16 novembre 2009

LA LEVÉE 4 NOVEMBRE 2009

1. Le retrait d'Abdhullah de la campagne électorale présidentielle en Afghanistan expose l'absence totale de légitimité d'Hamid Karzai

2. 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin : tournons notre attention sur les autres murs de la honte qui tomberont un jour

3. Les atrocités continuent à l'est du Congo : les forces de l'ONU sont-elles complices?

4. Militarisation de l'Amérique latine par les États-Unis : pas le vraiment le changement que je m'attendais d'Obama

5. Le Vénézuela : l'état de sa démocratie après 10 ans au pouvoir de Hugo Chavez

6. Un tour au Népal : allons voir comment les Maoïstes se débrouillent après trois ans au pouvoir


KARZAI

La retraite d'Abdullah de la course présidentielle laisse Hamid Karzai au pouvoir en Afghanistan, mais sans aucune légitimité

Tous sont pas mal d'accord avec le fait qu'il a fraudé la dernière élection

Et Abdhullah s'est retiré lui-même, a-t-il dit, parce qu'il ne pouvait être certain que Karzai ne le ferait pas encore... ajoutant les arguments des coûts de l'élection et les problèmes de sécurité

Donc Hamid Karzai demeure au pouvoir, mais tout le monde en Afghanistan reconnait qu'il est corrompu

On dénonce depuis des années le fait qu'il s'entoure de vendeurs de drogues, de seigneur de guerre et de criminels

Le Canada et les ÉU ne peuvent tout simplement pas défaire les insurgés tout en appuyant un gouvernement aussi illégitime

Même son propre frère est impliqué dans le marché de la drogue : Ahmed Wali Karzai, considéré comme un des trafiquants majeurs d'héroïne en Afghanistan

le pays au centre de la production d'opium depuis l'invasion des ÉU et de l'OTAN en 2001

Comme le New York Times l'a démontré récemment, le frère du président a été un agent de la CIA, recevant des paiements réguliers de l'agence

... tout ça au même moment qu'il s'occupait du marché de l'opium et qu'il était occupé à frauder l'élection présidentielle en faveur de son frère

Sous l'occupation de l'OTAN, presque chaque Afghan d'importance a eu des contacts avec le marché de la drogue

Et lorsque l'on constate l'état réel des choses en Afghanistan, on voit à quel point Harper et Obama font une gaffe majeur de poursuivre notre aventure militaire là-bas

Et les arguments voulant que nous combattions pour la liberté et la démocratie ne sont que du vent


MURS

Le mur de Berlin, également appelé le «mur de la honte», a été érigé en plein Berlin pendant la nuit du 12 au 13 août 1961 par la République démocratique allemande (RDA)

Ce mur tentait ainsi de mettre fin à l'exode croissant de ses habitants vers la République fédérale d'Allemagne (RFA)

Le Mur séparait physiquement la ville en Berlin-Est et Berlin-Ouest pendant plus de vingt-huit ans.

L'affaiblissement de l'Union soviétique, la perestroïka conduite par Gorbatchev et la détermination des Allemands de l'Est, provoquent, le 9 novembre 1989, la chute du mur de la honte

Alors cette semaine on a droit à des commémoration de ce 20e anniversaire à travers le monde

La plus grande fête hors de l'Allemagne a lieu à Los Angeles, «The Wall Project»... et le message politique qu'on y trouve pourrait en surprendre plusieurs

Les artistes sous contrat pour l'événement ont promis des oeuvres qui tirent des analogies entre le mus de Berlin et le mur que les Israéliens ont érigé le long de la frontière avec la Cisjordanie et le mur que les ÉU ont construit le long de la frontière mexicaine

Les deux artistes principaux sont Shepard Fairey, créateur du fameux poster d'Obama où il est écrit HOPE, et Thierry Noir, un peintre français connu pour ses oeuvres sur le mur de Berlin

Noir a affirmé que sa participation à l'événement visera à tirer des comparaisons entre le mur de Berlin et le mur séparant les ÉU du Mexique, le point principal étant que aucune mur ne reste debout pour toujours

Fairey pour sa part, est l'artiste qui fera la comparaison avec le mur de la honte en Israël...

Les deux artistes semblent dire que ces deux murs, comme le mur de Berlin il y a 20 ans, devraient tomber... permettant le libre mouvement des personnes... donc des palestiniens en Israël et des Mexicains aux ÉU

Le mur de Berlin empêchait les victimes du Stalinisme de retrouver leur liberté à l'ouest...

