10 juin 2009

LA LEVÉE 3 JUIN 2009

1. Le déficit de 50 milliards $ annoncé par le gouvernement fédéral : tout est en place afin d'éliminer les programmes sociaux du Canada!

2. L'économie globale et la Chine : est-ce que des centaines de millions de paysans peuvent nous sauver?

3. La Corée du nord et la prolifération des armes nucléaires : à Hiroshima on nous rappelle l'existence du Traité de non-prolifération...

4. La croissance économique et les changements climatiques : tant que toute la richesse ne se retrouve pas entre les mains des mêmes gars on pourrait s'en sortir!


DEFICIT 50 MILLIARDS $

En prévoyant un déficit de 50 milliards $ la semaine dernière, le ministre des finances Jim Flaherty a rapidement accusé les chômeurs et la situation économique actuelle qui absorbent selon lui les fonds du gouvernement et qui nous poussent encore plus vers l'endettement collectif...

Oui, maintenant beaucoup de Canadiens sont sans emploi, ce qui veut dire un 4 milliards $ de plus à injecter dans le régime d'assurance emploi.

Faut rappeler par contre que durant des années les travailleurs ont payé beaucoup plus à la caisse d'assurance emploi qu'ils en ont reçu...

En effet, depuis le début des années 1990, ils ont payé 57 milliards de plus qu'ils en ont reçu... et tout ce que les libéraux ont pensé à faire était de détourner ces fonds vers d'autres dépenses...

Et dans tout ça, on oublie les réductions d'impôts massives de Flaherty en 2006 et 2007...

Donc sans les réductions d'impôts et à la TPS... ce qui équivaut à 34 milliards $ cette année... disons que le déficit d'Ottawa serait pas mal plus petit.

Bien sûr, on ne savait pas à l'époque des réductions de 2006-2007 que l'économie mondiale allait s'écrouler.

Mais ce qui est certain, par contre, c'est que ces réductions allait servir l'idéologie des conservateurs de Harper...

Leur but est de réduire considérablement les dépenses du gouvernement sur des programmes sociaux... à l'exception du militaire qui sous Harper a vu son budget atteindre 20 milliards cette année.

Faut pas oublier que Stephen Harper, il y a seulement 10 ans, était en tête du groupe de droite la coalition nationale des citoyens.

Un groupe qui entretient une profonde hostilité envers le système de santé public et les programmes sociaux du Canada.

Et lorsque son parti a pris le pouvoir, il a hérité des surplus massifs des Libéraux, difficile donc à ce moment là de procéder à des coupures...

Mais réduire considérablement les taxes et les impôts nous amène éventuellement à son but.

Si le gouvernement n'a plus de revenus supplémentaires... ou s'il commence à accumuler des déficits comme c'est le cas en ce moment... bien ça lui donne l'occasion idéale pour mettre la hache dans les programmes sociaux.

Et la véritable tragédie en ce moment c'est que malgré une décennie d'énormes surplus au budget, ni les libéraux ni les conservateurs n'ont cru bon d'investir dans les services publics...

Donc rien de significatif pour la santé, l'éducation, les transports en commun, l'assurance-emploi...

Des investissements dans ces domaines auraient donné des bénéfices beaucoup plus significatives que de banales réductions d'impôts.

Ce qui nous aurait mis en bien meilleure posture pour affronter la tempête économique.

Et là, peu importe le parti qui prendra le contrôle du gouvernement, les gros déficits seront le bouc émissaire pour empêcher le moindre investissement significatif dans le bien commun...

Donc la grosse nouvelle venant d'Ottawa au cours de la dernière semaine a été l'annonce par le ministre des finances Flaherty qu'il y aura un déficit surprise de 50 milliards $ dans le prochain budget.

Et la raison principale qui n'est jamais mentionnée c'est la série de baisses d'impôts irresponsables des libéraux et des conservateurs depuis 1995.

Premièrement le ministre des finances Paul Martin et ces 100 milliards en baisses d'impôts sur cinq ans commençant en l'an 2000.

Ensuite vint Jim Flaherty en 2006-2007 et ses 60 milliards en cinq ans.

On ajoute 12 milliards chaque année pour avoir baissé la TPS de 7% à 5% et les 50 milliards de déficit ne devraient pas nous surprendre...

Et pour les conservateurs c'est une véritable aubaine tombée du ciel : exactement le genre de crise utile pour procéder à des coupures profondes dans les programmes sociaux.

Donc on n'a pas profiter des années de surplus pour les besoins collectifs des Canadiens comme l'infrastructure, l'environnement, l'innovation industrielle...

