23 janvier 2005

BUSH; MARTIN LUTHER KING; GÉNOCIDE RWANDA; MODÈLE SUÉDOIS; PENSÉE ÉCONOMIQUE

L’inauguration de Bush


Jeudi dernier, l’homme le plus haït de la planète se faisait célébrer au coût de 40 millions de dollars.

Je parle, bien sûr, du président américain qui vient de passer 4 ans à faire de son mieux pour renforcer le contrôle des riches et puissants, d’augmenter sans bon sens les dépenses militaires, à agrandir la zone d’influence de l’empire américain, à augmenter l’insécurité globale, à tuer l’environnement et à réduire la liberté politique en Amérique du Nord.

George W Bush, W… pour why god why ? A été inauguré officiellement à ses fonctions de terroriste global numéro un.

Bush est pour le christianisme ce que ben Ladden est pour l’Islam, en fait.

On pouvait voir la procession à la télé, qui ressemblait à s’y méprendre à des pompes funèbres, …c’était très intéressant d’entendre les commentaires des analystes à NBC, ABC, CBS et CNN pendant que Bush passait devant les milliers de manifestants hostiles, on se demande bien pourquoi, à W…

Les participants à la contre-inauguration on fait du mieux de l’espace que les forces de l’ordre leur ont donné : y’avait plus d’affiches dans la foule qu’à un show de lutte de la WWE : ce qui n’est pas peu dire.

Dire qu’avant, on interdisait tout simplement l’accès aux manifestants lors d’une inauguration. Pire, on ne se gênait pas pour les brutaliser.

On a eu droit à une contre-inauguration qui a dépassé de loin les attentes de principaux organisateurs.

Le groupe Anti-War Network a orchestré la procession de centaines de cercueils noirs, histoire de bien symboliser ce que représente l’administration Bush.

Comme toujours, ce sont les étudiants universitaires qui était la démographie la mieux représenté, les associations étudiantes s’étaient somme toutes assez bien organisée.

Bush a dit le mot liberté 4000 fois au moment de son discours, il voulait tout simplement que l’on comprenne la vertu du marché libre, de l’action unilatérale libre, de la liberté d’agrandir l’empire américain, la liberté de détruire l’environnement.

Un beau discours qui ne dit absolument rien, ça semble être la norme pour l’ensemble des politiciens…Charest est pas mal bon là-dedans aussi.

La présence de Bush a peut-être une bonne chose : de plus en plus de gens s’ouvrent les yeux à la réalité du monde : la politique est bel et bien l’ombre de la big business. Les citoyens sont devenus des consommateurs, les communautés sont devenues des marchés.

Choisir entre le parti républicain ou démocrate, comme on choisit ici entre péquistes et libéraux, ça équivaut à choisir au sein du même parti unique : celui des affaires.

La Chine a le parti communiste, nous avons le parti capitaliste…tout simplement.

John Kerry aurait servit les intérêts financiers autant que le fait Bush, peut-être d’une manière moins intense et plus discrète, comme le faisait si bien Clinton, dans le fonds.

Mais on lâche pas…faut prendre le pari qu’on peut changer le monde pour le mieux, sinon on est foutu !

Restez là, nous avons de la très très bonne musique pour accompagner votre lundi matin, nous reviendrons avec une émission à saveur économique. Au retour, le dernier rêve du grand Martin Luther King.

Le dernier rêve de Martin Luther King


C’était la journée Martin Luther King aux États-Unis lundi dernier, l’occasion pour nous d’en savoir un peu plus sur ce grand homme, prophète de la véritable liberté et de la justice pour tous.

On est habitué d’entendre des extraits de son discours I have a dream, sont rêve d’une Amérique sans haine raciale, d’unité et de solidarité, mais la pensée et le travail de King pour les dernières années de sa vie ne sont pas souvent mentionné dans les médias de masse aux EU.

