24 janvier 2008

LA LEVÉE 24 JANVIER 2008

1. Congo : bilan des pourparlers de paix
2. Enfin un élu inspirant : La voie des réformes de Correa en Équateur
3. La vente de MDA contrevient au Traité d'Ottawa

CONGO



Des désaccords de dernière minute survenus mardi entre le gouvernement congolais, les rebelles tutsis et les milices Maï-Maï ont différé la signature d'une trêve dans le Nord-Kivu, censée clore la conférence de Goma dans l'est de la République Démocratique du Congo.

Des responsables gouvernementaux et des diplomates ont annoncé lundi qu'après plus de deux semaines de négociations, les parties en conflit étaient tombées d'accord pour déclarer un cessez-le-feu avec effet immédiat et mettre en place une zone-tampon surveillée par l'ONU.

Tout ça me rappelle le moment où je me suis intéressé au Congo en 2002 en tombant sur le magnifique essai King Leopold's Ghost, de James Rochschild, qui décris l'époque de la colonisation du Congo par le roi Belge au début du dernier siècle.

Les horreurs, la violence quotidienne dont on entend vaguement parler au Congo sont largement du aux interventions des colonisateurs, et ensuite des pays voisins du Congo.

En 1998, une armée de miliciens, venant de l'Ouganda, du Rwanda et du Soudan ont envahi le Congo, principalement le secteur d'Ituri dans le nord est du pays.

Vint ensuite l'instauration d'une série complexes d'entreprises visant à piller le pays de ses ressources naturelles : l'or, les diamants, du bois

Plus d'un demi million de personnes ont été déplacés au cours des 12 derniers mois, à cause des combats entre les groupes rebelles et le gouvernement de transition

C'est la plus large vague de déplacements à l'intérieur du pays depuis la fin de la guerre civile en 2003.

Tous les groupes impliqués commettent des actes d'atrocités sur la population civile, surtout depuis le mois d'aout dernier... surtout dans le secteur sud et nord de la province de Kivu.

les combats au nord du Kivu entre le gouvernement et des rebelles alliés au général dissident Laurent Nkunda ont fait fuir 230 000 personnes de leurs demeures.


on tente donc cette semaine de signer une entente de cessez le feu...

Cette résolution, qui émane des élus, des délégués des communautés ethniques, de la société civile et des belligérants des Kivu, doit être signée, avant d'être transmis au gouvernement et au Parlement congolais.

La signature de ces recommandations était l'objectif principal de la conférence de Goma, mais n'aurait aucun impact si les groupes armés - et en particulier le CNDP - Congrès national pour la défense du peuple de l'ex-général Tutsi congolais Nkunda

Refusaient finalement de s'engager à un cessez-le-feu

Les experts travaillant au Congo estiment le nombre de morts élevés à 10 millions depuis les véritables débuts de la guerre 1996 avec le renversement de Mobutu.

On assiste au crime organisé depuis perpétré par des entreprises transnationales

Le rapport de HRW a exposé le rôle des officiels ougandais et des entreprises transnationales qui ont sorti l’or à travers la milice rebelle.

Un des premiers coupables est Anglo-Ashanti et son partenaire, la compagnie aurifère Barrick Gold.

Les pays riches sont totalement dépendants de sources étrangères de tantale.

Et les dossiers d’importation des ÉU montrent une augmentation importante de tantale venant du Rwanda et l’Ouganda au même moment que ces pays volaient le cobalt et le tantale du Congo.

Certains ont suggéré que la raison pourquoi personne ne parle de cette tragédie et que les activistes du monde ne se rallient pas pour empêcher la suite du massacre ou pour aider le pays à s’en remettre c’est qu’on ne sait juste pas quoi faire.

En effet, le réseau de ceux qui profitent de la situation au Congo est assez complexe, quoique facile à voir, et contrairement à l’Irak où l’appel au retrait des ÉU est la solution il n’y a rien de si simple pour le Congo.

ÉQUATEUR




L'Équateur, un petit pays de 13 millions de personnes, riche en ressources naturelles...

