06 février 2006

La Levée 23 janvier 2006

Le vote stratégique

On sort voter aujourd’hui pour celui ou celle qui représentera notre conté et éventuellement pour le parti qui formera notre gouvernement fédéral aujourd’hui
…et avec la victoire probable des Conservateurs le parti Libéral tend la main à tous les progressistes canadiens leur suppléant de voter pour eux…
Certains changeront leur vote, ne voulant pas aller du côté du NPD ou du parti Vert par crainte de voir le Bloc perdre à un Libéral ou un Conservateur.
D’autres voteront Libéral au lieu du NPD pour encore une fois éviter qu’un représentant du parti Conservateur remporte l’élection.
Il y en a d’autres qui craignent toujours de gaspiller leur vote en cochant le nom d’un candidat qui est certain de perdre…
Mais c’est oublier que dans une démocratie, la seule façon de gaspiller son vote c’est d’appuyer quelqu’un ou quelque chose en quoi on ne croit pas.
Alors les Libéraux supplie les électeurs progressistes de ne pas voter NPD ou Bloc parce que ça mènerait à un gouvernement conservateur.
C’est oublier un peu vite de leur côté à quel point ils n’ont strictement rien fait pour mériter le vote progressiste, et surtout pas d’être réélu par eux.
Au niveau pancanadien, beaucoup de libéraux veulent faire peur à l’électorat néo-démocrate et ils lancent des avertissements à ne pas gaspiller leur vote.
Mais le vote stratégique est un jeu très dangereux qui peut résulter en l’opposer de ce que ceux qui le pratique voulait.
Alors oui un vote pour les libéraux est parfois un vote pour les conservateurs, pire, un vote pour les libéraux est un vote pour les libéraux.
Dans plusieurs cas au cours de leur long règne au pouvoir, les libéraux ont été tout aussi pires que l’auraient été un parti conservateur.
Il faudra donc se sortir de la tête que le parti libéral est le dernier rempart pour les progressistes canadiens.
Le budget en 2005 de Ralph Goodale en est un bon exemple : il était tellement à droite que Stephen Harper disait aux journalistes à quel point il l’aimait avant même que l’encre est fini de sécher…

Ça l’a pris l’intervention du NPD pour empêcher le gouvernement minoritaire de procéder à d’immenses coupures dans les impôts d’entreprise et pour rediriger cet argent vers des programmes comme l’environnement, l’habitation, le transport en commun et l’aide à l’étranger.
Les libéraux ont la réputation bien méritée de mener des campagnes électorale à gauche et ensuite de gouverner à droite.
Si le parti tenait tant à défendre les valeurs progressistes ils appuieraient les candidats du NPD dans les contés où ils pourraient gagner contre un conservateur…
Mais jamais vous entendrez ça, parce que le but des libéraux est d’éradiquer le NPD.
Alors je vous propose donc de voter selon vos valeurs pour le candidat qui les représente le mieux dans votre conté…
Les libéraux eux auraient dû mieux gouverner pendant les 13 dernières années et ils auraient eu de bonnes raisons de nous convaincre de voter pour eux aujourd’hui …plutôt que de nous faire peur avec les conservateurs et de nous accuser de gaspiller notre vote.

