28 mars 2008

LA LEVÉE 26 MARS 2008

1. Les Olympiques et la répression vont de pairs : dans le contexte de la Chine et des tibétains, nous revenons sur les expériences olympiques du passé.
2. La marche tranquille de la Russie vers le transfert du pouvoir : après le calme, la tempête?
3. En vue du prochain sommet du partenariat sur la sécurité et la prospérité le 21 avril prochain, nous reverrons l'héritage honteux de l'ALENA.

NETTOYAGE OLYMPIQUE



La répression de la Chine sur les manifestants tibétains avant les jeux olympiques d'été à Beijing évoque les échos de l'histoire extrêmement violente du pays...

Des dizaines de personnes, incluant des enfants, sont rapportés comme étant tués lors des manifestations et on peut s'attendre à encore plus de rébellions.

Après des décennies d'occupation, cette réplique des autorités chinoises a choqué le monde

Tout ça arrive une semaine après que les ÉU aient enlevé la Chine de sa liste des pires traitements des droits humains.

Mais malgré tout, les expressions d'inquiétude et les critiques des dirigeants de la planète semblent moins en compassion avec le peuple tibétain que pour le destin des jeux olympiques...

L'argent à faire avec les jeux semble donc plus important que le destin et les mauvais traitements des tibétains.

Depuis son occupation du Tibet depuis 1951 la Chine a supprimé la foi bouddhiste et a rendu les tibétains minoritaires, une minorité persécutée dans leur propre pays à travers la migration massive de millions de Chinois Han.

Alors que les jeunes et les moines tibétains prenaient la rue au cours de le fin de semaine, le gouvernement Chinois a indiqué clairement qu'aucune forme de protestation ne sera tolérée.

Mais faut rappeler aussi que ce n'est pas juste la Chine qui est coupable de répression sur des minorités durant les mois précédent l'arrivée de la torche olympique.

Il y a 32 ans à Montréal se sont tenus les Jeux d'été de 76, qui ont été précédés quelques mois plus tôt par ce qui est appelé aujourd'hui le grand «nettoyage olympique».

150 gais et lesbiennes ont été arrêtés lors de ces descentes policières commandées par les autorités dans les bars et saunas de la ville, entre janvier et juin 1976

En 1984 à Los Angeles des milliers de jeunes hommes noirs ont été emprisonnés des mois avant le début des cérémonies olympiques.

En 1996 aux jeux d'Atlanta des quartiers entiers ont été rasés pour faire place à de nouvelles constructions... des sans-abris ont été chassés des rues

À Vancouver, on se prépare déjà à faire le ménage en préparation des jeux olympiques d'hiver de 2010.

En Grèce, c'est durant les mois suivant les jeux de 2004 que le nettoyage des rues s'est accéléré, surtout à Athènes.

Mais le pire exemple de répression olympique, et qui ressemble le plus à la situation en Chine, s'est produite en 1968 à Mexico.

Des centaines d'étudiants et de travailleurs mexicains qui occupaient l'université nationale ont été froidement abattus à la place de la culture le 2 octobre 1968, soit 10 jours avant le début des jeux.

En Chine, les officiels peuvent bien essayer d'éteindre les flammes des protestations à Lhasa et ailleurs en Chine, mais tout au long de étapes menant aux cérémonies des jeux, de la trajectoire de la torche olympique jusqu'aux nouvelles contructions rutilantes à Beijing...

Le risque de protestation, ou devrait-je dire, l'opportunité de manifester contre des injustices intolérables, sera de plus en plus conrète et possible... tant mieux!

RUSSIE



Je reviens sur les élections qui ont été tenues en Russie

Après l'élection, le 2 mars de Dmitri Medvedev au poste de président, de nombreux analystes s'interrogent sur le futur partage de pouvoirs entre lui et M. Poutine qui doit devenir Premier ministre.

Le parti Russie unie dont Vladimir Poutine conduisait la liste a largement remporté les élections législatives du 2 décembre, obtenant 315 des 450 sièges à la Douma.

Chez les Russes en particulier, on se plaint qu'il n'y ait pas eu de véritables campagnes électorales.