Pourtant le 3/4 de sa population vis sous le seuil de la pauvreté et manque d'accès aux installations sanitaires de base, aux soins de santé et d'education.

Le pays a été dirigé par des dictatures militaires depuis la fin des années 1970, et les rares présidents démocratiquement élus n'ont pas souvent été en mesure de terminer leur mandat.

Plusieurs groupes d'intérêt économiques forment une panoplie de partis politiques qui n'ont rien à faire des besoins de la population... au point où il a été souvent dit que le pays est ingouvernable.

Vint Rafael Correa, professeur d'économie qui était ministre des finances en 2005.

Il a osé demander à la Banque mondiale que les revenus excédentaires du pétrole soient consacrés au financement des soins de santé et l'éducation plutôt que le paiement de la dette externe.

La Banque a indirectement demandé que Correa soit congédié, ce qui est arrivé, et il est devenu hyper populaire par la suite.

Il a rapidement créé une formation politique et il a amplement remporté les élections présidentielles en 2006.

Sa promesse de campagne centrale a été de tenir un référendum demandant aux Équatoriens s'ils voulaient créer un conseil voué à la restructuration du système politique et économique de leur pays.

Le référendum a été tenu en avril dernier et le oui a gagné par 81%.

Les élections pour l'assemblée constitutionnelle ont été tenues en septembre dernier et l'organisation de Correa a remporté 80 des 130 postes.

Une réforme fiscale a été menée et appliquée dès le 1er janvier de cette année.

Il est estimé que les nouvelles taxes iront chercher 400 millions de dollars, tout cet argent venant presque entièrement des poches des gens riches ou aisés.

Ce sont donc des revenus qui iront directement dans les programmes d'éducation, l'infrastructure, la purification d'eau, le développement économique et le transport en commun.

Il va sans dire que l'élite économique de l'Équateur du pays n'est pas très heureuse.

Dans les médias de masse, on ne retient pas ses coups contre le président réformateur.

Mais il demeure que le président a l'appui inconditionnel du peuple pour le moment.

Et avec raison, voilà un élu qui s'engage à respecter ses engagements!

Il a la faveur du peuple car toutes ses actions sont concrètes... il a même été jusqu'à autoriser les travailleurs à prendre possession de leur entreprise si les dirigeants refusaient de s'engager dans le nouveau programme fiscal et d'augmentation du salaire minimum.

C'est intéressant d'observer la révolution rose en Amérique latine, ça nous fait rêver à quoi pourrait ressembler le Canada si Jack Layton en était le Premier ministre...


VENTE DÉVELOPPEUR SATELLITE





L'entreprise canadienne MDA, Macdonald, Dettwiller and Associates a récemment annoncé qu'elle vendait sa division satellite et espace à Alliance techsystems des ÉU pour la somme de 1.325 milliards.

MDA est la compagnie qui fabrique le bras canadien.

Mais Alliance techsystems est un fabricant de mines antipersonnelles et d'autres armes bannies par le traité d'Ottawa sur les mines antipersonnelles avec 121 autres pays en 1997.

Le traité d'Ottawa banni le transfert de fonds public dans des entreprises fabricant des mines antipersonnelles. Or, c'est exactement ce que l'on fait en vendant MDA à Alliance Techsystems.

MDA a été développé à partir des taxes des citoyens canadiens... et maintenant le fruit de notre investissement se trouvera entre les mains d'une compagnies américaines qui fabrique des jouets de mort et d'amputation.

Même l'ex-ministre des affaires étrangère Lloyd Axworthy juge que cette vente contrevient au traité d'Ottawa, qui a été signé rappelons-le durant le temps où il était en poste.

Vraiment, le gouvernement Harper agit de plus en plus comme si le pays que son parti minoritaire gouverne était le 51e état américain...

20 janvier 2008

LA LEVÉE 16 JANVIER 2008

1. Traité de Lisbonne
2. Suharto
3. Canada Colombie
4. Réduction de taxes
5. Chronique Cinémaniaque : Charlie Wilson's War

TRAITÉ DE LISBONNE



L'Assemblée nationale a rejeté mardi la voie du référendum pour la ratification du traité de Lisbonne,

En repoussant une proposition de loi constitutionnelle PCF visant à consulter directement le peuple sur ce traité simplifié après le non français du 29 mai 2005.

