :

Dans le cas du Japon, la privatisation de la poste est très bas sur la liste des priorités, mais à première place sur la liste de Koizumi.

Pourquoi? Parce que ça fait des décennies que les États-Unis insistent là-dessus.

Depuis 1985, Washington accuse officiellement le Japon d’avoir un avantage injuste à cause des liens profonds entre son système économique et social.

La poste japonaise a été ciblée comme étant une embûche majeure aux échanges commerciaux qui devait donc être démantelé.

Pas pour rien que Koizumi est si populaire à la Maison blanche…il remplit à merveille sa mission de transformer le Japon selon les exigences de l’Oncle Sam.

Les institutions d’investissement américaines et européennes salivent à l’idée de la privatisation du plus grand fond de pension du monde.

Alors les élections de Koizumi ont été son coup de grâce : il en ressort avec une majorité au parlement japonais pas vu depuis des décennies.

Il a réussi à dépeindre les opposants à la privatisation de la poste comme étant des représentants des intérêts de groupuscules corrompus, comme étant des traîtres à la Nation.

Un peu comme le font les douze apôtres en accusant les syndicats et les groupes sociaux de nuire à l’avenir de nos enfants dans leur manifeste néo-libéral Québec qui est tout sauf lucide!

LE SPIN AVANT LA PRÉVENTION

Le cash ou le contrôle de la grippe aviaire?

Personne ne sait si ou quand nous frappera la pandémie de la grippe aviaire, en fait, tous ce que nous savons c’est que le risque est très sérieux et que les conséquences pourraient être catastrophiques :

Des dizaines allant à des millions de morts partout sur terre; même des millions de morts ici en Amérique du nord;

Des dommages à l’économie qui pourraient mener à la prochaine grande dépression et pourquoi pas la famine généralisée alors que les transports cesseront vers les régions infectées.

Alors vu ces risques, on serait porté à croire que les gouvernements du monde s’organiseraient à prévenir le pire, voire à en faire leur priorité.

Mais selon Stephen Soldz, un chercheur en santé de Boston, l’administration Bush se prépare plutôt à présenter leurs raisons pour ne pas prévenir la catastrophe.

Soldz affirme que les ÉU et tous les autres pays riches devrait investir un fonds commun qui servirait à rembourser convenablement les éleveurs de volailles en Asie et ailleurs qui perdraient leur gagne-pain lorsque celui-ci s’infecte du virus H5N1.

Parce les éleveurs craignent la faillite si on doit détruire leur volaille, ils seront motivés à cacher les oiseaux infectés pour protéger le reste de leur stock le gros bon sens veut que l’on trouve le moyen de leur fournir une compensation adéquate.

Mais est-ce que les ÉU mènent le bal pour créer un tel fonds? On l’a promis du bout des lèvres et les promesses seront nettement insuffisantes.

Alors que la prévention est le meilleur espoir pour la santé du globe, une fois que la pandémie est commencée, les stratégies pour la santé publique pour la contrôler se limite à trois stratégies :

La vaccination, l’utilisation de drogues anti-virales et la quarantaine.

Jusqu’à présent, les ÉU ont promis d’investir 100 millions pour leur propre stock de vaccin et rien pour les pays pauvres.

Les autres pays riches comme le Canada ont adopté à peu près la même stratégie…

Et là on peut se poser la question à savoir que devraient faire les pays qui n’ont pas les ressources pour se payer le cocktail pharmaceutique nécessaire pour contrôler la pandémie.

Non seulement c’est immoral de laisser autant d’humains à la merci d’un virus qui provoquera l’hécatombe, c’est extrêmement stupide de laisser les virus se propager et de devenir encore plus un danger pour la population globale.

Donc par égoïsme on risque de laisser le virus se modifier de manière à ce que nos vaccins ne puissent y résister.

Il y a aussi la question du brevet sur les vaccins et les drogues qui compliquent sa production à des niveaux suffisants.

