23 avril 2010

LA LEVÉE 17 MARS 2010

La Levée 17 mars 2010

1. Le nouveau budget de Moscou : le coup de mort de la culture, de l'éducation et de la santé publique russes

2. Le déficit canadien : Ottawa veut le contre-balancer avec nos services publics déchiquetés

4. Est-ce que le Keynésianisme peut nous montrer comment réduire le déficit sans tuer l'économie?



BUDGET RUSSE

La Douma, le parlement de la Russie, a adopté une autre loi qui donnera un grand coup de mort à la culture, l'éducation et la santé publique.

La lutte contre ces secteurs est en cours depuis plusieurs années, déjà, mais il semble que cette fois-ci, les députés sont déterminés à en finir pour de bon

La loi démontre clairement l'intention de l'Etat de se dégager de toute responsabilité sociale restant qu'il a encore envers le peuple

La recherche, la culture et l'éducation devront désormais se débrouiller seuls - ou mourir complètement.

Selon les responsables, la loi vise à «optimiser les dépenses budgétaires»

Qu'est-ce que cela signifie en réalité : c'est que ces dépenses pourraient être totalement éliminés.

Si la loi entre en vigueur, les établissements publics de santé et d'éducation seront retirés du budget fédéral à compter du 1er janvier 2011.

D'autre part, on donnera carte blanches aux institutions scientifiques, scolaires et culturels pour gagner de l'argent comme ils peuvent.

le gouvernement va bientôt cesser de supporter le fardeau des dettes accumulées par les écoles, les hôpitaux et les bibliothèques.

En conséquence, nous pourrions commencer à voir des musées ou des cliniques médicales faire faillite et fermer leurs portes dans un avenir proche.

Les organisations les plus chanceuses seront désignés comme des "établissements de l'Etat», mais il est trop tôt pour féliciter ces organismes, la loi stipule également que leur «excédent d'actif» sera saisi.

Pour l'instant, nous ne pouvons que deviner qui déterminera quel est cet excédent, de quels critères ils se serviront et combien ils seront autorisés à prendre.

Les orphelinats, les prisons et les hôpitaux psychiatriques sont appelés à devenir «établissements de l'Etat.»

Donc, sauf si vous n'êtes pas un enfant abandonné, fou ou assis en prison en Russie, ne comptez pas obtenir l'aide du gouvernement.

Dans le même temps, les autorités continuent de travailler dans leur but préféré : les fusions, la consolidation et la rationalisation des hôpitaux, des écoles et des universités.

Après tout, qui a tant besoin d'instituts scientifiques? Certainement pas les petits villages ruraux...

Les autorités comprennent très bien que le nombre croissant de jeunes diplômés n'ont nulle part où appliquer leurs compétences.

Et ni le gouvernement ni le secteur privé sont prêts à créer massivement des emplois

Les millions de jeunes qui entreront sur le marché du travail dans les deux à trois prochaines années se trouveront placés dans cette catégorie malheureuse appelée «excédentaire».

Mais les autorités ont une logique propres à leurs actes.

Si ces gens excédentaires ne sont pas seulement les chômeurs, mais aussi instruits, ils pourraient constituer une menace grave pour les autorités au pouvoir.

Il vaudrait mieux, selon eux, que le peuple passe des heures chaque jour devant la télévision à regarder des séries passées date et du divertissement; boire ou prendre de la drogue que de lire et d'apprendre.

Peut-être pour ça que personne ne prévoit réduire les fonds pour les prisons et les hôpitaux psychiatriques?



DETTE DÉFLATION DANGER

Le gouvernement conservateur canadien, qui ne croit pas au principe de gouvernement, a un plan pour réduire les services publics.

Comme annoncé dans son budget, il a l'intention de supprimer des emplois du service public, et de réduire le taux d'augmentation de nos dépenses publiques, déjà en chute.

Le déficit prévu de plus de 50 milliards de dollars a été invoqué comme la raison principale

C'est quoi le déficit? Ajouter la dette fédérale de cette année à celle des années antérieures et vous l'obtenez

Pourtant, par rapport à l'économie totale du Canada, dans l'exercice financier de 2008 à 2009, le déficit fédérale était à son plus bas en 25 ans.

