OMC Hong Kong
En moins d’un mois ont eu lieu deux événements majeurs pour l’avenir de la Terre et de l’humanité : la conférence sur le réchauffement climatique ici à Montréal et la 6e conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce à Hong Kong du 13 au 18 décembre.
D’un côté il fallait trouver une voie commune pour réduire drastiquement les émission de GES pour éviter une suffocation collective et de l’autre on a assisté à une lutte entre les pays riches qui veulent exploiter librement les ressources des pays pauvres et l’effort des pays en développement pour atteindre une mondialisation plus juste et équitable.
Les deux sont intimement liés… parce que tant qu’il sera possible pour les transnationales d’avoir facilement accès aux marchés et aux ressources des pays pauvres…autant durera notre mode de production et de consommation qui détruit nos écosystèmes à un rythme qui fait en sorte que nous assistons présentement à la 6e grande extinction d’espèces depuis les origines de la Terre.
Le problème central avec la globalisation des échanges mise de l’avant par l’OMC c’est qu’elle avantage surtout les industries des pays riches.
Les règles du pseudo libre-marché sont surtout applicables aux pays pauvres qui n’ont pas le droit de protéger leurs industries pendant que les pays subventionnent allègrement leurs industries agricoles et protègent leurs avantages technologiques et scientifiques avec toute une panoplie de règlements injustes.
Mais dans tout ça il demeure que la simple élimination des subventions agricoles dans les pays riches ne serait pas la panacée pour les fermiers pauvres selon ce que semble suggérer des voix à la Banque mondiale.
C’est tout simplement faux de croire qu’un véritable libre-marché agricole…donc le libre accès des fermiers pauvres aux marchés des pays riches…serait un moteur de développement.
Si l’on souhaite vraiment améliorer le sort des paysans du tiers-monde il faudrait plutôt tendre vers des politiques alternatives comme des loi anti-trust pour limiter le pouvoir de l’agro-business, faire des pressions pour des réformes agraires, favoriser les échanges régionaux et surtout mettre de l’avant des règles qui garantirait aux populations les plus vulnérables l’accès à la sécurité alimentaire.
En somme, la structure, les règlements et les processus de l’OMC sont systématiquement biaisés contre les pays en voie de développement.
Ça pris 10 aux pays pauvres à comprendre ça complètement…
Après 20 ans d’ajustements structurels et d’autres politiques radicalement pro-marché imposés sur les pays en voie de développement on se retrouve avec plus de pauvres dans le monde aujourd’hui qu’en 1985.
Ce n’est pas un hasard que la seule région où un recul de la pauvreté a été enregistré est en Asie de l’est où l’intégration dans le marché mondial a été gérée par des États forts comme la Chine et la Corée du sud qui ont la plupart du temps appliqué une formule protectionniste anti-libre échange et du mercantilisme à l’étranger.
L’échange global n’a pas besoin de l’OMC…il se débrouillait très bien avec le GATT, l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce et la conférence de l’ONU sur l’échange et le développement.
La seule raison pour laquelle on est pris avec l’OMC c’est pour le bénéfice des entreprises transnationales…plus spécifiquement les entreprises états-uniennes.
Avec ses entreprises de plus en plus dépendantes de l’économie globale au cours des années 1970, les ÉU ont poussé fortement pour le remplacement du GATT par une organisation beaucoup plus redoutable pour réduire en miettes les mesures protectionnistes des pays plus faibles.
Créant, de la sorte, une véritable cage de fer qui a empêché tout véritable développement dans les pays du tiers-monde.
Afin de défendre leurs intérêts, ces pays se sont regroupés en groupes tels que le G20, G33 et G90…c’est la formation de tels groupes qui ont fait en sorte de déraillé la dernière réunion ministérielle à Cancun.
On continue de parler de tout ça, un peu plus concrètement, après la musique…
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On parlait donc de la plus récente conférence ministérielle de l’OMC (la 6e, en fait) qui s’est terminée récemment à Hong Kong…
L’Organisation Mondiale du Commerce qui ne sert en rien au développement des pays pauvres mais plutôt les intérêts des entreprises transnationales.
