La Chine et la Corée du sud outrées par les trous de mémoire du Japon. Le scandale des commandites : oui, mais y'a des choses plus importantes à régler ! L'économie du désastre : l'industrie de la reconstruction va main dans la main avec l'économie de la guerre. Les affairistes du Canada veulent que notre pays s'assimile une fois pour toute aux États-Unis. La Grande-Bretagne dévoile des documents secrets montrant son implication dans l'instauration du régime brutal de Saddam Hussein. C'est la semaine du Jour de la Terre ( 22 avril ) et il est temps de penser à comment on peut changer le monde...
Chine et Japon
La relation entre la Chine et le Japon s'est envenimée dernièrement, surtout depuis la fin de semaine dernière lorsque 15 000 manifestants chinois ont entouré l'ambassade japonaise à Beijing.
Des protestations ont suivi partout en Chine, appelant au boycott de produits japonais…
Tout ça est le résultat de nouveaux livres scolaires approuvés par Tokyo qui banaliseraient le rôle d'agresseur du Japon en Chine avant et pendant la deuxième guerre mondiale.
C'était la goutte qui a fait déborder le vase entre les deux pays, amenant leur relation à leur niveau le plus bas depuis le rétablissement de relations diplomatiques en 1972.
Des protestations anti-japonaises ont eu lieu en Corée du sud aussi où près de 150 000 coréennes étaient devenues des esclaves sexuelles pour l'armée impériale japonaise durant la IIGM.
La Chine et la Corée accusent le Japon de blanchir et de justifier les atrocités commises il y a plus de 60 ans.
La controverse entourant l'histoire enseignée aux jeunes japonais fait rage depuis 1980.
Dernièrement, une société néo-nationaliste vouée à la réforme du livre scolaire d'histoire a réussi à faire accepter son contenu pour être enseigné aux jeunes japonais.
Cette société veut mettre fin à l'enseignement d'une version de l'histoire qui selon eux porte à confusion et empêche la fierté nationale.
Alors on a enlevé la mention des esclaves sexuelles, les massacres commis en Chine par l'armée impériale.
De son côté, le régime chinois provoque l'outrage national pour contrer les déchirures dans le tissu social causé par la croissance du capitalisme sauvage dans leur pays.
Il y a donc trois problèmes de taille qui augmenteront les tensions entre le Japon et la Chine : la dispute entourant Taiwan; l'alliance du Japon avec les ÉU et le refus du Japon de reconnaître ses torts historiques.
Les deux premiers points risquent de pousser cette région du monde vers un conflit militaire, le Japon révise l'article 9 de sa constitution qui l'obligeait à renier la militarisation.
L'outrage causé par les livres d'histoires ne met que du gaz sur le feu et les tensions n'iront qu'en augmentant.
Scandale des commandites : en attendant la redistribution des surplus
Nous sentons que c'est notre rôle ici à La Levée d'expliquer un événement de l'actualité en quelques minutes, et l'on entend tellement parler du scandale des commandites avec la commission Gomery qu'on sentait qu'il était temps d'expliquer tout ça à nos chers auditeurs fidèles.
Alors, dans le but avoué de détruire le mouvement séparatissse, le gouvernement Chrétien a patenté un plan de 250 millions de dollars le lendemain du référendum pour faire la promotion du Canada et de remplir les coffres du parti libéral fédéral et ses amis en même temps.
Résultat : au Québec le Bloc n'a jamais été aussi populaire et en Ontario - où la plupart des choix de gouvernement se décident - les libéraux et les conservateurs sont pratiquement nez à nez dans les sondages.
Coast to coast, l'appareil politique n'a jamais été aussi mal vu, partout au Canada on ne croit plus qu'il reste une once de moralité, d'éthique et de décence chez nos élus.
Mais là au lieu de faire appel à de nouvelles élections, l'opposition à Ottawa devrait plutôt forcer le gouvernement fédéral à redistribuer l'argent qu'il garde en surplus, en commençant avec le programme d'assurance-emploi.
Dans le programme officiel du parti libéral en 1993, chapitre VI, on trouve la mention «si le gouvernement est pour jouer un rôle positif dans la société, comme il doit, l'honnêteté et l'intégrité dans nos institutions politiques doivent être rétabli».
Pratiquement rien n'a été fait pour empêcher les lobbies d'acheter les politiciens par des contributions aux campagnes électorales…pire, les corrections apporter avant la fin du règne de Chrétien laissent tellement de brèches qu'il est possible de distribuer des pots-de-vin.
1. Des dons secrets illimités peuvent être remis aux candidats fédéraux pour les élections.
2. Les partis et les candidats ne sont pas obligés de dire qui a financé leur campagne avant le jour même de l'élection.
3. Les règles d'éthiques au niveau fédéral pour les partis, les politiciens, les employés du gouvernement et les lobbies sont encore loin du nécessaire pour empêcher la corruption et le détournement de l'intérêt commun.
