21 mars 2005

L’empire US libre de piller

La Levée 21 mars 2005

Paul Wolfowitz sera fort probablement élu président de la Banque mondiale. Les ÉU champions de la démocratisation du Moyen-Orient ? Pas vraiment…La vérité sur l’histoire de la journaliste Sgrena. Hugo Chavez : locomotive de la gauche en Amérique latine. Le désastre Jetsgo est un symptôme d’une industrie aérienne nationale malade.

Loup après Loup

Après avoir jouer avec l’idée d’élire le chanteur Bono de U2 à la tête de la Banque mondiale, les ÉU ont choisi un des pires néo-conservateurs comme candidat : Paul Wolfowitz.

Il succèderait à James Wolfensohn, alors un loup en suivrait un autre à la tête de la banque crée pour aider les pays pauvres à se sortir de leur misère, mais qui échoue lamentablement partout où elle intervient.

Wolfowitz est le bras droit du secrétaire à la défense Donald Rumsfeld, il est en grande partie responsable de la débâcle irakienne.

En fait, si on regarde son CV, selon la loi internationale en ce qui concerne les droits humains et les crimes de guerre, Wolfowitz devrait être confortablement assis en prison.

Il était l’ambassadeur américain en Indonésie qui a appuyé le régime meurtrier de Suharto jusqu’à la fin, en plus d’avoir empêché l’implantation de la démocratie partout au Moyen-Orient ,bref, juste pour l’invasion irakienne les preuves sont suffisantes pour l’accuser de crimes de guerre.

Mais Wolfowitz ne serait pas le premier criminel de guerre à servir comme président de la banque mondiale.

Robert McNamara est passé de secrétaire à la défense à président de la banque mondiale en 1970, après avoir dirigé les massacres de paysans vietnamiens à coups de tapis de bombes et des vagues de napalm.

La nomination de Wolfowitz démontre encore une fois l’arrogance impérialiste qui domine à Washington, rappelons que cette nomination suit de près l’envoit de John R. Bolton, un homme ouvertement hostile à l’ONU, comme ambassadeur des EU aux Nations unies.

Imposer Wolfowitz comme chef de la BM est une tentative de soumettre encore plus la banque aux instances financières du gouvernement américain.

Cette nomination doit être contestée par l’ensemble de la communauté progressiste globale…on pourrait en profiter pour non seulement dénoncer Wolfowitz, mais aussi tout le régime d’aide étrangère qui ne fait rien, en fin de compte, pour les pauvres.

Les USA et démocratie au Moyen-Orient

C’était le deuxième anniversaire de l’invasion de l’Irak par les ÉU en fin de semaine, et le moment est propice pour une petite historique de l’Oncle Sam au Moyen-Orient.

Washington se félicite de promouvoir la démocratie en Irak et au Liban, même si c’est de la pure hypocrisie.

En fait, les ÉU sont concernés par la démocratie au MO que lorsque ça fait avancer ses intérêts économiques, militaires ou stratégiques.

L’histoire des 60 dernières années démontre une nette préférence pour des dictatures au service des ÉU qu’une démocratie au service du peuple.

L’implication active de Washington au MO a commencé en 1933 lorsque la Standard Oil Cie de la Californie a lancé une tonne d’argent pour l’exploitation de réserves pétrolières en Arabie saoudite.

On avait rapidement compris l’importance géostratégique de la région…

En 1949, la CIA aide une junte militaire à prendre le pouvoir en Syrie, renversant de la sorte le gouvernement démocratiquement élu.

En 1953, les ÉU provoquent un coup d’état contre le gouvernement démocratiquement élu de l’Iran.

Washington n’a strictement rien fait pour la promotion de la démocratie en 1961 lors de l’indépendance du Koweït, ni en 1962 lorsque la famille royale de l’Arabie saoudite a décidé d’enterrer ses projets de démocratisation.

En 1971, lorsque la GB s’est retirée du Golfe, laissant derrière 4 nouveaux pays indépendants, le Bahreïn, le Qatar, les Émirats arabes unis, et l’Oman. Les ÉU n’ont pas favoriser l’émergence de démocraties mais ont plutôt signé des ententes secrètes avec les régimes en place, se fiant aussi sur l’Arabie saoudite pour empêcher toute émergence démocratique.

Washington appui aussi sans réserve le régime semi-dictatorial du président égyptien Moubarak depuis 1981.

En contraste, George W Bush se plaint encore d’absence de liberté et de démocratie en Iran.

