31 octobre 2005

TAMBOURS DE GUERRE

Syrie/États-Unis

Une enquête menée par l’ONU sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri se poursuivra jusqu’au 15 décembre prochain, et selon toutes les indications ça pourrait être l’étape décisive pour une intervention militaire des ÉU en Syrie.

Jusqu’à présent, l’enquête accuse quatre généraux libanais pro-syrien en plus de plusieurs Syriens, dont des membres de la famille du président syrien Bashar al-Assad d’avoir comploté pour l’élimination du PM libanais qui voulait voir les troupes syriennes quitter son pays.

Depuis l’invasion de l’Irak en 2003, les ÉU cherchent à imposer des sanctions politiques et économiques contre la Syrie, en plus de l’isoler diplomatiquement :

La Syrie a souvent été accusée par les ÉU de supporter les insurgés sunnites en Irak.

En fait depuis 2003 les néoconservateurs qui mènent le bal à Washington n’ont jamais caché que l’intervention militaire lancée contre l’Irak allait se répandre dans le reste de la région du Moyen-Orient : que ce soit en Syrie, en Iran ou même en Arabie Saoudite.

L’enquêteur en chef de l’ONU Detlev Mehlis a réitéré sa demande à la Syrie pour que le pays coopère entièrement à l’enquête sur l’assassinat d’Hariri.

Au cours des prochains jours on discutera au conseil de sécurité de l’ONU à savoir si des sanctions devront être imposées contre la Syrie si le régime d’Assad ne collabore pas pleinement à l’enquête.

La Russie et la Chine ont jusqu’à présent refusé l’idée d’imposer de telles sanctions.

Il y a trois jours Assad a donc créé un comité spécial pour mener sa propre enquête sur l’assassinat et il a dit que si des preuves solides devaient en ressortir que des membres de son entourage seraient responsables il a affirmé qu’il prendrait les actions appropriées.

Ça risque d’être insuffisant pour les ÉU et Washington a déjà lancé sa menace : si tu ne t’occupes pas du problème nous allons venir nous en occuper.

Et là bien la Syrie accuse les ÉU d’avoir déjà mené des incursions militaires dans son territoire.

Même dans le New York Times, le 15 octobre dernier on rapporte que l’armée américaine ne se gêne plus de poursuivre ses cibles qui fuient de l’Irak en Syrie.

La ligne est donc de plus en plus mince à la frontière qui sépare la Syrie de l’Irak…

Tout ça dans un contexte ou plusieurs croient que ça fait longtemps que les néoconservateurs à Washington ne souhaitent rien de mieux que de renverser le régime de Bashar al-Assad et de le remplacer par un qui serait plus gentil avec les ÉU et Israël.

Et vu que les armes de destruction massive n’ont jamais été trouvées, bien certains officiels états-uniens ont déjà suggéré que la Syrie avait permis à Saddam de les cacher là-bas.

Même s’il a souvent été dit que les troupes américaines s’épuisent en Irak et en Afghanistan, à un point où l’éventualité de l’invasion d’un autre pays était improbable…l’histoire a d’autres leçons pour nous.

Les régimes qui font face à une humiliation militaire ont plus souvent qu’autrement accru l’étendue le champ de guerre : par exemple lorsque Richard Nixon a fait déborder la guerre du Vietnam dans les pays voisins : au Cambodge et au Laos…justement parce qu’on accusait ces deux pays de supporter l’ennemi.


On parlait donc de l’éventualité d’une intervention militaire des ÉU en Syrie, sous prétexte que la Syrie aide les factions terroristes en Irak, en plus de nuire à l’enquête que l’ONU mène actuellement sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri.

Jusqu’à présent l’enquête de l’ONU accuse des personnes dans l’entourage immédiat du régime syrien de Bashar Assad et les 15 membres du conseil de sécurité discutent sur la voie à suivre si Assad ne coopère pas pleinement à l’enquête.

À Washington on a déjà commencé à battre les tambours de guerre et l’armée américaine a déjà mené des campagnes militaires en Syrie.

Un comité du sénat a demandé à la Secrétaire d’État Condoleezza Rice le 19 octobre dernier si l’administration Bush comptait prendre des actions militaires contre la Syrie et elle a répondu que le président Bush n’a pas éliminé l’option militaire pour régler le problème.

Donc la guerre en Syrie s’approcherait, les conflits transfrontaliers entre la Syrie et les ÉU ont déjà eu lieu.

Le 1er octobre dernier Bush et ses proches se sont réunis pour considérer les actions à prendre contre la Syrie, incluant l’action militaire.

Tout ça est bien, sauf qu’aux dernières nouvelles la constitution des ÉU écrit noir sur blanc que ce la grave décision de déclarer la guerre contre un autre pays n’appartient pas au président, mais au congrès.

En plus, la charte de l’ONU affirme aussi que tous les pays membres devraient se retenir de menacer et d’utiliser l’agression militaire contre un autre pays…à moins que le conseil de sécurité approuve.

Depuis un bon bout de temps le peuple états-unien affirme majoritairement que la décision d’utiliser la force militaire contre l’Irak était une mauvaise idée…et c’est dans ce contexte là que l’administration Bush contemple vraiment d’agir en Syrie.

Alors dans leur délire semblerait que Bush et Cie semblent croire que le président a le droit de déclarer la guerre contre n’importe qui sans consulter le congrès.

Du moins c’est ce que Condoleezza Rice a déclaré au sénat récemment : elle a dit qu’il ne fallait limiter les pouvoirs de guerre du président dans le contexte de la guerre mondiale au terrorisme.

Justement, la constitution américaine limite clairement la capacité du président de déclarer la guerre…alors est-ce que Bush serait prêt d’aller contre sa propre constitution en attaquant la Syrie et l’Iran?

Vu la réticence du congrès américain de critiquer l’appareil de politique étrangère en place, il est facile de croire que la Syrie est dans la mire.

Et autant que les ÉU n’avaient aucune idée des lendemains du renversement de Saddam en Irak, ils n’ont aucun plan précis pour remplacer le président Bashar Assad.

Alors gardons un œil sur cette enquête de l’ONU, parce qu’il est facile de voir comment les ÉU s’y prennent pour isoler un régime qu’ils veulent renverser…comme en ce moment avec la Syrie.

Difficile à croire que Bush, Cheney et Cie pourraient aller de l’avant et briser un autre pays du Moyen-Orient : pourtant, c’est déjà commencé.

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