10 juin 2009

LA LEVEE 10 JUIN 2009

1. Le discours d'Obama aux Musulmans : c'était correct, mais concernant Israël il était un peu Bush sur les bords.

2. Après 47 ans, l'Organisation des Etats américains ouvre la porte à Cuba... mais, Castro est-il intéressé?

3. L'accord de libre-échange entre le Canada et la Colombie sur la glace : quoi faire maintenant pour le mettre à la poubelle pour de bon!

4. La destruction de la forêt amazonienne : un récent rapport de Greenpeace démontre la complicité du président brésilien Lula.

5. Election présidentielle iranienne : la vague verte se déferle sur Mahmoud Ahmadinejad.

6. Elections au parlement européen : les gens qui ont pris la peine de voter ont perdu la foi en la social-démocratie.



DISCOURS DE OBAMA

Le 4 juin dernier le président des ÉU, Barack Obama -- des fois on oublie qui est le président tellement il est différents des précédents -- a tenu un discours historique dans un effort de tendre la main aux musulmans.

Devant une foule bien choisie présente à l'université de Le Caire en Egypte, il a livré un discours qui, en somme, a été très bien reçu par les musulmans.

Il a parlé de l'Iran... rappelant que les EU avaient contribué au renversement du gouvernement moderniste et démocratiquement élu de Mossadeq au début des années 1950.

Et ainsi, a contribué, à des décennies de mauvaises relations... ce qui est vrai et c'était super d'entendre le président des EU l'affirmer.

Mais concernant Israël et la Palestine, on ne peut être que déçu par ce que Barack Obama a dit, plutôt, ce qu'il n'a pas dit...

Il a critiqué les Palestiniens pour leur violence envers les Israéliens... mais n'a rien dit sur la violence israélienne contre les Palestiniens à Gaza...

Obama a demandé aux deux camps de ne pas passer leur temps à pointer le doigt à l'autre

Il a invité les belligérants à essayer de voir le conflit à travers les yeux de l'autre...

Il y a, par contre, un 3e joueur incontournable, les EU, qui a joué un rôle décisif dans le conflit actuel...

Et Obama n'a donné aucune indication que le rôle de Washington va changer.

Faut rappeler qu'il y a un consensus international depuis longtemps concernant une solution à deux États sur le territoire palestinien, selon les frontières précédent les invasions de 1967.

Seul les EU, au début des années 1970, est allé à contre-courant de la planète entière et a appuyé Israël dans son processus d'annexion de ces territoires...

Alors, c'est dans contexte que Obama a demandé aux États arabes de procéder à la normalisation de relation avec Israël, ignorant, par contre, que les conditions actuelles sont inacceptables pour la population palestinienne.

Oui, il a indiqué qu'il n'accepterait plus la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens, mais il n'a pas parler des colonies déjà en place grâce à l'appui états-unien.

Permettant, du coup, à Israël de prendre possession des terres les plus fertiles et surtout, surtout, des meilleures sources d'eau en Cisjordanie.

En bref, prendre tout ce qui est du côté Israélien du mur de séparation, l'emprisonnant, séparant le reste du territoire en cantons s'étendant loin vers l'Est.

Une autre omission est qu'Israël a envahi une partie de Jérusalem, déplaçant un grand nombre d'Arabes, alors ce qui restera d'un État palestinien sera séparé de son centre culturel, économique et socio-politique.

Obama doit le savoir, il le sait... franchement... si je le sais il le sait!

Tout ça est complètement illégal devant la loi international...

Réaffirmé maintes fois par des résolutions du conseil de sécurité de l'ONU et la cour internationale de justice.

Et le président américain n'a pas mentionné les opérations réussies qui depuis 1991 ont comme but de séparé la bande de Gaza de la Cisjordanie.

La bande de Gaza qui est, depuis, une prison à ciel ouvert où la survie est à peine possible...

Alors, oui, beau discours d'Obama, il n'est certainement pas George Bush, mais ça ne veut rien dire s'il est pour appliquer les mêmes politiques envers Israël et la Palestine que son prédécesseur.


CUBA ET OEA

L'organisation des États américains a voté mercredi dernier de renverser la mesure, prise en 1962, qui empêchait Cuba d'être membre du groupe.

Ce qui met fin a un des derniers vestiges de la guerre froide.

Ce geste ne veut surtout pas dire que Cuba va rejoindre à nouveau l'organisation regroupant 34 États des Amériques.

Le point de vue officiel du pays communiste est que l'organisation n'est qu'un outil impérialiste des EU.

Mais si jamais Cuba changeait d'idée, l'entente propose un processus de dialogue sur les droits humains et la démocratie sur l'Ile de Castro.

La décision d'accepter Cuba a été prise par consensus, ce qui veut dire que les EU sont d'accord...

Rappelons que les EU ont gagné la suspension de Cuba en 1962 alors que le gouvernement de Castro s'est aligné au bloc soviétique a un moment de forte tension globale.

Mais en ce moment, avec des gouvernements de centre-gauche se répandant à travers les amériques, l'isolation de Cuba s'érode.

Tous les pays à l'exception des EU ont normalisé leurs relations avec Cuba et l'embargo des EU est vraiment mal vu.