Reste que depuis 1979, l’Iran a connu sept élections parlementaires, huit élections présidentielles et deux élections locales : tout ça avec de multiples candidats et partis et un suffrage universel à partir de 15 ans.

C’est une feuille de route démocratique bien meilleure que l’Arabie saoudite, un régime monarchique où un homme sur cinq peut voter et les femmes n’ont aucune voix.

La différence c’est que l’Iran s’oppose activement aux ambitions économiques, stratégiques et militaires des ÉU au MO.

En fait, la tradition historique des ÉU de s’opposer à la démocratie aux dépends de leurs intérêts nationaux est en ligne directe avec leurs actions en Amérique central et du sud, ainsi qu’en Asie du sud-est.

Pendant ce temps-là, la revue Time discute sérieusement de la possibilité de remettre le prix Nobel de la paix à Bush suite à la supposée réussite des élections en Irak. Envoyez-leur un livre d’histoire quelqu’un !

Guiliana Sgrena

Vendredi le 4 mars dernier, Nicola Calipari, un agent secret italien parti à la rescousse de la journaliste Guiliana Sgrena tenue en otage par des Irakiens, se faisait abattre par des soldats américains.

Depuis, l’Italie au complet est en deuil et le président Berlusconi tient les ÉU entièrement responsables du meurtre de Calipari.

Il y a une opposition dans le compte-rendu des événements : du côté Américain on dit que la voiture qui contenait Calipari et Sgrena n’avait pas ralenti à une zone de contrôle près de l’aéroport de Bagdad…ce qui a forcé les soldats américains à tirer dessus.

Du côté italien, on affirme que non seulement la voiture avait déjà traversé toutes les zones de contrôle avant l’aéroport, mais en plus la voiture s’était arrêtée dès que des soldats américains l’avaient éclairée d’un phare.

Certains hauts placés italiens affirment même que les Américains savaient qui étaient à bord de la voiture et qu'ils ont tiré dessus volontairement pour taire la journaliste qui est contre l’occupation de l’Irak par les ÉU.

On attend les résultats d’enquête des deux côtés vers le début du mois d'avril...

Sgrena était en Irak pour rapporter les faits entourant l’attaque des troupes américaines sur la ville de Fallouja lorsqu’elle s’est fait enlevé par des jihadistes.

Auparavant, Sgrena avait couvert la guerre en Afghanistan. Elle était à Bagdad lors des bombardements de la ville il y a deux ans. Elle est retournée à plusieurs reprises en Irak pour écrire des articles sur la souffrance quotidienne des Irakiens depuis l’invasion.

Le métier de journaliste peut-être mortel en Irak. En fait, les journalistes sont 10 fois plus à risque de mourir à cause du conflit que les soldats eux-même.

Un haut placé de CNN avait même démissionné de son poste parce qu’il savait de 10 cas bien documentés où des soldats américains avaient ciblé des journalistes.

Il y a le cas de 4 journalistes de Reuter et de NBC qui ont été emprisonné et torturé à Falluja par des soldats américains.

Alors, a quand le film d’Hollywood sur le travail courageux de Guiliana Sgrena, son enlèvement et son sauveur Nicola Calipari abattu alors qu’il la protégeait des coups de feu américains ?

Chavez et la gauche en Amérique latine

Il serait grand temps pour le Québec et le Canada d’apporter son appui au président du Venezuela Hugo Chavez.

C’est tout de même un représentant plus que légitime de son peuple, puisqu’il a remporté trois élections et référendums directs et six indirects depuis les six dernières années.

Surtout en ce moment puisque les ÉU travaille fort pour isoler le Venezuela en plus de chercher à l’éliminer...

On parle de Chavez à Washington comme d’une force négative, le pays à surveiller de près en Amérique du sud, selon les services secrets américains.

La Colombie est le pays qui reçoit le plus en subvention des ÉU et on semble vouloir attaquer le Venezuela par son voisin acheté.

La déstabilisation du Venezuela semble être la priorité des ÉU au sud à causes des programmes sociaux implantés avec succès par Chavez.

Des programmes visant à aider les pauvres : accès aux soins de santé, une meilleure distribution des terres, des programmes d’alphabétisation, du micro-crédit, bref, des programmes qui aide des centaines de milliers de pauvres au Venezuela.

Comme toujours, la république de l’empire déteste les pays satellites qui peuvent servir d’exemple aux autres, et le Venezuela est à la tête du mouvement politique de gauche qui prend possession de l’Amérique du sud.

