31 décembre 2005

LES POCHES VIDES : LA PEUR DE L'AUTRE

Minutemen

Je vous parle maintenant d’un phénomène aux ÉU non pas pour dénoncer le racisme qui règne encore là-bas mais pour vous faire part d’un problème cyclique qui revient chaque fois qu’une société connaît des temps difficile : la xénophobie.

Une milice de citoyen s’est formée aux cours des dernières années en Arizona surnommée les Minutmen…leur but est de s’asseoir le long de sentiers utilisés par des immigrants sans-papiers pour traverser la frontière mexicaine vers les ÉU.

Tout ça dans le contexte de législation qui interdiraient aux immigrants illégaux d’avoir droit aux services sociaux et qui favoriserait la chasse plus poussée aux sans-papiers.

En Arizona une telle loi a été approuvé par 56% des électeurs cet automne.

Une telle proposition législative est en cours dans 12 autres États américains présentement.

Dont certains États très loin de la frontière tel que Washington et la Virginie…

Comme je l’ai dit, chaque fois que l’économie souffre, un pays devient frileux et se rabat sur la menace ethnique.

Alors après avoir craint l’invasion des Irlandais, la question juive, le problème nègre, plusieurs États s’attaquent aujourd’hui au défi hispanique.

Les migrants n’ont même pas besoin de venir d’autres pays pour représenter une menace, celle-ci peut-être régionale aussi :

Dans son roman les raisins de la colère écrit en 1939, John Steinbeck a écrit : «Dans l’Ouest il y avait une panique lorsque les migrants se sont multipliés sur les autoroutes…des hommes n’ayant jamais eu faim ont vu les yeux des affamés…des hommes n’ayant jamais voulu grand chose ont vu la flamme du besoin dans les yeux des migrants… les hommes dans les villes et des douces banlieues se sont réunis pour se convaincre qu’ils étaient bons et les envahisseurs méchant, comme un homme doit le faire avant de combattre.»

Steinbeck décrivait des migrants venant du Oklahoma et non pas du Mexique.

Jusqu’en 1875, aucune loi fédérale n’existait pour restreindre l’immigration aux ÉU.

Cette année là, une loi avait été rédigée pour empêcher les Chinoises et les criminels d’entrer au pays.

Et une autre en 1882 pour exclure les Chinois.

La peur de l’invasion chinoise était tellement grande que c’est à ce moment que les ÉU ont commencé à se soucier de leur frontière au sud, par crainte que les Chinois passerait par là.

Une patrouille de frontière a été crée en 1924 et avant 1929 ce n’était même pas un crime de traverser la frontière sous leur nez.

Le concept même d’immigrant illégal n’existait même pas.

À travers l’histoire américaine on a toujours utilisé la même rengaine pour justifier son intolérance envers l’immigrant : les Irlandais, les Italiens, les Chinois et les Mexicains ont tous à un moment donné été ceux qui volaient les emplois, menaient les gangs criminels et vendaient de la drogue.

La manifestation la plus récente de xénophobie et son obsession pour la frontière du sud a commencé au milieu des années 1970 et début 1980 lorsque la chute de l’économie mexicaine et les guerres sanglantes en Amérique centrale ont envoyé des vagues de migrants vers le nord.

Ailleurs dans le monde le désespoir envois les Pakistanais vers Dubai, les Éthiopiens vers Rome, les Birmans vers Bangkok, les Turques vers Berlin, etc.

Alors dans le sud des ÉU les industries agricoles et des services s’assurent un flot continu de travailleurs dociles, pas chers et jetables.

Le pire dans cette histoire c’est que les premiers à blâmer pour la chute de l’économie et la disparition d’emplois stables et payant ne sont pas bien sûr les immigrants, mais les politiciens qu’admire les hommes blancs du sud qui jouent les paramilitaires le long de la frontière : Richard Nixon, Ronald Reagan, Bush père et fils.

Ces hommes ont favoriser la fuite de capitaux et le déplacement des emplois vers d’autres pays; l’instabilité économique et les guerres en Amérique latine…et bien sûr les seuls qu’ils arrivent à accuser dans leur ignorance se sont les migrants qui traversent la frontière au péril de leur vie, poussés par le désespoir.

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