Même si on vient d’annoncer en grande pompe l’élimination des subventions agricoles que se payaient l’Amérique du nord et l’Europe il faut prendre garde : après une sérieuse analyse on risque de voir ce virement comme un ajustement purement esthétique pour gagner encore plus d’avantage sur les marchés des pays pauvres et l’exploitation de leurs ressources.
La rhétorique de l’OMC a beau être le libre-échange, mais sa structure de base assure le monopole des transnationales.
Le but n’a jamais été de libéraliser l’échange agricole, mais de permettre à l’Union européenne et à l’Amérique du Nord de pratiquer allègrement le dumping de leurs produits agricoles fortement subventionnés dans les marchés du tiers-monde.
Il n’y a certainement aucun lien entre le véritable libre-échange et l’accord central de l’OMC : le TRIPs, Trade Related intellectual property rights agreement, qui veut donner aux transnationales de hautes innovation technologique le monopole total en imposant des lois draconiennes de brevet copier sur celles des ÉU.
Le TRIPs est la raison centrale de la perte de légitimité de l’OMC parmi les pays en voie de développement.
Les TRIPs ont mis un frein à la voie traditionnelle de développement qui était axé sur l’industrialisation par imitation.
En plus, les TRIMs, Trade Related Investment Measures rendent illégale l’application d’une politique spécifique locale de développement par rapport aux échanges.
Pour la plupart des pays en voie de développement, la 4e conférence ministérielle de Doha au Qatar, surnommée malicieusement la «ronde de développement», a drastiquement réduit les zones de négociations les plus importantes pour eux :
la réconciliation de l’échange et du développement, l’implantation de politiques de libéralisation d’échange conclue lors de la ronde de l’Uruguay et le traitement différentiel et spécial pour les pays en voie de développement.
Les différents bloc qu’avaient réussi à établir les pays du tiers-monde ont eu un certain succès à freiner les stratégies de négociations asymétriques de l’Amérique du Nord et de l’Union européenne.
Trop souvent les pays riches n’ont fait que concédé des coupures cosmétiques à leurs subventions agricoles massives tout en demandant des concessions très dommageables aux pays pauvres :
Un plus grand accès à leur marché agricole, non-agricole et aussi à leurs secteurs des services.
Alors la plus récente conférence ministérielle de l’OMC à Hong Kong était déjà vouée à l’échec… parce que les pays en voie de développement ont enfin trouvé des moyens efficaces pour tirer leur épingle du jeu lors des négociations.
Dans le Developpement Package le plan pour Hong Kong dressé le 26 novembre dernier n’avait comme but d’enliser encore plus les pays du tiers-monde dans l’endettement à cause de projets d’infrastructure menant à l’échange qu’ont imposée trop longtemps la Banque mondiale et le FMI.
En plus de ça, le texte de Hong Kong diluait encore plus les accords atteints à Doha qui étaient nettement insuffisant pour réduire l’avantage asymétrique des pays riches dans les négociations.
La déclaration de Hong Kong ne cherchait qu’à accélérer l’implantation de l’agenda pro-transnationales au cœur de l’OMC.
On panique un peu dans les hautes sphères de l’OMC devant la nouvelle attitude des pays pauvres…et cette panique mène à une réduction de la démocratie au sein de l’organisation.
Alors il est claire qu’une autre institution d’échange globale est nécessaire.
Une qui n’aura pas le droit de décider de quels aliments feront poussé les paysans…de ce que les gens vont manger.
Une institution qui n’imposera pas des brevets radicaux sur l’ensemble du globe, des brevets quoi coupent l’accès aux semences et aux médecines que des peuples entiers ont besoin pour leur survie.
Suite à Hong Kong, nous sommes à un point tournant pour l’échange global : soit que l’on regarde l’OMC s’imposer comme une dictature ou nous prenons collectivement le chemin de la démocratie…Quel chemin choisir?
On peut s’inspirer du poème de Robert Frost : deux sentiers divergent dans le bois, et moi j’ai emprunté celui par lequel on a moins voyagé…et cela à faite toute la différence.