On peut prendre, par exemple, son travail dans le temps de son assassinat à Memphis le 4 avril 1968.

À l’époque, les EU commettaient des atrocités similaires à ce qu’ils font en Irak aujourd’hui. King avait dit lors d’un discours que les EU sont la plus grande source de violence de la planète.

Les éditoriaux étaient assez virulents contre King pour avoir dit une telle chose : il avait perdu une grande partie de son capital de sympathie…

Tant qu’il parlait du besoin d’éliminer le racisme, son amour de la liberté et de la justice, c’était correct, assez vague pour que personne au pouvoir ne se sentent visé.

Avant sa mort, King avait délaissé un peu la question raciale pour attaquer de front le problème de la pauvreté. Après tout, c’était les pauvres que l’on envoyait de force à l’abattoir du Vietnam.

Réduire l’inégalité croissante entre riches et pauvres était devenu son premier combat.

Il avait élaboré les plans pour une campagne nationale contre l’injustice économique : le Poor People’s Campaign devait culminer en un camp de réfugiés de 500 000 personnes parmi les plus pauvres du pays, une cité de tentes pas très loin de la Maison blanche lors du printemps de 1968.

Le but était de mettre de la pression sur les élus pour qu’ils s’opposent à la guerre du Vietnam et d’implanter une charte de droits économiques.

Le Readers Digest avait même dit qu’il s’agissait là de plans d’insurrection.

Avec un demi-million de pauvres à Washington, plusieurs autres millions allaient travailler par solidarité pour faire passer le message de King.

Pour contrôler tout ce beau monde qui menaçait d’utiliser toute l’artillerie de la résistance non-violente de King, l’élite s’inquiétait du fait que les forces de l’ordre nécessaire pour contrôler tout ce beau monde était drainé par l’effort militaire au Vietnam.

Fallait donc trouver d’autres moyens pour empêcher le projet de Martin Luther King.

Le 3 avril 1968, King est allé au Motel Lorraine à Memphis, le lendemain il a été assassiné sur le balcon de sa chambre.

Allez voir le site Internet www.kingcenter.org pour en savoir plus sur King, entre autres comment le gouvernement américain a conspiré pour le faire assassiner.

Martin Luther King a dit : la véritable compassion c’est beaucoup plus que lancer 25 cents à un quêteur, la véritable compassion c’est comprendre que l’édifice qui pousse autant de personnes à quêter doit être restructuré.

Les racines du génocide rwandais

Le compte-rendu d’un nouveau livre, en plus du film sur le sujet à l’affiche, Hôtel Rwanda, sur le génocide rwandais m’a fait réaliser que je ne savais pas grand chose sur cet horrible événement.

Permettez-moi de prendre quelques minutes pour expliquer ce qui est arrivé là-bas.

Ce sont des informations tirées du livre de Linda Melvern, intitulé Conspiracy to murder, publié par Verso l’année passée.

Elle revient aux racines du génocide de 1994 qui recule jusqu’en 1884, elle analyse la source de l’ethnocentrisme rwandais.

En 1884 avait eu lieu la conférence de Berlin où les pouvoirs européens s’étaient divisé le continent africain entre eux.

Le pouvoir colonial avait érodé le pouvoir du roi du Rwanda et changer la structure de l’appareil étatique.

Les divisions au sein de la société rwandaise avaient été accentuées, en 1933, l’administration belge avait procédé à un recensement.

Des équipes de bureaucrates belges avaient arbitrairement classé la population en Hutu, Tutsi ou Twa, donnant à tout le monde une carte d’identité avec un groupe ethnique clairement indiqué.

L’influence du pouvoir colonial belge a fait en sorte que les Tutsi occupaient un plus haut rôle hiérarchique que les Hutu.

Éventuellement, la liberté pour les Hutu équivalait à se débarrasser du pouvoir Tutsi.