Le mur israélien empêche les victimes du sionisme de retrouver leurs terres volées en Palestine

Le mur à la frontière mexicaine, comme le mur de Berlin, divise un territoire en deux : celui qui à une certaine époque appartenait complètement aux Mexicains en Californie et au Sud ouest... Aztlan

La palestine réunifiée, l'Aztlan sans division : voilà de belles manières de célébrer la chute du mur de Berlin, en représentant des combats actuels pour la liberté.



CONGO ATROCITÉS

Certains soldats de l'armée congolaise commettent des crimes de guerre en s'attaquant violemment aux personnes qu'ils devraient justement protéger.

La volonté persistante de la MONUC d'apporter son soutien à des opérations militaires pendant lesquelles sont commises des exactions l'implique dans des violations des lois de la guerre.

La force de maintien de la paix de l’ONU soutient en connaissance de cause des opérations militaires au cours desquelles des exactions sont commises

Les forces armées congolaises dans l'est de la République démocratique du Congo ont tué brutalement des centaines de civils et perpétré un très grand nombre de viols au cours des trois derniers mois,

lors d'une opération militaire appuyée par les Nations Unies

la force de maintien de la paix de l'ONU au Congo, la MONUC, devrait donc suspendre immédiatement son soutien à l'opération militaire,

faute de quoi elle court le risque d'être impliquée dans de nouvelles atrocités.

Lors de deux missions d'enquête sur le terrain dans l'est du Congo en octobre 2009,

Human Rights Watch a documenté les meurtres d'au moins 270 civils commis délibérément par des soldats congolais entre les villes de Nyabiondo et de Pinga,

dans une partie reculée de la province du Nord Kivu depuis le mois de mars.

Nombre d'entre eux ont été tués lors de deux massacres perpétrés en août dans les villages de Mashango et de Ndoruma.

La plupart des victimes étaient des femmes, des enfants et des personnes âgées.

Certaines ont été décapitées, d'autres ont été découpées à coups de machette, battues à mort avec des gourdins ou bien abattues en tentant de s'enfuir.

Certains soldats de l'armée congolaise commettent des crimes de guerre en s'attaquant violemment aux personnes qu'ils devraient justement protéger

La mission de maintien de la paix de l'ONU est partenaire de l'armée congolaise dans l'opération Kimia II, commencée le 2 mars dernier.

L'objectif est de désarmer par la force les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), une milice hutue rwandaise, dont certains chefs ont participé au génocide au Rwanda en 1994.

Les soldats du maintien de la paix de l'ONU fournissent aux soldats congolais un soutien opérationnel et logistique important, notamment une puissance de feu militaire, le transport et des livraisons des rations et de carburant.

L'un des massacres de l'armée congolaise s'est produit début août sur la colline de Mashango, à 15 kms de Nyabiondo, où les soldats du maintien de la paix de l'ONU ont une base.

au moins 81 civils ont été tués quand les soldats de l'armée congolaise ont attaqué cinq hameaux distants de quelques kilomètres les uns des autres, dont un seul abritait des combattants rebelles.

Les soldats congolais auteurs de l'attaque n'ont fait aucune distinction entre combattants et civils, tirant souvent à bout portant ou massacrant leurs victimes à coups de machettes.

Le 29 octobre, la MONUC a signalé que l'armée congolaise avait déclenché de nouvelles opérations militaires dans la zone située au nord de Nyabiondo, soulevant des préoccupations quant à de nouvelles attaques contre les civils.

soldats de l'armée congolaise avaient tué délibérément au moins 505 civils depuis le début de l'opération Kimia II entre mars et septembre.

Il va de soit que les crimes de guerre commis par les milices FDLR ne justifient absolument pas que les soldats du gouvernement congolais commettent des atrocités

L'ONU doit s'interroger fermement sur le rôle de ses soldats du maintien de la paix qui soutiennent des opérations donnant place à de pareilles exactions.

la MONUC a l'obligation, avant d'accepter de soutenir toute opération militaire avec l'armée congolaise, de garantir que de telles opérations sont organisées et menées en accord avec le droit humanitaire international.

La MONUC ne peut participer à aucune opération dans laquelle il y a des raisons fondées de croire que les unités de l'armée congolaise concernées peuvent violer le droit humanitaire international.

Le 30 octobre, les soldats du maintien de la paix de l'ONU et l'armée congolaise ont mis en place un comité provincial conjoint au Nord Kivu pour enquêter sur les violations des droits humains commises par les soldats de l'armée et pour renvoyer les commandants auteurs d'exactions.

