1. L'assassinat de Raul Reyes par la Colombie : Uribe pratique-t-il la méthode israélienne?
2. Des élections à venir au Zimbabwe : y'a-t-il de l'espoir pour l'opposition à robert Mugabe?
COLOMBIE
Le ministre équatorien de la Défense, Wellington Sandoval, a annoncé hier que son pays maintiendra ses troupes à la frontière avec la Colombie.
Quelque 3.000 soldats équatoriens seront déployés dans la région bordant la Colombie jusqu'à la normalisation des relations diplomatiques bilatérales
Je vous rappelle donc que le second chef des FARC, le groupe de guerilla de la Colombie, Raul Reyes a été tué par des bombardements militaires le 1er mars dernier.
Tuant du même coup une quinzaine d'autre dans l'opération.
C'était essentiellement un assassinat, du type que les Israéliens commettent depuis quelques décennies et récemment contre un chef du Hezbollah.
Raul Reyes a été assassiné sur le territoire équatorien.
Ce qui cause beaucoup de remous parmi les pays avoisinants.
Le Venezuela a aussi déplacé des troupes le long des frontières avec la Colombie.
Le président équatorien Rafael Correa a même appelé le président Uribe de la Colombie un criminel mafieux proche des paramilitaires qui mène un narco-gouvernement.
Des enquêtes menées par l'armée équatorienne affirment que l'attaque a été un massacre perpétré à partir d'une distance de 10km à l'intérieur du territoire de l'Équateur.
Le secrétaire des affaires étrangères de la Colombie a pour sa part affirmé que l'attaque était une bonne défense pour les deux pays contre des terroristes qui prenaient illégalement refuge dans un territoire étranger et causait donc du mal aux populations locales.
En réponse, Correa a réitéré que la loi internationale exige que la Colombie informe l'Équateur de la présence des FARC dans son territoire et qu'en conséquence ce soit les militaires de l'équateur qui procède à la capture des FARC, comme cela a été le cas de nombreuses fois dans le passé.
Et que dans ce cas ci, l'attaque de la Colomie sur un campement de guerrilla au sommeil n'avait aucune justification militaire.
L'assassinat était littéralement une réponse de la Colombie à la libération inconditionnelle de quatre otages retenu par les FARC, une opération menée conjointement avec l'Équateur et le Venezuela.
Revenons donc aux parallèles avec les méthodes israéliennes.
Premièrement, la tactique d'un assassinat avec de la haute technologie, à longue distance, d'un chef de haut niveau.
Ensuite, la présence de dommages collatéraux.
Et dernièrement, l'utilisation de tels assassinats pour empêcher la tenue de toutes possibilités de dialogue et de solutions négociées.
Dans ce cas-ci, la cible à long terme est clairement le Venezuela et de provoquer une escalade
Du conflit à un niveau régional
Ou en d'autres mots, d'étendre et d'intensifier la guerre civile qui brûle à l'intérieur de la Colombie et l'internationaliser.
Un tel conflit causera indéniablement des dommages pour tout le monde de la région, mais les ÉU, au contraire en bénéficierait.
Au lieu de se concentrer sur la révolution bolivarienne, au lieu de mener la révolution rose en Amérique latine, donc au lieu de chercher à réduire les disparités sociales et augmenter l'étendue des programmes sociaux humanistes...
Les pays entourant la Colombie se perdront dans les jeux et stratégie de guerre. La polarisation s'installera, des groupes seront montés en opposition les uns contre les autres...
Et les ÉU auront le beau jeu de placer leurs pions comme bon leur semblera, à distance.
Essentiellement ce que l'on a dit au FARC c'est si vous libérez des otages, il y a aura des assassinats de vos chefs.
On peut d'ores et déjà dire adieu à toutes résolutions paisibles du conflit si la Colombie choisie cette voie...
Le monde serait vraiment meilleur si l'assassinat n'était jamais considéré comme un instrument de politique acceptable.
ELECTIONS ZIMBABWE
Il y aura des élections générales au Zimbabwe le 29 mars prochain
Pour élire son Parlement, ses autorités locales et désigner son président pour cinq ans.
À 84 ans, Robert Mugabe, qui dirige d'une poigne inflexible l'ancienne Rhodésie du Sud depuis 1980, brigue un sixième mandat présidentiel.
Selon les sondages le président sortant Robert Mugabe devrait remporter par une très faible marge de 50%...
Son opposant Morgan Tsvangirai fortement appuyé par les pays de l'ouest avait reçu 40% des votes lors de l'élection présidentielle de 2002.
À l'époque comme maintenant les observateurs d'élections dénoncent le manque d'urnes dans les régions urbaines, l'absence de liberté de presse, et l'impossibilité de l'opposition de mener une campagne paisible dans plusieurs régions du pays de 12 millions d'habitants.
Depuis, d'autres facteurs sont venus peser dans la balance : la chute économique, la répression politique et des divisions dans les mouvements d'opposition et le parti au pouvoir.
Mugabe mène le ZanuPF (le front de l'union patriotique nationale) et Tsvangirai le MCD (mouvement pour le changement démocratique)
Le nouveau venu est le Dr Arthur Mutambara, anciennement un leader de mouvement étudiant contre les programmes d'ajustement structurels au cours des années 1990
Dans le cas du ZanuPF c'est un ancien ministre des finances de Mugabe Simba Makoni qui brigue la présidence : il est un fan inconditionnel du néolibéralisme et les reformes qui vont avec.
Pendant ce temps-là, l'élite s'est grossièrement enrichie aux dépens des 80% qui vivent sous le seuil de la pauvreté...
L'espérance de vie est passé à 32 ans pour un homme et 37 ans pour les femmes... et les médicaments pour contrer le SIDA sont devenus rares.
Le système d'éducation est tombé en ruine
Avec la dégradation économique vint aussi la réforme agraire radicale la prise des terres de fermiers blancs, qui a mené éventuellement à une crise agricole après l'échec référendaire sur la nouvelle constitution en 2000
Mugabe a donc annoncé le 29 mars comme journée d'élections, que le MDC voulait désespérément remettre au mois de juin...
Comme le pays et l'économie, l'opposition à Mugabe est en piteux état... mais il reste un leur d'espoir : la courageuse société civile qui demeure en place.
Au début du mois de février, plus de 5000 représentants de groupes activistes se sont réunis pour la convention nationale du peuple.
Résultat : une charte du peuple qui touche à plusieurs sujets importants, incluant la réforme constitutionnelle, les relations entre genres, les élections et l'économie.
Et l'affirmation lumineuse et fondamentale de la nouvelle charte : plus jamais nous ne laisserons des vies disparaître, violenté, torturé ou traumatisé par les expériences déshumanisantes de l'intolérance politique, la violence et l'absence de gouvernement démocratique.
Espérons que cette lumière sera assez forte pour sortir la population du Zimbabwe de sa plongée dans les ténèbres....
19 mars 2008
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