19 juin 2008

LA LEVÉE 18 JUIN 2008

1. Traité de libre-échange : le Canada fait la promotion de la terreur en Colombie
2. Deux mois après le début du 3e mandat de Berlusconi : l'Italie est-elle en train de devenir fasciste?
3. Le fermier David vs. le fermier Goliath : devinez qui est le plus efficace, productif et respectueux de l'environnement?

COLOMBIE CANADA



Alors que le traité de libre-échange entre les ÉU et la Colombie a été arrêté aux ÉU, due surtout aux graves abus de droits humains en Colombie...

Le 7 juin dernier, moins d'un an après l'annonce par le Premier ministre Harper des débuts de négociations bilatérales de libre-échange avec la Colombie, le département des affaires étrangères et du commerce international a annoncé la conclusion des négociations.

Dans une tentative superficielle de comprendre la situation en Colombie, plusieurs membres du Parlement ont été faire une brève visite à Bogot le mois dernier.

Sans enquête supplémentaire, surtout chez les communautés affectées par les conflits armés en Colombie.

Et surtout sans attendre l'achèvement d'un comité sur les affaires étrangères et du commerce international concernant le traité de libre-échange.

Les négociations ont été conclues et l'entente se dirige vers la ratification.

Et en vérité, les négociations et l'entente ont été menées dans le plus grand des secrets.

Tout ce que l'on raconte aux Canadiens et aux Colombiens c'est que les entreprises canadiennes auront un plus grand accès aux marchés colombiens, et surtout à ses ressources.

Donc après la participation canadienne dans l'occupation militaire en Afghanistan et en Haïti, nous participons maintenant directement à la santé d'un régime de terreur.

Pourtant, l'entente de libre-échange entre le Canada et la Colombie est vendue par le gouvernement Harper comme un réengagement de notre pays en Amérique latine

Où le Canada se vante d'être un modèle de troisième voie pour les pays d'Amérique latine qui veulent sortir du giron des ÉU, mais qui ne veulent pas non plus se joindre à la révolution bolivarienne menée par le Venezuela.

Rappelons que la Colombie est la demeure d'un des groupes de guérillas gauchistes les plus vieilles d'Amérique latine, les FARC, les forces armées révolutionnaires de la Colombie.

Le gouvernement Harper voit l'accroissement de partenariat économique comme une manière de contribuer à la paix dans le pays.

Or, un traité d'échange avec la Colombie, dans le contexte d'un conflit qui date de plus de 60 ans, demeure assez controversée.

L'État colombien est la première source de violence envers des citoyens dans ce conflit, et le pays demeure le plus dangereux de la planète pour les syndicalistes.

De nombreux scandales ont frappé le gouvernement colombien au cours des dernières années, touchant le président Uribe de très près.

Au moins 65 alliés de Uribe au congrès colombien sont sous enquête pour des liens serrés aux escouades paramilitaires de la mort, et de ce nombre, 29 sont maintenant en prison pour des liens prouvés.

Et n'allez surtout pas croire le taux favorable à Uribe de 84% en Colombie.

Ce chiffre est le résultat d'une concentration ridicule des médias dans le pays, des médias propriétés des amis d'Uribe, et qui répète quotidiennement que le FARC est la seule source de violence en Colombie.

Le traité bilatéral de libre-échange est comme tous les autres qui l'ont précédé récemment : une constitution supranationale par et pour les grandes transnationales.

Et il a été signé par un gouvernement colombien qui a pris le pouvoir à travers le support des paramilitaires, des pots-de-vin, de la propagande... et le fait que notre gouvernement applaudi l'avènement du traité en dit beaucoup sur son point de vue concernant la démocratie.

À l'intérieur de la Colombie, 4 millions de personnes, 10% de la population, ont été forcées de se déplacer au cours des dernières années, selon les données de l'ONU.

Systématiquement, les déplacements forcés se produisent dans des territoires où des mégaprojets d'entreprises transnationales ont lieu.

Par rapport à d'autres pays, les échanges commerciaux en le Canada et la Colombie ne sont pas très élevés, surpassant un milliard par année.

Par contre, en termes de secteurs engagés dans des mégaprojets comme les champs miniers, l'exploitation d'hydrocarbures, les transnationales canadiennes sont parmi les plus gros joueurs.
Alors, maintenant que les négociations ont été conclues, une revue légale des textes sera menée par les avocats canadiens et colombiens.

Rappelons que les négociations ont eu lieu dans le plus total des secrets, et les textes n'ont pas été exposés au public.

Clairement, le gouvernement canadien n'a rien d'autre à proposer aux Colombiens concernant leur démocratie autre que le vernis de crédibilité qu'a le Canada à travers le globe.

Et concernant l'assassinat quasi quotidien de syndicalistes et de travailleurs humanitaires au cours des dix dernières années, les négociateurs canadiens se vantent d'avoir adressé le problème dans ce traité de libre-échange.