Kofi Annan a suggéré que l’on suspende les brevets dans l’intérêt évident de sauver la vie de millions de personnes.

Mais à Washington on lui a répondu que les droits sur la propriété intellectuelle ne permettait de faire ça.

Alors l’administration Bush ne semble pas avoir apprise sa leçon avec Katrina et la Nouvelle-Orléans et on répète la même rengaine : si la pandémie de la grippe aviaire fait tomber les millions de personnes comme des mouches ça sera de la faute de ceux qui n’avaient pas les moyens pour prévenir les coûts pour y résister convenablement.

On voit très clairement que le fondamentalisme de marché aveugle toujours ceux qui sont payés pour veiller sur le bien-être de la société.

L'HUMAIN, CET ANIMAL QUI MANGE

Journée mondiale de l’alimentation

C’était la journée mondiale de l’alimentation samedi le 15 octobre dernier, une journée propice à la réflexion sur le passé, le présent et l’avenir de l’agriculture.

C’est l’ONU qui avait organisé ça, plus précisément la FAO, le Food and Agriculture Organisation des Nations unies.

Vu l’importance de l’agriculture pour notre survie et son rôle central dans l’économie, il va de soi que l’agriculture soit une priorité dans l’arène politique, nous rappelle John Hepburn de Greenpeace international.

Il nous rappelle qu’aujourd’hui à peu près 840 millions de personnes sont sévèrement mal nourris, et que pendant ce temps-là l’obésité a atteint le niveau d’épidémie dans plusieurs pays.

On ne s’en rend pas compte ici au Québec, mais la nourriture la plus importante dans le monde c’est le riz.

Le riz est l’aliment de base pour près de trois milliards de personnes à un point tel que même la culture des communautés est intimement liée au riz.

Pendant des millénaires, les fermiers ont développé des dizaines de milliers de variétés de riz, adaptant les variétés selon les conditions de l’environnement et de la culture.

Et c’est cette diversité, cet héritage qui permet de nourrir autant de monde aujourd’hui.

C’est un peu sur ce thème-là qu’a été tenue la plus récente journée mondiale de l’alimentation : le dialogue agricole et interculturel.

Pourtant, des milliers de sortes de riz qui existaient il y a 50 ans ont disparus pour être remplacée par les monocultures de l’industrie agricole.

En plus la diversité et la pérennité des rizières sont menacés bien sûr par la venue de familles de riz modifiées génétiquement.

Les deux versions d’OGM proposées pour la commercialisation sont connues sous les noms de riz Bt et de riz BB.

Le riz Bt a été conçu pour produire un pesticide pendant que le riz BB résisterait à une forme de bactérie dommageable.

Même si le débat sur les OGM est retourné à la marge, ça ne veut pas dire qu’ils ne représentent pas les mêmes dangers qu’avant.

Les transnationales poussent ces produits d’une manière agressive, souvent avec des arguments bidons comme mettre une fin à la malnutrition.

La réalité c’est que les OGM sont toujours aussi mal connus, c’est-à-dire que personne n’est vraiment en mesure de dire s’ils sont propres à la consommation.

C’est surtout vrai dans le cas de semences qui produisent leur propre pesticide…

Il faut comprendre qu’on ne règlera pas la faim dans le monde en produisant plus et mieux…on a déjà amplement atteint des niveaux de production pour nourrir tout le monde.

Le problème demeure encore et toujours la distribution. Les gens ne crèvent pas de faim parce qu’il n’y a pas de bouffe, ils crèvent de faim parce qu’ils sont pauvres et n’ont pas accès à elle.

De toute manière, aucune preuve concrète n’existe pour démontrer que les OGM augmentent la productivité agricole.

John Hepburn de Greenpeace souligne donc qu’au lieu de chercher des solutions high-tech qui ne serviront qu’en fin de compte qu’à garnir les comptes en banques des transnationales il faudrait plutôt s’inspirer du passé et trouver des voies axées sur la diversité et le partage des semences.