Entre les années 1984 et 2006 le gouvernement fédéral a volontairement abandonné plus de 250 milliards en revenu avec ses baisses d'impôts... qui sont allé d'une manière totalement disproportionnée vers les riches et les grandes entreprises...

Et les prochaines baisses d'impôts pour les entreprises atteindrons 14,8 milliards en 2012-2013...

Faisant tomber l'impôt aux entreprises à 15%, le plus bas taux du G7 et un des plus bas des pays de l'OCDE.

Et détrompez-vous : ces baisses d'impôts sont purement idéologiques, n'ont rien à voir avec des calculs savant de la pseudo science économique... donc elles ne provoqueront jamais une croissance économique ni de nouveaux investissements des entreprises canadiennes...

Elles produisent qu'une seule chose, du côté des entreprises : une grosse augmentation des profits à travers 2007, sans pourtant voir d'investissements comparables.

Et est-ce que ça rend le Canada aussi compétitif que les autres pays riches? Pas du tout... en fait notre niveau de productivité et d'innovation sont en constant déclin depuis dix ans.

De la 5e place, selon l'échelle du Forum économique mondial, en 1999, le Canada est maintenant 10e.

6 des 10 pays avec les économies les plus dynamiques du monde ont les taux d'impôts pour les entreprises les plus élevés du monde.

Donc on revient à l'idéologie : réduire le plus possible les dépenses du gouvernement dans les programmes sociaux.

Une idéologie partagée par les libéraux et les conservateurs.

Une idéologie qui favorise nettement le privé sur le public...

Les baisses d'impôts ce n'est pas que de l'argent qui reste dans vos poches... elles réduisent les bénéfices qui viennent de biens communs... et augmentent les revenus pour les gens tout en haut de l'échelle sociale.

Donc avec le 50 milliards dans notre face, les citoyens canadiens ont le choix entre deux options :

couper dans les programmes sociaux ou retourner à un système fiscale qui paie pour des choses que nous voulons tous et qui contribuent au progrès et au bien-être collectif.

Flaherty, et les conservateurs, ont la hache en main et veulent tout sabrer jusqu'au sang...

Allez-vous les laisser faire?


CHINE ET ÉCONOMIE GLOBALE

Avec l'état de l'économie globale, les yeux des économistes du monde sont rivés vers la Chine, qui pourrait avec sa croissance nous tirer d'une dépression...

Maintenant que la classe moyenne américaine n'a plus les moyens de consommer assez, écrasée de toute façon par une dette massive, on doit voir ailleurs pour une stimulation de la production globale...

Et la Chine pourrait s'en sortir avec un programme de stimulation de 586$ milliards.

Mais avec les côtes urbaines de la Chine souffrant de l'écroulement de la demande globale, beaucoup mise sur la population intérieure de la Chine pour stimuler la demande...

une portion significative du programme de stimulation de Pékin vise l'infrastructure et les programmes sociaux dans les régions rurales de la Chine.

On le sait la Chine a une machine industrielle gigantesque... est-ce que la population rurale aura assez de moyens pour absorber ce qui en sort?

Même lorsque les exportations étaient élevées, 75% des industries chinoises surproduisaient...

Mais pour revenir à la population rurale, aucun plan de stimulation économique ne pourra renverser l'impact d'une politique économique sur un quart de siècle qui visait à sacrifier les régions rurales de la Chine pour la croissance des centres urbains axés exclusivement sur l'exportation...

Et ironiquement, la montée en puissance de l'économie chinoise au cours des 30 dernières années a commencé avec les réformes rurales de Deng Xiaoping en 1978...

On permettait à chaque ménage d'avoir un bout de terre pour l'agriculture... chaque ferme pouvait garder une part des récoltes après avoir vendu un quotas au gouvernement à un taux fixe...

Les paysans pouvaient ensuite consommer ou vendre leur surplus au marché...

Du coup, les revenus du monde rural ont augmenté de 15% en moyenne par année...

Cet âge d'or est venu à une fin lorsque le gouvernement chinois a adopté sa stratégie de tout sacrifier pour une industrialisation rapide basée sur une urbanisation des côtes en vue d'exportations massives...

Cette stratégie, adoptée par le 12e congrès national du parti communiste chinois a été faite sur les épaules des paysans...

Donc une accumulation primitive de capital en coupant profondément dans les surplus des paysans...

On estime à 315 millions entre 1984 et 2004 le nombre de paysans qui ont été chassé de leurs terres pour faire de la place aux routes, aux aéroports, aux barrages, aux usines, etc.

