12 septembre 2005

AVALANCHE DE CHARITÉ

Katrina : la charité c’est bien, mais la justice c’est mieux

Parlons encore une fois de la Louisiane et des dégâts causés par Katrina parce que cette tragédie représente parfaitement, en gros traits, comment fonctionne notre société dans le monde du capitalisme contemporain où les consommateurs ont remplacé les citoyens et où les marchés ont remplacé les communautés.

On l’a vu à la télé américaine toute la semaine, tout le monde demande de l’argent pour venir en aide aux victimes de Katrina; c’est le même message à la radio et partout dans les villes : donnez généreusement.

Petite note en passant : L’origine étymologique de Katrina vient d’une variation du nom Grec Aikaterini ou Katerina, des termes qui viennent possiblement de Ekaterini, voulant dire «un des deux»…c’est vraiment à propos chers auditeurs!

Les États-Uniens avaient deux manières de réagir au passage de Katrina : politiquement et économiquement.

Politiquement, l’incompétence crasse de l’administration Bush a été dévoilée au grand jour, en fait, c’est surtout sa foi aveugle au libre-marché qui s’est manifestée…

Et les États-uniens se sont donc tourné massivement vers les dons de charité pour venir en aide à la population de la Louisiane, alors au lieu d’agir politiquement, on agit de la seule manière qui reste, avec son porte-feuille.

La Croix-Rouge croule sous les dons, avec plus d’un demi-milliard d’amassé en une semaine, un montant qui dépasse celui collecté pour les victimes du tsunami.

Le congrès a aussi débloqué 10,5 milliards pour la cause…mais on se demande bien laquelle.

En lançant autant d’argent au problème, on espère donc qu’il s’en ira, mais sans agir politiquement, les victimes de Katrina risquent de subir une autre forme d’ouragan.

Avec tout cet argent neuf, enfin débarrassé des pauvres afro-américains, les développeurs salivent devant la perspective de reconstruire la Nouvelle-Orléans en y bâtissant encore plus de casinos, d’hôtels, des condos et des centres d’achats.

Pendant ce temps, il commence à avoir un consensus morbide qui veut que les réfugiés éparpillés dans une quarantaine d’États se trouvent une job et qu’ils poursuivent leur vie ailleurs.

On a vu la même chose se produire dans les pays touchés par le tsunami. Bon débarras les pauvres et on bâtit sur vos terrains.

Malgré tout, y’a des hommes et des femmes courageux qui ont choisi de lutter politiquement pour le droit au retour à la maison pour les réfugiés : Le People’s Hurricane Fund et le People’s Institute for Survival and Beyond.

Deux organisations militantes qui veillent à ce que tous ces millions donnés généreusement par les Américains soient dépensés non pas pour de nouveaux casinos, mais pour rebâtir une Nouvelle-Orléans plus juste pour les pauvres, de meilleures écoles, de meilleurs hôpitaux, des emplois payants…

Après-tout, les millions amassés au cours de la dernière semaine leur appartiennent et il faudra des actions politiques pour qu’ils y aient accès.

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