1. L'assassinat de Benazir Bhutto : une révision des faits et des effets sur le Pakistan
2. 2007 a été la pire année : Le bilan de l'occupation américaine de l'Irak
3. La poudrière des élections basée sur l'ethnicité : l'exemple du Kenya
4. Le tourisme derrière les barbelés : l'enfer pour la population de Fiji
BHUTTO
Benazir Bhutto la chef du plus grand et populaire parti du Pakistan est morte.
Son assassinat a eu lieu lors d’une tournée pour les élections provinciales et nationales qui devait avoir lieu hier, mais reportées au 18 février
Évidemment comme c’est souvent le cas Washington a été vite a accusé Al-Qaida ou un groupe extrémiste semblable pour l’assassinat… Musharraf a dit la même chose…
Même si le régime de Musharraf n'était pas directement impliqué dans l'assassinat de Bhutto, on peut quand même l'accuser de négligence à son égard.
Il reste que selon les sondages une large partie de la population considère la machine militaire de Musharraf responsable de l'assassinat de Bhutto.
Et l'on a été vite à nettoyer la scène du crime, vraiment trop selon les experts d'enquêtes criminelles... Scotland Yard ira faire un tour pour voir ce qu'ils peuvent trouver avec les quelques miettes de preuves laissées sur place.
Au cours des dernières semaines, Bhutto s'est plaint sans cesse que le gouvernement ne l'aidait pas pour sa sécurité de base, comme un véhicule blindé ou de l'équipement pour bloquer la détonation de bombes.
Au moins on a remis les élections au 18 février, mais pendant un temps après l'assassinat, on a insisté chez Musharraf et Washington dont elles aient lieu pareil le 8 janvier.
Toute cette élection est à la fois bizarre et orchestrée d'une manière flagrante, le but est évidemment de donner l'impression que des transformations démocratiques ont lieu au Pakistan.
Il y a toujours eu une méfiance entre l'armée et le PPP, le parti du peuple pakistanais, fondé par le père de Bhutto... qui a été pendu par le régime militaire de Zia-ul Haq en 1979 avec l'appui des États-Unis.
En ce moment, c'est le fils de Bhutto de seulement 19 ans qui a été nommé à la tête du PPP, ça ne fait pas très sérieux...
Une façade dynastique qui ne fera que remettre le pouvoir entre les mains de son papa, Asif Ali Zardari, un homme corrompu et mafieux.
Encore une fois, c'est toujours mieux d'analyser les institutions qui gèrent nos vies, plutôt que les individus.
Le Pakistan n'est pas une démocratie. C'est un régime dictatorial militaire. Que ce soit Musharraf ou un autre au pouvoir, le résultat sera le même...
C'est l'infime minorité du haut qui décidera de tout, et le bas écopera...
Et comme a dit le grand Bertrand Russell, dès qu'une communauté perd le contrôle sur sa propre destinée, elle a tendance à se tourner vers la religion fondamentaliste comme refuge...
Tant qu'une véritable démocratie participative vigoureuse et diversifiée n'existera pas au Pakistan, basée sur une séparation des pouvoirs claire et nette, la violence basée sur la foi en dérive dominera.
IRAK
Malgré tout ce que l'on entend, 2007 a été la pire année de l'occupation américaine en Irak.
Vous vous rappelez le «surge» de troupes par le gouvernement américain en février?
Le but était d'améliorer la sécurité à Baghdad et dans la province de l'ouest al-Anbar, les deux régions les plus violentes.
Vers juin, on a ajouté 28 000 troupes en Irak, augmentant leur nombre à 160 000... et vers l'automne, c'est 175 000 militaires qui y étaient
L'administration Bush avait dit que cette adition de troupes visait la fin des tueries sectaires, et aussi pour donner du temps au gouvernement du PM Nouri al-Maliki
Mais pendant ce temps-là, le nombre d'Irakiens chassés de leurs maisons a quadruplé, selon le croissant rouge irakien.
Vers la fin de 2007, la commission de l'ONU pour les réfugiés estimait que 2 millions d'Irakiens se sont déplacés à l'intérieur de l'Irak et qu'un autre 2 millions avaient fui le pays.
Je rappelle que l'Irak a une population de 25 millions de personnes.
Mais la violence sectaire a quand même baissé... surtout à Baghdad où l'on a divisé la ville selon la religion de chaque groupe, entre sunnites et chiites.
Des quartiers entiers sont maintenant entourés de murs en béton.
Vers la fin de 2007, les attaques contre les forces occupantes ont baissé, mais on en constate encore plus de 2000 par mois.
L'infrastructure irakienne, les emplois et les exportations de pétrole se sont améliorés, mais demeurent toujours sous les niveaux précédant l'invasion.
60% de la population demeure dépendante de l'assistance alimentaire.
Et les rations baissent, en décembre, le gouvernement irakien annonçait qu'il allait baisser le nombre d'items de moitié dû au manque de fonds et l'inflation.
Ce sont bien sur les enfants qui en souffrent le plus, la malnutrition est passée de 19% avant l'invasion à 28% aujourd'hui.