Je parle bien sur de la réforme de la constitution européenne, qui a été rejeté en
2005 car on n'y faisait aucune mention de l'Europe sociale.
En Irlande on s'attend à tenir un référendum cet été et le résultat aura une importance capitale pour les progressistes et démocrates européens.
En 2004, ATTAC France a pris les devants en s'opposant à la nouvelle constitution européenne.
Selon eux, le traité faisait la promotion du néo-libéralisme, la pauvreté, l'insécurité et le chômage.
Le 29 mai 2005, 55% des électeurs français rejetaient la constitution européenne.
À la suite du rejet par la France et les Pays-Bas, la commission européenne avait annoncé une période de réflexion.
18 mois plus tard, le conseil européen a sorti le traité de Lisbonne, contenant rien de moins que 96% des articles de la constitution européenne qui avait été rejetée.
Le contenu est le même, c'est juste présenté d'une manière différente.
Si ça passe, l'Europe prendra en charge la négociation de traité d'échange... ouvrant le monde en développement aux marchés et entreprises européennes, oubliant toujours, bien sûr, l'impact que ça l'aura sur les populations pauvres.

Des ONG humanitaires, visant la justice et l'équité pourraient se plaindre tant qu'elles le voudront aux différents pays européens comme la France et l'Irlande, il demeurera que les gouvernements nationaux ne pourront absolument rien faire.

C'est donc encore une fois un traité pour enrichir les élites d'avantage, qui écrasera la démocratie et qui réduira la capacité des parlements nationaux de s'occuper du bien être du progrès de leurs citoyens.

Au lieu, nos amis européens devraient travailler sur la construction d'une Europe sociale pour contrer la globalisation et la militarisation américaine.

Les Européens doivent continuer à dire non à un document comme le traité de Lisbonne...

Jusqu'au moment où il y aura une véritable discussion sur l'avenir de l'Europe, une discussion qui incluerait d'élire un conseil constitutionnelle qui rédigerait un nouveau traité après beaucoup, beaucoup de débat.
L'Europe devrait être un modèle alternatif aux ÉU, un phare pour la promotion de la solidarité, le développement humain et la paix.
Avec la décision de l'Assemblée nationale française de ne pas permettre aux électeurs fra
nçais de voter par référendum sur le traité de Lisbonne, c'est mal parti!

SUHARTO



Le général Suharto, 86 ans, dictateur pendant trois décennies en Indonésie, est sur le point de rendre l'âme...

Ce qui me donne l'occasion de parler encore une fois de l'horrible tragédie de ce pays-là rempli de 235 millions de personnes.

Depuis le 13 janvier, les médecins indonésiens qui s'en occupent disent qu'il a atteint une condition critique.

Neuf ans après avoir quitté le pouvoir, l'Indonésie demeure un des pays les plus corrompues du monde, selon Transparency international

Selon l'ONU et la Banque mondiale, Suharto aurait volé entre 15 et 35 milliards de dol
lars à sa population... certains critiques vont même jusqu'à élever cette somme à 45
milliards de dollars.

La famille de Suharto contrôlerait 36 000 KM de territoire, une bonne partie de Jakarta et 40% du Timor orientale.

Et ce qui est le plus triste avec la mort imminente de Suharto c'est que sa santé est trop fragile pour qu'il soit jugé pour génocide.

Suharto était au centre d'un coup d'état supporté par les ÉU en 1965 pour renverser le président nationaliste Sukarno et détruire le parti communiste indonésien, au moment le 3e parti communiste d'importance dans le monde.

Des massacres sans nom ont suivi au cours des prochains mois, entre 500 000 et 3 millions de personnes ont disparu... les pays occidentaux, incluant le Canada, n'ont pas dit un mot de protestation.