NANO-SÉCURITÉ

Nanotechnologies : danger public hors de contrôle?

Décidément, John Hepburn de Greenpeace international est un homme occupé, après s’être prononcé sur la journée mondiale de l’alimentation, le voici qui nous averti des dangers de la nanotechnologie.

C’est un point de vue que je n’ai pas entendu auparavant et je tenais à le partager avec vous.

Surtout qu’au Québec nous sommes parmi les meneurs en recherche et développement de la nanotechnologie…

Alors les scientifiques sont maintenant en mesure de manipuler la matière à l’échelle «nano» : au niveau d’un milliard de mètre.

Et ils se rendent compte qu’à cette échelle-là même les matériaux communs se comportent de manière radicalement différente.

Les matériaux à l’échelle nano sont plus réactifs, ils ont d’autres propriétés optiques, magnétiques et électriques, ils sont plus forts et plus toxiques que leurs contreparties à des échelles plus grandes.

Vous en avez sûrement déjà entendu parler, on dit de la nanotechnologie qu’elle représente la prochaine révolution industrielle et qu’elle changera notre vie à tout jamais.

Pourtant, la nanotechnologie ne fait pas l’objet de débats publics comme l’ont été les OGM par exemple.

L’industrie mondiale de la nanotechnologie se développe à coup de près de 3000 brevets par année.

Aux ÉU, les projets de développement de nanotechnologie ont attiré plus de 800 millions en fonds publics.

D’ici 2011 on estime que la nanotechnologie sera une industrie valant 1 trillion de dollars.

Or, tout ce développement et cet investissement ont lieu sans que l’on cherche une réglementation sur la protection de la santé et de l’environnement qui sont quand même à risque d’être infectés par la nanotechnologie.

Hepburn expose un beau paradoxe ici : d’une part, les chercheurs ont réussi à nous convaincre que les matériaux au niveau nano sont suffisamment nouveaux et différents pour mériter de beaux brevets;

De l’autre côté ils nous ont convaincus quand fait ce matériel est en fait utilisé depuis des décennies alors on n’a pas besoin de réglementation ou de tester leurs niveaux de sécurité pour le public.

Jusqu’à présent, aucune réglementation n’a été implantée, malgré les preuves considérables démontrant que les nanoparticules représentent un danger très réel.

Les substances à cette échelle ont des réactions encore très imprévisibles et cette menace risque fort bien d’en faire des toxines qui s’accrocheront aux molécules de notre environnement, faisant en sorte qu’elles pourraient s’accumuler dans des organismes vivant très rapidement.

Côté santé, il est reconnu que nos globules blancs, notre système immunitaire, ne reconnaissent pas les substances sous 70 nanomètres et pourrait facilement entrer dans notre système sanguin et éventuellement toutes les parties de notre corps si inhalé.

Il a été reconnu que les nanoparticules de dioxide de titanium contenu dans la crème solaire catalyse la formation de radicaux libres sur les cellules de la peau, qui en conséquence cause des dommages à notre ADN ce qui veut dire qu’elles sont cancérigènes.

Une enquête publiée par la Royal Society en GB affirme que l’on doit strictement limiter la propagation de nanoparticules et de nanotubes dans l’environnement.

Que les ingrédients à cette échelle de grandeur devrait passer des tests complets pour vérifier leurs effets avant de les mettre dans des produits.

Le problème, selon John Hepburn de Greenpeace, c’est que personne n’a écouté cette recommandation.

Alors les produits contenant des nanoparticules sont déjà en vente sous la forme de cosmétiques, des écrans solaires, des pièces d’auto et des puces de silicone.

Et c’est donc une question de temps avant que cette liste inclue la nourriture et les produits pharmaceutiques.

Les gouvernements sont lents à réagir et c’est à se demander s’il ne faudrait pas lancer un débat public comme ça a été le cas avec les OGM avant qu’ils réagissent et encadre sérieusement la recherche, le développement et l’introduction de nanomatériaux dans nos vies.