Tout dépend du nombre tué au cours d'une année, car les contraventions potentielles que le gouvernement colombien doit payer selon ce que l'on sait du traité s'élève à 15 millions de dollars.

Oui, notre gouvernement a vraiment négocié une pénalité monétaire pour le meurtre.

C'est que les libéraux au parlement d'Ottawa avaient soutenu ne pas embarqué dans le traité (un soutien nécessaire puisque les conservateurs sont minoritaires) s'il n'y avait pas de texte sur les droits humains.

Alors, comme d'autres traités de libre-échange signé auparavant comme l'ALENA, ou avec Israel, le Chili, le Costa Rica et le Pérou, cette entente commerciale visera une réduction des tarifs sur l'exportation et ouvre le pays le plus pauvre aux investissements par le pays le plus riche.

Comme l'ALENA, il y aura une clause comme le fameux chapitre 11 qui garanti la stabilité, la transparence et la protection des capitaux canadiens en territoire colombien.

Les transnationales canadiennes auront alors un accès privilégié au marché et ressources colombiens, appuyé par le droit de poursuivre le gouvernement colombien s'ils sentent que leurs droits sous le traité d'accumuler des profits sont menacés... par exemple si une communauté locale s'oppose à un projet minier.

La Colombie est riche en hydrocarbures, en charbon fer, nickel, cuivre, et en émeraudes, sans oublier son potentiel en hydro-électricité... et que le Canada possède la plus grande industrie minière au monde.

Et si l'on regarde l'histoire récente, la dernière vague d'investissements du Canada en Colombie a été un véritable désastre pour les syndicalistes et peuples autochtones de la Colombie.

La vague a été accompagnée d'une série de meurtres et de déplacements forcés...
Le gouvernement Harper affirme que le président Uribe est en train de régler son problème d'abus de droits humains.

Or, selon plusieurs ONG le taux d'assassinat de syndicalistes est beaucoup plus grand en 2008 que l'an dernier.

Et 40% de violations de droits humains menées contre eux sont dans le secteur minier, où le Canada est le premier joueur.

Alors selon un communiqué du ministère des affaires étrangères : si les obligations ne sont pas respectées, le pays qui commet des actes de violations de droits humains devra payer jusqu'à 15 millions de dollars à un fond de coopération... une décriminalisation de facto du meurtre.

Donc si l'on pousse la logique au bout... en 2007 il y a eu 384 violations de droits humains contre des activistes en Colombie.

À 15 millions, ça nous conduit à près de 40 000$ par acte.

Alors plus le gouvernement colombien et ses paramilitaires violes les droits fondamentaux des syndicalistes, plus c'est payant pour eux de le faire.

En plus de ça, le communiqué du ministère des affaires étrangères ne mentionne pas les risques aux populations paysannes et autochtones, dont les paramilitaires bousillent allègrement car elles sont sur des territoires riches en ressources minières.

Le nouveau traité de libre-échange montre noir sur blanc la nouvelle attitude de nos représentants envers la région des Andes : les profits au-dessus du peuple, la misère et la violence plutôt que la justice sociale.

ITALIE



Tournons notre attention vers l'Italie où le régime de Sylvio Berlusconi mène le pays depuis deux mois maintenant...

Un gouvernement de centre-droite, d'extrême-droite, fasciste?

Le racisme est en montée fulgurante, avec les immigrants accusés de tous les petits crimes... à un taux réfuté par les statistiques du gouvernement.

Des campements de gitans ont été bombardés, des groupes armées néo-nazi se promène dans le nord du pays et cassent des gueules... et l'on dénombre une croissance d'attaques sur des homosexuels.

Le maire de Rome a refusé dernièrement de permettre aux organisateurs de la marche de la fierté gay de tenir leur parade annuelle dans les rues de Rome.
Mara Carfagna, l'ex-pinup de calendrier sexy, maintenant nommée ministre de l'égalité, a même affirmé qu'il n'y avait pas de raison de tenir de parade puisque l'Italie ne souffre pas de discrimination envers les homosexuels.

Fausto Bertinotti dirigeant du parti Rifondazione Comunista, parle pour sa part de l'avènement d'une nouvelle droite en Italie.

Rifondazione avait appuyé le gouvernement de centre-gauche de Romano Prodi qui a échoué lamentablement aux dernières élections.

Il explique que la nouvelle droite n'est pas fasciste, même s'il utilise des éléments de cette culture-là, exploitant une aversion agressive envers toutes formes de diversité, ou l'insécurité est transformée en peur... et où le besoin d'un bouc émissaire refait surface.

Donc on utilise des éléments du fascisme sans pour autant s'attacher aux racines du fascisme, ce qui élimine en quelque sorte l'attachement des opposants aux fascismes à ses propres racines.

Une thèse intéressante, que l'on pourrait résumer plus simplement du fait que les tragédies de Mussolini ont été oubliées, et donc avec elles les valeurs de la résistance... en quelques sortes, on a perdues les valeurs de base qui ont guidé l'État italien depuis 1947.