Etre membre de l'OEA donne au pays une voix dans des ententes hémisphériques sur des questions importantes.

L'OEA a souvent agi à titre de médiateur dans des conflits politiques entre États et il coordonne des politiques liées à la santé et la protection des droits humains.

La semaine dernière Fidel Castro a écrit que l'OEA ne devrait même pas exister et que historiquement elle a été un cheval de Troie pour Washington afin de piller les Amériques.

Dernièrement... faut donné un certain mérite au président Obama, Washington s'est ouvert un peu envers Cuba, levant des restrictions de transferts d'argent vers l'Ile entre des membres d'une même famille... et Washington a repris des pourparlers sur des politiques d'immigration et le service postal avec La Havane.

C'est un début... on verra donc si les deux États peuvent se rapprocher d'avantage, basé sur une ouverte et un nouveau respect... ce qui pourrait aider considérablement la population cubaine.


LIBRE-ECHANGE CANADA COLOMBIE

L'entente de libre échange entre la Colombie et la Canada a été mise sur la glace par Ottawa le 27 mai dernier.

Mais détrompez-vous, les conservateurs et certains libéraux attendent impatiemment le moment de la réactiver.

J'en ai souvent parlé ici : les implications du traité pour les Colombiens seraient catastrophiques.

Le libre-échange est basé sur l'éradication des tarifs.

Dans le développement économique, les tarifs sont un outil indispensable pour les économies sous développées afin de protéger des industries domestiques.

Les ententes de libre-échange favorisent donc toujours les économies les plus développées qui produisent plus facilement, ayant accès à plus de capital.

Faut le dire et le souligner pour que le message passe bien... aucun pays ne s'est jamais développé économiquement sans l'utilisation de tarifs.

Et la petite industrie manufacturière de la Colombie en a bien sûr, besoin.

Et concernant l'industrie agricole de la Colombie les effets pourraient être bien pires que pour le secteur manufacturier.

12 millions de Colombiens, sur 44 millions, vivent dans des régions rurales.

L'entente de libre-échange fera en sorte que les exportations alimentaires du Canada vers la Colombie feront un mal certain aux marchés locaux, détruisant des dizaines de milliers d'emplois.

Et comme toutes les ententes de libre-échange, celle que l'on prépare entre le Canada et la Colombie favorise donc l'économie la plus développée.

Et côté agriculture, le Canada a un avantage partout sauf pour le café et le coca, bien sûr.

Bien que les pays riches parlent tout le temps de libre-échange, synonyme de lois du marché, ils subventionnent leurs industries agricoles d'une manière totalement injuste... qui n'a rien à voir avec le marché-libre.

Maintenant, non seulement on risque de détruire l'industrie agricole de la Colombie, on risque fort bien de la pervertir... encourageant la Colombie a aller du côté des monocultures pour l'exportation vers le nord.

Le sous-sol colombien est, aussi, très alléchant pour les compagnies minières canadiennes...

Et comme d'autres ententes de libre-échange, celle entre la Colombie et le Canada n'est qu'une charte des droits des investisseurs, qui sont surtout en faveur des droits des investisseurs étrangers les plus riches.

Les investissements canadiens en Colombie s'élèvent maintenant à 3 milliards $ et iront à 5G$ d'ici deux ans... surtout dans les secteurs miniers et énergétiques.

Et nos industries dans ces domaines là ont poussé fort pour changer les règles du jeu en Colombie, menant à une nouvelle législation minière, énergétique et bien sûr, environnementale.

Le rôle de l'État colombien concernant l'environnement a été relayé à appuyer les investisseurs plutôt que de les contrôler.

Et si ces choses là n'étaient pas assez graves, toute l'entente a été négociée durant une période où il a été reconnu, sans l'ombre d'un doute, que l'administration d'Alvaro Uribe a eu recours aux paramilitaires afin d'éradiquer, bref, de nettoyer le pays d'indésirables...

Notamment, de syndicalistes, de journalistes, de paysans et de travailleurs humanitaires qui se sont mis sur son chemin de développement et de modernisation sauvage.

Le président de la Colombie viendra visiter le Canada au mois de juin afin de ressusciter l'entente.

Offrons-lui l'accueil qu'il mérite!

Et même si le nombre de crimes commis par son administratio est en baisse depuis quelque temps, elles ont encore lieu... et rien n'indique que les assassinats et les déplacements forcés n'augmenteront pas pour faire de la place au profit des entreprises canadiennes.


MORT DE L'AMAZONIE

Au cours des 10 dernières années, Greenpeace travaille avec des communautés en Amazonie afin de protéger la forêt tropicale.

La semaine dernière, Greenpeace a publié un rapport résumant une enquête de trois ans démontrant le rôle destructeur des bovins dans la déforestation illégale de l'Amazonie.

Le rapport révèle les impacts dévastateurs des ruminants sur le climat, la biodiversité et les communautés locales.

L'élevage de bovin est sans contredit la plus grande cause de déforestation dans le monde... et la forêt amazonienne recule chaque jour pour y faire de la place.

