04 avril 2005

CULTURE DE MORTS-VIVANTS

La Levée du 4 avril 2005


Le pape est parti. Terri Schiavo aussi. Les écosystèmes sont en périls. Les lobbies du carbone nous disent de ne rien faire face au réchauffement planétaire. La Chine et les États-Unis seront la prochaine rivalité globale. La publicité s’insère dans notre quotidien au point de pervertir nos perceptions.

Terri Schiavo : dangers de la boulimie…

La mobilisation massive et le cirque médiatique entourant le cas de la pauvre Terri Schiavo nous en apprend beaucoup sur la culture états-unienne contemporaine : la lutte entre les religieux de droite et les séculaires.

Les politiciens et les civils chrétiens ont remué ciel et terre pour sauver la vie d’une femme qui vient de passer 15 ans dans un état végétatif.

C’est vraiment troublant de constater avec quelle force de conviction on est prêt à défendre les droits des fœtus, interdire le mariage gai et là de défendre la vie d’une femme n’ayant pratiquement aucune activité cérébrale…

Tout en coupant dans les programmes sociaux en environnement, en santé, en éducation…Au point même où même Cuba a un taux 10% plus bas de mortalité infantile que les ÉU !

Les mêmes groupes qui s’enrageaient sur la mort imminente de Schiavo n’ont pas perdu de sommeil sur le cas des 500 000 enfants irakiens morts durant l’embargo sauvage contre l’Irak avant l’invasion.

La droite américaine ne semble croire à la vie que lorsqu’elle sans valeur, on a tellement hâte au retour de Jésus là-bas…c’est vraiment entré dans la culture de masse…une culture de morts-vivant.

Une culture de plastique, de silicone, d’apparence…Saviez-vous que Schiavo devait son état végétatif à sa sévère boulimie ?

Elle était obsédée par l’atteinte d’un poids qui était socialement acceptable, mais qui lui demandait de renvoyer sa nourriture et de s’entraîner d’une manière obsessive.

Son mari et ses parents avaient donc une responsabilité : c’est très difficile de croire que personne n’avait vu son problème de boulimie.

Elle avait perdu 100 livres, avait cessé ces cycles menstruels, elle essayait de survivre sur un régime de liquides.

Il y a plein d’autres symptômes de boulimie aussi : le blanc des yeux rougit, des maux de gorge, les cheveux fades, des bleus sur la peau…et dans le cas de Schiavo : un arrêt cardiaque à 26 ans.

Elle ne s’en est jamais relevée et son cerveau a fini par se remplir de liquide.

Dans son cas, l’état végétatif était très clair…et la décision de son mari de mettre fin à ces jours était la bonne, mais il faut vraiment faire attention avec l’euthanasie : y ouvrir la porte mais s’en tenir au cas par cas.

La science ne connaît vraiment pas assez le fonctionnement du cerveau pour dire clairement quelle activité cérébrale est sans valeur pour ceux et celles qui se trouvent dans une zone grise, loin du cas de Schiavo.

Leçon de cette histoire : profiter de l’instant présent, prenez soin de vous et de grâce remplissez un testament au plus vite !

Écosystèmes en péril

On s’en doutait tous que les écosystèmes de notre planète sont en péril et la semaine passé on en a eu la preuve scientifique que l’activité humaine menace directement la survie des générations futures.

Les résultats d’une étude géante de l’ONU, le travail de quatre années d’enquête de 1360 chercheurs venant de 95 pays au coût de 24 millions de dollars, l’étude est la première d’une série de sept rapports à venir du programme des objectifs du Millénaire pour le développement de l’ONU.

On y indique que 15 des 24 principaux systèmes écologiques sont en déclin.

60% des bienfaits que procure l’écosystème mondial pour soutenir la vie sur terre — eau douce, l’air pur et le climat relativement stable sont en voie de détérioration ou utilisés de façon non viable.

Les stocks de poissons frôlent le dixième de ce qu’on récoltait au début des pêches industrielles.

Jusqu’au quart de l’eau douce requise pour l’humanité ne peut plus être fournie par les fleuves et rivières.

Ce qui amène les chercheurs à conclure que les nappes souterraines s’assècheront éventuellement à cause d’une sur-exploitation.

Autre constat alarmant : «Dans l’ensemble, les espèces sauvages sont en déclin : 12% des oiseaux, 25% des mammifères et 32% des amphibiens sont menacés d’extinction d’ici un siècle.»

Taylor Ricketts, directeur scientifique du Fonds mondial pour la nature, en réaction aux conclusions de l’étude : «Les écosystèmes sont des atouts capitaux. Ils n’apparaissent pas dans nos comptes mais, si tel était le cas, les services qu’ils rendent écraseraient tout le reste».

Mais nos bons économistes orthodoxes sont vraiment trop épais pour comprendre ça.

Pendant ce temps-là, au Canada, le gouvernement reculerait sur ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES).