4. Élections Canada/Australie
Greg Barnes, un avocat vivant en Australie, écrit présentement un essai comparant le Canada et l’Australie au cours de la période datant de 1968 et 2004.
Les deux pays se ressemblent beaucoup …sauf pour la présence d’une nation francophone qui s’obstine à demeurer dans le statut d’une province d’un autre peuple.
Il vient de publier un article où il compare l’élection actuelle ici et celle qu’a connus l’Australie en 1996.
Dans les deux cas, un gouvernement se disant de centre gauche a été au pouvoir durant 13 ans– les libéraux ici et l’ALP, l’ Australian Labour Party en Australie.
À l’époque un parti fatigué mené par Paul Keating a dû faire face à un parti conservateur mené par le premier ministre encore au pouvoir aujourd’hui : John Howard.
Ce qui est intéressant de savoir c’est que les conservateurs de Stephen Harper utilisent les mêmes tactiques de campagne de Howard en en 1996 et en trois élections à succès depuis.
Le Globe and Mail nous apprenaient que le directeur national de la campagne de John Howard , Brian Loughnane est un conseiller important du parti conservateur.
Les stratèges du parti conservateur ont même appris d’importantes leçons de la victoire de l’équipe d’Howard l’automne dernier.
Le succès électoral d’Howard se trouve dans sa capacité de s’attirer l’appui de la classe des travailleurs et des familles juste sous la classe moyenne qui avaient tendance à voter juste un peu plus à gauche.
Le terme qu’utilisait Howard pour désigner ces électeurs était les mainstream australians…c’est électeurs de banlieue qui n’aiment pas vraiment les actions progressistes comme permettre le mariage gai.
Et ce n’est pas pour rien alors que Stephen Harper parle des mainstream canadians et comment il veut leur donner un break fiscal et comment ces gens souhaite un système judiciaire plus répressif envers les criminels…
La rhétorique de Harper disant que le NPD et les libéraux ne comprennent plus les familles ordinaires canadiennes vient directement du lexique des stratèges de John Howard en Australie.
Et comme le souligne Greg Barnes cet avocat d’Australie qui écrit un essai comparant le Canada à l’Australie :
Stephen Harper et John Howard le premier ministre actuel ont un point majeur en commun : les deux se sont fait élire avec l’intention de démanteler ce qui reste de valeurs sociales égalitaristes et de les remplacer avec une société où la trame de fond serait la méritocratie, l’État minimal, la réduction du filet social et le conservatisme moral.
Alors si les Canadiens veulent savoir ce qu’un gouvernement Harper fera à leur pays, ils n’ont qu’à voir à quoi ressemble l’Australie de John Howard, aujourd’hui.

Vision institutionnaliste

Je vous ai parlé souvent ici de l’économie participative, l’alternative à l’économie capitaliste…du moins en théorie…et si vous voulez en savoir plus sur ce qui est selon moi la proposition la plus sérieuse pour humaniser notre société je vous conseille de consulter le
http://www.zmag.org/pps.htm
Non seulement le projet de l’économie participative donne de l’espoir à tous ceux qui souhaite la fin d’un système économique qui tuent les écosystème et qui aliène la majorité de la race humaine, mais l’analyse qui lui est propre nous permet de mieux comprendre la société autour de nous et le pouvoir qui contrôle nos vies.
C’est une vision qui analyse la réalité selon les institutions plutôt qu’en regardant les individus et les personnalités de ceux qui sont au pouvoir.
L’analyse de l’économie participative ajoute à notre boîte d’outils pour comprendre le monde des termes comme classes sociales, la propriété des moyens de production, les marchés et la participation.
Ces notions, et il en existe bien d’autres, permettent une compréhension claire et poussée des institutions qui nous amènent plus facilement à comprendre les grands intérêts économiques des centres de pouvoir…
De comprendre à quel point une poignée d’individus sont en mesure de décider de la vie et de la mort de millions de personnes.
Avec la manière que nous avons été élevé, par l’école et les médias de masse, notre vision individualiste fait voir le monde politique et économique selon la personnalités des dirigeants…ou que si ça va mal dans le monde c’est clairement à cause de la nature humaine…ou de George Bush.
Mais à travers la vision institutionnaliste on comprend que ceux qui sont au pouvoir servent les intérêts d’une classe puissante qui a ses propres motivations et des buts très précis à atteindre.
Dans le cas de la guerre en Irak, la première façon de voir nous dit que cette invasion est un désastre sans précédent…avec la vision institutionnaliste on comprend que l’invasion de l’Irak fait partie d’une longue chaîne d’agression de la classe capitaliste pour prendre possession de ressources.
L’analyse institutionnelle que fournit le projet d’économie participative, l’opposition aux maux actuels peut être claire, puissante et inspirante.
Sans analyse institutionnelle, il n’y a tout simplement pas de véritable résistance, juste de l’amertume et du mécontentement.
Nous avons été élevé à surtout considérer nos choix et préférences personnels, nos choix et actions personnelles, faire la différence entre le bien et le mal moral…
Mais le projet d’économie participative nous amène à voir plus grand et plus loin : à commencer à critiquer le droit même de certains individus à avoir la pleine propriété d’autant de moyen de production….
De comprendre qu’il est pas normal de remettre autant de contrôle sur nos vies entre les mains d’une classe sociale qui n’a d’autres intérêts que les siennes…
Avec nos yeux institutionnels, on comprend que la vague de privatisation que nous connaissons depuis 20 ans a fait en sorte que moins de 1% de la population mondiale possède pratiquement tout.
Les projets de l’économie et de la société participative nous amènent à proposer d’autres sortent d’institutions et non pas à chercher les meilleures capitaines pour mener un bateau qui coule.

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