31 décembre 2005

LE CANADA PIRE QUE LES USA?

Folie collective et réchauffement climatique

Dans son essai classique «La société saine» publié en 1955, le grand psychologue Eric Fromm a proposé que ce ne sont pas seulement que des individus qui peuvent souffrir d’une perte de la raison, mais des sociétés entières peuvent en souffrir collectivement à travers un processus qu’il qualifie de validation consensuelle.

Éric Fromm a conclu dans son essai que la société occidentale est en effet folle et cette perte de la raison menaçait directement la survie de l’espèce humaine.

David Edwards, de la société Media Lens juge que les réactions des médias britanniques suite à la conférence sur le réchauffement climatique de Montréal prouve sans contredit l’affirmation choquante d’Éric Fromm.

En effet, comment peut-on qualifier notre manque d’action concrète suite aux preuves irréfutables qui nous annoncent que d’ici 2050, à cause du réchauffement climatique, plus du quart des espèces d’animaux et de plantes auront disparu ou sur le point de l’être.

Le seul point de vue que l’on retrouve dans les médias de masse sur cette question essentielle à notre survie est que «les gouvernements doivent demander plus de conservation d’énergie aux industries. »

Une action doit être menée pour réduire les émissions dues aux transports…il faut donc investir massivement dans le développement d’énergies alternatives et la taxation de vols aériens…et les Américains n’en font pas assez!

Le problème avec cette affirmation continuellement recyclée dans les médias de masse, selon David Edwards, c’est qu’elle représente le point de départ de toute discussion rationnelle sur le réchauffement climatique.

Ça fait au moins 25 ans que les éditoriaux tournent plus ou moins autour de cette affirmation de base voulant que les gouvernements fassent quelque chose pour contrôler la pollution industrielle.

On semble incapable de sortir des nouvelles ou d’affirmer dans les pages éditoriales qui feront en sorte de mobiliser convenablement les citoyens vers des changements concrets et efficaces.

Le problème c’est que vu la manière que les médias de masse fonctionnent, par la voie de revenus publicitaires, la convergence des médias dans des conglomérats…elles ne peuvent faire autrement que s’en tenir à ce constat de base qu’il faut que les gouvernements agissent et que les États-Unis n’en font pas assez.

Paul Martin a bien régurgité au moins la deuxième partie de ce constat de base lors de la conférence sur le réchauffement climatique à Montréal.

Il a fait son tough face aux ÉU en espérant que ça lui gagne des votes aux cours des élections qui ont lieu en ce moment pour ceux qui ne le savaient pas.

Martin a récité les platitudes habituelles : il faut une action internationale concertée et que les ÉU sont les premiers à blâmer pour cette absence d’action commune.

Sauf qu’en attaquant l’administration Bush il s’est ouvert à une analyse des actions de son propre gouvernement au pouvoir au cours des 12 dernières années …

Et devinez quoi? Aussi pire que peuvent sembler les ÉU nous ici au Canada avons fait pire qu’eux.

Dans son livre rouge qu’il a co-écrit en 1993 Martin avait promis que si élu le parti libéral allait couper les GES à 20% de moins que le niveau de 1990 au cours des 10 prochaines années.

Et quand le Canada a signé Kyoto cette cible s’est réduite à 6%…un taux que les libéraux n’ont pas pu atteindre.

Alors au lieu de ça l’ONU nous annonce que les GES ont augmenté de 24% par rapport au niveau de 1990…et pendant ce temps le taux des ÉU s’est élevé de 13.3%.

En fait, l’OCDE affirme que le Canada a le taux de croissance de GES le plus élevé du monde industriel…

En février, les libéraux se sont même joints aux conservateurs pour défaire une motion du NPD demandant mandatant des émissions de gaz standard pour tous les véhicules vendus au Canada.

Le parti libéral de Paul Martin est incapable d’élaborer une vision claire et efficace pour lutter contre le changement climatique, mais il insiste à appeler à un consensus mondial et à blâmer les ÉU.

En effet, nous vivons dans une société folle, j’ajouterais pas à cause de notre nature, mais à cause des institutions qui mènent nos vies…

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