En Uruguay, le nouveau dirigeant Tabaré Vasquez est à la tête d’une coalition de socialistes depuis la semaine dernière; Ricardo Lagos au Chili; Lula da Silva au Brésil; Lucio Guttierez en Équateur; et Nestor Kirchner en Argentine.

Du groupe, c’est vraiment juste Chavez qui semble vouloir remplir ses promesses électorales de lutte à la pauvreté et de nationalisation des ressources.

En fait, le Venezuela est le seul pays d’Amérique latine où les sondages indiquent que la population a plus foi aux institutions démocratiques qu’il y a 10 ans.

70% de la population du Venezuela vit sous le niveau de pauvreté, et les programmes sociaux de Chavez sont les mesures les plus efficaces de la planète pour subvenir à leurs besoins.

Il faut donc s’assurer que le coup d’État contre lui en avril 2002 ne se répète pas…l’inviter au Québec et au Canada serait une très bonne manière d’y arriver.

Jetsgo : feu vert au laisser-aller aérien.

Jestgo est la plus récente ligne aérienne à s’écraser depuis que l’industrie est passée dans le moulinet du libre marché en 1987.

Jetsgo fait partie des douzaines d’entreprises à avoir échoué lamentablement depuis 18 ans.

Mais notre bon gouvernement fédéral, le ministre des transports, le représentant d’Outremont qui est à deux pas d’ici, Jean Lapierre, ne semble pas comprendre qu’il y a un problème avec notre système aérien…

Les crises financières à répétition, la mise à pied de milliers d’employés, des dangers d’ordre sécuritaire, genre, des avions qui pourrait nous tomber dessus...

Eh oui, qui dit problèmes financiers dit on coupe dans les dépenses d’entretiens de l’appareil et les autres questions de sécurité…

Jetsgo a abandonné des milliers de voyageurs qui avaient pourtant acheté en avance un passage sécuritaire vers une autre destination.

Des centaines de travailleurs sans emploi.

Et des pertes pour des investisseurs.

Reste que Transport Canada veillait sur la sécurité des passagers de Jetsgo.

On avait interdit aux avions de Jetsgo d'aller au-delà de 29 000 pieds suite à la découverte d’irrégularités concernant la sécurité des passagers.

La hauteur moyenne est de 35 000 pieds, au moins les passagers auraient été plus à l’aise de tomber de 6000 pieds de moins dans le cas d’un moteur qui saute.

Malgré la répétition de cas comme Jetsgo, Ottawa cherche à ouvrir la voie à encore plus de concurrence dans notre ciel… à nos risques et périls.

Tous les nouveaux joueurs dans l’industrie finissent par s’étendre beaucoup trop rapidement par rapport au capital accessible.

Jetsgo se joint donc au cimetière des lignes aériennes nées depuis la libéralisation du marché en 1987, incluant : Canadian Airlines, Wardair, Greyhound Air, Royal Air, Canada 3000, Vistajet, Intair, Québec Air, City Express, etc.

C’est vraiment devenu ridicule de partir une ligne : louer des avions, trouvé un logo qui pogne et espérer vendre assez de billets pour acheter l’essence avant que l’avion décolle.

Même Westjet y goûte en ce moment, empilant perte après perte à cause de sa sur-expansion et ses coûts de billets ridiculement bas.

Malgré ça, le Ministre Lapierre a démarré un processus pour voir si c’est possible de déréglementé encore plus, invitant d’autres joueurs dans la compétition, même si ça fait 18 ans que la déréglementation et la privatisation ont lamentablement échoué.

14 mars 2005

2ième anniversaire de l’invasion USA en Irak

La Levée 14 mars 2005

L’assassinat de «Monsieur Liban» semble avoir uni la population libanaise. Il y a six décennies, Tokyo brûlait. Ward Churchill a dit des choses pas fines sur les États-Unis aux lendemains du 11 septembre 2001. La privatisation de la guerre est l’industrie de l’heure. Attention : ne pas mélanger la politique et la religion !

Mouvements pro-syrien au Liban

Le lendemain de l’assassinat de Rafic Hariri, l’ex-premier ministre libanais, a eu lieu un grand mouvement de protestation contre la présence des troupes syriennes aux pays des cèdres.