LA LAÏCITÉ, C'EST LA SANTÉ

Sociétés séculaires vs. religieuses : devinez qui gagne...

On a parlé à quelques reprises à La Levée du rôle et de la place de la religion dans la société.

Surtout à savoir si une société se portait mieux en séparant nettement l’Église et l’État ou si au contraire l’absence complète de spiritualité laissait trop de place aux valeurs de l’économie de marché : égoïsme, avarice, gloutonnerie, bref, les sept péchés capitaux, quoi!

Mais on regarde en ce moment, y’a le pape qui persécute encore les homosexuels et qui enlève le droit aux femmes de décider ou non si elles poursuivent leur grossesse.

Des leaders chrétiens s’opposent à l’euthanasie.

Bref, si l’absence de doute est le comportement le plus dangereux qu’un humain peut adopter, y’a lieu de s’inquiéter parfois du comportement des certaines personnes qui ont la foi.

Mais du côté de la morale, d’autres disent que l’absence d’un Dieu qui veille sur nous et qui juge de nos actions ferait en sorte que tout est permis.

En fait, si la vie est absurde et n’a pas de sens, pourquoi s’en faire avec ce que les autres vivent ou pensent?

Jusqu’à maintenant, personne n’a tenté de vérifier ces questions avec une bonne recherche scientifique sérieuse.

Le chercheur Gregory Paul a publié les résultats de son enquête dans le Journal of religion and society : l’hypothèse étant à savoir si une société plus religieuse à un taux moins élevé de violence meutrière, de suicide, d’activité sexuelle non monogame et d’avortement.

Il a comparé des données dans 18 pays démocratiques et développés et ses découvertes en surprendront plusieurs.

Alors en général, des taux plus élevés de croyance en un Dieu et de pratiques religieuses ont une corrélation avec de plus hauts taux d’homicides, de mortalité juvénile, d’infection aux MTS, de grossesses chez les adolescentes, et d’avortement.

Aucun des pays fortement séculaires, donc où la séparation entre l’Église et l’État est clairement établie, ne présente autant de dysfonctionnement social.

Un constant se dégage clairement du rapport de Gregory Paul : les liens entre la religion — surtout une croyance absolue et fondamentaliste — et la mortalité juvénile, les MTS et l’avortement chez les adolescentes.

Exactement le contraire de ce qu’affirme le Vatican.

Donc dans les pays riches où on fait fortement campagne pour l’abstinence sexuelle chez les adolescents, généralement basées sur des croyances religieuses, sont les endroits où on retrouve les plus hauts taux de grossesse chez les adolescentes.

Parce qu’en général l’éducation sexuelle est mauvaise et le fait de nier que les ados pratiqueront ce genre de choses dégradantes font en sorte que les ados qui participent à des programmes d’abstinence engrossent leurs partenaires plus souvent que les autres.

Mais est-ce que c’est juste de blâmer tout ça sur la religion? L’économie aurait aussi son rôle à jouer.

Il adonne que les pays les plus séculaires ont les taux les plus élevées de distribution équitable des richesses.

Ça voudrait donc dire que les pays plus chrétiens sont plus frileux pour partager les richesses avec les pauvres qui d’une manière ou d’une autre sont en fait en train de gagner leur ciel…

Faut être juste et dire que la recherche de Gregory Paul n’enquêtait que sur les pays fortement chrétiens, donc les autres religions n’ont pas été vraiment un objet d’étude.

On aura sûrement l’occasion d’en reparlé, parce que globalement la religion et la spiritualité font un retour en force.

Ce phénomène est compréhensible dans le contexte actuel de globalisation financière, car c’est Bertrand Russell qui le disait : plus une communauté perd son autonomie politique et économique, plus elle a tendance à se tourner vers la religion pour se sécuriser.

