07 mars 2005

QUESTIONNEMENTS

La Levée 7 mars 2005

Le Canada se retirerait du projet américain de bouclier anti-missiles. Wal-Mart représente une économie du chacun pour soi. Les fonds de pension publiques possèdent assez de capital pour humaniser les entreprises et la finance. La Chine lutte contre la corruption du Parti communiste.

Canada et bouclier anti-missiles : la fin de la folie ?

On a assisté à un revirement à 180 degrés du gouvernement Martin concernant la participation du Canada au projet de bouclier anti-missiles.

Depuis le mois janvier 2004, le parti libéral n’a pas caché son enthousiasme pour le projet.

Pire, depuis mai 2003, les conservateurs de Stephen Harper les accusent de manquer d’enthousiasme pour le bouclier.

Mais pendant ce temps-là, les sondages indiquaient que 2/3 des Canadiens étaient contre.

Pas juste ça, plus les Canadiens en savaient sur le projet, plus ils s’y opposaient.

Vu le statut minoritaire des libéraux et les plans des conservateurs de prendre leur place, on a caché un peu l’appui au projet de militarisation de l’espace par les USA.

La semaine dernière, le nouvel ambassadeur du Canada aux states Frank McKenna a déclaré que le Canada s’était déjà engagé dans le projet du bouclier.

Le public a tellement mal réagi à cette nouvelle que Martin a dû se revirer et dire non à Washington.

Reste à savoir si ce non veut dire non pas toute suite ou non jamais le Canada participera à ça.

Et personne au parti libéral n’a encore ouvertement critiqué ou condamné le bouclier anti-missiles.

L’ambassadeur des États-Unis au Canada, Paul Cellucci, a accusé Paul Martin de manquer de parole, hier, et qu’il est revenu sur sa promesse de participer au projet.

En réplique, Martin a dit pour la première fois que le gouvernement fédéral était réticent à se joindre à un projet dont le contrôle lui échappait.

Espérons que c’est le début de la fin de cette folie d’une militarisation de l’espace par le Canada…espérons surtout que l’électorat américain fera aussi peur à l’administration Bush que nous avons fait peur à Paul Martin.

L’économie Wal-Mart : pour la fin du chacun pour soi ?

La cote de popularité de Wal-Mart est en chute libre au Québec et dans l’État de New York aussi d’ailleurs.

On vient d’abandonner des plans là-bas pour la construction d’une franchise dans le quartier de Queens, qui aurait été le premier Wal-Mart dans la ville de New York.

Les critiques du Wal-Mart là-bas disent que la chaîne basée en Arkansas représentent la pire forme d’exploitation économique :

On connaît son histoire anti-syndicale, 1,2 millions d’Américains y travaillent pour une moyenne de 9,48$ l’heure, sans assurance médicale; Wal-Mart vide les artères principales des petites villes en poussant à la faillite les petits commerçants.

En fait, ce qui a rendu Wal-Mart aussi puissant c’est sa capacité à offrir toute une gamme de produits et services aux plus bas prix du marché.

Partout on suit l’exemple de Wal-Mart et on s’arrange pour fidéliser les clients en transférant la baisse des coûts de production vers des coupes dans les prix.

On achète des tonnes de produits venant de la Chine où les travailleurs ne coûtent pratiquement rien et ici on saute de joie devant les bas prix.

En fait, Wal-Mart représente un virage dans le pouvoir d'achat en général. Avec Internet, on peut magasiner les plus bas prix pour toutes sortes d’affaires, allant des billets d’avions aux livres.

Et pourquoi pas ? On travaille tellement fort pour notre argent…ça serait presque stupide de ne pas profiter des bas prix de plus en plus accessibles.

C’est la belle logique anti-sociale du marché : les consommateurs peuvent avoir des bons deals parce qu’on s’arrange ailleurs pour réduire les droits des travailleurs et détruire des économies locales.

Plus c’est facile pour nous de trouver des produits et services de bon prix, plus on met de la pression pour réduire les salaires et les bénéfices des travailleurs ailleurs.

Le problème avec l’économie de marché c’est que nos achats, nos choix dans le marché ne reflètent pas fidèlement nos valeurs de solidarité et d’empathie envers les autres citoyens, d’ici ou d’ailleurs dans le monde.

Tant qu’on sera dans l’économie de marché capitaliste, la seule manière de contrôler les dommages que nous causons en tant que consommateurs est part des lois et des réglementations.

Faut se sortir de la tête que nos achats ne concerne qu’un acheteur et un vendeur et comprendre que chacun de nos achats ont des implications sociales.

Par exemple, on pourrait exiger que chaque entreprise de plus de 50 employés paie une forme d’assurance santé pour ses travailleurs

Passer des lois pour forcer les entreprises à adopter l’échange équitable, hausser le salaire minimum, etc.