Lorsqu'il est mesuré en pourcentage des recettes publiques, dans la dernière année financière, il représente seulement 13 pour cent des revenus qui servent à payer le coût du service de la dette du gouvernement canadien.

Pas grand chose si on compare au 37,6 pour cent que c'était dans l'année de récession 1990 à 1991.

Vus comme ça, les vrais coûts de la dette sont faibles...

Ça révèle qu'il n'existe aucune justification pour réduire le nombre de fonctionnaires ou la réduction des dépenses nécessaires pour les soins de santé, l'éducation, la formation professionnelle, le transport en commun rapide, la protection de l'environnement, les loisirs, le sport amateur, des activités culturelles, de l'emploi l'assurance et la sécurité du revenu à la retraite

Il y a encore beaucoup de place pour de nouveaux emprunts afin de combattre le chômage, à un moment où l'on estime que 800 000 personnes voient leur prestation de chômage prendre fin

Le chômage peut être réduit grâce à la politique gouvernementale... le gouvernement est supposé être là pour ça!

On a compris ça au début du 20e siècle... que le chômage de masse, comme on a vu dans les années 1930, était inutile.

En effet, du point de vue des politiques macro-économiques telles que développées par John Maynard Keynes, et ses nombreux partisans que l'on entend pas assez, d'ailleurs

À l'époque, la grande dépression a été causée par des politiques d'austérité du gouvernement... exactement du type que les Canadiens sont censés accueillir à bras ouverts aujourd'hui.

Ce que nous avons appris il y a huit décennies, était qu'un déficit dans les recettes du gouvernement est le symptôme d'une économie défaillante, pas la cause de la récession.

Faire tomber les dépenses en conformité avec les revenus ne fait qu'aggraver les choses.


***

Dans le budget de la semaine dernière, les conservateurs ont voulu nous pousser dans une nouvelle ère d'austérité

Une ère qui ne pourra qu'empirer les choses pour les Canadiens déjà au chômage, et ajouter à leurs nombres.

Fait alarmant, les libéraux n'ont montré aucun signe qu'ils comprennent le lien entre les dépenses publiques et la création d'emplois

ils n'ont pas de programme de dépenses à proposer à la place de l'austérité

le ministère des Finances se réfère maintenant aux dépenses du gouvernement comme des «pertes» plutôt que des investissements.

En d'autres termes, le gouvernement voit l'éducation et les soins de santé comme un trou noir

Cette perspective est dangereuse pour notre santé collective

L'Institut Vanier de la famille a récemment publié un rapport sur l'endettement élevé des ménages canadiens:

pas moins de 1,3 million de familles canadiennes pourraient être dans le rouge

Au cours des 10 dernières années, les dettes familiaux ont augmenté deux fois plus vite que les revenus, souligne le rapport.

Face à cette incertitude économique, les familles endettées réduisent leurs dépenses pour essayer de remboursement leurs dettes.

Ceci est un exemple de ce qui devrait nous inquiéter le plus: la déflation de la dette.

Si les consommateurs n'achètent plus afin de rembourser la dette, les entreprises pourront également décider de payer leurs dettes

plutôt que d'investir dans de nouvelles productions, parce que les entreprises anticipent que les consommateurs ne vont pas acheter

Le cercle vicieux des ménages et des entreprises, réduisant les dépenses en raison de l'endettement est ce qui transforme une récession en une dépression.

C'est là le danger de la déflation de la dette, les conservateurs agissent sans y penser

Dans les circonstances actuelles, la pire chose qu'un gouvernement puisse faire est de réduire ses propres dépenses

parce que cette déflation par la dette ne fera que s'aggraver.

Tout cela vaut la peine de savoir, maintenant que nous sommes entrés dans une nouvelle époque d'hystérie autour du déficit, avec les gouvernements et la communauté des affaires faisant l'élimination du déficit leur priorité au-dessus de tous les autres objectifs.

Dans cet esprit, le ministre des Finances Jim Flaherty a fait un budget d'austérité la semaine dernière, sabrant 17,6 milliards de dollars dans les dépenses gouvernementales prévues, et il a promis de couper encore plus profondément si nécessaire.