Même les observateurs de Berlusconi, au pouvoir pour la 3e fois, avoue que cette fois ci il ne semble pas être guidée par une idéologie particulière.

Il demeure que même si on n'assiste pas à la réémergence du fascisme, il y a définitivement une réémergence du bouc émissaire.

La peur de l'étranger est une colle politique puissante pour construire ce que les chercheurs en politique appellent une coalition négative.

Alors pendant que l'on s'énerve avec qui est coupable ou non de petits crimes, sur une échelle plus large le gouvernement italien, à tous les niveaux, continue de couché avec le privé et traite amicalement avec le crime organisé.

Pendant que l'on accuse le diable d'étranger de tous les maux, Berlusconi fait la promotion de législation qui protégerait la corruption entre entreprises et politiciens : rendant illégale l'écoute téléphone et autres pour des crimes qui ne commande pas moins de 10 ans de prison.

C'est que le crime de la corruption vaut une sentence de huit ans, en Italie.

Donc si Berlusconi remporte son projet, l'écoute clandestine des forces de l'ordre pour trouver des preuves de corruption sera illégale,

Non, l'Italie n'est pas redevenu fasciste, bien qu'il y a énormément de politiciens d'extrême droite au sein de l'État... et le fait que l'on ne pourra plus y vérifier la distribution de pots-de-vin sur une grande échelle pourra mener à quelque chose de tout aussi pire.

ÉLEVAGE DE VIANDE




Les fermes, dans les pays industrialisées, sont devenues extrêmement spécialisées.

La plupart fonctionnent comme partie intégrante de la production d'animaux à la consommation, l'ébergement, l'alimentation de bovins, de porcs, de volaille et la production de grains pour les nourrir.

Ces plantations de grains à animaux sont devenues gigantesques, des monocultures sur des milliers d'hectares.

Les animaux sont élevés dans des milieux où on les confine en grands nombres dans les plus petits espaces possibles.

Souvent, leur bouffe arrive d'assez loin, ce qui fait de leur grossissement une opération assez polluante en GES.

Y'a toute la pollution et les complications de leur purin à déplacer et à épandre qu'il faut prendre en considération aussi.

Si l'on compare les méga-fermes aux petites fermes coopératives et familiales, on voit assez facilement lequel est le plus durable et même productif.

Les grandes fermes sont énergétivores et puantes.

Aux ÉU, le Center for Disease Control note que si vous rester près d'une grosse ferme d'élevage, les risques à votre santé sont beaucoup plus élevés que la moyenne.

Le purin des animaux peut contenir des antibiotiques, des pathogènes, des nitrates, des pesticides, des hormones et des métaux lourds... rien de bon, surtout dans l'eau que l'on boit.

Le but des méga fermes d'élevage, c'est de réduire les coûts en entrant le plus grand nombre d'animaux dans le plus petit espace, tout mécaniser et réduire la masse salariale des travailleurs.

Le pire dans tout ça, c'est qu'un grand nombre d'études démontrent que ce n'est pas la méga industrie agricole qui est la mieux placé pour nourrir le monde.

Au contraire, les petites fermes sont des producteurs d'aliments beaucoup plus efficientes et efficaces.
Surtout dans les pays en voie de développement où les petits fermiers ont une productivité quatre fois plus grande par hectare... tout en étant plus durable.

Oui, le prix des produits des grandes fermes est plus bas, mais si l'on regarde du côté de l'externalisation des coûts : dommages à l'environnement, maladies des animaux qui vivent dans des conditions impossibles, la pollution qui affecte la santé humaine...

Les grandes fermes demeureront nécessaires tant que nous demanderons une grande quantité de viande, des oeufs et des produits laitiers à bas prix.

Aujourd'hui, on veut du stock cheap, bien on l'a, mais à nos risques à long terme.

Pour revenir aux petits fermiers dans les pays en voie de développement... avec la crise alimentaire globale que nous connaissons.... il est réconfortant de savoir que les paysans offrent la meilleure chance de nourrir tout le monde.

La capacité de nourrir ou non les peuples dépend de la propriété des moyens de production. Point.

Cette théorie a été faite par l'économiste réputé Amartya Sen en 1962 et a été confirmée par des douzaines d'études depuis.

Il y a bel et bien une relation proportionnelle inversée entre la taille d'une ferme et les récoltes produites annuellement.

Plus la ferme est petite, plus la production proportionnellement est grande... parfois énorme.

Raison simple à ça : les petits fermiers travaillent plus fort et la qualité est plus grande par hectare que les grands.

Plus d'intensité, de meilleurs systèmes d'irrigation, une plus grande diversité de récoltes, bref, une bien meilleure relation à la terre.

Ce qui mène à un constat intéressant : l'échange équitable... une des seules manières que les petites fermes arrivent à survivre dans un monde de méga-industries agricoles.

L'échange équitable deviendra de plus en plus nécessaire non seulement comme une manière de redistribuer équitablement des revenus, mais comme la seule manière de nourrir la planète.

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