Les médias s'amusent beaucoup avec la commission Gomery et y consacrent des centaines d'heures et de pages, faudrait aussi consacrer autant de temps aux brèches dans le système fédéral qui permettent la corruption une fois que la commission Gomery sera terminée.
L'économie du désastre !
Qui ne connaît pas Naomi Klein ? L'auteure de NO LOGO est extrêmement active et son analyse est toujours pertinente et percutante…Elle a signé récemment un article sur ce qu'elle nomme le capitalisme du désastre.
C'est-à-dire cette industrie qui se spécialise dans la reconstruction des endroits du globe touché par des désastres, d'ordre naturels comme des ouragans ou des tsunamis ou la guerre.
Elle note que cette industrie est loin d'être altruiste, elle sert en fait à changer profondément le tissu d'une société afin de l'intégrer de plain-pied dans le marché globalitaire.
Alors les rapaces de la reconstruction comme les Halliburton, les Bechtel, le FMI et la Banque mondiale cherchent par tous les moyens de privatiser à rabais ce qu'il reste d'industrie et d'infrastructure publique dans les pays sinistrés.
Précédemment, on avait un colonialisme vulgaire où les puissances européennes envahissaient tout simplement les autres nations pour voler leurs ressources, la version moderne du colonialisme s'appelle maintenant la reconstruction.
Klein indique qu'une part considérable du globe est en reconstruction, sous l'autorité d'un gouvernement parallèle fait de firme de consultants, des compagnies d'ingénieurs, des mégas organisations non gouvernementales, des agences d'aide de l'ONU et bien sûr les institutions financières internationales.
Leur travail est, en général, à la fois totalement inefficace et beaucoup trop lent…En Aceh et au Sri Lanka où le tsunami a frappé, en Afghanistan, en Irak, au Timor-oriental et j'en passe : les rapaces de la reconstruction profitent des nations victimes pour se procurer les ressources du pays comme dans le bon vieux temps du colonialisme.
La reconstruction n'est pas le but premier de cette industrie prolifique : c'est bien de profiter du désespoir et de la peur crée par la catastrophe pour transformer radicalement la société et l'économie de la nation victime.
Juste en Haïti, aux lendemains du coup d'État contre Aristide, en échange d'un prêt de 61 millions au gouvernement pantin en place, la banque mondiale exige l'implantation d'un partenariat public-privé dans les systèmes de santé et d'éducation.
C'est vraiment ironique ça : on refusait de prêter de l'argent à Aristide à cause de quelques irrégularités lors des élections de 2000, mais là on est prêt à avancer des dizaines de millions au gouvernement pantin qui a pris le pouvoir à cause d'un coup d'État.
Naomi Klein pointe le passage de l'Ouragan Mitch en 1998 qui a ravagé l'Amérique centrale comme moment de naissance de l'industrie de la reconstruction.
En Honduras, alors que le pays était encore couvert de cadavre et de boue, on a procédé à une vente de feu des aéroports, des ports marins, des autoroutes, les télécommunications et l'électricité…on retrouve un peu la même chose au Nicaragua.
C'était les conditions imposées par la banque mondiale et le FMI.
Ah oui, on a renversé la réforme agraire et ouvert le pays à l'achat et la vente des terres par des intérêts étrangers.
En Asie, les pays frappés par le tsunami du 26 décembre devront s'ouvrir tout grand pour l'industrie du tourisme et la pêche industrielle si on souhaite y recevoir de l'aide.
Alors, après l'économie de guerre on a l'économie de la reconstruction, main dans la main pour le 0,1% la plus riche de la planète.
Intégration continentale : paysans, ayez la foi
Après trois ans de travail obscur et silencieux auprès des politiciens à Ottawa, l'élite corporative canadienne chante aujourd'hui sur tous les toits leur vision de l'avenir pour le Canada en Amérique du nord, rendu plan officiel de notre bon gouvernement.
Le partenariat pour la sécurité et la prospérité de l'Amérique du nord.
C'est le nom de l'entente signée entre le Canada, le Mexique et les ÉU le 23 mars dernier : un processus d'assimilation économique, social, culturel et sécuritaire avec notre bon voisin du sud.
Une autre belle initiative du gouvernement sans avoir demandé l'avis des citoyens…qui en passant sont majoritairement contre un tel projet selon sondage après sondage.
Ce projet est né dans les bureaux du conseil canadien des chefs d'entreprises, un groupe formé des 150 entreprises les plus puissantes du pays.
Leur argument c'est qu'il faut créer une forteresse Amérique du nord pour rivaliser avec l'Europe et l'Asie.
On nous demande donc de faire confiance aux affairistes…comme on a fait lors des années 80 lorsque le gouvernement a décidé pour nous de signer une entente de libre-échange avec les ÉU qui nous ont fait perdre 280 000 emplois,
Restructurer notre économie et nos lois pour mieux s'harmoniser avec l'Oncle Sam : résultat, des lois environnementales affaiblies et le deuxième rang des pays industrialisée pour les emplois à bas salaire. Bravo !
