12 septembre 2005

LA PRIVATISATION DE L'EAU PAR L'EMBOUTEILLAGE

Le combat pour l’eau potable : une lutte à finir entre l’avarice et la coopération

Les Nations Unies ont annoncé que vers 2025, à peu près 1,8 milliards de personnes vivront dans des pays ou des régions presque sans eau potable.

Et on tentera au Sommet de l’ONU qui aura lieu à NY dans les prochains jours d’assurer le libre accès à l’eau pour au moins les 2/3 de l’humanité d’ici 2015.

L’accès gratuit à l’eau devrait être un droit humain, mais cette ressource essentielle se raréfie à cause de l’avarice des transnationales qui voit l’eau uniquement comme une source de profit.

Le prix de l’eau augmente donc bien au-delà de la capacité des pauvres de la payer.

Dans deux décennies, plus de trois milliards de personnes auront du mal à boire à leur soif et aujourd’hui l’industrie de l’eau récolte 400 milliards en revenus.

La compagnie Suez se spécialise dans la privatisation des systèmes d’eau et Coca-Cola son embouteillage : ces deux transnationales sont très puissantes et sont en mesure d’influencer les gouvernements à travers le monde.

Devant la mauvaise gestion de l’eau potable dans plusieurs pays développés, une marge de plus en plus grande de la population préfère nettement l’eau embouteillée.

Juste aux ÉU, on achète pour 9,8 milliards en bouteille d’eau, qui fini par coûter 250 à 10 000 fois plus chère que l’eau du robinet.

À Delhi, en Inde, ceux qui ont les moyens ne boivent que de l’eau embouteillée. Alors les personnes aisées ont complètement abandonné le système public et sont devenues dépendantes des sources privées pour leur eau.

Avec le recul de l’État partout sur terre et l’avancée des transationales, la tendance à l’abandon des infrastructures d’eau potable et le recours systématique à l’eau embouteillée pour le profit des entreprises privées ira en s’accélérant.

Et plusieurs craignent que l’objectif l’ONU voulant que l’on ait réglé les problèmes d’accès à l’eau pour les pauvres en 2015 ne sera pas atteint, ce qui serait, en somme, un crime contre l’humanité.

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Le Moyen-Orient a été longtemps une zone de guerre à cause de la richesse sous son sol, c’est-à-dire l’or noir.

Cette région a été bénie en hydrocarbures mais manque ironiquement de sources d’eau potable, l’or bleu.

Un pays du golfe persique creuse pour trouver de l’eau et fini invariablement par trouver du pétrole…

Avec le réchauffement planétaire et les pressions démographiques on peut se demander maintenant si on risque de voir plus de guerres pour l’eau que des guerres pour du pétrole.

Sunnita Narain, la récipiendaire du Prix de l’eau de Stockholm en 2005 a dit que les guerres de l’eau ne sont pas inévitables parce que c’est une ressource renouvelable, contrairement au pétrole, et il s’agit plutôt de veiller sur notre relation commune avec les sources d’eau.

Ce qu’il faut éviter, dit-elle, c’est de donner uniquement une valeur économique à l’eau et de considérer cette ressource comme un bien échangeable, ce qui serait bien sûr une source de tension et de conflits.

Faut plutôt prendre exemple sur la gestion commune du bassin des rivières Tigris et Euphrates entre la Turquie, la Syrie, l’Irak, l’Iran, le Koweit et même le nord de l’Arabie Saoudite.

La coopération entre l’Irak, la Turquie et la Syrie de cette ressource commune est étonnamment paisible pour une région de la terre où on trouve autant de conflits militaires.

On a compris que les coûts d’un conflit militaire sur l’eau serait dramatique pour tous les partis.

Pour mieux gérer l’eau à l’avenir il faudra développer des partenariats dans des zones économiques plutôt que géographiques.

Comme dans le sous-continent de l’est de l’Inde où le Bangladesh, le Népal et la Birmanie doivent voir l’eau partagée comme une richesse pour l’ensemble de la zone, plutôt que de développer la ressource chacun de son côté.

L’eau pourrait devenir un aspect positif de la mondialisation, contribuant à abattre des barrières géographiques et à promouvoir la coopération entre les peuples…tout simplement parce que ça serait totalement suicidaire de procéder autrement!

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