La CIA avait remis à Suharto une liste de 10 000 communistes à abattre

Les pays capitalistes étaient trop heureux de voir un pays aussi riche en ressources s'ouvrir au marché libre et devenir un allié capitaliste de la guerre froide.

Ensuite vint un génocide proportionnellement pire que l'Holocauste : en 1975 l'île avait gagné son indépendance face au Portugal, Suharto a envoyé ses troupes pour prendre le contrôle.

S'ensuivit le massacre de 200 000 personnes, le tiers de la population.

L'explication de Suharto? Nous n'allons pas tolérer la présence d'un Cuba au sud de notre frontière.

Les ÉU, l'Australie et le Canada n'ont fait qu'applaudir!

Vinrent ensuite les interventions sanglantes en Aceh, en Papouasie.

Suharto aurait donc volé plus d'argent et tué plus de gens que tout autres dirigeants depuis la 2e guerre mondiale.

Plus de la moitié des Indonésiens vit dans la misère, selon la Banque mondiale.

Dans son sillon, Suharto a laissé un pays immense en ruine, ignorant, et sans inspiration... l'écho des cris de millions de personnes massacrés qui résonnent encore aujourd'hui.

Je ne suis pas croyant, mais dans ce cas-ci, j'aime imaginé que Suharto brûlera en enfer, nos dirigeants qui l'ont supporté pendant 30 ans, aussi!

CANADA COLOMBIE




Le gouvernement Harper tient souvent un discours assez sévère envers la Chine, et on lui donne raison.

Lorsqu'il s'agit de droits humains, la Chine est l'exemple parfait à ne pas suivre.

Mais si on tourne notre attention vers notre propre cour, la Colombie, avec qui le Canada a signé un traité de libre-échange, bien, faut rappeler que le respect des droits humains n'est guère mieux que la Chine.

En 2006, il y a eu 72 assassinats de syndicalistes en Colombie.

l'escuela nacional sindical estime que plus de 400 meurtres ont eu lieu par des groupes paramilitaires sous la présidence de Uribe.

Et quelques-uns de ces groupes ont des liens directs au cercle politique du président.

Depuis qu'il a pris le pouvoir, seulement 4 personnes ont été accusées pour ces meurtres.

Mais le taux d'assassinat de syndicaliste a chuté dernièrement... peut-être parce que la terreur a mené à une chute dans le niveau de syndicalisation.

La Colombie est passée d'un taux de syndicalisation de 15% il y a 5 ans à 3% aujourd'hui.

Et Stephen Harper qui vient dire que, puisque la tuerie de syndicalistes a diminué, on peut dire que la Colombie est sur la bonne voie.

Mais si on regarde le portrait plus larges, 687 personnes ont été enlevées et 17 000 personnes ont été tuées l'an dernier.

La Colombie a une population de 44 millions de personnes.

En comparaison, le Canada a une population de 33 millions et 622 meurtres en 2006.

Alors pourquoi autant d'enthousiasme du Canada pour un traité de libre-échange avec la Colombie?

Bien fort probablement parce que la Colombie est une alliée clé des ÉU.

Mais avec le scandale de liens entre les paramilitaires et le président Uribe, le congrès américain a retenu son consentement pour la signature d'un traité.

Bush est donc très heureux des ententes commerciales entre le Canada et la Colombie, surtout à un moment où Uribe souffre d'une grave crise de légitimité.

Harper est même allé jusqu'à prononcer un discours devant le congrès américain pour les inciter à appuyer une entente de libre-échange.

Alors encore une fois notre cher Premier ministre fait preuve d'hypocrisie et de soumission à l'administration Bush.

Est-ce que l'on a voté pour ça?

RÉDUCTION DE TAXES



Faut revenir sur la réduction d'impôts historique du ministre fédéral des finances Jim Flaherty il y a quelques mois.

Étude après étude indique que 10% des Canadiens les plus riches garde un montant de plus en plus considérable à la maison... surtout le 1% des citoyens les plus riches.

Les Canadiens, tous les Canadiens, méritent de gagner beaucoup mieux leur vie qu'ils le font aujourd'hui.