Les rivaux de Dmitry Medvedev avaient l'air complètement apathiques, ne croyant aucunement en leurs chances de remporter la victoire.

Et même Medvedev avaient l'air complètement indifférent devant sa victoire imminente...

Mais on peut se poser la question de savoir où ont été les manifestants et pourquoi les masses n'ont pas descendu dans les rues pour protester contre l'absence de véritable démocratie...

Il y avait le mirage d'une autre révolution orange, du type que l'on a vu en Ukraine quelques années avant, s'est dissipée sans aucune coercition des autorités.

Mais il ne faut pas croire pour autant qu'il n'y a aucune volonté pour des manifestations massives en Russie.

Les autorités en Russie se sont bien arrangées pour ne pas que ça se produise...

La solution a été de créer un système de partis politiques qui ne représentent aucunement les intérêts publics.

Les députés à la Duma ne sont pas en mesure d'agir efficacement en tant que législateurs.

Le Kremlin a créé la Chambre publique pour jouer le rôle officiel de société civile.

Les autorités ont créé de toutes pièces un mouvement de jeunesse, le Nashi, et a organisé à grands frais des rencontres à travers le pays.

De nombreuses publications, des journaux, avaient aussi mystérieusement apparu dans les kiosques...

en plus, une liste sans fin de fonds, d'unions et de conseils d'expert ont émergés semble-t-il de nulle part...

La machine Poutine a été d'une froide efficacité dans sa création d'une opposition artificielle.

Mais il y a le danger, maintenant que c'est mission accomplie depuis le 2 décembre, que ces nouvelles organisations ne servent pas à appuyer le Kremlin, mais qu'elles deviennent un poids mort.

La démocratie se construit toujours par le bas, doit toujours émerger de la base, et dans le cas de la Russie il est évident que le pays a la tête à l'envers.

Ça sera très intéressant de voir comment les autorités en Russie traiteront cette créature artificielle de société civile qui vivote péniblement maintenant que sa fonction a été remplie.

Les libéraux espèrent que l'inauguration de Medvedev en mai marquera la fin du régime Poutine où il imposait des contrôles étatiques sur le bon roulement de l'économie.

Essentiellement, ils souhaitent le retour de la période Yeltsin...

Mais pour revenir au processus électoral, les observateurs ont noté qu'il s'agissait d'un processus qui respectait les règles électorales

Le taux de fraude a été beaucoup plus bas qu'en 1996 qui a mené à l'élection de Boris Yeltsin.

Cette fois ci, comme je disais, l'élection de Medvedev semblait être incontournable, comme si le peuple Russe a été mis devant un fait accompli, voici votre nouveau président.

Medvedev n'a pas eu à convaincre les Russes de ses valeurs, a démontré que sa vision était la meilleure.

il devra maintenant convaincre les Russes qu'ils ont fait le bon choix, presque malgré eux, et je pense que c'est à partir de mai que les autorités Russe devront affronter la grogne du peuple, et peut-être, l'émergence d'une vraie société civile, et de véritables actes de démocratie.

ALENA



Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, a affirmé à Washington la semaine dernière que les démocrates américains devraient travailler avec le Canada pour relever les normes du travail et environnementales de l'Accord de libre-échange nord-américain, l'ALENA.

Tant Hillary Clinton que Barack Obama, ont promis de rouvrir l'entente commerciale.

Cette promesse de revoir l'ALENA a causé des crises de panique parmi les néo-libéraux au Canada, qui croit, bien à tort, que l'ALENA est une bonne chose.

C'est croire que le Canada et le Mexique ont été en mesure, à la fin des années 1980, d'embarquer les ÉU dans une entente dans lequel ils se sont fait avoir.

C'est ce que Brian Mulroney et le patronat canadien croyaient à l'époque...

Qu'en est-il vraiment?

Eh bien, nous avons carrément remis l'accès à 63% de notre pétrole, 56% de notre gaz naturel, et il n'y a aucun moyen de limiter cet accès, même en cas de catastrophe ou d'urgence nationale.

Et qu'est-ce que l'on a eu en échange? Un supposé accès garantit aux marchés américains, le tout basé sur des mécanismes de règlement de disputes.