La création d'un comité similaire est prévue au Sud Kivu.

Les opérations militaires menées depuis janvier, notamment l'opération Kimia II, ont entraîné le désarmement de 1 243 combattants FDLR sur un total estimé à 6 000,

mais les FDLR continuent à recruter et leur capacité à attaquer des civils demeure intacte.

Les soldats du maintien de la paix de l'ONU devraient développer une stratégie globale pour désarmer les FDLR, en faisant de la protection des civils une priorité.

Leur mandat permet aux soldats du maintien de la paix d'utiliser la force pour désarmer les FDLR à eux seuls, sans joindre leurs forces à l'armée congolaise commettant des exactions.

Il est urgent d'envisager d'autres options n'entraînant pas de nouvelles violences contre la population de l'est du Congo pour désarmer les milices FDLR.



MILITARISATION AMERIQUE LATINE

Les ÉU ont été fondé comme étant un bébé empire, selon les mots de George Washington
La conquête de territoires a toujours été partie intégrante de cette aventure impériale

Des premiers jours, le contrôle de son propre hémisphère a été un but central

Et récemment, l'Amérique latine a retrouvé sa place dans la planification globale des ÉU

Car si les ÉU ne peuvent pas contrôler leur cour arrière, ils ne peuvent pas espérer avoir du succès ailleurs dans le monde

Le problème c'est que l'Amérique du sud a connu une révolution démocratique, tentant de retrouver son indépendance, agrandissant ses liens internationaux du même coup

Traditionnellement, l'Amérique latine est contrôlée par une minorité européanisée au milieu de masses écrasantes de pauvres et de personnes souffrantes

En juillet, Washington et la Colombie ont conclu une entente qui permettait aux ÉU d'utiliser sept bases militaires en Colombie

La raison officielle est de contrer les narco-traffiquants et le terrorisme, mais l'idée est vraiment de faire de la Colombie le centre régional d'opération pour le Pentagone

La Colombie a de loin la pire dossier concernant la violation de droits humains en Amérique latin depuis la fin des guerres en Amérique centrale au cours des années 1980

Et la corrélation entre l'aide américaine et la violation de droits humains ne fait aucun doute

En février dernier, la commission d'Amérique latine sur les drogues et la démocratie a publié son analyse de la guerre américaine contre la drogue au cours des dernières décennies

la conclusion a été, sans surprise, que la guerre à la drogue a été un échec lamentable

et ce que l'on recommande est un changement radical de politique... loin des mesures dures, vers des solutions moins coûteuses et plus efficaces : la prévention et le traitement des dépendances à la drogue

On le sait, la guerre à la drogue, comme la guerre au crime et la guerre au terrorisme, sont toutes poursuivies pour des raisons autres que les titres... les raisons sont toujours révélées par les conséquences

Au cours de la dernières décennie, les ÉU ont augmenté leur aide militaire et l'entraînement d'officiers en Amérique latine afin de combattre le populisme radical

La 4e flotte américaine, démantelée en 1950, a été réactivée en 2008, peu après l'incursion militaire de la Colombie en Équateur

La 4e flotte patrouille, depuis, les eaux des Caraïbes, de l'Amérique centrale et du sud

Cette militarisation de l'Amérique du sud s'aligne avec la construction de bases américaines ailleurs dans le monde... celle à Baghdad qui s'élève au coût de 1,8 milliards $ par année

Ainsi que des méga ambassades au Pakistan et en Afghanistan

Pas vraiment les changements promis au cours de la campagne électorale de Barack Obama, du moins, pas ceux auxquels le monde s'attendait lorsqu'il célébrait sa victoire à la même date l'an dernier

POLITIQUE VENEZUELA

Dix ans après l'élection de Hugo Chavez au poste de président du Venezuela, le mouvement qui a inspiré son élection demeure divisé par rapport à ses buts et ses stratégies

Il va sans dire que Hugo Chavez est devenu le visage du Venezuela

Son gouvernement s'est joint a un puissant mouvement syndical, un certain secteur d'entrepreneurs progressistes, joué un rôle interventionniste dans l'économie et défié les intérêts économiques étrangers

Avant le début de l'ère dela globalisation financière au cours des années 1980, presque tout ceux qui voulaient du vrai changement politique défendait une approche étatiste, c'est-à-dire du haut vers le bas

L'approche militante est plutôt axée sur des relations d'égal à égal qui se construisent hors des centres traditionnels de pouvoir

