15 août 2005

LA FAIM DANS LE MONDE BON POUR L'ÉCONOMIE?

Les famines provoquées par les économistes orthodoxes

Yves Engler est un activiste montréalais qui a écrit des essais sur le rôle du Canada dans le renversement d’Aristide en Haïti et sur sa vie en tant qu’activiste de gauche…

Dans un récent article il trace pour nous un portrait des origines de la faim dans le monde. Il indique qu’au cours des derniers mois des milliers d’enfants sont morts affamés au Niger, un pays d’Afrique occidentale de 9 millions d’habitants.

Pourtant, la nourriture nécessaire à leur survie était accessible. Les pauvres n’ayant tout simplement pas les moyens de s’acheter les aliments crèvent de faim.

Ce printemps le FMI a mis de la pression sur le gouvernement du Niger pour qu’il impose une hausse de taxe de 19% même sur les produits comestibles.

Cette taxe a été ajoutée même si les coûts des aliments ont augmenté de 75% au cours des cinq dernières années.

Le marché, encore une fois, est donc plus important que la vie des pauvres.

Il y a deux étés, la famine avait frappé l’Éthiopie pas longtemps après que des institutions d’aide de l’ouest avaient poussé le pays à éliminer ses interventions dans le secteur agricole.

Le gouvernement s’est donc retiré du marché des grains pour laisser la place à un secteur privé sous-financé et mal structuré.

Au fur et à mesure que l’État éthiopien se retirait de son rôle de stabilisateur des prix, les fermiers se sont mis à moins produire vu que ça rapportait moins. La nourriture s’est raréfiée et des milliers de personnes sont mortes de faim.

Même situation au Malawi en 2002 : la BM, le FMI a mis de la pression sur le pays afin qu’il réduise ses réserves de grains et les vendre pour rembourser un prêt de 300 millions à une banque d’Afrique du Sud.

La vente de feu a réduit les prix locaux et la capacité des fermiers de produire…

En fait, le phénomène des réformes agricoles s’est généralisé sur l’ensemble de l’Afrique.

La BM exige le retrait de l’État et le transfert des responsabilités agricole vers le privé qui n’a souvent pas la motivation ni les moyens d’accomplir le boulot.

Mais les réserves en aliments sont trop importantes pour être laissées entre les mains du marché, et c’est pourquoi les pays d’Europe et d’Amérique du nord protègent leurs réserves avec des mécanismes de contrôle étatique.

Sauf que plusieurs pays africains doivent se soumettre à des réformes qu’aucun pays riche n’accepterait.

Yves Engler rappelle qu’il n’y a rien de nouveau aux famines causées par des libéralisations économiques forcées.

Ces politiques agricoles forcées par les pays riches sur les pays pauvres ont causé d’horribles famines qui s’étaient produites en Chine, en Inde et au Brésil entre 1870 et 1900.

De 30 à 60 millions de personnes sont mortes en conséquence de réformes plus axées sur l’avantage économique des pays riches.

Sous la domination britannique, l’Inde a connu une famine sévère tous les 4 ans, entre 1800 et 1900… avant l’année 1800, le pays subissait une famine majeure par siècle.

Nous assistons au même phénomène en Afrique aujourd’hui : les pays qui adaptent les réformes néo-libérales ont sans exception connue une stagnation ou un déclin.

Le marché libre et la nourriture ne font donc pas bon ménage, à moins que l’intention soit de causer des famines!

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