Sauf que ces mécanismes n'ont jamais vu le jour.

Et si l'on se pose la question à savoir pour qui c'était bon cette chose-là, bien il faut absolument considérer où nous sommes dans les classes sociales.

Sous l'ALENA, les trois grands constructeurs automobiles ont réduit leur masse de travailleurs de 50%, tout en augmentant leurs revenus de 70%.

Les emplois dans les secteurs manufacturiers ont décliné, mais ont augmenté dans les emplois moins payant du secteur des services.

Les vrais salaires n'ont pas augmenté depuis la première entente de libre-échange en 1988. Une première historique.

La productivité a continué d'augmenter, mais, dans le passé, les salaires augmentaient en conséquence.

C'est plutôt le salaire des PDG qui a monté en flèche, en 2005 ils ont fait en moyenne 237 fois le salaire moyen, doublant le taux précédant l'ALENA. L'argent qui revenait aux travailleurs auparavant se trouve maintenant dans les poches du haut 0.01%.

La part des salaires dans la grande tarte économique a été réduite pendant que la part des profits a augmenté.

Et si l'on regarde les bien publics, comme la santé et l'éducation, dont on nous a dit qu'ils fleuriraient sous les ententes de libre-échange... mais nos bons gouvernements les ont réduits de 26%.

Mais la grogne, contre l'ALENA, n'est pas juste ici du côté des Néo-démocrates et chez les démocrates aux ÉU.

Aux ÉU 6 sur 10 électeurs républicains disent que l'ALENA a causé du tort.

Deux Mexicains sur un n'aiment pas l'ALENA, le contraire d'il y a 10 ans.

Ce qui est plate c'est que nous en parlons seulement lorsqu'il y a des élections. Après ça, rien.

Donc Mme Clinton et M Obama ont promis de renégocier l'ALENA s'ils sont élus.

Et il est sage de croire qu'ils voudront le faire de manière à ce que ça concorde plus avec les besoins des ÉU, certainement pas le Canada ou le Mexique.

Déjà, l'ALENA renverse la constitution canadienne, enlevant le pouvoir de nos élus de taxer les exportations, de sécuriser les réserves d'hydrocarbures pour le marché intérieur, et de promouvoir des politiques économiques favorisant la production canadienne.
Les règles de l'ALENA empoisonnent l'environnement et les droits des travailleurs.

Car sous l'ALENA il est impossible de concevoir et d'implanter une stratégie économique durable et efficace qui bénéficierait aux travailleurs et qui protègerait l'environnement.

Plus important encore, si l'on voulait, genre, implanter un programme national qui menacerait les profits d'une entreprise américaine qui est dans le domaine, les payeurs de taxes devraient payer une forte compensation à cette entreprise avant même de lancer le programme.

... Résultat, nous sommes entrés dans une période de PPP pour toute une panoplie de domaines qui étaient auparavant réservés au public : les ponts, les hôpitaux, les routes, les transports en commun.

Une solution que je suis tombé dessus pendant mes recherches serait que le Canada adopte une stratégie économique vigoureuse axée sur une banque d'investissement publique, ou un fonds souverain, tirant ses revenus sur une forte taxation sur les ressources épuisables.

Il y aurait moyen de contourner l'ALENA à travers un peu d'intelligence et de vision dans l'élaboration de politiques économiques.

Des groupes de citoyens et de législateurs s'organisent dans les trois pays sous l'ALENA
Pour relancer, réécrire la constitution continentale qu'est l'ALENA.... et aussi pour arrêter le projet dangereux et nébuleux qu'est le PSP, le fameux projet de sécurité et de prospérité.

Le PSP, qui n'est rien de moins que la négociation secrète pour la privatisation de tous les programmes publics.

Soyez à l'écoute mercredi prochain, je devrais avoir avec nous Pierre-Yves Serinet du RQIC, le réseau québécois sur l'intégration continentale qui nous parlera de l'ALENA, mais surtout des préparatifs en vue du prochain sommet sur le PSP aux Nouvelle-Orléans
Les 21 et 22 avril prochain.

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