Et en voulant se joindre à l'économie globale et se soumettre aux règles de l'OMC, la Chine a dramatiquement réduit l'aide agricole...

Tout ça pour ouvrir le marché mondial à ses exportations des zones industrielles côtières...

Mais là, en 2004, après des années à exporter de la nourriture, la Chine a enregistrer un déficit d'échange agricole.

La Chine se voit contrainte d'importer des produits agricoles... laissant des centaines de milliers de fermiers à leur sort...

Et pour être certain de bien planter les paysans, la Chine est en train d'instaurer une politique où il sera possible pour des gens plus fortunés d'accumuler des terres à grande échelle.

Créant ainsi le scénario que l'on voit trop souvent dans le monde : de grands propriétaires entourés de paysans sans terre qui n'ont rien.

Donc avec tout ça, faudra surtout pas compter sur les plus récentes annonces du gouvernement chinois visant à stimuler la demande paysanne pour relancer l'économie mondiale...


ESSAIS NUCLÉAIRES CORÉE DU NORD

Les tests nucléaires récents de la Corée du Nord ne font que mettre en lumière les dangers qui guettent un monde où la bombe atomique se répand et se multiplie.

Et oui, même s'il faut bien taper sur la Corée du Nord... faut surtout pas oublier l'existence du fameux Traité de non-prolifération nucléaire...

Ni l'obligation de tous les signataires du traité, incluant les EU, d'atteindre l'élimination totale de leur arsenal nucléaire.

La vraie question derrière l'essai nucléaire de la Corée du Nord est celle-ci : est-ce que la bombe atomique va continuer à être vu par des pays comme étant quelque chose à avoir à tout prix... ou est-ce que collectivement la planète peut les voir comme étant une menace à l'humanité toute entière?

Les ententes actuelles sur la non-prolifération sont passées date... ce qui est inquiétant, car ça pourrait mener à une multiplication du nombre de pays qui possède la bombe.

Dans le Traité de non-prolifération que tout le monde ignore, il est écrit dans l'article 6 que ceux qui n'ont pas d'armes nucléaires auront un accès à la technologie menant à l'énergie nucléaire... s'ils n'essaient pas d'obtenir la bombe en bout de ligne.

... et ceux qui ont la bombe réduiront leur stocks jusqu'au chiffre magique de zéro.

Il va sans dire que personne ne semble respecter le Traité.

Donc le message est clair pour des pays comme la Corée du Nord ou l'Iran : allez-y, développer la bombe atomique parce nous qui avons déjà la bombe n'avons pas l'intention de nous en débarrasser.

Alors, peut-être maintenant que le monde contemple la possibilité de voir la Corée du Nord et l'Iran, voire les Talibans au Pakistan armés de la bombe atomique...

Les obligations des puissances nucléaires actuelles de travailler vers l'abolition de leur propres bombes recevra l'attention nécessaire requise pour y arriver.


ECONOMIE ET CLASSE SOCIALE

Au cours des huit derniers mois, nos économistes et nos politiciens ont été concentré à trouver le moyen de sauver des banques et des grandes entreprises de la faillite.

Mais au cours des dix dernières années, nous avons collectivement ignoré les transferts massifs de richesse vers une minorité.

À un point où les membres de la classe des travailleurs peuvent de moins en moins consommer des biens et des services...

Ce qui mène à des cercles vicieux de mises à pied, une croissance du nombre de sans-emploi qui mène à encore plus de consommateurs qui ne peuvent pas acheter les produits et services d'entreprises qui surproduisent...

... Ce qui mène à d'autre renvois et encore moins d'argent dans les poches des travailleurs, etc.

Et en parallèle, un problème tout aussi dangereux est celui de la concentration de la richesse qui tue dans l'oeuf l'innovation nécessaire afin de créer de nouvelles industries...

... qui pourraient créer de nouveaux emplois et ainsi peut-être nous sortir du cercle vicieux...

Les très très riches, en général possèdent quelques maisons, des avions, des bateaux, etc.

Le problème c'est qu'ils ne peuvent justement pas acheter assez pour compenser pour les achats que des centaines de milliers de travailleurs ne peuvent plus faire parce que l'on a transféré la richesse vers le haut...

Les biens et services collectent la poussière, ce qui mène à une réduction de production et la fermeture d'usines, des faillites, etc.

Donc pour le bonheur de leurs patrons, ou pour eux-mêmes la plupart du temps, nos politiciens ont depuis les années 1990 tout fait pour tirer l'économie de marché capitaliste vers le bas...