La dernière proposition d’Ottawa permettrait aux grands pollueurs de réduire leurs émissions de 39 mégatonnes, plutôt que les 55 mégatonnes prévues.

Le recul pourrait être plus prononcé si ces industries décidaient de se prévaloir de crédits additionnels de «permis de pollution» en investissant dans un fonds gouvernemental de recherche et de développement.

Cette possibilité reculerait de 25 mégatonnes l’objectif de réduction de GES fixé au préalable par Ottawa.

En vertu du protocole de Kyoto, Ottawa a convenu de dépenser 3,7 milliards de dollars d’ici 2010 afin de réduire les émissions de GES de 6% sous les niveaux de 1990.

Pour atteindre cet objectif dans les délais prévus, une réduction de plus de 160 tonnes s’avère nécessaire !

Contracter et converger

La planète se réchauffe mortellement et tout ce que peuvent dire les lobbies du carbone c’est de laisser les choses aller, que la technoscience trouvera une manière d’adapter l’humanité aux changements climatiques.

OK, voyons voir : l’effet de serre perturbe le climat, provoque l’augmentation de la population de pestes et d’insectes et causeront des ouragans et des sécheresses tels que l’humanité n’avait jamais vu.

Juste du côté agricole, les défis seront de taille : trouver des récoltes qui peuvent résister aux sécheresses et aux inondations, s’adapter aux hautes et basses températures…tout en remplissant les besoins nutritionnels des humains.

On pourrait élaborer un système de plantations sous d’immenses dômes gonflables qui protègeraient les récoltes, mais il faudrait assez de dômes pour un quart des terres de la planète.

Oublier la viande comme source de protéines dans la planète à écosystèmes malades de demain, alors faudrait trouver un moyen d’extraire les protéines des plantes…ingénieurs mettez-vous à l’œuvre parce que la technologie pour faire ça est vraiment trop cher.

Une autre source de protéines auquel on aura de plus en plus facilement accès se sont les insectes. Mmmmmm….

Si on peut trouver une manière de les capturer en nombres suffisant sans les empoisonner, ça sera certainement une autre manière de s’adapter au réchauffement climatique.

Enlever le sel de l’eau coûte cinq fois le prix que l’eau venant du haut d’une montagne ou du sol…faudra drastiquement abaisser notre consommation d’eau à moins qu’un génie trouve une manière facile de dessalement d’eau de mer…

Mais qu’est-ce qu’on fait si les mêmes personnes qui nous disent de laisser les choses aller ne veulent pas dépenser l’argent nécessaire pour qu’on puisse vivre avec les dégâts du réchauffement global ?

Les réserves alimentaires seront coupés de moitié, si ce n’est pas 90%, l’eau manquera presque partout…c’est vraiment l’hécatombe qui nous attend…faut prendre le pari de Pascal et d’assumer que le pire viendra et de changer notre comportement en conséquence.

Vous comprenez que la foi aveugle en la technoscience pour adapter l’humanité au réchauffement global n’a aucun sens et ce qu’il nous faut c’est une mobilisation de tous pour prévenir les dégâts.

Le protocole de Kyoto est nettement insuffisant — au lieu de la réduction d’émissions de GES de 6% par rapport aux niveaux de 1990, c’est une réduction de 80% que ça prendrait — de toute manière il prendra fin en 2012.

À Londres, le Global Commons Institute propose un plan de contraction et de convergence comme remplaçant de Kyoto.

Vous pouvez consulter cette solution au site http://www.gci.org.uk/ grosso modo, le plan serait de contracter les émissions annuelles de GES partout sur terre jusqu’à un niveau acceptable, vers 350 ppm.

Une fois la cible atteinte, il s’agit d’alloué un budget de carbone équitable parmi la population mondiale sur une base démographique.

Donc, contraction jusqu’en 2030 et ensuite convergence à partir de là.

Je préfère nettement l’approche de la précaution et de l’équité qu’au laisser-faire et d’une adaptation irréaliste…et vous ?

La Chine, prochaine superpuissance

Toute cette tension au Moyen-Orient cache un autre combat : la lutte entre la Chine et les ÉU pour les ressources énergétiques du monde.

La grande question qu’on devrait se poser en ce moment concernant l’avenir de la planète c’est comment les EU s’adapteront à l’émergence d’une nouvelle superpuissance avec qui ils devront lutter pour des ressources et des alliés économiques.

Surtout que les ÉU doivent une tonne d’argent aux Chinois à cause d’une dette extérieure morbide.

En 2004 la Chine est devenu le premier partenaire d’échange de l’Europe, créant la possibilité d’un bloc sino-européen face au bloc moins dynamique des ÉU et le Japon.

Le Japon est en plein déclin, avec sa population qui commencera a baissé drastiquement après 2010.