Mais tandis qu'équilibrés les livres est un objectif important... en faire une obsession c'est faire preuve d'aveuglement

Une famille qui célèbre avoir équilibrées ses finances, tandis que ses enfants sont couchés sur le plancher de la cuisine, affamés, et que le toit est sur le point de s'effondre...

On dirait qu'elle souffre manifestement d'un sens déformé des priorités.

Les conséquences à long terme des réduction des dépenses sont dévastateurs

Il y a des moyens pour que l'économie se relève et comme ça on remboursera le déficit, avec un peu plus de temps.

Les hausses d'impôts pour les riches et les grandes entreprises profitables ont été écartés, pourquoi?

Aux États-Unis, par exemple, l'administration Clinton avait traité ces mêmes problèmes de déficit en partie en augmentant les impôts de façon significative pour les personnes à l'extrémité supérieure de l'échelle sociale.

Tandis que les riches chiâlaient, ils ont fini par payer des impôts plus élevés, et Clinton a quitté ses fonctions en se vantant d'excédents budgétaires.

La décision d'Ottawa de s'appuyer presque exclusivement sur les réductions des dépenses, la réduction du déficit du Canada met carrément tout le poids sur ceux qui ont des revenus inférieurs

Les conservateurs, qui sont supposément mandatés pour réduire la taille du gouvernement, n'ont pas hésité à favoriser les gens en haut de l'échelle sociale

Mais cet assaut sur notre infrastructure sociale n'est pas nécessaire.

Comme Clinton l'a montré, il y a beaucoup de marge pour des hausses d'impôt au sommet

Et encore plus de place aujourd'hui que dans les années 1990, avec la hausse importante des revenus de l'élite au cours des dix dernières années.

En Janvier dernier, un référendum a eu lieu dans l'État de l'Oregon, donnant aux électeurs un choix entre la réduction du déficit public par le biais des réductions de dépenses ou par une augmentation des taxes sur ceux qui gagnent plus de 250 000 dollars par an et des impôts des sociétés.

Ils ont choisi les hausses d'impôt

Tout comme le public canadien pourrait le faire, si jamais on leur donnait la chance.



RÉDUIRE LE DÉFICIT SANS TUER L'ÉCONOMIE


Comment peut-on réduire le déficit sans tuer la relance économique?

Les gouvernements, que ce soit en Grèce, le Royaume-Uni, ou même les États-Unis, semblent pris avec ce dilemme

Pourtant, Keynes a proposé une autre solution: l'impôt pour les riches.

C'est bon pour la croissance et ça ne casse pas la banque.

Dans la zone euro, le débat a été dominé par la crainte que la Grèce, l'Espagne et d'autres pays deviennent incapables de financer leurs déficits.

L'Irlande est déjà engagé dans des coupes sauvages au milieu d'une récession qui continue.

Cela pourrait encore être le sort des plus grandes économies comme le Royaume-Uni si le redressement promis n'est pas aussi robuste que l'on espérait.

Les économistes keynésiens font valoir, avec raison, que ces réductions ne feraient que pousser plus profondément ces économies dans la récession.

Mais lorsque le gouvernement est cassés, quelle alternative y'a-t-il?

Le keynésianisme a toujours mis l'accent sur le rôle anti-cyclique des dépenses déficitaires.

Keynes a reconnu que sa théorie générale a également eu des répercussions sur d'autres politiques économiques, positivement.

L'une d'elles, quand même significative, était que la réduction des inégalités économiques peut stimuler la demande et donc la croissance.

Un livre récent, La Grande Crise financière, par les économistes John Bellamy Foster et Fred Magdoff, est exemplaire.

Il retrace les origines de la crise actuelle, partant du déclin du capitalisme de l'après-guerre, le "Golden Age" du capitalisme, jusqu'à nos jours.

Dans ses grandes lignes, il propose une analyse keynésienne de ce qui nous a mené à la crise actuelle, et la prochaine, qui devrait avoir lieu très bientôt.

Je vous conseille de lire ce livre avant qu'elle arrive.

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