17 octobre 2005

UN HOLOCAUSTE SANS TÉMOINS

40ième anniversaire du massacre en Indonésie

C’était le silence complet depuis le 30 septembre dernier dans les médias concernant le 40ième anniversaire de l’holocauste indonésien alors, comme d’habitude, c’est notre devoir à La Levée de vous faire connaître des événements dont on n’entend vraiment pas assez parlé.

Alors le 30 septembre 1965 a eu lieu le début du renversement du président progressiste de l’Indonésie, Sukarno.

Le putsch a été réalisé avec le soutient de la CIA et aux lendemains un véritable massacre des communistes et des démocrates indonésiens a été déclenché faisant entre 500 000 et 2 millions de victimes.

À l’époque, le régime indépendantiste de Sukarno, soutenu par le Parti communiste indonésien (PKI), constitue, selon Washington, un foyer « d'infection » susceptible de « s'étendre à l'ouest », et d'autant plus inquiétant que le PKI se renforçait d'une élection à l'autre

Le PKI avait 3,5 millions de membres (sur une population alors d'une centaine de millions d'habitants) et était appuyé par d'importantes organisations de masse, parmi les paysans, les femmes et les jeunes, en somme capables de rassembler quelque 15 millions de personnes

Un groupe de fonctionnaires du département d'État et de la CIA avait consacré deux ans à la constitution de ces listes de communistes. Alors dès 1963, Washington préparait une action subversive en Indonésie.

Suharto était alors commandant des forces stratégiques de l'armée et une campagne de propagande minutieusement préparée contre les communistes a mené à une méthodique et sanglante chasse aux athées.

Le PKI, et toutes les organisations qui lui étaient proches : syndicats, fédération des enseignants, organisations de jeunesse, des femmes, etc., ont été anéantis en quelques semaines.

En mars 1966, Sukarno fut écarté officiellement du pouvoir par Suharto.

Les listes dressées par les fonctionnaires américains ont concerné des milliers de personnes allant des responsables communistes indonésiens, depuis les échelons supérieurs jusqu'aux cadres locaux dans les villages.

Ces listes ont, par la suite, été remises aux militaires indonésiens pour perpétrer leurs massacres. En retour, l'ambassade américaine recevait des putschistes la liste des personnes assassinées, permettant un pointage systématique par la direction de la CIA à Washington, des exécutions qui avaient été menées à bien.

Vers la fin de janvier 1966, les noms rayés sur les listes étaient si nombreux que les analystes de la CIA ont conclu à la destruction de la direction du PKI

Il y eut aussi plus d'un million de personnes, accusé d’appuyer les communistes ont été incarcérées ou déportées dans l'île de Buru. Emprisonnées sans jugement durant dix à quinze ans.

Ces personnes sont devenues une sous-classe en Indonésie et on les connaît sous le nom de tapols.

Les droits politiques de millions des tapols n'ont pas été rétablis. L'ostracisme qui les frappe perdure, profondément ancré dans la conscience intime de la nation indonésienne elle-même

Écrire « classe ouvrière » dans un journal est passible de douze années de prison pour « incitation à la propagande communiste

En annonçant en avril 1999 la création d'un « institut d'études sur les massacres de 1965-1966 », un comité d'anciens tapols, dont le célèbre écrivain Pramoedya, s'est donné pour but de rassembler toutes les informations pouvant être collectées à travers le pays sur les massacres et de cerner au plus juste le nombre des victimes

Évidemment, le gouvernement refuse de les aider dans leurs recherches et la population en général préfère l’ignorance par rapport à ces événements tragiques.

L’Holocauste indonésien a été l’élément fondateur de l’Indonésie que l’on connaît aujourd’hui…on en parle après la musique.

On parlait du silence généralisé entourant le 40ième anniversaire de l’holocauste indonésien auquel la CIA avait directement participé et qui fait entre 500 000 et 2 millions de victimes en 1965.

La majorité des victimes étaient des membres du parti communiste, de simples activistes, les membres de la minorité chinoise, les athées et les Chrétiens.

