03 octobre 2005

CHAOS CANADIEN DANS LES ANTILLES

Élections en Haïti

Les élections législatives et présidentielles en Haïti s’en viennent le 20 novembre prochain et nous allons y porter une attention particulière.

Ce n’est pas tout de constamment critiquer l’intervention américaine dans les pays étrangers, bien que ce soit important de les dénoncer, ça l’est encore plus de dénoncer les actions de notre propre gouvernement car c’est nous qui les avons élus.

Nous l’avons souvent dit ici à La Levée et ailleurs : le Canada a été un joueur important dans le coup d’État contre le Jean-Bertrand Aristide le 29 février 2004, un gouvernement élu en 2000 avec une majorité écrasante lors d’élections justes et libres, selon les agences internationales qui les supervisaient.

Depuis le renversement, le gouvernement Martin a aidé le gouvernement intérimaire là-bas à consolider le coup d’État en appuyant les gangs criminels qui mènent la police haïtienne et qui terrorise le reste des membres de la famille Lavalas, l’organisation qui appuyait Aristide.

Beaucoup de nouvelles viendront d’Haïti et nous allons vous transmettre l’information la plus pertinente. Comme cet article de Justin Podur de Z Magazine :

Il nous parle de la ville de Jacmel, au sud ouest de Port-au-Prince qui contrairement à Port-au-Prince a de l’électricité 24 heures par jour.

L’ACDI, l’agence canadienne de développement international a donné le contrat à Hydro-Québec pour améliorer le système d’électricité de Jacmel.

Il y a donc un petit barrage qui produit 1/7 de l’électricité le reste est un produit de la géothermie (?), mais le barrage ne fonctionne plus depuis le 12 septembre car on attend une pièce.

La route entre Port-au-Prince et Jacmel est en fort mauvais état, du moins la partie que le Canada s’était engagé à réparer, la partie dont s’occupait Taiwan est en très bon état. Ça ressemble à chez nous!

Éric Denis, un homme d’affaire de Jacmel à demander à Podur comment le Canada peut dire travailler pour le bien d’Haïti tout en lui volant autant de ressources humaines.

En effet, il y a plus de médecins d’origine haïtienne au Canada qu’il y en a en Haïti.

Parlons plus spécifiquement des élections de novembre maintenant.

La liste des 54 candidats aux présidentielles a été réduite par le Conseil électoral provisoire à 32.

Les gros noms sur la liste sont : Marc Bazin qui s’était présenté contre Aristide en 1990; René Préval, le seul président de Lavalas a avoir terminé son mandat; Dany Toussaint, soupçonné d’avoir tué le journaliste Jean Dominique; Guy Philippe, ancien dirigeant de l’organisation paramilitaire responsable de milliers de mort entre les années 1991-1994 et le premier coup d’état contre Aristide…et le deuxième aussi en 2004.

Il y a aussi 316 candidats au Sénat et 1123 candidats au parlement.

Le gouvernement canadien affirme que tout le monde peut participer librement aux élections, mais omet constamment de mentionner que les leaders de Lavalas sont en prison, Aristide est en exil et que la plupart des autres membres se cachent, ont disparus ou sont morts.

Alors c’est la même question qui se dresse chaque fois que l’on lance des élections dans un climat de chaos et de violence, le tout sous occupation étrangère :

Est-ce que les membres de Lavalas devraient boycotter l’élection ou y participer et courir le risque de légitimer l’élection?

***

Notre chère Condolezza Rice a rendu visite à Haïti mardi le 27 septembre dernier pour exiger que les élections du mois de novembre soient tenues et de réaffirmer sa volonté de voir Aristide rester en exil en Afrique du Sud.

Jean-Bertrand Aristide que l’on avait diaboliser dans nos médias ici avant sa retraite forcée, un homme qui avait remporté 80% des votes lors des élections de 2000.

Le 31 août dernier Aristide a publié un rapport affirmant que des élections ne pouvait pas être tenues en Haïti tant que les milliers de prisonniers politiques de l’organisation Lavalas étaient encore en prison, que la répression ayant causé la mort de 10 000 personnes depuis 18 mois cesse et qu’un dialogue national reprenne.

On serait porté à prendre au sérieux ce que le président élu d’Haïti a à dire, mais notre gouvernement fédéral est le plus grand fan d’élections là-bas…pour lui il n’y a pas de répression ni prisonniers politiques en Haïti.

En fait, le Canada contribue 23 millions pour le bon déroulement des élections, ce qui fait de nous le pays le principal débiteur de la planète en vue du 20 novembre prochain.

En août, le gouvernement intérimaire Latortue a libéré Louis-Jodel Chamblain, un dirigeant du groupe paramilitaire qui a massacré des milliers de personnes entre 1991-1994…ce qui a probablement poussé l’ambassadeur américain en Haïti de démissionner, qualifiant la libération de Chamblain de frime.

Surtout que l’ancien premier ministre sous Aristide Yvon Neptune et le Père Gérard Jean Juste croupissent encore en prison sous de faux prétextes, malgré leur santé qui se détériore.

Les États-Unis de Condolezza Rice continuent de fournir des armes à la police nationale haïtienne — pour 1,8 millions de dollars — même si ça fait 18 mois qu’ils s’en servent pour terroriser plutôt que de protéger.

Tout semble donc indiquer que les membres du parti Lavalas ne participeront pas aux prochaines élections, du moins jusqu’à temps que les prisonniers politiques ne soient libérés.

Que l’on cesse de les terrorisé et que Jean-Bertrand Aristide soit retourné en Haïti.

Le Canada devrait plutôt travailler pour atteindre ces trois buts-là au lieu de vouloir concrétiser le coup d’État auquel il a participé.

C’est notre gouvernement, nous sommes donc responsable de forcer nos élus à agir convenablement.

Si vous voulez en savoir plus sur le rôle du Canada en Haïti je vous conseille le livre d’Yves Engler et d’Anthony Fenton Canada in Haiti Waging War on The Poor Majority, c’est chez Fernwood Publishing/ RED Publishing

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