Toutes ces mesures risquent de nuire au consommateur en nous, mais le citoyen en nous pourrait considérer la protection des travailleurs et des communautés comme un échange valable.

Les prix de nos produits et services ne nous disent absolument rien sur le coût réel payer par les travailleurs du monde, rien sur la destruction des ressources naturelles.

Seule l’appareil politique peut permettre aux consommateurs de faire la paix avec les producteurs.

Les fonds de pension publique : outil de démocratisation économique ?

Il y a un mouvement de réforme aux États-Unis concernant les fonds de pension qui permet d’avoir une lueur d’espoir.

L’argent mis de côté par les travailleurs de l’État s’accumule en vastes sommes de capital qui pourrait être utilisé pour mettre des entreprises qui nuisent à la société à leur place.

Ce que les réformateurs à la tête de fonds de pension en Californie et dans plusieurs autres États ont compris c’est qu’à long terme ce n’est pas payant pour une entreprise d’adopter un comportement anti-social.

Depuis le scandale d’Enron, qui a fait perdre près de 300 milliards aux fonds de pension publique, une nouvelles vague d’administrateurs ont décidé de lutter contre Wall Street et son dogme du gain maximum en temps minimum.

La fortune des fonds de pension est utilisée comme levier pour briser l’idéologie étroite de la haute finance et pour attaquer les entreprises au comportement anti-social.

Ces réformateurs ont tout simplement compris la logique qu’une économie se portera mieux à long-terme dans un environnement et des communautés en santé avec des emplois de qualité pour le plus grand nombre.

Déjà, le patronat américain et ses outils de propagande comme la revue Forbes et le Wall Street journal ont commencé à attaquer les réformateurs, les accusant de faillir à leurs obligations de rapporter des gains en mettant des trop d’importance sur des questions sociales, devenant en quelque sorte des pions des organisations syndicales.

Calpers, le fond de pension des travailleurs publics de la Californie, est le plus gros fond du pays avec un capital de 180 milliards, le deuxième est Calstrs, le fond des enseignants californiens à 125 milliards.

Phil Angelides est à la tête des deux fonds et il a introduit toute une gamme de mesures pour imposer des réformes chez des entreprises récalcitrantes.

Angelides a dompé les actions de compagnie de tabac, à mis sur une liste noire dix marchés émergeants qui ne respectent pas des normes de travail de base, a redéployé du capital vers des investissements dans des quartiers pauvres et des technologies écologiquement innovatrices.

En réaction, le gouverneur de la Californie Arnold Schwarzenegger a proposé une loi qui briserait le Calpers en plusieurs fonds de pension privé, réduisant de la sorte le pouvoir financier et diluant sa capacité à forcer la main des entreprises et institutions financières anti-sociales.

En somme, la stratégie des réformateurs est basée sur deux principes :

Les fonds de pension devraient investir en comprenant qu’on ne peut pas avoir une économie en santé dans une société malade.

Utiliser leur poids financier gigantesque pour imposer la vision d’une économie en santé dans une société en santé dans l’ensemble du système financier.

Le parti démocrate devrait sauter sur le bateau des réformateurs qui tente d’imposer un nouveau modèle d’investissement socialement responsable.

Le combat contre la corruption au parti communiste chinois

L’économie de la Chine connaît une ascension fulgurante et avec elle la corruption s’infiltre dans le Parti communiste.

En janvier, le président Hu Jintao a déclaré que la corruption est le plus grand facteur qui menace le pouvoir du parti communiste.

À la tête du parti on a compris que l’accroissement du fossé entre les riches et les pauvres, exacerbé par une corruption et d’abus de pouvoir de la part de hauts fonctionnaires mènera inévitablement au mécontentement social et à l’instabilité politique.

Les paysans chinois manifestent plus que jamais, suite à des révélations que des agents locaux ont volé de l’argent public qui était supposé être donné aux paysans déplacés par des projets de développement.

Les autorités du PCC ont annoncé avoir discipliné 150 000 membres corrompus du parti l’année dernière.

Des observateurs disent que ces mesures ne sont qu’une goutte dans l’océan, qu’en fait le problème majeur c’est les commissions même qui enquêtent sur les activités de corruption.

Les membres de ces commissions enquêtent sur leurs patrons, en fait. Une solution serait de mettre des hauts-dirigeants du parti à la tête des commissions.

L’autre problème c’est que la libéralisation de l’économie et la transformation de l’économie à planification centrale en économie de marché permet aux gestionnaires de garnir leur compte en banque.

La Chine risque d’être la prochaine super-puissance mondiale. Vu qu’on ne compte pas se débarrasser du PCC et d’instaurer la démocratie pour demain, espérons que les réformes contrant la corruption réussiront.

Sinon, on risque d’avoir une super-puissance encore plus au service des multinationales et de la haute finance que les États-Unis, qui eux peuvent encore théoriquement choisir leurs dirigeants…

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