Le rapport révèle comment le gouvernement brésilien est un partenaire silencieux dans ces crimes en subventionnant les trois plus gros joueurs de cette industrie.

Greenpeace entrera maintenant en négociations avec plusieurs entreprises qui achètent ou utilisent des produits de cet élevage qui contribue au recul du poumon de la Terre.

On se fiait sur le gouvernement de Lula au Brésil afin de protéger la forêt amazonienne...

Eh bien, non seulement il n'y arrive pas... il a passera une nouvelle loi qui légalisera la propriété de 67 millions d'hectares de terres amazoniennes qui avaient été saisies illégalement.

Ce qui représente un territoire la grandeur de la Norvège et de l'Allemagne mis ensemble.

Une deuxième loi permettra aussi aussi de doubler la superficie permises pour les coupes à blanc à l'intérieure d'une même propriété.

Il est clair maintenant que Lula ne fait pas partie de la solution mais il contribue plutôt au problème.

Protéger la forêt amazonienne au Brésil est une partie critique de la lutte au réchauffement climatique.

Le Brésil doit se joindre aux efforts qui auront lieu à Copenhague au mois de décembre.

Et pendant que Lula fait des discours pour dire à quel point il veut protéger la forêt amazonienne... des pans entiers disparaissent à tout jamais.


ELECTION IRANIENNE

Parlons maintenant de l'élection présidentielle en Iran qui aura lieu le 12 juin, donc ce vendredi.

Et le buzz en ce moment à Téhéran c'est que Mir Hossein Mousavi devrait remporter la victoire sur Mahmoud Ahmadinejad dont j'ai vraiment scrapé le nom lors de son élection...

Alors Mousavi est un candidat pro-réformiste qui surfe sur une vague verte : la couleur de sa campagne.

Bien sûr, les conservateurs et Ahmadinejad ont beaucoup de recours à leur portée.

Les services de sécurité, le système judiciaire, la guarde révolutionnaire, le ministre de l'intérieur qui va compter les votes.

On a même fermé Facebook en Iran... sous d'autres prétextes, mais il est évident que c'était parce que c'était un outil moussant la popularité de Mousavi.

Mais Mousavi pourrait ultimement avoir la faveur de la rue...

Récemment plus de 300 artistes iraniens se sont réunis pour montrer leur appui à Mousavi.

Son épouse, artiste aussi, ne se gêne pas de prendre la parole en public, et qui, du jamais vu en Iran, fait campagne aux côtés de son mari, lui tenant même la main en public.

Avec chaque jour qui passe, donc, sa vague verte prend de l'ampleur...

Peut-être que les Iraniens pourront élire enfin un progressistes à la tête de leur gouvernement.

Un progressiste qui serait en mesure d'ouvrir la porte et ainsi amener son peuple à nous rejoindre dans le monde moderne où on a séparé l'église de l'État.


ELECTION EUROPEENNE

Les récentes élections pour le parlement européen sont un baromètre qui nous montre dans quelle direction va le vieux continent...

Et à travers l'Europe, les électeurs en ont profité pour enregistrer des votes de protestation.

Cette année le taux de participation a quand même frapper un plancher historique de 43%.

Mais deux choses sont claires : le centre-droit a gagné du terrain par rapport à la gauche et les sociaux-démocrates...

Même en France, en Italie, en Allemagne où on se serait attendu à ce que les électeurs se défoulent sur la droite au pouvoir...

Bien non, on a assisté malgré tout à un écroulement de la gauche, laissant la voie ouverte à un nombre sans précédent d'élus de l'extrême droite, voire néo-fasciste.

Des partis d'extrême-droite ont fait des percées aux Pays-Bas, en Hongrie, en Autriche et en Slovaquie.

Même en GB où les électeurs ont mis en poste pas un, mais deux candidats de la British National Parti... un groupe raciste et neo-nazi engagé dans la suprématie blanche et le renversement de ce qu'ils qualifie de vague d'immigrants non-blanc.

Alors, qu'est-ce qui explique ce résultat aussi repoussant?

Bon, l'économie a certainement quelque chose à y voir... des personnes qui n'ont rien et qui ont faim vont nécessairement se retourner contre leur voisins.

Mais c'est aussi une perte de foi en l'idée de l'Europe... on en veut aussi aux politiciens qui semblent tous corrompus et déconnectés de la réalité du peuple.

On a aussi perdu la foi en l'habilité des partis de gauche de présenter des alternatives viables et engageantes.

En Allemagne, en France et en Italie les partis de centre-gauche sont sur la défensive, n'offrant pas de voies alternatives pour contrer la récession...

C'est beaucoup plus facile et accepté pour les politiciens de blâmer les problèmes de leur pays sur les immigrants et les minorités.

Pourtant, il n'y a pas plus longtemps que le 6 juin dernier, Gordon Brown, Barack Obama et Nicolas Sarkozy se sont rencontrés sur les plages de la Normandie avec quelques uns des derniers vétérans de la guerre de l'Europe contre les fascistes.

... Alors que les derniers souvenirs de cette lutte s'efface, le racisme qui se terre dans les recoins de l'Europe retrouve une place pour s'affirmer, encore une fois.

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