En fait, 91% de l'échange accru avec les ÉU depuis l'entente de libre-échange en 1989 n'a rien à voir avec l'accord mais plutôt avec notre faible dollar et le boom économique dont les States avaient connu lors des années 90'.
On croyait que le libre-échange allait forcer les entreprises canadiennes à investir d'avantage en R+D, en équipement et en formation pour rivaliser dans le marché NA, à la place, la plupart ont tout simplement choisi de se laisser acheter ou de déménager ailleurs.
La classe d'affaire canadienne ne peut tout simplement pas rivaliser avec la classe d'affaire états-unienne…depuis 1989, 95% de l'investissement étranger au Canada allait à l'achat des entreprises de chez nous.
L'intégration continentale est vouée à l'échec et c'est nous tous allons en écoper : surtout que l'économie américaine va à la dérive et risque de s'écrouler bientôt…
Grande-Bretagne et Saddam : l'ami devenu ami
Des documents britanniques auparavant secrets racontent l'histoire de l'aide qu'avait apporté le pays à Saddam Hussein pour le mettre au pouvoir en Irak, à partir du coup d'État du parti Baasiste en 1963.
Le coup de février 1963, organisé par la CIA, qui a remis une liste de 5000 irakiens à abattre suite à la prise du pouvoir.
Le but était d'éliminer chaque membre et sympathisant du parti communiste irakien, les massacrant en porte-à-porte, tuant des médecins, des professeurs, des avocats, etc.
Saddam Hussein, alors un membre junior du parti Baasiste, était intimement impliqué dans le coup.
Lors d'un exil au Caire en 1961, il avait des contacts directs avec le bureau de la CIA égyptienne.
Lors du coup d'État, Saddam est revenu en Irak et a pris le contrôle de la torture des gauchistes.
La GB et les ÉU étaient plus qu'heureuses de voir le régime d'Abdul Karim Qasim tombé, celui qui en 1958 avait renversé la monarchie pro-occidentale et avait lancé l'Irak sur la voie de la modernisation et la nationalisation des ressources pétrolières.
Les documents britanniques indiquent clairement que la GB et les ÉU étaient parfaitement au courant du massacre de 5000 communistes irakiens alors qu'ils avaient lieu.
Le ministre des affaires étrangères a même été rendre visite au nouveau régime deux jours après le coup, question de légitimiser l'opération.
Saddam avait compris que l'occident allait l'appuyer même s'ils commettent des massacres, du moment qu'il collabore avec eux.
Résultat : des massacres encore plus importants avaient lieu pendant les années 80 sans faire sourciller la GB et les ÉU. Donald Rumsfeld avait même été rendre visite à Saddam pendant cette période…comme vous avez tous vu dans le documentaire de Michael Moore.
Petite leçon de l'histoire : observer comment la GB et les ÉU appuient les dirigeants qui laissent les transnationales pillés leurs richesses, mêmes s'ils sont les pires dictateurs sanguinaires.
Changer le monde ! Une étape à la fois
Plusieurs s'entendent pour dire que le monde ne va pas du tout dans la bonne direction, mais y'en n'a autant pour dire que rien de significatif ne peut-être fait pour changer notre direction globale.
Alors notre point de départ devrait être de trouver une vision commune de ce que nous voulons comme société.
J'espère que pour de plus en plus de gens, il deviendra clair que le capitalisme contemporain est une catastrophe pour l'humanité.
Que seule une révolution globale pourra nous sauver.
Mais faut se rendre à l'évidence qu'une révolution pour nous débarrasser du capitalisme et instaurer un autre système économique ne peut pas se faire d'un seul coup.
Il convient alors de lancer la révolution par interstices, une révolution qui occupe des espaces dans le monde pendant que le capitalisme existe encore.
Partout sur terre, il existe des groupes qui luttent contre le capitalisme et qui avance des alternatives d'échange et de production.
Ces refus de se plier devant le capitalisme triomphant sont justement des mini-révolutions, des fissures dans le bloc du capital.
Faut donc multiplier les fissures au point de faire craquer le système et d'instaurer une autre économie, une économie démocratique.
Soit qu'on fonctionne en formant un parti, donc une participation directe dans l'arène politique ou l'on multiplie les groupes progressistes qui travailleront sur tous les fronts.
La seule manière de gagner quoi que ce soit contre ceux qui ont le pouvoir c'est d'élever le coût social de leurs actions.
On n'a pas aimé la coupure de 103 millions du gouvernement Charest, ce n'était pas en lui disant «c'est pas gentil ça» qu'on a pu le faire reculer un peu.
C'est parce qu'on a élevé le coût social de sa décision par la grève, mais surtout en gagnant l'appui inconditionnel du public.
Il existe de solides alternatives à notre système économique et politique qui permettent d'envisager où nous voulons aller et d'élaborer des stratégies pour y arriver :
http://www.zmag.org/pps.htm
Ce qui compte le plus c'est la démocratie, la participation du plus grand nombre dans les décisions qui nous affectent.
La participation locale, régionale et nationale…dans toutes nos institutions…c'est possible et plus nécessaire que jamais.
18 avril 2005
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