Et le nombre d'Irakiens mort à cause de l'invasion et de l'occupation continue de monter... nous sommes à 1 139 602 personnes.
2007 a été l'année la plus meurtrière pour les soldats US aussi, 894 morts au combat.
On ne sera pas surpris après tout ça d'apprendre, selon un sondage d'ABC et BBC, que 98% des sunnites et 84% des chiites en Irak veulent le retrait immédiat des forces occupantes.
KENYA
Le mardi 27 décembre dernier, le Kenya se vantait d'avoir tenu de belles élections législatives.
48 heures après, le rêve démocratique s'est transformé en cauchemar de violence ethnique.
La majorité des victimes jusqu'à présent ont été les pauvres et les marginalisés, mais on craint qu'une guerre civile n'éclate.
Lorsque l'on pense à l'Afrique, le premier élément à considérer c'est l'absence de fortes institutions démocratiques.
Mais de plus en plus, les démocraties africaines dépendent de la bonne volonté des politiciens.
Une nation est donc aussi démocratique que c'est politiciens... c'est le monde à l'envers.
Tout récemment, le président contesté Mwai Kibaki a damé le pion hier aux médiateurs de la crise postélectorale au Kenya en annonçant un gouvernement « de large ouverture », aussitôt rejeté comme « une plaisanterie » par l’opposition.
L'ethnicité joue un rôle central dans de telles élections... Kibaki, un Kikuyu n'a presque pas reçu de votes des régions Luo.
Son adversaire, Raila Odinga, même chose chez les Kikuyu.
L'élection a été proche, et avec l'ethnicité comme facteur décisif, la victoire d'un bord comme de l'autre indiquait une montée de violence.
Raila de l'opposition accuse Kibaki d'avoir fraudé l'élection... rien n'est moins certain pour l'instant...
Raila semble tenté une sorte de révolution orange comme c'était le cas en Ukraine, appelant le peuple à marcher dans la capitale.
Mais le résultat au Kenya mènera inévitablement à la violence ethnique.
La solution à la crise, encore une fois, c'est un engagement ferme dans le processus démocratique.
Il y a eu quand même du bon dans cette élection, la plupart des gros canons de la politique corrompue du Kenya aient été chassés du pouvoir.
Même les fils de l'ancien dictateur Moi n'ont pas de sièges au Parlement.
Tous les votes doivent être recomptés d'une manière absolument transparente, maintenant.
Ça doit être le point central pour tous ceux qui s'inquiètent de l'avenir du Kenya.
Peu importe ce que la communauté internationale, ou les Kenyiens surtout, pensent de Raila et de Kibaki... et du processus électoral du 27 décembre dernier.
FIJI
Parlons tourisme... c'est le temps de l'année pour les blancs des pays nordiques d'aller vers le sud se rappeler à quoi ressemble le soleil en été.
Je suis tombé sur un article qui raconte comment la population locale est affectée par le tourisme dans les îles Fiji... derrière les barbelés.
On dit que Fiji c'est le paradis... en fait, c'est étamper partout et on le répète ad nauseam aux touristes qui débarquent là-bas.
Mais à quelques kilomètres du centre-ville de la plus grande cité du paradis, Lautokam des enfants travaillent toute la journée à fouiller les ordures du dépotoir.
Et l'environnement, véritable jardin d'Eden, est ravagé par les hôtels de luxe, les villas privées, les marinas, les terrains de golf, etc.
Et il va sans dire que ce paradis artificiel n'est pas ouvert au public, faut être soit un étranger ou être extrêmement riche pour y avoir accès.
La nouvelle tendance est vers le tourisme derrière les murs, en enclos, séparé du reste de la population.
Le gouvernement militaire est extrêmement dur envers sa propre population...
Le coup d'état l'an dernier n'a eu presque aucun impact sur l'industrie touristique.
Les prix de tout montent en flèche, faisant de Fiji un des endroits les plus chères du monde.
Les masses sont extrêmement pauvres, mais les touristes insistent à vivre dans leur rêve paradisiaque, une espèce de fantasme néo-romain.
S'ils ne sont pas riches en Australie ou aux États-Unis, les mêmes personnes se sentent riches à Fiji, en tout cas.
C'est la seule raison qui explique le tourisme derrière barbelé auquel on assiste dans des pays comme Fiji.
Très difficile d'avoir deux mondes de niveau de vie aussi diamétralement opposée
Les touristes qui vivent dans un des hôtels de luxe peuvent facilement dépenser en 24 heures ce qu'une famille pauvre du Fidji fait en un an.
Mais, le peuple du paradis doit entrer dans un stéréotype fixe :
Simplicité, amical, pauvre mais heureux, et toujours, toujours souriant.
À Fidji, comme ailleurs mais en accéléré, la disparité entre riches et pauvres s'agrandit...
Pendant ce temps-là, on nous vend que tout est merveilleux au paradis sur terre...
qu'il faut ignorer les problèmes et vivre en harmonie sous la lumière chaude et céleste des marchés libres et la globalisation financière. Amen.
20 janvier 2008
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