C’était sans aucun doute une des pires campagnes de nettoyage religieux, ethnique et politique du 20ième siècle.

À Jakarta, la capitale de l’Indonésie, entre 40 et 50 personnes se sont réunies dans le centre culturel allemand (belle ironie) pour lire de la poésie et écouter le plus grand écrivain indonésien Pramoedya Ananta Toer.

La propagande indonésienne traite ses événements là comme un moment glorieux où la tentative des communistes de prendre le contrôle du pays avait été repoussée et l’armée sous Suharto avait sauvé la nation.

Le silence a aussi sa source dans le fait que presque aucune famille de Java, l’Île principale de l’Indonésie n’est sans blâme et beaucoup ont des bourreaux parmi leur membre alors on n’ose pas trop ouvrir cette boîte de Pandore.

Le gouvernement n’a même plus besoin de censurer qui que ce soit pour enterrer l’holocauste, les journalistes et les académiciens le font par eux-mêmes.

Les structures mêmes de la société indonésienne, les liens familiaux, l’oppression religieuse, font en sorte que la vaste majorité de la population ne veut rien savoir du passé.

D’autant plus qu’il y a des problèmes insurmontables en Indonésie, en fait, le pays s’écroule au moment où je vous parle.

Les infrastructures sont en train de pourrirent : les autoroutes, les systèmes ferroviaires, les ports, les aéroports, les télécommunications, les écoles et les hôpitaux sont dans un état lamentable.

Y’a juste 20% à 30% de la population urbaine qui a accès à de l’eau potable du robinet;

Le pays est un exportateur majeur de d’enfants prostitués

On peut voir des enfants de moins de 10 ans quêter à tous les coins de rue de Jakarta.

Près de 50% de la population vie avec moins de 2$ par jour

La corruption est omniprésente au point où les représentants du gouvernement volent ouvertement l’argent de petits projets supposés aider les pauvres.

La puissante armée et la police abusent la population en toute impunité.

La religion musulmane 80% à 85% de la population s’impose profondément sur le pays, une version oppressive de l’Islam qui ne laisse aucune place aux autres religions.

Pire, c’est encore officiellement interdit d’être athée en Indonésie et chaque citoyen doit choisir entre une des cinq religions permises par la loi.

Ce lamentable état de l’Indonésie est un héritage direct de l’holocauste de 1965.

La 4ième population en importance dans le monde est incapable de produire une opposition forte et variée au régime.

Mais la répression généralisée en Indonésie n’est pas une excuse valable pour justifier le silence de nos médias par rapport aux terribles massacres et la destruction qui ont eu lieu là-bas il y a 40 ans.

UNE CONFIANCE À REFAIRE

Méfiance compréhensible de l'Afrique envers l'Ouest

La semaine dernière j’avais parlé de la dette que devait la Grande-Bretagne et les autres pays esclavagistes envers l’Afrique et qu’il serait grand temps d’arrêter de faire semblant d’éliminer la dette des pays les plus pauvres.

L’exploitation de l’Afrique par l’Europe et l’Amérique du nord a encore lieu aujourd’hui de toutes sortes de manières.

Ce qui fait en sorte que beaucoup de gouvernements africains ont du mal à faire confiance aux organisations non-gouvernementales venant des pays riches et oeuvrant sur place pour promouvoir la santé, l’éducation et l’alimentation et combattre le SIDA dans le continent le plus pauvre du monde.

Même si les ONG sont très importantes dans l’avancement économique et le développement social, plusieurs gouvernements africains les voient comme un outil des pouvoirs de l’ouest.

Le président Mugabe du Zimbabwe a mené un assaut contre les ONG en signant un projet de loi qui limiterait l’accès des ONG étrangers dans son pays.

D’autres pays africains accusent les ONG d’être des chevals de Troie pour les gouvernements de l’Ouest.

Au Soudan on accusait l’ONG britannique Save the Children de se mêler de ses affaires internes au Darfour.

