27 juin 2005

LE CANADA ET YVON NEPTUNE

Les agences humanitaires canadiennes et l'arrestation du premier ministre d'Haïti Neptune
J’ai eu le bonheur de lire l’excellent article de Kevin Skerrett du Canada Haiti Action Network sur le rôle du Canada dans l’emprisonnement scandaleux du premier ministre haïtien sous Aristide, Yvon Neptune.
Rappelons, encore une fois, que le Canada a pleinement participé au coup d’État qui a renversé le président démocratiquement élu d’Haïti Jean-Bertrand Aristide le 29 février 2004 : un coup qui a mis une fin à dix ans d’évolution constitutionnelle dans le pays le plus pauvre de notre hémisphère.
Le gouvernement non-élu mis en place par la suite a mené une guerre civile de répression contre le réseau qui a mis Aristide au pouvoir, le mouvement Lavalas.
On note des centaines d’assassinats et d’arrestations politiques depuis le 29 février 2004 : une date qui, selon nos dirigeants, où on allait revoir la démocratie renaître en Haïti.
Un cas important pour notre compréhension du rôle canadien dans tout ça est l’arrestation d’Yvon Neptune.
Neptune s’est remis entre les mains de la police haïtienne au mois de mars 2004 suite à un mandat d’arrestation émis contre lui par le gouvernement intérimaire concernant son rôle dans un soi-disant massacre à St-Marc dont il aurait été le maître organisateur.
Au mois de février 2004, l’aile haïtienne de la coalition nationale pour les droits haïtiens, un organisme humanitaire recevant ses fonds de l’Agence canadienne de développement internationale — c’est-à-dire payé avec nos taxes canadiennes — a dévoilé son rapport indiquant que Neptune était directement responsable du massacre (pour ne pas dire «génocide») de 50 personnes pour l’unique raison que ces gens s’opposaient au gouvernement Aristide.
En fait, ce qu’on découvre en lisant l’enquête de Kevin Skerrett, c’est que c’était un rapport mensonger et complètement biaisé créé spécifiquement pour donner l’impression que les seuls à provoquer de la violence en Haïti lors des mois menant au coup d’État étaient Lavalas et Aristide.
Beaucoup de gens ont cru ces mensonges, parmi eux l’association québécoise des organismes de coopération internationale qui avait officiellement demandé au gouvernement canadien de retirer son appuis à Aristide et Lavalas le 15 décembre 2003.
Alors, Neptune se remet à la police, croyant à tort qu’il allait avoir le droit de se défendre en justice : en réalité, sa vie a été menacé à plusieurs reprise et il n’a eu le droit de voir un juge que onze mois après son arrestation.
Tout ça sous les yeux approbateurs de l’agence canadienne de développement internationale, une agence du gouvernement fédéral.
En lisant les articles de Skerrett, on peut voir qu'il n’y a pas eu de génocide, ni de massacre sous les ordres de Neptune à St-Marc, que c’était en fait une séries de conflits violents ayant résulté en une douzaine de morts entre des groupes appuyant Aristide et les criminels qui voulaient le renversé.
Neptune est maintenant illégalement en prison depuis un an et il est clair qu’on doit le relâcher immédiatement.
Le cas du premier ministre haïtien Yvon Neptune nous montre à quel point ont nous a menti au sujet d’Aristide durant les mois avant son renversement.
Qu’en réalité, notre gouvernement a préféré voir des bandes de criminelles prendre le pouvoir là-bas que de laisser en place un président qui résistait à la médecine de cheval de privatisations à tout rompre imposées par des institutions financières néo-libérales.
On doit sérieusement revoir le programme de l’agence canadienne de développement internationale afin qu’on s’assure que les organisations qui luttent pour les droits humains et la démocratie le font de bonne foi et non pas pour servir une vision étroite de politique étrangère de notre gouvernement.
Au moins avant les élections haïtiennes prévues pour octobre et novembre 2005…

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