La part des revenus qui va au 1% des plus riches a augmenté de 8.5% en 1982 à 12.2% en 2004, autrement, une augmentation de 43% de leur part du PNB.

80% des Canadiens n'ont vu aucune augmentation de leurs revenus depuis 1982.

Ce qui lève le coeur c'est que 1982 a été la pire année de récession depuis la grande dépression.

Pire : depuis le milieu des années 1990, l'économie canadienne est une dynamo.

Peu d'inflation, un bas taux de chômage, des taux d'intérêts bas, une monnaie forte, et aucun déficit budgétairer.

La performance économique du Canada au cours des 10 dernières années a été l'envie des 7 pays les plus riches, le seul pays où le gouvernement central nageait dans les surplus budgétaires.

Tout ces facteurs devraient faire en sorte que la majorité de Canadiens devraient mieux gagner leur vie que jamais!

Au lieu de ça, notre économie pétante de santé a coincidé avec une redistribution des revenus du bas vers le haut, à travers des changements dans le marché du travail et le système fiscal.

La famille moyenne élevant des enfants accumule 200 heures de plus de travail qu'il y a dix ans.

Au lieu d'avoir des gouvernements qui profitent de notre execellente économie pour contribuer à l'habitation, les garderies, les écoles, les espaces publics, les universités, le système de santé et le trabnsport en commun...

L'ensemble de ces programmes sont en chute libre...

Investir dans le bien public plutôt que le bien privé est un choix politique, point. Ça n'a rien à voir avec des formules économiques éprouvées...

Au cours des premiers 21 mois au pouvoir, le gouvernement Harper a enligné 190 milliards en réduction d'impôts et 37 millards en paiements de la dette.

le réductions d'impôt sont astronomiques et ne font absolument aucun sens, 190 milliards de moins dans les programmes sociaux!

Comme s'il n'y avait aucun problème de pauvreté, aucune augmentation de l'inégalité, aucun infrastructure à réparer, aucun défi envers les changements climatiques à relever!

Le fait que tout ça soit l'oeuvre d'un gouvernement minoritaire est encore plus scandaleux.

Dans le contexte économique idéal des 10 dernières années, les réductions d'impôts sont les actions d'un gouvernement sans inspiration, sans vision et totalement paresseux

CHARLIE’S WAR



Charlie Wilson's War est un film de produit et mettant en vedette Tom Hanks.

Il interprète le démocrate Charlie Wilson, un politicien du Texas qui a fait carrière en syphonant de larges sommes d'argent des payeurs de taxes sans avoir le congrès et surtout pas les électeurs sur son dos.

Charlie Wilson a reçu un prix de la CIA et ensuite est devenu un lobbyiste pour le Pakistan au salaire enviable de 360 000 dollars par année.

Wilson est surtout reconnu pour avoir faciliter le financement des moujahidines en Afghanistan afin de créer une force militaire contre l'Union soviétique afin qu'ils aient eu aussi leur Vietnam.

Les moujahidines étaient ni plus ni moins de la chair à canon pour l'URSS... un groupe militaire monté de toutes pièces par les ÉU pour gagner la guerre froide.

Les moujahidines sont, rappelons le, les Taliban et les membres d'al qaida d'aujourd'hui, contre qui nos soldats canadiens se battent et meurent.

Et ça c'est le plus gros défaut du film : on n'en fait pas mention!

Les activités de Wilson en Afghanistan ont directement mené à une chaîne d'événement qui ont culminé au 11 septembre 2001, l'invasion de l'Irak qui a tué plus d'un million d'irakiens.

Le scénario de Charlie's War a été basé sur le livre de George Crile écrit en 2003 qui décrit comment Wilson a financé le moujahiden entre 1979 et 1988 avec l'aide d'un agent de la CIA.

L'opération aurait mené à la mort de 15 000 soldats soviétiques et éventuellement la désintégration de l'URSS entre 1989 et 1991.

Tom Hanks avait acheté les droits du livre, Julia Roberts joue le rôle de sa blonde de droite du Texas, et Philip Seymore Hoffman interprète Gust Avrakotos, l'agent de la CIA.

Philip Seymore Hoffman vole le show, et les interprétations de Hanks et Roberts étaient fidèles à leurs habitudes...

On tente de faire une grosse comédie avec quelque chose qui à la fin n'est pas drôle du tout.

Hanks a déjà dit en entrevue qu'il ne voulait pas toucher aux conséquences des actions de Wilson, surtout pas le 11 septembre.

À la fin du film on voit sur l'écran une citation de Wilson, disant en somme nous avons réussi une grande action historique, mais avons raté la fin de l'histoire.

Je dirais de même pour le film.

On apprendra pas dans ce film de 97 minutes qu'au retrait des troupes soviétiques en 1989 George Bush senior a perdu tout intérêt en l'Afghanistan, laissant le pays sombrer dans une des pires guerres civiles de l'histoire.

Je sens que, dans 50 ans, on verra Charlie Wilson's war comme tout simplement un film de propagande dans une époque de d'hégémonie impérialiste des ÉU.

L'histoire d'horreur a été. supprimée, réinterprété comme quelque chose sans importance et ridicule.

Avant l'intervention américaine en 1979, le droit des femmes, le niveau d'éducation, les services du gouvernement, les relations entre les différents groupes ethniques...

Tout était considérablement mieux dans un Afghanistan communiste que sous les Talibans et le président Karzai aujourd'hui.

Mais on en aura aucune indication dans un film comme Charlie's War

J'ai révisé un bon paquet de critiques et mon impression c'est que l'on interprète le film comme étant un feel good comedy.

Le critique du globe and mail a carrément écrit qu'il fallait juste voir le film comme une comédie, ne pas trop y penser sinon, l risque de s'étouffer sur notre pop-corn!

C'est un très mauvais film historique... mais pire que ça, on dirait que l'on essaie consciemment de provoquer une amnésie collective.

À éviter complètement!

LA LEVÉE 9 JANVIER 2008

1. L'assassinat de Benazir Bhutto : une révision des faits et des effets sur le Pakistan
2. 2007 a été la pire année : Le bilan de l'occupation américaine de l'Irak
3. La poudrière des élections basée sur l'ethnicité : l'exemple du Kenya
4. Le tourisme derrière les barbelés : l'enfer pour la population de Fiji

BHUTTO



Benazir Bhutto la chef du plus grand et populaire parti du Pakistan est morte.

Son assassinat a eu lieu lors d’une tournée pour les élections provinciales et nationales qui devait avoir lieu hier, mais reportées au 18 février

Évidemment comme c’est souvent le cas Washington a été vite a accusé Al-Qaida ou un groupe extrémiste semblable pour l’assassinat… Musharraf a dit la même chose…

Même si le régime de Musharraf n'était pas directement impliqué dans l'assassinat de Bhutto, on peut quand même l'accuser de négligence à son égard.

Il reste que selon les sondages une large partie de la population considère la machine militaire de Musharraf responsable de l'assassinat de Bhutto.

Et l'on a été vite à nettoyer la scène du crime, vraiment trop selon les experts d'enquêtes criminelles... Scotland Yard ira faire un tour pour voir ce qu'ils peuvent trouver avec les quelques miettes de preuves laissées sur place.

Au cours des dernières semaines, Bhutto s'est plaint sans cesse que le gouvernement ne l'aidait pas pour sa sécurité de base, comme un véhicule blindé ou de l'équipement pour bloquer la détonation de bombes.

Au moins on a remis les élections au 18 février, mais pendant un temps après l'assassinat, on a insisté chez Musharraf et Washington dont elles aient lieu pareil le 8 janvier.

Toute cette élection est à la fois bizarre et orchestrée d'une manière flagrante, le but est évidemment de donner l'impression que des transformations démocratiques ont lieu au Pakistan.

Il y a toujours eu une méfiance entre l'armée et le PPP, le parti du peuple pakistanais, fondé par le père de Bhutto... qui a été pendu par le régime militaire de Zia-ul Haq en 1979 avec l'appui des États-Unis.