En général, les travailleurs dans les ONG accusent les pays critiques envers eux de ne pas aimer le fait que les œuvres de charité étrangères lèvent le voile sur les abus de ces gouvernements.

Ce qui complique la relation entre l’Ouest et l’Afrique c’est la tendance venant de la banque mondiale et du FMI de cacher l’exploitation de l’Afrique avec des politiques économiques supposées aider les pays et surtout un discours qui semble dire que l’Afrique est sur la bonne voie quand c’est clairement le contraire qui se produit.

Les richesses de l’Afrique vont systématiquement vers les pays de l’Ouest et du Nord : les richesses de son sous-sol, ses forêts et le capital africain qui fuit le continent à cause des programmes d’ajustements structurels du FMI.

Pour en savoir plus là-dessus consultez le site www.globalizethis.org

Alors on voit la dette des 18 pays les plus pauvres non pas complètement éliminé mais gardé à un niveau suffisant pour que le FMI et la BM puisse garder leur hégémonie macroéconomique sur ces pays.

L’ONG Christian Aid a récemment calculé que les dommages causés aux pays africains à cause de la libéralisation des échanges s’élèvent à 272 milliards de dollars depuis 1980.

Si on entre l’épuisement des richesses naturelles et la pollution causé par les projets des investisseurs étrangers en Afrique, on conclue facilement à quel point la présence des pays riches en Afrique appauvrit le continent.

Selon l’ONU la valeur des minerais dans le sol africain est tombée de 112 milliards en 1960 à 55 milliards de dollars en l’an 2000 : c’est donc un autre 57 milliards qui ont été volé au continent.

Faut comprendre une fois pour toutes que c’est la dépendance aux investisseurs étrangers qui tuent les économies des pays du tiers-monde.

La meilleure solution pour l’Afrique serait que l’on élimine les dettes contractées par des régimes non-démocratiques, que l’on sorte la Banque mondiale et le FMI de l’Afrique et que l’on favorise plutôt l’avènement d’une démocratisation des politiques économiques.

Du moment que l’on arrêtera de faire passer de l’exploitation pour de la bienveillance, alors la confiance pourrait être complète entre les Africains et les ONG de l’ouest qui vont là dans le but sincère de les aider.

PERSONNE N'EST SANS DROITS

La justice absente à la prison de Guantanamo

Depuis maintenant quatre ans, plus de 500 prisonniers croupissent dans le camp Delta de Guantanamo à Cuba, la prison des États-Unis pour les supposé terroristes.

Personne n’est allé en Cour.

Seulement quatre ont été accusé d’une offense spécifique et aucun n’est protégé par les Conventions de Genève concernant les prisonniers de guerre.

Aucun prisonniers ne peut parler au monde extérieur.

Et là après avoir souffert toutes sortes de tortures 200 prisonniers ont décidé de jouer le tout pour le tout et de déclencher une grève de la faim.

Ils ont arrêté de manger depuis la fin du mois d’août et les autorités américaines ont commencé à en nourrir de force.

Selon l’administration Bush, les détenus de Guantanamo sont des combattants criminels de la guerre en Afghanistan.

Le pire c’est qu’une source sûre de l’armée a déclaré qu’au moins 20% des prisonniers sont totalement innocents.

Selon la loi internationale, voire la loi américaine, les détenus devraient avoir accès à un avocat, et avoir des contacts avec les proches et les médias.

Mais l’administration Bush utilise encore et toujours l’excuse de la guerre au terrorisme pour s’engager dans des activités à l’extérieur de la légalité.

Et on peut gager que les photos d’Abu Ghraib ne sont que la pointe de l’iceberg.

Certains prisonniers au Camp Delta sont peut-être des terroristes et d’autres ont sûrement été des combattants et pour les autres qui ne sont ni l’un ni l’autre, s’ils n’haïssaient pas les ÉU avant gageons que cette opinion doit avoir changé.

Il demeure que peut-importe qui ils sont... ils méritent d’être traité avec justice.

