10 octobre 2007

LA LEVÉE 10 OCTOBRE 2007

1. Du sang dans nos voitures : les liens du pétrole avec la répression en Birmanie
2. Quand protester devient un crime : deux activistes américaines interdit d’entrée au Canada
3. Oui à l’exploitation! Les résultats du Référendum au Costa Rica sur le libre-échange avec les ÉU
4. Le retour à l’âge des ténèbres : les effets néfastes sur les femmes de l’interdiction de l’avortement au Nicaragua

Chevron et cies en Birmanie



Personne ne devrait croire que les protestations et donc, la répression brutale en Birmanie est terminée!

Au compte-goutte le monde reçoit des infos sur la réplique de la junte militaire qui en avait marre d’autant de protestations pacifique de moines bouddhistes…

Des prisonniers brûlés vivant, des chars militaires qui sillonnent les villages avec des messages sortant des porte-voix disant à tous de rester chez soi et que l’armée viendra ramasser ceux qui ont aidé les manifestants.

J’ai parlé la semaine dernière de ce que l’on pouvait faire : essentiellement de dire aux entreprises qui font affaire avec les généraux birmans de cesser leurs activités.

Ce sont les réserves d’hydrocarbures qui permettent aux généraux de s’armer et de tenir leur régime fasciste.

Et c’est Chevron, le géant pétrolier américain, Total, la pétrolière française qui envoient le cash aux généraux.

L’exploitation se fait surtout en mer, et le pétrole est envoyé en Thaïlande à travers le pipeline Yadana… construit par des esclaves birmans.

Le partenaire original dans la construction du pipeline, Unocal, a été poursuivit par EarthRights International justement parce qu’on utilisait des esclaves… on a régler la poursuite hors cours et Unocal a été immédiatement acheté par Chevron.

Avant que le pipeline de Yadana soit complet, la junte birmane manquait gravement de fonds et était en position de faiblesse… et abracadabra, l’argent du pétrole s’est mis à entrer et on pouvait alors acheter des armes et enfin payer les soldats.

Alors même si les ÉU ont imposé des sanctions contre le régime birman en 1997, une brèche légale permet à Chevrons de poursuivre tranquillement ses affaires.

Parenthèse : Qui était la tête de proue du conseil d’administration de Chevron pendant 10 ans? L’actuelle secrétaire d’État et ancienne conseillère à la sécurité nationale Condoleeza Rice.

Bref, l’inaction du monde démocratique et développé face à la junte birmane a été froidement justifiée par la Chine.

Vous connaissez la Chine? Le bouc émissaire préféré de nos dirigeants.

Chaque fois que nos bons gouvernements refusent de faire quelque chose de raisonnable on évoque la Chine.

Augmenter le salaire minimum à 10$? On ne peut pas! Pas quand les Chinois sont payés 10$ par année… Limiter la semaine de travaille à 35 heures semaine? On ne peut pas faire ça! Les Chinois travaillent 35 heures par jour!

La liste des excuses est longue, incluant l’inaction par rapport aux changements climatiques aussi.

Donc on ne peut pas sortir nos entreprises de la Birmanie, car la Chine prendra notre place!

La Chine a en fait été très amicale envers la junte birmane, offrant de la protection politique à l’ONU et des fonds en retour de ses ressources naturelles.

Mais justement, plus la junte birmane dépendra d’une seule source d’investissement et de protection, plus elle sera vulnérable.

La Chine n’est pas invincible… si, disons, les pays de l’ouest décidaient de boycotter les Olympiques à Beijing l’an prochain, disons que ça causerait une belle crise.

Alors tâchons avant tout de sortir toutes les entreprises des pays de l’ouest de la Birmanie…

Ensuite on concentre nos efforts à tordre le bras de la Chine plutôt que de l’utiliser comme excuse no 1 de notre inaction.


Interdiction d’entrée au Canada pour activistes américains




Deux grandes activistes américaines pour la paix ont vu leur accès au Canada refusé mercredi dernier.

L’excuse donnée est que leurs noms apparaissent sur une liste de la FBI que le gouvernement canadien consulte comme la Bible pour fermer sa frontière.

Mais je vous entends me dire : Paul ces deux activistes doivent avoir un dossier criminel épais de même pour justifier un tel refus, non?

Elles doivent représenter un certain danger pour qu’on leur refuse l’accès au Dominion, non?

Eh bien jugez par vous-même : Amy Wright, colonel de l’Armée à la retraite et ex-diplomate; Medea Benjamin, co-fondatrice du groupe pacifiste féminin CODE PINK.

Les deux allaient à Toronto à l’invitation du Stop the War Coalition.

Les autorités canadiennes les ont détenues et questionnées pendant plusieurs heures à la frontière entre Buffalo et Niagara Falls.

Les deux femmes ont en total neuf convictions à leur dossier, mais toutes sur des cas de désobéissance civile en protestation contre la guerre en Irak.

Donc leurs noms apparaissent sur la liste internationale de la FBI, que nos agents canadiens suivent à la lettre, comme de parfaits imbéciles.

On a dit à Wright et Benjamin : vos noms sont sur la liste. On s’en contre-fout pourquoi!

L’accès est donc automatiquement refusé

Bref, on leur a présenté des conditions ridicules pour entrer… et dans 5 ans peut-être elles pourront nous rendre visite.

On mêle donc deux femmes au passé exemplaire avec les pires criminels et terroristes recherchés par le FBI.

Lors de la guerre du Vietnam, le Canada accueillait à bras ouverts tous ceux qui s’y opposaient…

Et la question que l’on devrait poser à nos représentants à Ottawa est s’ils trouvent normal que l’on refuse l’accès au Canada à des activistes qui protestent contre une guerre illégale qui est responsable de 600 000 morts d’Irakiens?