Ils ont repoussé une redistribution de richesse, de la réglementation, des politiques économiques qui gardaient le système à flot...

Avec le résultat que l'on connaît aujourd'hui.

Et le plus triste, c'est que nous n'avons aucun bénéfice réel aujourd'hui à la suite de toutes ces années où l'économie baignait dans l'huile!

Trop de millionnaires et de milliardaires assis sur trop de milliards de dollars attachés à des yachts et des châteaux et rien pour des programmes sociaux ou l'innovation...

Nos entrepreneurs n'ont pas accès aux fonds nécessaires afin de créer, développer de nouvelles idées qui pourraient remettre les gens au travail...

et surtout, nous amener vers un virage vert qui pourrait nous sauver de l'apocalypse des changements climatiques...




RESSOURCES MONDIALES

Malgré le consensus scientifique soulignant l'urgence de s'attaquer aux causes des changements climatiques...

l'attachement idéologique de nos politiciens à la croissance économique menace de perturber toutes tentatives sérieuses de renverser les effets de la plus grande crise environnementale de l'histoire.

Les informations qui sortent en lien à la conférence de Copenhague sur le climat en décembre, supposé nous mener vers un post-Kyoto, nous indique que les émissions de GES continuent d'augmenter, accélérant du coup les changements de températures à un rythme plus qu'alarmant.

Devant ces faits scientifiques irréfutables, comment ça se fait que nos politiciens en font si peu pour réduire nos émissions de GES et d'attaquer de front les causes des changements climatiques?

La réponse est simple : ils ne peuvent tout simplement pas résister à l'influence des intérêts des riches et puissants... au point d'ignorer l'avènement d'une série de désastres écologiques aux conséquences sociales dévastatrices...

Il ne nous reste que l'action directe, dans la rue, afin de contre-carrer l'influence pesante des grandes entreprises qui empêchent nos politiciens d'agir avec la législation convenable.

Pour l'instant, la seule approche qu'ont trouvé les politiciens des pays riches pour contrer le réchauffement climatique c'est de protéger les entreprises avec des approches dites vertes qui génèrent des profits...

Et la compétition globale entre les nations fait en sorte que personne veut aller de l'avant avec des mesures radicales nécessaires, de peur d'être relayé à l'arrière de la course financière...

Et donc on préfère mettre le blâme, la culpabilité sur l'individu, on lui demande de changer ses ampoules et d'amener des sacs en coton à l'épicerie...

comme si d'aussi insignifiantes actions empêcheront les caps glaciers de fondre et de rendre les changements climatiques irréversibles...

Comme si planter des arbres ou acheter des produits verts fera quoi que ce soit pour nous sauver...

Le coeur du problème c'est les émissions de GES, et ça on ne semble pas vouloir vraiment y trouver une solution parce que ça l'affecterait la croissance trimestrielle...

Oui, l'engagement personnel c'est crucial, et des ajustements chez chaque personne, chaque ménage sont nécessaires, mais ces mesures chez les consommateurs n'ont pas la portée nécessaire et sont généralement possible que dans les pays les plus riches...

Ça prendrait des décennies d'adaptation de préférences des consommateurs afin de changer notre impact sur la planète... et encore c'est un pari, personne ne peut le garantir.

Nous n'avons tout simplement pas le temps de voir si ça marcherait de toute façon.

La seule stratégie qui marcherait serait pour les gouvernements du monde de cibler les sources des émissions de GES. Point.

Ça voudrait dire, entre autres, internaliser les véritables coûts de productions dans les prix des biens de consommation.

On pourrait faire une pierre deux coups et redistribuer assez les richesses pour permettre au plus grand nombre d'avoir accès à ces biens aux nouveaux prix qui représentent leurs véritables impacts sur la planète.

Au cours des 25 dernières années, l'économie mondiale a doublé, mais 60% des écosystèmes de la planètes se sont dégradés.

Les émissions de GES ont augmenté de 40% depuis 1990.

Les réductions nécessaires pour notre survie équivalent à 11 fois mois que la consommation moyenne des pays riches.

Il y a un consensus grandissant dans la communauté scientifique que la seule manière d'éviter le pire serait un changement radical de nos politiques vers les intérêts du public et l'environnement, bien au-dessus des intérêts des entreprises et leur marges de profits.

Il va sans dire que sans l'action immédiate du public et l'élimination des barrières idéologiques...

Nos gouvernements vont tout simplement nous mener sur les mêmes voie qui nous pousse présentement sur le bord du précipice collectif.

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