C’est un droit humain de base et 200 grévistes de la faim sont prêts à mourir pour l’obtenir.

DERRIÈRE LE SOURIRE

Wal-Mart : toujours le prix le plus bas, grâce à la misère des autres!

Qui ne connaît pas Wal-Mart, la plus grande entreprise de vente au détail de la galaxie qui a bâtit son empire avec la promesse d’avoir toujours les plus bas prix.

Cette obsession avec les prix a mené inévitablement à des salaires de misère, à des conditions de production qui se dégrade et la destruction des PME locales et les communautés.

En Angleterre, Asda, une chaîne de supermarchés achetés récemment par WalMart devra adapter la philosophie anti-travailleurs : les pauses seront réduites, les mécanismes de grief seront éliminés et les conditions liées à la protection de la santé et de la sécurité seront affaiblies.

Rappelons que quatre des dix personnes les plus riches du monde sont des membres de la famille Walton, les héritiers de la fortune WalMart.

Le PDG de Walmart a reçu la modique somme de 17,5 millions de dollars pour ses services en 2004.

Des fois on peut sérieusement se demander s’il n’est pas temps de légiférer pour imposer un plafond salarial…autant de richesse, pour faire quoi? On s’arrêtera où? À quoi ça sert à part augmenter le nombre de personnes dans la misère?

Alors pas assez satisfait que sa main-d’œuvre ait une masse salariale à 20% sous les standards de l’industrie, Wal-Mart cherche à couper les coûts en réduisant les droits des travailleurs.

Wal-Mart exige que la masse salariale d’un magasin se limite à 8% des revenus.

En plus, les gérants doivent couper les coûts de la main-d’œuvre de 0,2% par année.

Ce qui pousse les gérants à surmener les travailleurs et à engager des enfants et des immigrants sans–papiers.

Sur les 128 magasins Wal-Mart sous enquête aux ÉU on a dénoncé 1371 violations des lois sur le travail des enfants, incluant des mineurs travaillant tard dans la soirée, trop d’heures par jour et même durant les heures scolaires.

On a trouvé 60 000 cas où des travailleurs ont été forcés de travailler durant leur pause et 16 000 qui ont dû sauter leur pause de dîner.

Le pire c’est que le modèle Wal-Mart s’impose comme le standard de l’industrie, les autres entreprises doivent suivre l’exemple s’ils veulent conserver leurs parts de marché.

Les Québécois se rappelleront la fermeture du Wal-Mart de Jonquière à cause de l’approche violemment anti-syndicale de l’empire au visage souriant.

Wal-Mart fourni une boîte à outils aux gérants qui s’appelle «Manager’s Toolbox to Remaining Union Free»

Alors si les employés s’agitent et menacent de syndiquer, les gérants ont même une ligne d’urgence qu’ils doivent téléphoner pour savoir comment empêcher une telle monstruosité que des travailleurs qui s’unissent pour améliorer leurs conditions.

Alors lorsque vous verrez le fameux slogan de Wal-Mart Toujours les prix les plus bas, pensez au fait que Wal-Mart arrive à baisser ses prix qu’en baissant les salaires et en réduisant les conditions de travail dans les usines qui fabriquent les produits qu’il vend.

Wal-Mart a une influence énorme sur ses fournisseurs et impose des solutions draconiennes pour couper les coûts.

Lorsque les standards de travail ou d’environnement sont trop sévères au goût de Wal-Mart, le géant encourage ses fournisseurs à tout simplement déménager sous d’autres cieux où l’environnement et les conditions de vie des travailleurs sont moins important.

Les entreprises comme Wal-Mart vont trop loin. On ne peut pas laisser une entité tyrannique poursuivre ses activités sans contrôle par les sociétés qui sont affectés par elle.

C’est au gouvernements du monde de s’imposer et d’encadrer les pratiques destructrices des Wal-Mart…parce qu’il n’y a pas que les actionnaires qui ont des droits!