26 septembre 2005

LES DANGERS DU PRAGMATISME

L’échec de Lula au Brésil

On a souvent parlé ici du virage à gauche des pays d’Amérique latine, mais peu du pays qui est parti le bal : le Brésil du Président Luiz Inacio LULA DA SILVA depuis le 1er janvier 2003.

C’est reconnu par beaucoup d’observateurs, le Partido dos Trabalhadores — le parti de travailleurs — au niveau national est coupable de corruption systématique.

Et là la gauche brésilienne est dans un état profond de stupeur et de confusion.

C’est l’analyse dont nous fait part Hilary Wainwright qui a fait des recherches sur le Brésil pour le New Politics Project of the Transnational Institute.

C’est encore sous enquête, mais il est généralement admis que le groupe dominant le PT a offert des pots-de-vin aux partis politiques à la droite afin qu’il joigne leur alliance pour former le gouvernement ou pour appuyer leur législation.

Concernant la législation, le parti de Lula a fait passer des réformes néo-libérales dignes du gouvernement de Tony Blair.

La réputation du gouvernement Lula est telle que même le FMI ne sent plus le besoin de surveiller les affaires financières du Brésil!

La corruption faisait même parti de la stratégie du PT pour remporter d’autres élections.

Ce qui implique des contributions de groupes intéressés à obtenir des contrats gouvernementaux.

Alors les vrais mouvements de gauche reprochent surtout le fait que Lula n’ait pas été en mesure de profiter de son mandat fort pour remettre le FMI et les grandes entreprises à leur place et de lancer d’ambitieux programmes sociaux.

Pourtant, au niveau municipal, le PT a réussi à combattre la corruption en ouvrant les finances aux citoyens par un processus transparent de décision participative.

Meilleur exemple Porto Alegre où le PT a organisé le premier Forum social mondial.

Des analystes affirment qu’au niveau national, c’est la structure même de l’État brésilien qui favorise la corruption.

Le gouvernement brésilien a le plus grand pouvoir de patronage probablement sur Terre.

Le président peut distribuer 25 000 emplois en cadeau. Le président français en comparaison peut nommer 150 personnes à des postes.

Le système électoral brésilien met de l’importance sur les individus plutôt que les partis qu’ils représentent…ce qui fait en sorte que le parti au pouvoir doit distribuer des bonbons pour faire passer des lois.

Et pour remporter le pouvoir au niveau national, le PT a dû faire appel à des pragmatiques qui n’avait pas la démocratie participative à cœur.

Le groupe qui entourait Lula avant la victoire de 2003 s’était coupé de la base militante avec des promesses de victoire en retour.

Et maintenant, un groupe de dissidents menacent de s’investir totalement dans une nouvelle formation nommée le Socialisme démocratique.

Ça nous fait un peu penser à ce qui est arrivé au Québec avec le PQ et la création de l’UFP et l’Option citoyenne, non?

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