Le Japon est presque aussi lourdement endetté que les EU, ça n’a pas aidé de devoir déboursé 70 milliards pour subvenir aux besoins des bases militaires américaines sur son territoire depuis la fin de la guerre froide.

En bref, la Chine a en son pouvoir la capacité de faire écrouler l’économie des ÉU.

Si les banques centrales des pays de l’est de l’Asie décidaient de transférer des parties importantes de leurs réserves du dollar US en Euro, on assisterait à la mère de toutes les crises financières.

On peut se demander pourquoi les ÉU et le Japon insistent à vouloir provoquer la Chine au sujet de Taiwan.

Saviez-vous que l’île de Taiwan habitait 21 millions de personnes ? Et bien Taiwan est officiellement administré par la Chine depuis 1949, c’est en octobre 1950 que l’armée chinoise ira occuper le territoire du Tibet.

Le Japon a aussi une histoire bien tissée avec Taiwan, et le sentiment pro-taiwanais est très fort au Japon et vice-versa.

La Chine se prépare militairement pour un conflit avec les ÉU. Elle lance une flotte pour protéger ses eaux et réaligne ses missiles vers les ÉU.

En plus de participer au système de navigation par satellite Galilée avec l’UE, un système qui ne serait pas contrôler par l’armée américaine.

La Chine joue même dans la cour-arrière des ÉU en signant des ententes d’échange et d’investissement avec l’Argentine, le Venezuela, la Bolivie, le Chili et Cuba.

Faut conclure que l’administration Bush ne peut plus faire grand chose pour empêcher l’émergence d’un bloc de l’est asiatique dominé par la Chine.

Surtout si on prend en considération que l’économie américaine est sur le point de s’écrouler à cause de sa dette extérieure, sa balance commerciale très négative et l’absence totale d’économie des ménages : le mélange parfait pour une autre grande dépression.

Attachez vos ceintures !

Pieuvre publicitaire

Je n’apprends rien à personne en disant que la publicité s’insère de plus en plus dans chaque facette de notre vie.

Notre culture se commercialise, se détachant de nos références traditionnelles, faisant en sorte que notre vision du monde traverse le prisme marchand sans même que l’on s’en rende compte.

Des milliers de fois par jour, partout, des pubs nous disent qu’on a un problème, qu’il y a quelque chose de malsain chez nous, et que leur produit est la solution.

Ça fait en sorte qu’on envisage la solution à tout nos problèmes dans le court terme, par l’achat, par l’action individuelle seulement.

La commercialisation de notre culture est un rejeton de l’ascension du pouvoir des entreprises privées, des multinationales dans nos vies.

Ce sont les entreprises qui ont poussées pour la réduction de leurs impôts, mais le maintient du BS d’entreprise durant les années 70.

Cette perte fiscale a crée une crise dans nos programmes sociaux, ce qui les a ouverts à la pénétration plus répandue de la publicité dans la sphère publique.

Les représentants de la big business et de la haute finance ont vendu la privatisation, le tout-marché et le consumérisme sans limites avec brio, tout en dénigrant la sphère publique.

Les publicitaires se sont fiés pendant un bon bout de temps aux pubs de trente secondes pour passer leurs messages aux masses.

Mais grâce à la télécommande et la multiplication des canaux, et la présence de médias alternatifs comme CISM l’impact de ces clips publicitaire s’est relâché.

Ce qui a mené à l’insertion de la publicité à travers l’espace public et les institutions culturelles.

L’effet le plus grave est sans doute sur les enfants. Aux EU, les entreprises ont investi 15 milliards par année pour cibler les enfants, et au milieu des années ’90, un enfant était exposé à 40 000 pubs télé par année.

Tout ça créer une population qui est avant tout matérialiste…la solidarité et l’équité prennent le bord.

Mais il a été démontré que la culture consumériste est une cause significative de dépression, d’anxiété, de mauvaise estime de soi et de plaintes psychosomatiques chez les enfants.

Rappelons que le but de la pub est de gonfler la demande de produits, de créer des besoins.

Cette demande artificielle pour des produits de consommation se fait aux dépends d’une demande pour des biens publics qui ne reçoivent aucune publicité en comparaison.

Résultat : une population comme au Québec qui se plaint d’être la plus taxée d’Amérique et qui élit un gouvernement qui coupe dans l’accès aux études supérieurs pour baisser les impôts.

Mentionnons aussi que plus il y a de pubs et de consommation, plus il y a des déchets et de la pollution dans notre environnement.

Les médias peuvent de moins en moins nous informer à cause des pressions grandissantes des publicitaires : faut surtout pas dire du trop de mal de Wal-Mart, surtout si elle permet d’arrondir les fins de mois avec sa pub.

Espérons que la tendance à la commercialisation de notre culture se renversera bientôt.

Il y a de l’espoir, parce plus il y aura de pubs, plus le public voudra la réduire et encouragera l’appareil politique de la remettre à sa place.

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