Costa Rica référendum

Les citoyens du Costa Rica disent oui à près de 52 % au traité de libre-échange entre l'Amérique centrale et les États-Unis.

Les opposants à ce traité, qui craignent pour leur agriculture, ne reconnaissent pas les résultats et souhaitent un recomptage des bulletins de vote.

En raison de cette opposition au projet, le président Oscar Arias s'était vu contraint de convoquer un référendum.

Le Costa Rica est le seul pays à avoir consulté sa population pour le ratifier. Après le dépouillement de 95 % des bureaux de vote, le camp du oui obtient 51,6 % des voix. Le taux de participation est près de 60 %.

Aucun pays n’a eu l’occasion de voter par référendum sur un traité de libre-échange avant…

Clinton n’a pas pu obtenir l’aval du congrès sur l’ALENA en 1993 et donc le processus démocratique a pris le champ sur tous les traités de libre-échange depuis.

Non, je le rappelle, nous n’avons jamais eu de référendum sur l’ALENA ici non plus.

Le Costa Rica est le pays le plus riche et le plus démocratique de l’Amérique latine et on a donc créé un précédent dimanche dernier en soumettant au référendum le traité de libre-échange avec les ÉU négociée en 2004.

L’an dernier, les élections présidentielles ont été remporté à une marge de 1% par le candidat préféré de Washington Oscar Arias… contre le candidat progressiste Otton Solis qui critiquait sévères le traité de libre-échange.

Bref, un mémo interne au gouvernement d’Arias, en faveur du traité, est sorti dans le Los Angeles Times…

On y indiquait toute la liste de trucs qu’il fallait utiliser pour gagner le référendum.

Incluant la menace envers les maires que leur villes n’auront pas un sous du gouvernement pour les trois prochaines années si le NON devait l’emporter.

Selon les mots du mémo, le gouvernement devait stimuler la peur parmi les citoyens, incluant la peur de perdre leurs emplois.

L’administration Bush s’est joint à la campagne de peur, avec l’ambassadeur US au Costa Rica menaçant de couper l’accès des entreprises du Costa Rica au marché US s’il le NON devait l’emporter.

Bien sûr, les ÉU transgressaient la loi électorale internationale en intervenant de la sorte, mais comme on le sait au Québec, ce n’est pas la loi qui empêchera les ÉU de s’impliquer dans un référendum à l’étranger.

De toute façon, les menaces de l’ambassadeur sont sans fondements. Le Congrès n’a pas le pouvoir de limiter l’accès au marché… du moins pas totalement.

Malgré l’intimidation, 100 000 personnes ont marché dans les rues le week-end avant le référendum pour dénoncer le traité.

La raison principale comme d’habitude avec de tels traités c’est que l’industrie agricole des ÉU, fortement subventionnée, finira par détruire l’industrie agricole du Costa Rica.

L’entente permettra aussi, comme le fait l’ALENA chez nous, aux entreprises américaines de contester des lois et des règlements visant entre autre à protéger l’environnement.

Un traité comme celui là limitera, paradoxalement, l’accès au marché international des produits pharmaceutiques tout en ouvrant les marchés agricoles du Costa Rica au dumping de produits d’exportation agricole US.

Un NON aurait été une excellente nouvelle… vue l’échec de la ZLÉA et de l’OMC au cours des dernières années…

Mais la peur est une force puissante, et les citoyens du Costa Rica ont voté OUI à 52%... pour eux, comme nous au prise avec un traité de libre-échange similaire avec les ÉU, la vigilance quotidienne et l’éventuel renversement du traité seront maintenant les objectifs à viser sur le long terme…

Nicaragua et avortement





Le gouvernement du Nicaragua a carrément banni l’avortement en novembre dernier, criminalisant même un avortement qui pourrait sauver la vie.

Il va sans dire qu’une telle décision a un impact dévastateur sur les vies et la santé des femmes au Nicaragua, en fait, partout ou dans le monde ou l’accès à l’avortement clinique est interdite.

Human Rights Watch a sorti un rapport sur son site dernièrement dénonçant les conséquences d’une législation anti-avortement.

Les femmes au Nicaragua depuis novembre dernier ont même peur de consulter des services de santé légale.

Même les médecins ont peur des poursuites et refusent carrément d’offrir des soins nécessaires.

Le rapport de Human Rights Watch dévoile même que le gouvernement du président Daniel Ortega n’a toujours pas mené d’étude sur les effets sur la santé des femmes d’une législation anti-avortement.

Faudrait au moins, à défaut de permettre l’accès aux clinique légales d’avortement, prioriser l’accès des femmes enceintes aux salles d’urgence…ce qui n’est pas le cas.

La législation permettant l’avortement clinique et légale partout ou elle est appliqué a été passé par des gouvernements ou la raison a pris le dessus sur la religion.

Et maintenant avec le retour en force des valeurs religieuse et l’élection de gouvernements de droite partout, les pseudos Pro-Vie se sentent assez en confiance pour prendre les rues et manifester leur folie.

Comme c’était le cas à Québec dimanche dernier, faut simplement leur faire face et répliquer à leur conception de la vie qui nous menacerait la vie des femmes, et surtout le droit inaliénable de faire ce qu’elles veulent avec leur corps.

Vous êtes contre l’avortement? Travaillez donc de manière à améliorer les conditions de vie à ce que le nombre d’avortements soit réduit, plutôt que d’y aller par l’approche extrême qui polarise le débat.

L’exemple du Nicaragua est un cas incontournable qui devrait faire partie des discussions.

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