Mais le Liban n’est pas un pays unidimensionnel et on a vu un autre groupe, entre 200 milles et un demi-million de musulmans chiites se mobiliser pour appuyer la Syrie, mais surtout pour dénoncer la résolution 1559 du conseil de sécurité de l’ONU qui demande le retrait des troupes syriennes et le désarmement de l’aile armée de l’Hezbollah.

Les musulmans chiites sont la plus grande communauté religieuse du Liban, 40% pop.

Bien que les chiites ne tiennent pas nécessairement à voir les troupes syriennes partir, c’est le désarmement de l’Hezbollah qui les inquiètent.

Les Chiites sont très actifs au Moyen-Orient en ce moment : la Syrie est menée par un régime chiite, l’Iran est une nation chiite et les Chiites irakiens sont sortis en grands nombres pour prendre le pouvoir en Irak lors des élections du 30 janvier.

Ça prit du courage pour sortir dans les rues du Liban pour dire merci à la Syrie d'être intervenu pour mettre fin à la guerre civile libanaise... suite à trois semaines de manifs continue qui disaient le contraire.

Et tout ça, à 300 mètres d’un groupe à l’autre.

Pour des milliers de manifestants fidèles à l’Hezbollah, qui ont eux-mêmes combattus les Israéliens au sud du Liban : l’implication des ÉU équivaut à un retour des menaces venant d’Israël.

En fait, on voit une opposition entre les pro-Hariri, plutôt chrétiens et ayant l’appui de l’administration Bush et les pro-syriens qui ont manifestés à Beyrouth mercredi qui tiennent à l’autonomie du Liban face au duo ÉU/Israël.

Semblerait que les 15 000 troupes syriennes qui étaient allées au Liban pour cesser la guerre civile se retireront au moins jusqu’à la frontière de la Syrie.

Reste à voir si elles s’installeront du côté libanais ou syrien.

On assiste donc à une révolution du cèdre : si on peut dépeindre les Chiites de l’Irak comme des défenseurs de la démocratie, on ne peut pas dépeindre les Chiites du Liban comme des terroristes, même s’ils sont sous l’aile de l’Hezbollah, une organisation terroriste selon Israël et les ÉU.

Il reste à voir comment Washington va interpréter la mobilisation chiite de mercredi, gageons que ça sera bourré de contradictions et de paroles creusent…

60ième anniversaire des bombes de feu sur Tokyo

Le 10 mars 1945 a eu lieu une des plus grandes atrocités de la deuxième guerre mondiale : le bombardement au feu de la ville de Tokyo qui a tué 100 000 civils innocents.

Au milieu de la nuit, 334 B-29 ont volé très bas dans le ciel et ont largué un demi-million de bombes incendiaires sur la ville endormie.

Le but était de causer le maximum de carnage dans une ville surpeuplée fait de bâtiments en bois.

Même les rivières de Tokyo n’était pas un refuge, tous ceux qui y plongeaient pour échapper l’enfer ont été bouillis à mort.

Les bombes étaient remplies de gelée de pétrole, un prototype pour le napalm qu’on a fait pleuvoir sur le Vietnam vingt ans plus tard.

La gelée de pétrole se collait à tout et transformait même l’eau en feu.

Les bombardements ont donc incinéré 15 kilomètres du centre de Tokyo, aujourd’hui ce sont les quartiers chics de la métropole.

Lorsque le bombardement du Japon avait cessé le 15 août 1945, plus de 70 villes avaient ainsi été réduites à la poussière et plus d’un demi-million en sont mort.

L’architecte des attaques, le Général américain Curtis LeMay, avait même dit que si les alliés avait perdu la guerre, ils auraient sûrement été amenés en justice pour crimes de guerre.

Le bombardement de Tokyo avait servi d’école à toute une génération de chefs militaires pendant la guerre froide.

Le général LeMay était devenu le chef du US Air Force en 1961.

Robert McNamara, un statisticien qui avait contribué à l’organisation du bombardement de Tokyo, d’Hiroshima et de Nagasaki était devenu secrétaire à la défense en 1960.

C’est lui qui a autorisé le bombardement de vastes zones du Vietnam avec des bombes de napalm et d’Agent orange.

Le bombardement de Tokyo est un point tournant pour la pratique de la guerre au 20ième siècle, le moment où les arguments moralistes contre le massacre de citoyens innocents ont disparus devant le rationalisme instrumental militaire.

Le Japon préfère oublier l’événement et n’en parle pas.

C’est une attitude dangereuse parce que lorsqu’on oublie à quel point la guerre est horrible, on craint moins de s’y embarqué à nouveau…

Ward Churchill : la gauche radicale américaine sous enquête

Ward Churchill est un professeur du département d’études ethnique à l’université du Colorado.