En 1959, les Hutus ont commencé à tuer des centaines de Tutsis. Les Belges ont changé de bord et ont appuyé les Hutus, les aidant à remplacer les chefs et sous-chefs Tutsis par des Hutus.

La même année, une enquête de l’assemblée générale de l’ONU déclarait que le racisme des Hutus contre la minorité Tutsi frisait le nazisme, et que l’administration belge était à blâmer.

Une armée rebelle de Tutsi s’est lentement formé, et en 1990 le Front patriotique rwandais avait commis des interventions militaires tout en demandant la fin de la division ethnique, l’élimination des cartes d’identité et la démocratisation des forces de sécurité.

L’insurrection du Front avait échoué à cause de l’intervention de la France, qui avait permit au régime rwandais de rester en place, grâce à de l’aide financière et militaire.

Suite à l’affront de la rébellion Tutsi, le régime rwandais a lancé une campagne nationale pour entraîner et armé la jeunesse Hutu, des instructeurs français ont gracieusement contribué à cet entraînement.

Entre les années 1990 et 1993, le Rwanda était devenu le plus grand importateur d’armes de l’Afrique, les marchands d’armes français étaient bien contents.

Les rues du Rwanda ont été mystérieusement inondées de radios portables et une nouvelle station de radio avait instantanément gagné en popularité.

Vous connaissez la suite, en 100 jours en 1994, un million de Tutsi et d’Hutus modérés ont été massacrés, avec toutes les horreurs que ça comporte.

Le livre de Linda Melvern porte une accusation sévère contre l’ONU, la France, la Belgique, et les EU. Il détruit une fois pour tout le mythe que la communauté internationale ignorait ce qui se passait au Rwanda.

La social-démocratie contre le néo-libéralisme


L’exemple suédois nous démontre que les apôtres du néo-libéralisme se trompent sur toute la ligne, surtout sur les remèdes pour contrer la pauvreté.

Pour le démontrer, on peut comparer le modèle idéal du néo-libéralisme : le Royaume-Uni, au dernier rempart de la social-démocratie, c’est-à-dire la Suède.

Les néo-libéraux disent que le plus de liberté que l’on donne aux riches, mieux s’en sortiront les pauvres.

Sans embûches, les riches sont plus en mesure de créer de la richesse qui fini par descendre vers les classes inférieures. C’est le mantra qu’on entend de la part des néo-libéraux : lorsque la marée monte, tous les bateaux sont soulevés.

Comparons la Suède, qui a un État qui intervient dans l’économie pour réduire les inégalités au Royaume-Uni qui fait tout pour réduire l’influence de l’État depuis Margaret Thatcher, célèbre pour avoir défendu le virage néo-libéral en disant «There is no alternative».

Côté Produit national brut, en 2002, la Suède avait un revenu par tête de 27 320 $, le Royaume-Uni est à 26 240 $.

La Suède a un surplus annuel budgétaire de 10 milliards et le Royaume-Uni a un déficit de 26 milliards. Même selon les unités de mesure des néo-libéraux, la Suède l’emporte : un taux plus bas d’inflation, de meilleurs taux selon les indicateurs d’innovation.

Côté bien-être humain, il n’y a aucune compétition : selon l’index de développement humain, la Suède est troisième au monde, le Royaume-Uni est 11ième. La Suède a le troisième plus haut niveau d’espérance de vie, le RU est 29ième.

C’est pire si l’on compare la situation des personnes au bas de l’échelle sociale. En 2004, 6,3% de la population suédoise vivait sous le seuil de la pauvreté, au RU ça monte à 15,7%.

En Suède, on a trois fois plus de chance de sortir de sa classe économique, donc d’améliorer son sort, qu’au RU.

Ça en dit beaucoup sur la capacité du marché libre et sans contraintes de l’État de permettre aux classes inférieures de s’en sortir.

