06 février 2006

La Levée 6 février 2006

Forum Social Mondial

Plus de 60 000 activistes de gauche retournent à la maison depuis quelques jours suite au Forum social mondial qui a eu lieu à Caracas au Venezuela pendant six jours lors de la dernière semaine.
Le FSM est tenu chaque année au même moment que le Forum Économique Mondial qui a lieu à Davos, en Suisse.
Alors l’écho que je perçois de là-bas c’est que plusieurs altermondialistes ont quitté Caracas avec une légère pointe de pessimisme.
Certains se sont plaints qu’après tout les ateliers, les discussions et les discours il n’y avait pas de grande déclaration ou de grand projet final pour clore l’événement…
Il y avait beaucoup d’éditorialistes qui se demandent dans quelle direction le FSM s’en va… si un jour quelque chose de concret allait en sortir de tout ça.
Juste du côté de l’organisation l’ensemble des ateliers et discours étaient réparti sur beaucoup trop de sites, même le guide des événements était mal imprimé et un peu trop souvent les participants se sont rendus à des événements qui étaient annulé ou à d’autres les conférenciers ne se sont jamais présentés.
Mais au-dessus de tout ça il y a d’importantes leçons pour la suite des choses chez les altermondialistes.
Le conseil international du FSM se réunira d’ici quelques semaines pour évaluer l’expérience de Caracas et devra se défendre contre les critiques qui disaient que le forum à Caracas s’appuyait trop sur le gouvernement socialiste du président Hugo Chavez.
Alors oui, suite au FSM la globalisation financière domine encore la planète, la gauche mondiale influence toujours moins la marche du monde que le groupe d’élite qui se réunissait à Davos.
On peut se demander à quoi sert toute cette fanfare entourant le FSM, à savoir si ce n’est pas juste un événement où la gauche fait le party au soleil pour se donner bonne conscience, croyant nous amener vers un autre monde possible…
Mais s’attendre à ce que le FSM soit un outil pour accomplir quelque chose, lancer une grande déclaration commune ou établir un plan d’action pour les altermondialistes c’est mal comprendre la nature de l’événement.
Même s’il a d’importantes lacunes – et je vous parlerez de propositions pour arranger ça tantôt – le but premier du FSM est de créer un espace de liberté d’expression entre différents mouvements sociaux.
On avait déjà essayé de proposer le manifeste des 19 au dernier FSM à Porto Alegre et ça n’a jamais levé parce que c’était justement contraire à l’esprit du FSM d’imposer une déclaration signée par un groupe restreint.
Et bien sûr il n’existe aucun moyen pour arriver à une déclaration de principes ou un manifeste précis couvrant le point de vue de plus de 60 000 personnes…
Je ne sais pas si vous avez déjà assisté à une réunion où il fallait débattre pour arriver à un consensus sur un manifeste conjoint mais c’est extrêmement pénible et laborieux, souvent on peut s’accrocher pendant une heure sur une virgule ou la tournure d’une phrase.
Non, faut pas demander au FSM de fournir quelque chose dont il est ni capable ni en mesure d’accomplir.
Ce qu’il faut à tout prix éviter c’est un peu ce qui est arrivé par contre : qu’un pays ou un gouvernement s’en mêle comme c’était le cas au Venezuela, ou que l’organisation soit un peu tout croche comme répandre l’événement sur neuf sites différents loin l’un de l’autre.
La structure autonomiste du programme et le refus obstiné d’en faire un mouvement unifié sont les meilleurs mécanismes de défense du FSM contre l’intervention gouvernemental ou de différents partis.
Si le forum devenait une plate-forme pour des propositions ou des déclarations conjointes, ça ne serait vraiment pas long avant qu’un groupe en prenne contrôle et impose son point de vue sur les autres.
Un sondage mené au Brésil a montré que la majorité des participants au FSM montre qu’une majorité des participants appartient à une élite non-affilié de gauchistes qui refusent les pratiques politiques traditionnelles.
Avoir cet espace pour des mouvements sociaux pour se rencontrer loin de la politique traditionnelle de lutte de pouvoir hiérarchisé est justement ce qui fait la force d’un tel événement.
La quantité d’information et d’idées qui s’échangent au FSM est impossible à quantifier…
Ceci étant dit, il y aurait moyen de s’organiser pour que le FSM ait lieu d’une manière beaucoup plus efficace sans toutefois tomber dans le piège de la politique traditionnelle.
Faudrait que les organisateurs démontre un peu plus que les participants sont supposés retirer de chacun des événements qui ont lieu sur place.
Ils pourraient dirigés les organisations à offrir différents événements avec des objectifs un peu plus clairs.
Parce que là pour l’instant c’est difficile de s’en sortir une fois au FSM avec un guide qui propose autant d’ateliers, de conférences et de discours seulement exposés en ordre alphabétique.
Tout ça pourrait être classé en terrains thématiques : le premier regrouperait des événements pour apprendre et à échanger de l’information;
Le deuxième pour planifier des campagnes spécifiques avec des personnes intéressées à y contribuer;
Et un troisième, un espace ouvert et libre pour réseauter et se rencontrer entre organisations.
Et enfin, il pourrait y avoir un espace où l’on parlerait du FSM lui-même, où les participants pourraient débattre du processus même en cours.
Alors au lieu d’organiser l’événement en thèmes que l’on enfile en ordre alphabétique dans un guide, ça serait plus efficace de les regrouper selon des objectifs clairements établis.
Ça serait une bonne manière de taire des personnes qui critiquent le fait que le FSM ne contribuent rien de concret pour nous amener vers un autre monde possible…







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