Le lendemain des attaques du 11 septembre 2001 contre les tours du world trade center et le pentagone, il a causé tout un tollé en disant qu’un certain nombre de victimes de cette attaque n’était pas tout à fait innocent.

Il a dit que les attaques contre les techniciens de l’empire américain était un exemple d’une réplique «pushing back» contre les abus du pouvoir global des États-Unis.

Qu’un certain nombre de victimes du 11 septembre était des petits Eichmann de l’empire, en référence à l’architecte de l’holocauste mené par le régime nazi.

Il a publié un essai où il explique sa thèse plus en détail dans le livre intitulé «On the justice of Roosting chickens : reflections on the consequences of US Imperial arrogance and criminality»

Roosting chickens fait référence à ce que Malcolm X a déclaré en apprenant l’assassinat de John F. Kennedy. Il a dit que puisque les ÉU s’amuse à assassiner les chefs d’États qu’ils n’aiment pas partout dans le monde, qu’il est normal que la même chose arrive en réplique chez nous.

Le livre de Churchill est en gros un compte-rendu des génocides à l’interne contre les amérindiens et à l’étranger comme en Indochine ou des interventions qui contrevenaient à la loi internationale : son idée maîtresse est que la meilleure façon de protéger les Américains des terroristes est de s’arranger pour que les ÉU respectent la loi internationale.

Churchill est maintenant sous enquête, l’université du Colorado passe au peigne fin l’ensemble de ses écrits, à la recherche de propos haineux ou anti-américain.

La droite américaine s’amuse avec Churchill, l’utilisant pour dénoncer l’ensemble de la gauche radicale, incluant mes héros Noam Chomsky et Howard Zinn, ou tout autre intellectuel de renom qui ose critiquer la politique étrangère des ÉU ou le racisme qui règne encore dans le pays.

Le procès de Churchill aura au moins le mérite de provoquer un débat entre ceux qui souhaitent que la population américaine s’ouvre les yeux sur les actions criminelles des ÉU à l’étranger...

Et ceux qui croient que les ÉU sont bons de nature et qu’ils sont un phare de moralité pour le reste de la planète…comme à l’époque des colons puritains de la Nouvelle-Angleterre qui remerciaient Dieu de faciliter l’élimination des amérindiens.

La privatisation de la guerre

Le 19 mars de cette semaine sera la deuxième anniversaire de l’invasion de l’Irak qui, selon la revue prestigieuse Lancet, aurait causé la mort de 100 000 civils irakiens.

Pour faire face aux insurgés irakiens qui persistent toujours, il faudrait doubler, voire augmenter par dix le nombre de troupes de la pseudo-coalition menée par les ÉU.

Pour combler le manque de soldats, les ÉU n’hésitent pas à faire de plus en plus appel aux mercenaires.

Lors de la guerre du Golfe en 1991, 1 soldat sur 100 déployés par la coalition menée par les ÉU était un mercenaire : c’est-à-dire un soldat venant d’une entreprise militaire privée.

Aujourd’hui, en Irak, 1 soldat sur 5 est un mercenaire.

Depuis le milieu des années 90, le secteur militaire privé est l’industrie qui a connu la plus forte croissance au monde.

Les ÉU étant bien sûr son plus gros client, cette industrie valait de 100 à 200 milliards de dollars par année avant même l’invasion de l’Irak.

En ce moment, il y a 130 000 soldats des ÉU, 9000 britanniques et 15 000 autres de différents pays en Irak.

On estime qu’il y a 30 000 mercenaires sur place, ce qui en ferait la deuxième force militaire d’importance dans le pays.

Après les ÉU et la GB, le pays qui fourni le plus de mercenaires est l’Afrique du sud, qui font à peu près le tiers des forces privées en Irak.

Le bassin de ces mercenaires d’Afrique du sud ce sont l’élite des forces spéciales qui veillaient sur la population noire durant l’époque de l’Apartheid.

Les brutes de l’Apartheid sont des mercenaires de choix. Suite à des années de mercenariat à travers l’Afrique, on a crée une dizaine d’entreprises militaires privées qui ont transformées le métier de mercenaire en une entreprise légitime.

Mais en plus des soldats de l’apartheid, l’armée américaine fait appel à d’autres soldats tout aussi nobles qui étaient associés au régime de Pinochet, de Milosevic, des régimes brutaux de l’Amérique centrale et d’Israël.

