20 février 2006

CONTRE-OFFENSIVE DE L'INDUSTRIE DES OGM

OMC contre l’Europe

Je ne sais pas si vous vous rappelez du gros débat de société que l’on a connue au début des années 2000 autour de la question des OGM?

Eh bien il risque de refaire surface, car l’OMC s’est prononcé cette semaine sur le moratoire de cinq ans qu’avait instauré l’Europe bloquant l’entrée de nouveaux OGM.

C’est qu’en 2003, les ÉU, le Canada et l’Argentine avaient officiellement déposé une plainte devant l’OMC concernant le moratoire…

Ces trois pays produisent à eux seul 80% des OGM que l’on peut trouver sur la planète.

Et la décision des trois juges anonymes de l’OMC cette semaine n’a pas surpris grand monde : ils ont décidé que les restrictions européennes sur les OGM contrevenaient à des règles internationales d’échange commerciales…

Et que toutes tentatives de réglementer cette bio-technologie doit se faire sous les strictes règles de procédures de l’OMC qui la plupart du temps s’appuient trop sur les recherches industrielles des producteurs d’OGM.

Et la réaction des deux clans qui s’opposent dans ce débat a été immédiate :

Les pro-OGM ont rapidement déclaré victoire et ont dénoncé l’attitude européenne comme étant du protectionnisme de l’Europe pour son industrie agricole.

Ils prédisent maintenant que l’OMC allait imposer des amendes de plus d’un milliard de dollars pour compenser les exportateurs américains et que la décision de l’OMC prouvait, en somme, que le moratoire européen n’avait pas de fondements scientifiques.

Et de l’autre côté les critiques des OGM ont vertement dénoncé la décision de l’OMC qui contrevenait au choix des européens de décider des types aliments qu’ils consommeront et que de toute manière cette décision n’allait pas faire en sorte que tout d’un coup les Européens allaient se mettre à bouffer du maïs et du soya modifié génétiquement…

En fait cette décision de l’OMC démontre clairement une volonté de sa part de décourager d’autres pays de procéder au même genre de moratoire qu’avait instauré l’Europe.

Mais dans cette décision il demeure que l’OMC n’a pas complètement décider en faveur des ÉU, du Canada et de l’Argentine.

Même si oui, il avait jugé que l’Europe était allée trop loin, qu’en fait, les six pays fautifs : l’Autriche, la Belgique, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Luxembourg ont contrevenu aux règles européennes d’échange commercial.

Reste que la plupart des plaintes portées par les ÉU et ses partenaires ont été rejetés, le plus important concerne les procédures d’enquêtes scientifiques concernant les risques des OGM.

On ne dit pas que les pays fautifs ont pris leurs décisions de bloquer l’accès des OGM basés sur des données scientifiques faussées ou malhonnêtes.

On condamne plutôt la décision d’imposer un moratoire basé sur des mesures préventives selon la volonté des populations concernées.

Et ce sont justement ces genres de décision, basées sur la volonté des peuples plutôt que sur la volonté des transnationales que l’OMC tente de décourager.

À leur défense, les officiels européens ont affirmé n’avoir jamais imposé un moratoire sur les OGM, mais que c’est plutôt les producteurs d’OGM qui n’étaient pas en mesure de respecter les processus de révision et d’acceptation du vieux continent …

Provoquant ainsi des délais inattendus pour leur entrée en Europe.

De toute façon l’Europe a bien implanté des règles d’étiquetage et de suivi des OGM, même selon des règles acceptables par l’OMC.

Et c’est en soi une forme de protection contre les OGM, une protection qui va bien au-delà de ce que l’on trouve ici.

Alors les OGM ont été pratiquement éliminés des aliments européens, même ceux importé d’Amérique.

Tous les ingrédients contenant plus de 0,9% d’OGM doivent être clairement indiqués ainsi.

Mais l’industrie des OGM regarde ailleurs pour écouler son stock et les populations d’Asie, d’Afrique et de certaines parties d’Amérique latine ne veulent rien savoir non plus.

Disant, avec raison, que cette bio-technologie menace leur souveraineté alimentaire et la survie de leur agriculture traditionnelle.

Aucun commentaire: