Système de santé PPP
Pour revenir sur le manifeste pour un Québec lucide qui dit en somme qu’il faudra collectivement se serrer la ceinture pour faire face aux défis posés par le vieillissement de la population; notre retard économique par rapport au reste de l’Amérique du Nord; la réduction de la dette et les besoins criants en santé et en éducation.
Une des solutions proposées serait de laisser de la place au privé dans le système de santé et puis d’arrêter de paniquer avec cette idée là.
Dans le manifeste on ne mentionne pas les profits monstrueux des compagnies pharmaceutiques comme étant une menace au système de santé, mais ça c’est un autre sujet en soi.
Le problème avec l’entrée du privé dans le système de santé comme solution miracle pour guérir le système c’est que tout prouve que ça finira par coûter plus cher.
Non seulement le système privatisé à l’américaine coûte vraiment plus cher, il s’avère qu’il est aussi beaucoup moins efficace que le modèle public.
Malgré ces faits, ici comme à travers le reste du Canada on a adopté la privatisation de facto avec les PPP, les partenariats privé-public dans les hôpitaux.
Dalton McGuitny, le premier ministre de l’Ontario a annoncé l’arrivé de 14 hôpitaux PPP à travers la province.
Il a annoncé même s’il avait vertement dénoncé les hôpitaux PPP lors des dernières élections provinciales, accusant les hôpitaux PPP de coûter trop cher, que leur contrat était trop long et que tout ça allait éventuellement mener à un système de santé à l’Américain.
Il avait bien sûre raison, mais là son plan de 14 hôpitaux PPP devra faire face à l’opposition venant de l’Ontario Health Coalition. Sûrement le genre de groupe que dénonce Lucien Bouchard et sa gang dans le Québec Lucide!
On souhaite bonne chance à la coalition, parce que si le projet ontarien de privatisation est réussie on risque de voir des hôpitaux PPP apparaître partout à travers le pays.
La plupart des hôpitaux PPP signifient que l’on a signé un contrat avec un consortium privé pour le design, la construction, le financement et l’opération de l’hôpital pour un long moment, normalement entre 25 et 30 ans.
Alors tous les services non-médicaux sont regroupés en un contrat unique ayant des débits de revenus garantis pour des services allant de l’alimentation à la buanderie en passant par la maintenance et le nettoyage.
En regroupant les services de la sorte, il devient pratiquement impossible de cesser un contrat individuel sans mettre fin l’ensemble à des coûts pouvant monter à des centaines de millions de dollars.
Selon des études de l’université McMaster publiées dans le Canadian Medical Association Journal le mélange de profits et d’hôpitaux est morbide et coûteux.
On y dit que le gouvernement canadien paierait 7,2 milliards de plus par année en santé si le Canada devait aux hôpitaux à buts lucratifs.
L’étude est même allée jusqu’à chiffrer le nombre de morts qui en résulterait directement : 2200 par année.
Il y a aussi la menace très sérieuse de fraude : aux ÉU au milieu des années 1990, la fraude par les géants de la santé s’élevait à 100 milliards par année.
En GB, la feuille de route des hôpitaux PPP est tellement désastreuse que le gouvernement de Tony Blair est même allé jusqu’à menacer d’augmenter les taxes pour payer les coûts additionnels que ça l’a amené.
La compagnie qui signe le contrat PPP paie non seulement des taux d’intérêt plus élever pour son financement du projet, mais il compte recevoir jusqu’à 16% de retour sur son investissement.
Si on ajoute à ça le coût exorbitant des cadres et on voit pourquoi les budgets pètent le plafond.
Alors la seule stratégie pour baisser les coûts s’avère de mettre des employés à la porte et de réduire les qualifications des autres travailleurs pour baisser leur salaire.
Le penchant vers l’introduction du privé dans notre système de santé n’a rien de lucide.
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