Le danger avec les armées privées, c’est bien sûr le fait qu’elles ne soient pas obligées de répondre aux exigences démocratiques.

On risque de se retrouver, avec la force toujours croissante des entreprises transnationales, au retour des armées de compagnie qui ne répondront à rien sauf au but suprême de l’augmentation des marges de profits.

Et qui sait, peut-être que ces armées privées provoqueront des conflits dans le but d’atteindre leurs objectifs financiers ?

Le dangereux mélange de la politique et de la religion

Il y a un débat en ce moment chez nos amis du sud concernant l’affichage des 10 commandements sur les murs d’édifices publics.

C’est un autre beau projet de la droite chrétienne qui prend de plus en plus de place dans l’environnement politique et culturel aux ÉU.

Tant qu’à donner le feu vert pour accrocher les commandements, il faudrait au moins que ça soit la version en Hébreux et non pas une des variantes chrétiennes écrites 1000 ans après Moïse.

Le débat sur l’affichage des 10 commandements à peu à voir avec la religion et tout à voir avec la domination de l’arène culturelle.

La droite chrétienne voit les changements sociaux qui frappent les ÉU comme une menace à leur mode de vie, et leur seule réaction est de tenter d’effacer la barrière entre l’église et l’État.

La réaction de la droite chrétienne est très similaire aux fondamentalistes islamiques.

Au Moyen-Orient arabe et en Iran, devant la menace de l’hégémonie de l’empire américain, on insiste de plus en plus sur la loi islamique comme base à la vie politique.

Même chose en Israël, où on voit des menaces partout, on s’incruste de plus en plus dans une interprétation réactionnaire de la loi hébraïque.

Bush, en s’appuyant autant sur sa base électorale religieuse, pourrait se retrouver dans le même piège que le fondateur de l’Arabie saoudite.

Pour obtenir un appui politique, le roi Ibn Séoud a mobilisé le mouvement fanatique et ultra-religieux des Wahhabites, le noyau spirituel d’al-quaïda.

Une fois les liens cimentés, la famille royale saoudienne s’est trouvée à la merci politique d’un mouvement d’idéologues extrémistes et incontrôlables.

Ariel Sharon en Israël s’est trouvé dans la même situation, trouvant sa force politique chez l’électorat d’ultra-orthodoxes de droite et son mouvement de colonisateurs fanatiques.

Dans tous ces cas, ce que l’on cherche à faire c’est imposer un semblant d’ordre dans un monde qui est de plus en plus complexe et non pas à faire plaisir à un Dieu.

Y’a rien dans le Coran qui dit clairement qu’il faut couper la main d’un voleur ou de lapider une femme qui commet l’adultère ou même que les femmes doivent porter le voile.

Aux ÉU comme au Moyen-Orient, le fondamentalisme vient d’une nostalgie pour un passé imaginaire où le règne de la religion en faisait une époque dorée.

Heureusement que les pères fondateurs se souvenaient encore des guerres religieuses du 17ième siècle et qu’ils préféraient séparer l’église et l’État.

Il y a une profonde différence entre la religion et la politique.

La politique exige inévitablement des compromis, tandis que la religion comporte un idéal spirituel où le compromis peut-être fatal.

La politique fini toujours par pervertir le message religieux lorsque les deux sphères s’unissent.

On le voit en Iran, en Arabie saoudite, comme c’était le cas durant l’inquisition espagnole, la chasse aux sorcières, la peine de mort aux ÉU, la pression pour cesser l’accès à l’avortement, bref, l’émergence d’une justice fanatique qui n’a rien à voir avec la raison.

07 mars 2005

QUESTIONNEMENTS

La Levée 7 mars 2005

Le Canada se retirerait du projet américain de bouclier anti-missiles. Wal-Mart représente une économie du chacun pour soi. Les fonds de pension publiques possèdent assez de capital pour humaniser les entreprises et la finance. La Chine lutte contre la corruption du Parti communiste.

Canada et bouclier anti-missiles : la fin de la folie ?

On a assisté à un revirement à 180 degrés du gouvernement Martin concernant la participation du Canada au projet de bouclier anti-missiles.

Depuis le mois janvier 2004, le parti libéral n’a pas caché son enthousiasme pour le projet.

Pire, depuis mai 2003, les conservateurs de Stephen Harper les accusent de manquer d’enthousiasme pour le bouclier.

