12 juillet 2006

LA LEVÉE 12 JUILLET 2006

Corée du Sud

Nous assistons aujourd’hui aux plus grandes manifestations de la semaine en Corée du sud contre les négociations bilatérales sur le libre-échange du pays Asie du sud avec les États-unis.

Ça fait déjà des mois que les protestations s’accumulent et en ce moment on estime à 100 000 personnes qui manifestent au centre-ville de Séoul qui manifestent devant l’hôtel où se tiennent les négociations.

Cette manifestation contre le néo-libéralisme s’ajoute à l’opposition qui prend du poids partout en Asie du sud-est depuis quelques années.

Et devant cette opposition globale, on a vu le grand capital prendre le virage des négociations bilatérales au lieu d’opter pour une solution finale globalisée.

Alors, afin d’éviter les fiasco à la ZLÉA et des échecs au niveau mondiale avec l’OMC, les négociations bilatérales ont le double avantage d’empêcher les petits pays de se grouper entre eux pour former une opposition solide, et de faire en sorte que le petit pays se plie aux exigences du gros.

Comme ça l’a été le cas entre le Canada et les ÉU à la fin des années 1980; c’est le cas aujourd’hui en Corée du Sud.

Mais si l’on regarde du bon côté, les ententes bilatérales de pseudo libre-échange provoquent aussi de nouvelles formes de solidarité entre des groupes qui normalement ne travailleraient pas ensemble.

Alors les fermiers sud coréens s’inquiètent avec raison des quotas qui leur seront imposés sur le riz étranger.

C’est que les petits lots de riz exploités par des petites fermes familiales ne peuvent absolument pas se mesurer aux énormes rizières industrielles de la Californie.

Alors que la Corée du Sud offre des concessions aux ÉU concernant les politiques de prix pour leur industrie pharmaceutique et leurs politiques de télécommunications…

Il apert que les ÉU ne veulent pas lâcher le morceau pour les deux intérêts des sud coréens : la reconnaissance de leur produits manufacturier venant de la zone industrielle partagée avec la Corée du nord et l’acceptation de plus de 5000 visas de travail par année aux ÉU pour les travailleurs coréens.

…Ça ressemble étrangement à nos propres négociations avec les ÉU : eux voulaient notre pétrole, et ils l’ont obtenu, nous voulions un accès libre à leur marché de consommateurs… et on attend toujours!

La trame commune dans toutes ces négociations de libre-échange (ALENA, ZLÉA, OMC) c’est que l’on a remis le pouvoir à l’aile exécutive de procéder rapidement, sans consulter la population.

Le président de la Corée du Sud tente donc de faire passer l’entente de libre-échange avant la fin de son mandat en 2008 et Bush veut faire la même chose avant que son autorité suprême sur la question n’arrête en 2007.

Et ce n’est pas juste un petit groupe d’altermondialistes qui s’opposent à l’entente : un sondage récent démontre que 52% croit que l’entente fera du tort à la Corée du Sud et 90% pensent que le rythme des négociations devrait être ralenti…

Pendant ce temps-là, en Corée du Nord, on réagit aux menaces militaires américaines comme le ferait un porc-épic… en hérissant ses piquants… dans leur cas, en projetant des missiles dans le nord du Pacifique…


Corée du Nord

Encore une fois, la Corée du Nord attire l’attention du monde avec ses missiles.

Le 4 et 5 juillet dernier, le régime de Kim-jung-il a testé sept missiles Nodong, dont un engin qui pouvait théoriquement atteindre la côte de l’Alaska…

Inutile de dire que l’administration Bush a agit de la seule manière qu’elle connaisse : en déployant de la pression diplomatique.

En agissant, en somme, comme si ses intérêts étaient le reflet direct des intérêts de la communauté internationale…

Alors que dans les faits, ce nouvel environnement menaçant est sa propre création :

En annonçant sa nouvelle orientation, sa nouvelle stratégie de sécurité nationale en 2002, Washington a pratiquement invité tout les pays qui se sentent menacé par l’Oncle Sam de s’armer jusqu’aux dents.

La guerre préventive, avec l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, en flagrante violation de la loi internationale, a fait en sorte que le monde est moins sécuritaire qu’avant 2002.

Alors le 6 juillet dernier, lorsque Bush a dit que la Corée du Nord s’est encore plus isolé en larguant ses missiles dans l’océan, on s’éloigne encore plus d’une véritable solution diplomatique.

Le but n’est pas d’humaniser le régime de Kim-Sung_il mais bien de le renverser…

Le problème central des relations américaines avec la Corée du Nord c’est que la guerre de Corée ne s’est jamais officiellement terminée.

Une armistice n’est pas un traité de paix, et la Corée du Nord attend toujours un traité de paix…

Rappelons que la Corée du Nord avait été bombardée sans pitié par l’armée américaine entre 1950-1953 qui a causé 3 millions de morts.

Depuis, la Corée du Nord a été sous la menace des armes nucléaires de son voisin du sud jusqu’à la fin de la guerre froide.

Et plus récemment, l’armée américaine s’amuse à mener des jeux militaires dans l’ouest de l’Océan pacifique.

Alors la communauté internationale tente de calmer les ambitions nucléaires de la Corée du Nord.

Or, dans tout ça, on omet trop souvent de dire que le mauvais exemple vient en premier lieu de la plus grande menace nucléaire de la planète.

Sous le traité de non-prolifération nucléaire, l’article six, les ÉU ont l’obligation de réduire graduellement leur arsenal nucléaire.

Il n’en est rien. Pire, depuis que Bush est là, on a augmenté la production!

Donc pour tout ceux qui regardent objectivement la situation entre la Corée du Nord et les ÉU il est clair que la Corée réagit aux provocations de Washington.

Mais trop souvent, chaque action menaçante de la Corée du Nord est vu comme une hostilité menée par un dictateur fou…

Au lieu de voir ça pour ce que c’est : une tactique dure de négociation par un État isolé et menacé qui tente avec des mesures désespérées de normaliser ses relations avec l’empire américain.

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