20 décembre 2005

EMPÊCHER DE TOURNER EN RONDS

La démocratie au Forum Social Mondial

Lors d’un discours le 15 novembre dernier à l’université d’Helsinki le Dr. Teivo Teivainen du Network Institute for Global Democratization a parlé des relations de pouvoir au sein de l’institution et de l’événement lié au Forum Social Mondial.

Le Forum Social Mondial est un lieu où peuvent se rencontrer les progressistes et humanistes de toutes allégeances qui ont en commun l’espoir de créer un monde autrement que par les diktats néo-libéraux.

On tient beaucoup à ce que le FSM soit ouvert et libre, sans structure hiérarchique et surtout sans qu’aucun groupe en particulier ne viennent encadré la marche à suivre lors des prochaines réunions.

Mais le Dr. Teivanen avait amené quelques bons points sur les outils de prises de décisions du FSM.

Qui dit interaction humaine dit relation de pouvoir selon lui, il est impossible de complètement s’en départir.

Il affirme même que le simple fait de se croire au-dessus des relations de pouvoir, d’ignorer ces aspects des interactions humaines, peut mener éventuellement à l’absence de démocratie et à une concentration des pouvoirs.

C’est le problème du FSM en ce moment…un peu comme l’a vécu les mouvements féministes au cours des années 1960-1970 : ce qui a été connu comme la tyrannie de l’absence de structure.

Concernant la prise de décision, le Dr. Teivanen s’inquiète surtout pour le Conseil international du FSM.

Vu qu’on n’y trouve pas de structures concrètes pour les prises de décisions…il s’avère qu’il n’y a pas grand chose qui s’y décide!

Pourtant c’est le rôle du conseil international du FSM de prendre des décisions pour le bien du Forum et de ses membres…

Le FSM aurait donc besoin de deux modes de fonctionnement afin de maintenir une certaine efficacité du système tout en gardant ça le plus ouvert et libre que possible.

Donc deux paramètres pour encadrer les débats : un pour le conseil international et l’autre pour le Forum en tant que tel.

La méthodologie du FSM est basée sur l’espace libre, selon sa charte de principes, le Forum doit être inclusif, sans hiérarchie et ouvert à toutes formes de discussion qui ne visent pas de déclaration commune par consensus à la fin des procédures.

En procédant de la sorte, le FSM a élaboré un vaste réseau où se sont croisé les acteurs d’une multitude de sociétés civiles qui ont été en mesure d’agir bien après la tenue d’un forum.

Bien que cette ouverture et cette liberté soit sa force, on peut aussi dire que c’est la faiblesse du FSM.

Ça s’avère vrai surtout lorsque l’on souhaite appliquer les mêmes principes au conseil international.

Cette absence de structure formelle pour prendre des décisions au niveau global aurait empêché le FSM d’agrandir son réseau vers l’Afrique et l’Asie.

Et même à certains moments, l’inefficacité à prendre des décisions a mené à ce que certaines personnes influentes décrètent l’itinéraire à suivre…

Il vaut mieux donc de déterminer en avance des règles à suivre, afin que des points de vue s’affrontent et que le débat mène à une certaine fermeture plutôt que de laisser le débat ouvert et d’aller nulle part.

Le Dr. Teivanen ne prône pas non plus la prise de décision par vote non plus car cela mènerait à la tyrannie de la majorité.

Quelque part, entre l’absence totale de structure et le consensus pour prendre des décisions, le conseil international pour le FSM devra choisir une méthode pour être à la fois le plus démocratique et efficace que possible.

Oui, lors d’un forum il est bien d’être aussi ouvert et libre que possible, mais au Conseil international une certaine fermeture doit être visée pour afin d’atteindre des buts concrets.

C’est le problème que j’ai aussi avec certains groupes libertaire et anarchiste : leur résistance aux règles mènent à moins de démocratie que le contraire.

C’est la base de la théorie démocratique. Un jeu entre le besoin de chercher le consensus à tout prix et la quête de la plus grande liberté possible pour arriver à des objectifs inimaginables, laissant émerger des points de vue qui étaient à la marge et les intégrer dans la sphère publique…

L’être humain a besoin d’institutions avec certaines règles, sinon rien de concret peut être accompli…ça ne veut pas dire pour autant que l’on perdent pour autant sa liberté.

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