Mais pendant ce temps-là, les sondages indiquaient que 2/3 des Canadiens étaient contre.

Pas juste ça, plus les Canadiens en savaient sur le projet, plus ils s’y opposaient.

Vu le statut minoritaire des libéraux et les plans des conservateurs de prendre leur place, on a caché un peu l’appui au projet de militarisation de l’espace par les USA.

La semaine dernière, le nouvel ambassadeur du Canada aux states Frank McKenna a déclaré que le Canada s’était déjà engagé dans le projet du bouclier.

Le public a tellement mal réagi à cette nouvelle que Martin a dû se revirer et dire non à Washington.

Reste à savoir si ce non veut dire non pas toute suite ou non jamais le Canada participera à ça.

Et personne au parti libéral n’a encore ouvertement critiqué ou condamné le bouclier anti-missiles.

L’ambassadeur des États-Unis au Canada, Paul Cellucci, a accusé Paul Martin de manquer de parole, hier, et qu’il est revenu sur sa promesse de participer au projet.

En réplique, Martin a dit pour la première fois que le gouvernement fédéral était réticent à se joindre à un projet dont le contrôle lui échappait.

Espérons que c’est le début de la fin de cette folie d’une militarisation de l’espace par le Canada…espérons surtout que l’électorat américain fera aussi peur à l’administration Bush que nous avons fait peur à Paul Martin.

L’économie Wal-Mart : pour la fin du chacun pour soi ?

La cote de popularité de Wal-Mart est en chute libre au Québec et dans l’État de New York aussi d’ailleurs.

On vient d’abandonner des plans là-bas pour la construction d’une franchise dans le quartier de Queens, qui aurait été le premier Wal-Mart dans la ville de New York.

Les critiques du Wal-Mart là-bas disent que la chaîne basée en Arkansas représentent la pire forme d’exploitation économique :

On connaît son histoire anti-syndicale, 1,2 millions d’Américains y travaillent pour une moyenne de 9,48$ l’heure, sans assurance médicale; Wal-Mart vide les artères principales des petites villes en poussant à la faillite les petits commerçants.

En fait, ce qui a rendu Wal-Mart aussi puissant c’est sa capacité à offrir toute une gamme de produits et services aux plus bas prix du marché.

Partout on suit l’exemple de Wal-Mart et on s’arrange pour fidéliser les clients en transférant la baisse des coûts de production vers des coupes dans les prix.

On achète des tonnes de produits venant de la Chine où les travailleurs ne coûtent pratiquement rien et ici on saute de joie devant les bas prix.

En fait, Wal-Mart représente un virage dans le pouvoir d'achat en général. Avec Internet, on peut magasiner les plus bas prix pour toutes sortes d’affaires, allant des billets d’avions aux livres.

Et pourquoi pas ? On travaille tellement fort pour notre argent…ça serait presque stupide de ne pas profiter des bas prix de plus en plus accessibles.

C’est la belle logique anti-sociale du marché : les consommateurs peuvent avoir des bons deals parce qu’on s’arrange ailleurs pour réduire les droits des travailleurs et détruire des économies locales.

Plus c’est facile pour nous de trouver des produits et services de bon prix, plus on met de la pression pour réduire les salaires et les bénéfices des travailleurs ailleurs.

Le problème avec l’économie de marché c’est que nos achats, nos choix dans le marché ne reflètent pas fidèlement nos valeurs de solidarité et d’empathie envers les autres citoyens, d’ici ou d’ailleurs dans le monde.

Tant qu’on sera dans l’économie de marché capitaliste, la seule manière de contrôler les dommages que nous causons en tant que consommateurs est part des lois et des réglementations.

Faut se sortir de la tête que nos achats ne concerne qu’un acheteur et un vendeur et comprendre que chacun de nos achats ont des implications sociales.

Par exemple, on pourrait exiger que chaque entreprise de plus de 50 employés paie une forme d’assurance santé pour ses travailleurs

Passer des lois pour forcer les entreprises à adopter l’échange équitable, hausser le salaire minimum, etc.

Toutes ces mesures risquent de nuire au consommateur en nous, mais le citoyen en nous pourrait considérer la protection des travailleurs et des communautés comme un échange valable.

Les prix de nos produits et services ne nous disent absolument rien sur le coût réel payer par les travailleurs du monde, rien sur la destruction des ressources naturelles.

Seule l’appareil politique peut permettre aux consommateurs de faire la paix avec les producteurs.

Les fonds de pension publique : outil de démocratisation économique ?