Par des mesures de redistribution tant décrier par les néo-libéraux, en Suède le 10% des plus riches gagnent 6.2 fois plus que le 10% plus pauvre, au RU le ratio s’élève à 13.2

Collectivement, nous pouvons choisir entre le modèle suédois de redistribution de richesse ou le modèle RU qui concentre la richesse entre les mains d’une élite.

Malheureusement, le FMI, la BM et l’OMC favorisent l’implantation du modèle RU dans les pays en développement, mais avec encore moins de mesures de redistribution.

C’est pourquoi la pauvreté s’accentue partout où on applique la médecine libérale.

Peut importe ce qu’on nous dit depuis 25 ans, la vérité demeure que c’est en modérant les riches que l’on aide les pauvres, et surtout pas le contraire.

Brève histoire de la pensée économique

J’ai découvert un site extraordinaire qui explique clairement la théorie et les enjeux économiques. www.dollarandsense.org On y raconte une brève histoire de la pensée économique qui va comme suit…

Au début du 19ième siècle, alors que l’industrialisation capitaliste transformait la société européenne occidentale, les défenseurs et les critiques de l’ordre social émergent utilisaient les mêmes termes d’analyse.

La société était divisée en classes : les propriétaires terriens, les travailleurs, les capitalistes. Et on les définissait selon leur pouvoir sur les ressources économiques.

Pour analyser le nouveau système capitaliste, il fallait comprendre des choses comme la création et la distribution de surplus sociaux : la production au-delà du nécessaire pour loger et nourrir les travailleurs, puisque les surplus donnaient des loyers et des profits à la classe capitaliste.

Au milieu du 19ième siècle, Karl Marx avait élaboré une puissante critique du capitalisme. Marx disait que la classe des travailleurs était exploités dans le système capitaliste, puisque le fruit de leurs labeurs étaient volé et transformé en profits avec lesquels les capitalistes créaient des outils d’exploitation encore plus puissants.

Les socialistes, les communistes et d’autres mouvements radicaux ont commencé à demander des changements politiques et économiques, certains appelant à la révolution et la fin de la propriété privée des moyens de production.

Au tournant du 20ième siècle, en partie pour réagir face à la pensée marxiste, un autre langage a été développé pour parler de l’économie capitaliste.

C’était l’économie néo-classique, qui a été adopté très rapidement par les universités comme fondement de la nouvelle science économique.

Les néo-classiques se sont débarrassés des notions classiques telles que classe sociale et le contrôle sur les moyens de production.

Dans leur nouveau paradigme, la société n’est qu’un assemblage d’individus égoïstes, en compétition avec l’univers pour maximiser leurs gains économiques.

Dans le monde imaginaire des néo-classiques (la pensée économique dominante encore aujourd’hui) il n’y a pas de place pour l’histoire, la politique, les institutions, les centres de pouvoirs, sauf le pouvoir dérangeant des gouvernements.

Les marchés compétitifs, pour les néo-classique, ne sont pas le résultat de luttes issues de l’histoire, mais plutôt la forme naturelle d’une organisation économique efficace.

Dans un marché libre, un individu est libre de vendre ou de ne pas vendre son travail, d’acheter ou de ne pas acheter.

La pensée économique orthodoxe qui est enseigné dans nos universités a été conçue il y a un siècle en réponse à une critique sévère et menaçante.

La théorie économique dominante ne reconnaît pas le rôle de la publicité dans les choix de consommation, l’existence de multinationales ne fait pas partie des calculs.

Il existe une panoplie de penseurs économiques qui refuse le monde imaginaire néo-classique : ces économistes sont soit hétérodoxe, progressiste, féministe, institutionnaliste, post-Keynésien, Marxiste, sociaux, écologiste : tout ces groupes s’attaquent au monde économique réel : les structure de pouvoir, les iniquités, les classes sociales, le sexisme, l’écologie et la stabilité sociale.

Faites votre choix. Mais de grâce, ne vous enfermez pas dans le cadre néo-classique!

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