Le mouvement Chavista représente simultanément ces deux approches : il y a ceux qui défendent l'approche étatiste, comme les membres du parti socialiste uni pour le Venezuela

Il y a des Chavistas qui sont indépendants et très critiques des partis politiques et défendent vigoureusement les stratégies militantes, de base et horizontales

Incluant nommer les candidats qui se présenteront aux élections

Ils sont très critiques des chefs de parti qui tolèrent la corruption et le comportement bureaucratique qui tue l'enthousiasme pour le mouvement chaviste

Lors de l'Assemblée constitutionnelle de 1999, la base militante a vigoureusement défendu le principe que la démocratie directe remplacerait un jour la démocratie représentative

Mais les chefs de parti sont plutôt en faveur de l'approche verticale, étatique, voyant le Chavisme plutôt comme un bloc qui doit défendre le processus révolutionnaire

Et qui demande donc l'unité du mouvement, peu importe les coûts

Cette dualité, très forte,au sein d'un grand mouvement, le fait que ni l'un ni l'autre n'a pu prendre le dessus au cours des dix dernières années, est vraiment une caractéristique unique au processus mis de l'avant par Chavez

En 2004, on a commencé à voir l'émergence d'une démocratie, d'une économie participative au Venezuela

La création de dizaines de milliers de coopératives, l'implication des travailleurs dans les processus de décisions dans des entreprises publiques et privées

En 2006, la création de conseils de communauté, qui surveillent et démarrent même des travaux publics et des programmes en santé

Pendant ce temps là, l'État a créé des structures encourageants la participation populaire, la promotion de valeurs socialistes, le financement d'activités

Les activités des groupes communautaires et des mouvements sociaux durant le règne de Chavez a sans doute amélioré la confiance et la fierté des groupes comme les femmes, les afro-vénézuéliens et les peuples autochtones

Mais il demeure que l'attitude antagoniste entre les dirigeants des deux côtés du mouvement n'a pas diminué pour autant

Le fait que Chavez endosse les éléments importants des deux côtés montre que la démocratie vénézuélienne connaîtra probablement une mutation qui l'approfondira aux cours des prochaines années

Et une réussite de l'expérience au Venezuela, sera sans doute un modèle à suivre pour les mouvements de gauche et progressiste à travers le monde, trop souvent fragmentés

et inefficaces


NEPAL

On termine l'émission en allant sur le toit du monde, au Népal, où un antagonisme entre les deux forces politique menace la paix

Presque un million de Népalais ont envahi les rues de Kathmandou le 24 avril 2006 dans une démonstration historique pour un retour à la démocratie parlementaire

Cette manifestation pour la paix a donné espoir que un des pays les plus pauvres du monde pourrait choisir la voie de la paix, de la prospérité et de la sécurité

La démocratie, il semblerait, était la force montante qui pourrait guérir les blessures d'une insurrection maoïste qui sur 10 ans a pris 13 000 vies

Trois ans après, on remarque de véritables signes de progrès

Le Népal a initié un vrai processus de paix, passant d'une des plus vieilles monarchies au monde à la plus jeune république

Et mener des élections avec succès qui a donné naissance à un gouvernement de coalition dirigée par les maoïstes

Par contre, au-delà des apparences, le jeune processus de paix vacille

Depuis l'assemblée constitutionnelle d'avril 2008, la question de l'intégration des combattant maoïstes dans l'armée népalaise demeure un problème épineux

Écrire une nouvelle constitution en vue de la convention de mai 2010, refaire l'infrastructure du pays et j'en passe

Les Maoïstes sont loin d'être tout puissant, mais ils sont le seul parti politique capable de paralyser le pays... leur quête d'une suprématie civile en rédigeant une nouvelle constitution dérange énormément les centres traditionnels de pouvoir

Au-dessus de tout ça, il y a l'ombre de l'Inde, puissant voisin au sud qui a agi pour imposé en quelque sorte, un processus de paix

Et l'Inde n'a jamais été à l'aise avec la victoire électorale des Maoïstes et les demandes répétées du peuple pour du changement

L'Inde a donc utilisé des tactiques interventionnistes à travers des politiciens népalais afin de mener éventuellement au renversement des Maoïstes

L'Inde est aussi le plus grand fournisseur d'armes à l'armée népalaise

Tout ça nous mène vers une nouvelle militarisation de l'évolution népalaise, loin de l'esprit de paix et de coopération qui existait en avril 2006

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