En ce moment, c'est le fils de Bhutto de seulement 19 ans qui a été nommé à la tête du PPP, ça ne fait pas très sérieux...

Une façade dynastique qui ne fera que remettre le pouvoir entre les mains de son papa, Asif Ali Zardari, un homme corrompu et mafieux.
Encore une fois, c'est toujours mieux d'analyser les institutions qui gèrent nos vies, plutôt que les individus.
Le Pakistan n'est pas une démocratie. C'est un régime dictatorial militaire. Que ce soit Musharraf ou un autre au pouvoir, le résultat sera le même...

C'est l'infime minorité du haut qui décidera de tout, et le bas écopera...

Et comme a dit le grand Bertrand Russell, dès qu'une communauté perd le contrôle sur sa propre destinée, elle a tendance à se tourner vers la religion fondamentaliste comme refuge...

Tant qu'une véritable démocratie participative vigoureuse et diversifiée n'existera pas au Pakistan, basée sur une séparation des pouvoirs claire et nette, la violence basée sur la foi en dérive dominera.


IRAK




Malgré tout ce que l'on entend, 2007 a été la pire année de l'occupation américaine en Irak.

Vous vous rappelez le «surge» de troupes par le gouvernement américain en février?

Le but était d'améliorer la sécurité à Baghdad et dans la province de l'ouest al-Anbar, les deux régions les plus violentes.

Vers juin, on a ajouté 28 000 troupes en Irak, augmentant leur nombre à 160 000... et vers l'automne, c'est 175 000 militaires qui y étaient

L'administration Bush avait dit que cette adition de troupes visait la fin des tueries sectaires, et aussi pour donner du temps au gouvernement du PM Nouri al-Maliki

Mais pendant ce temps-là, le nombre d'Irakiens chassés de leurs maisons a quadruplé, selon le croissant rouge irakien.

Vers la fin de 2007, la commission de l'ONU pour les réfugiés estimait que 2 millions d'Irakiens se sont déplacés à l'intérieur de l'Irak et qu'un autre 2 millions avaient fui le pays.

Je rappelle que l'Irak a une population de 25 millions de personnes.

Mais la violence sectaire a quand même baissé... surtout à Baghdad où l'on a divisé la ville selon la religion de chaque groupe, entre sunnites et chiites.

Des quartiers entiers sont maintenant entourés de murs en béton.

Vers la fin de 2007, les attaques contre les forces occupantes ont baissé, mais on en constate encore plus de 2000 par mois.

L'infrastructure irakienne, les emplois et les exportations de pétrole se sont améliorés, mais demeurent toujours sous les niveaux précédant l'invasion.

60% de la population demeure dépendante de l'assistance alimentaire.

Et les rations baissent, en décembre, le gouvernement irakien annonçait qu'il allait baisser le nombre d'items de moitié dû au manque de fonds et l'inflation.

Ce sont bien sur les enfants qui en souffrent le plus, la malnutrition est passée de 19% avant l'invasion à 28% aujourd'hui.

Et le nombre d'Irakiens mort à cause de l'invasion et de l'occupation continue de monter... nous sommes à 1 139 602 personnes.

2007 a été l'année la plus meurtrière pour les soldats US aussi, 894 morts au combat.

On ne sera pas surpris après tout ça d'apprendre, selon un sondage d'ABC et BBC, que 98% des sunnites et 84% des chiites en Irak veulent le retrait immédiat des forces occupantes.

KENYA



Le mardi 27 décembre dernier, le Kenya se vantait d'avoir tenu de belles élections législatives.

48 heures après, le rêve démocratique s'est transformé en cauchemar de violence ethnique.

La majorité des victimes jusqu'à présent ont été les pauvres et les marginalisés, mais on craint qu'une guerre civile n'éclate.

Lorsque l'on pense à l'Afrique, le premier élément à considérer c'est l'absence de fortes institutions démocratiques.

Mais de plus en plus, les démocraties africaines dépendent de la bonne volonté des politiciens.

