12 février 2010

LA LEVÉE 10 FÉVRIER 2010

1. L'Équateur sous Rafael Correa : la main néolibérale dans un gant bolivarien

2. 10 ans de Forum Social Mondial : le temps des actions concrètes est-il enfin arrivé?

3. La révolution corporative aux États-Unis : comment une décision de la cour suprême a tué la démocratie sans faire de bruit




ÉQUATEUR : MODÈLE NÉOLIBÉRAL



Rafael Correa commence sa 4eme année comme président de l’Équateur en affrontant les mêmes groupes et mouvements qui l’ont amené au pouvoir


Alors que son pays, dans le sillon de la crise globale, connaît une dépression de son économie et des pannes chroniques d’électricité


Les racines de la confrontation actuelle sont plus profondes


L’alliance du pays qui l’a amené au pouvoir en 2007 attend toujours que Correa remplisse ses promesses de refaire la constitution pour donner le pouvoir au peuple


Et de lancer des réformes qui débarrasseront l’Équateur de la corruption généralisée des élites politiques et financières


Ainsi que des politiques économiques néolibérales qui a fait des ravages depuis 20 ans


Au début de son mandat il s’était engagé dans des programmes de dépenses sociales qui tiraient une partie de ses revenues des ventes de pétrole


Une assemblée plurinationale a été constituée pour réécrire la constitution afin d’agrandir l’espace du public dans les institutions économiques et social du pays


Réélu président le 26 avril 2009 sous la nouvelle constitution adoptée en septembre 2008


Depuis, ses actions et ses relations avec les mouvements sociaux ont été sur la note de la confrontation, bien loin du socialisme participatif promis auparavant


Correa semble favoriser un modèle de développement étatique classique qui ne laisse pas de place à de la véritable participation publique


Donc ses actions sont en violation de la nouvelle constitution


Travailleurs, enseignants, organisations autochtones et écologistes se trouvent exclus de ce gouvernement


Faudra s’attendre, donc, à des mouvements de mobilisation et d’unité de la gauche contre le gouvernement


La lutte centrale entre Correa et les mouvements sociaux c’est pour le contrôle de l’économie du pays


Particulièrement ses ressources minières, et son pétrole


Le conflit s’est intensifié il y a un an alors qu’une nouvelle loi minière a été adoptée


Écrite selon le modèle néo-libéral, ce qui veut dire favorisant l’investissement étranger sur les soucis sociaux et environnementaux


Plaçant l’extraction des minerais sur les droits des communautés


En plus de permettre l’extraction à ciel ouvert et la destruction de la biodiversité


Incluant l’exploitation illimitée des ressources d’eau pour les opérations minières


Il va sans dire que cette nouvelle loi, adoptée rapidement et sans débat national est très impopulaire


Tout ça, au moment où des compagnies minières canadiennes ont obtenu le feu vert pour explorer des possibles dépôts d’or et de cuivre


Les tensions ont aussi monté d’un cran en septembre dernier avec la proposition du gouvernement pour une nouvelle loi sur l’eau


Les opposants affirment que la loi viole la constitution qui décrète un contrôle absolu du public et de la communauté sur les sources d’eau


La loi permettrait la privatisation de l’eau et limiterait la participation communautaire dans sa gestion, priorisant plutôt l’accès par les utilisateurs industriels


La fédération Shuar en a eu assez : passant une résolution appelant à la révocation du mandat présidentiel de Correa


Et proclamant que si le gouvernement tente d’exploiter les ressources non renouvelables de leur territoire…


Il vont le défendre… à suivre!


10 ANS DE FORUM SOCIAL MONDIAL


Depuis que le forum social mondial a été lancé en juin 2000 au sommet social alternatif à Genève


En même temps que l’assemblée des nations unies sur le développement social, dix ans ont passé


Et le monde a beaucoup changé au cours de cette période


Le contexte dans lequel le FSM, Forum social mondial, a émergé est différent d’aujourd’hui


Le FSM est né avec le désir d’être un point de rencontre des mouvements sociaux qui s’opposaient à la globalisation néolibérale


Et pour exprimer une alternative aux diktas du forum économique mondial de Davos : la réunion annuelle de la crème mondiale de politiciens et hommes d’affaires


Sur plusieurs fronts, le FSM a atteint ses buts…


Les événements ont attiré de plus en plus de participants


Culminant à 130 000 à la réunion la plus récente à Belem au Brésil à la même date l’an dernier


Il est vrai, par contre, que l’impact politique et médiatique du FSM s’est amoindri au cours des années


Mais un autre succès du FSM a été de décentraliser l’événement tenu aux deux ans dans différents continents du sud

Le Forum a le potentiel, comme on l’a vu l’an dernier à Belem, de répondre concrètement aux grands sujets du jour


Comme la réponse collective à la crise systémique que le capitalisme a connu et connaît toujours


Initialement le lieu de rencontre des altermondialistes, un mouvement dominé par ceux qui voulaient changer le monde sans prendre le pouvoir


Les débats et les stratégies pour atteindre le changement menant à un autre monde possible ont été modifiés


Maintenant, l’avenir du FSM ira dans la direction de la nouvelle relation entre les mouvements sociaux et les partis politique socialistes et anti-capitalistes


Avec la crise du capitalisme, ajouté à ça les crises sans précédents du climat et de l’alimentation


Les défis pour les participants aux FSM sont plus importants et urgents que jamais


Peut-être que le temps est venu, comme l’a dit l’activiste indienne de renommée mondial Arundhaty Roy, de mener des vrais combats qui infligeront de véritables dommages aux structures du pouvoir qui nous mènent tout droit vers le désastre?



LA DÉMOCRATIE CORPORATIVE AUX ETATS-UNIS



Le 21 janvier dernier sera connu par les historiens comme une journée sombre pour la démocratie américaine, ainsi que son déclin


C’est la journée où la cour suprême a décrété que le gouvernement ne pouvait plus empêcher les entreprises de dépenser directement dans les campagnes électorales


Une décision qui affectera profondément la politique du gouvernement dans toutes ses sphères d’action


La décision permettra aux grandes compagnies d’envahir encore plus le système politique états-uniens


La décision de la cour, à 5 contre 4, renverse un siècle de décisions tentant de contrôler les contributions des entreprises aux campagnes fédérales


Maintenant les gestionnaires d’entreprises peuvent acheter des élections directement, n’ayant plus besoin de procéder par des moyens indirects complexes


La cour a donc donné encore plus de pouvoir à l’infime minorité qui domine déjà l’économie


Tout ça n’a été possible à cause d’une décision judiciaire capitale qui, en 1886, affirmait que ces entités collectives légales avaient désormais les mêmes droits qu’une personne en chair et en os


Au cour des années suivantes, les droits des entreprises ont connu une expansion encore plus grande, notamment par les pseudo ententes de libre-échange


Depuis le 19e siècle, les petits groupes d’hommes propriétaires des moyens de production on fini par devenir les propriétaires du gouvernement, aussi


La décision du 21 janvier lève des nouvelles barrières importantes pour s’occuper des grands problèmes de la société américaine, tels que la réforme du système de santé, ou les crises encore plus graves de l’énergie et des changements climatiques


Le fossé entre l’opinion publique — ce que les gens veulent — et ce qui sera décidé et implanter par les politiciens s’agrandira d’avantage


Les dommages à la démocratie américaine peuvent difficilement être surestimés

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