Il y a un mouvement de réforme aux États-Unis concernant les fonds de pension qui permet d’avoir une lueur d’espoir.

L’argent mis de côté par les travailleurs de l’État s’accumule en vastes sommes de capital qui pourrait être utilisé pour mettre des entreprises qui nuisent à la société à leur place.

Ce que les réformateurs à la tête de fonds de pension en Californie et dans plusieurs autres États ont compris c’est qu’à long terme ce n’est pas payant pour une entreprise d’adopter un comportement anti-social.

Depuis le scandale d’Enron, qui a fait perdre près de 300 milliards aux fonds de pension publique, une nouvelles vague d’administrateurs ont décidé de lutter contre Wall Street et son dogme du gain maximum en temps minimum.

La fortune des fonds de pension est utilisée comme levier pour briser l’idéologie étroite de la haute finance et pour attaquer les entreprises au comportement anti-social.

Ces réformateurs ont tout simplement compris la logique qu’une économie se portera mieux à long-terme dans un environnement et des communautés en santé avec des emplois de qualité pour le plus grand nombre.

Déjà, le patronat américain et ses outils de propagande comme la revue Forbes et le Wall Street journal ont commencé à attaquer les réformateurs, les accusant de faillir à leurs obligations de rapporter des gains en mettant des trop d’importance sur des questions sociales, devenant en quelque sorte des pions des organisations syndicales.

Calpers, le fond de pension des travailleurs publics de la Californie, est le plus gros fond du pays avec un capital de 180 milliards, le deuxième est Calstrs, le fond des enseignants californiens à 125 milliards.

Phil Angelides est à la tête des deux fonds et il a introduit toute une gamme de mesures pour imposer des réformes chez des entreprises récalcitrantes.

Angelides a dompé les actions de compagnie de tabac, à mis sur une liste noire dix marchés émergeants qui ne respectent pas des normes de travail de base, a redéployé du capital vers des investissements dans des quartiers pauvres et des technologies écologiquement innovatrices.

En réaction, le gouverneur de la Californie Arnold Schwarzenegger a proposé une loi qui briserait le Calpers en plusieurs fonds de pension privé, réduisant de la sorte le pouvoir financier et diluant sa capacité à forcer la main des entreprises et institutions financières anti-sociales.

En somme, la stratégie des réformateurs est basée sur deux principes :

Les fonds de pension devraient investir en comprenant qu’on ne peut pas avoir une économie en santé dans une société malade.

Utiliser leur poids financier gigantesque pour imposer la vision d’une économie en santé dans une société en santé dans l’ensemble du système financier.

Le parti démocrate devrait sauter sur le bateau des réformateurs qui tente d’imposer un nouveau modèle d’investissement socialement responsable.

Le combat contre la corruption au parti communiste chinois

L’économie de la Chine connaît une ascension fulgurante et avec elle la corruption s’infiltre dans le Parti communiste.

En janvier, le président Hu Jintao a déclaré que la corruption est le plus grand facteur qui menace le pouvoir du parti communiste.

À la tête du parti on a compris que l’accroissement du fossé entre les riches et les pauvres, exacerbé par une corruption et d’abus de pouvoir de la part de hauts fonctionnaires mènera inévitablement au mécontentement social et à l’instabilité politique.

Les paysans chinois manifestent plus que jamais, suite à des révélations que des agents locaux ont volé de l’argent public qui était supposé être donné aux paysans déplacés par des projets de développement.

Les autorités du PCC ont annoncé avoir discipliné 150 000 membres corrompus du parti l’année dernière.

Des observateurs disent que ces mesures ne sont qu’une goutte dans l’océan, qu’en fait le problème majeur c’est les commissions même qui enquêtent sur les activités de corruption.

Les membres de ces commissions enquêtent sur leurs patrons, en fait. Une solution serait de mettre des hauts-dirigeants du parti à la tête des commissions.

L’autre problème c’est que la libéralisation de l’économie et la transformation de l’économie à planification centrale en économie de marché permet aux gestionnaires de garnir leur compte en banque.

La Chine risque d’être la prochaine super-puissance mondiale. Vu qu’on ne compte pas se débarrasser du PCC et d’instaurer la démocratie pour demain, espérons que les réformes contrant la corruption réussiront.

Sinon, on risque d’avoir une super-puissance encore plus au service des multinationales et de la haute finance que les États-Unis, qui eux peuvent encore théoriquement choisir leurs dirigeants…