Une nation est donc aussi démocratique que c'est politiciens... c'est le monde à l'envers.

Tout récemment, le président contesté Mwai Kibaki a damé le pion hier aux médiateurs de la crise postélectorale au Kenya en annonçant un gouvernement « de large ouverture », aussitôt rejeté comme « une plaisanterie » par l’opposition.

L'ethnicité joue un rôle central dans de telles élections... Kibaki, un Kikuyu n'a presque pas reçu de votes des régions Luo.

Son adversaire, Raila Odinga, même chose chez les Kikuyu.

L'élection a été proche, et avec l'ethnicité comme facteur décisif, la victoire d'un bord comme de l'autre indiquait une montée de violence.

Raila de l'opposition accuse Kibaki d'avoir fraudé l'élection... rien n'est moins certain pour l'instant...
Raila semble tenté une sorte de révolution orange comme c'était le cas en Ukraine, appelant le peuple à marcher dans la capitale.

Mais le résultat au Kenya mènera inévitablement à la violence ethnique.

La solution à la crise, encore une fois, c'est un engagement ferme dans le processus démocratique.

Il y a eu quand même du bon dans cette élection, la plupart des gros canons de la politique corrompue du Kenya aient été chassés du pouvoir.

Même les fils de l'ancien dictateur Moi n'ont pas de sièges au Parlement.

Tous les votes doivent être recomptés d'une manière absolument transparente, maintenant.

Ça doit être le point central pour tous ceux qui s'inquiètent de l'avenir du Kenya.

Peu importe ce que la communauté internationale, ou les Kenyiens surtout, pensent de Raila et de Kibaki... et du processus électoral du 27 décembre dernier.

FIJI



Parlons tourisme... c'est le temps de l'année pour les blancs des pays nordiques d'aller vers le sud se rappeler à quoi ressemble le soleil en été.

Je suis tombé sur un article qui raconte comment la population locale est affectée par le tourisme dans les îles Fiji... derrière les barbelés.

On dit que Fiji c'est le paradis... en fait, c'est étamper partout et on le répète ad nauseam aux touristes qui débarquent là-bas.

Mais à quelques kilomètres du centre-ville de la plus grande cité du paradis, Lautokam des enfants travaillent toute la journée à fouiller les ordures du dépotoir.

Et l'environnement, véritable jardin d'Eden, est ravagé par les hôtels de luxe, les villas privées, les marinas, les terrains de golf, etc.

Et il va sans dire que ce paradis artificiel n'est pas ouvert au public, faut être soit un étranger ou être extrêmement riche pour y avoir accès.

La nouvelle tendance est vers le tourisme derrière les murs, en enclos, séparé du reste de la population.

Le gouvernement militaire est extrêmement dur envers sa propre population...

Le coup d'état l'an dernier n'a eu presque aucun impact sur l'industrie touristique.

Les prix de tout montent en flèche, faisant de Fiji un des endroits les plus chères du monde.

Les masses sont extrêmement pauvres, mais les touristes insistent à vivre dans leur rêve paradisiaque, une espèce de fantasme néo-romain.

S'ils ne sont pas riches en Australie ou aux États-Unis, les mêmes personnes se sentent riches à Fiji, en tout cas.

C'est la seule raison qui explique le tourisme derrière barbelé auquel on assiste dans des pays comme Fiji.

Très difficile d'avoir deux mondes de niveau de vie aussi diamétralement opposée

Les touristes qui vivent dans un des hôtels de luxe peuvent facilement dépenser en 24 heures ce qu'une famille pauvre du Fidji fait en un an.

Mais, le peuple du paradis doit entrer dans un stéréotype fixe :

Simplicité, amical, pauvre mais heureux, et toujours, toujours souriant.

À Fidji, comme ailleurs mais en accéléré, la disparité entre riches et pauvres s'agrandit...

Pendant ce temps-là, on nous vend que tout est merveilleux au paradis sur terre...

qu'il faut ignorer les problèmes et vivre en harmonie sous la lumière chaude et céleste des marchés libres et la globalisation financière. Amen.