Venezuela démocratie
Des élections législatives ont eu lieu au Venezuela dimanche dernier et le résultat a été un plein contrôle de Président Hugo Chavez sur le congrès, son parti ayant remporté les 167 sièges de l’Assemblée nationale.
Maintenant Chavez contrôlera tout les niveaux de pouvoir : les forces armées, le congrès, la cour suprême et la commission électorale.
L’ensemble des partis de l’opposition ont décidé de boycotter l’élection en faisant le calcul imprudent que de la sorte le monde allait voir Chavez comme un despote et le forcer à prendre sa retraite.
Le prétexte officiel du boycott était que Chavez avait trop de contrôle sur la commission électorale nationale : pourtant, il y avait plus de 400 observateurs indépendants qui veillaient sur l’élection et personne n’a dit qu’il s’était passé quelque chose de malhonnête…
Alors pour la quatrième fois, les partis d’opposition du Venezuela se sont tirés dans le pied depuis qu’Hugo Chavez a pris le pouvoir en 1998.
Rappelons que l’opposition avait appuyé le coup d’État en avril 2002, la fermeture de l’industrie pétrolière en 2002/2003 et le référendum pour destituer Chavez en 2004 : tous des échecs lamentables.
L’opposition au Venezuela semble incapable de procéder autrement qu’en appliquant les stratégies de ses éléments les plus extrémistes…
Espérons maintenant que cette dernière bourde stratégique provoquera l’émergence d’une saine opposition au Venezuela.
Pourtant les partis d’opposition avaient affirmé leur volonté de participer aux législatives du 4 décembre dernier à l’organisation des États américains.
Le lendemain de cette promesse, l’Accion democratica le parti possédant pourtant 23 des 165 de l’Assemblée nationale s’est retirée et les trois autres ont suivi pas longtemps après…
Le parti d’opposition avec le plus à perdre de ce boycott a été Primero Justicia mené par leur candidat à la présidence du pays pour lors des élections de décembre 2006.
Jusqu’à présent la coalition des partis pro-Chavez avait une mince majorité à l’Assemblée nationale et avec l’élection de dimanche dernier ils auront toute la liberté nécessaire afin de poursuivre la fameuse révolution bolivarienne.
Alors chaque fois que l’opposition à Chavez a dû prendre une décision majeure elle a invariablement choisi l’option de ses éléments extrémistes.
Un observateur a dit que ça doit avoir un rapport avec une culture macho où la modération est vu comme de la faiblesse et l’extrémisme comme du courage…
Y’a aussi l’influence de l’oncle Sam à prendre en considération, lui qui aime tellement envahir les pays dont les dirigeants seraient illégitimes et qui ne respecteraient pas les diktats de l’empire.
Fait à noter : au cours des 5 dernières années les partis d’opposition ont reçu 20 millions de dollars d’aide des ÉU.
En faisant le pari à long terme que le boycott allait rendre Chavez illégitime aux yeux du monde, l’opposition venait de s’enlever leur avant-dernier outil pour faire entendre leur voix.
Ils ont perdu les forces militaires en appuyant le coup d’État; perdu l’industrie pétrolière en essayant de la fermer; perdu sa base militante avec la défaite lors du référendum sur la destitution de Chavez; et dimanche dernier, l’opposition a perdu l’Assemblée nationale.
Que reste-t-il maintenant? Les médias de masse, farouchement anti-Chavez.
Espérons donc qu’une nouvelle opposition se formera aux cours des prochaines années, peut-être des éléments moins extrémistes et stupides de la vieille opposition; ou même parmi les rangs des pro-Chavez…
Et peut-être que le Venezuela pourra atteindre une certaine normalité entre le parti au pouvoir et l’opposition.
Dans le pire des cas, il faut craindre que les ÉU et les pays qui lui sont proches en profiteront pour tenter de renverser Chavez sous prétexte qu’il est un dictateur.
Comme on verra après la musique, non seulement Chavez est loin d’être un despote, il est probablement le plus grand démocrate de la planète en ce moment…
***
La révolution bolivarienne d’Hugo Chavez se poursuivra donc de plus belle avec l’implosion irrationnelle de l’opposition lors des élections de dimanche dernier au Venezuela.
Michael Albert de Z Magazine – je vous ai déjà dit d’aller visiter ce site Internet? – est aller rendre visite au Ministère de la participation populaire qui avait été créé, selon le désir de Chavez, afin que le peuple prenne véritablement le pouvoir au Venezuela.
Albert rapporte que même si ça fait plus de 200 ans que nous pratiquons la démocratie, nous remettons encore le pouvoir entre les mains d’une élite.
On laisse littéralement les autres gouverner à notre place…
Au lieu de ça, au Venezuela, on propose un système où le peuple tient le pouvoir par la participation.
On cherche donc à créer une assemblée de conseils de citoyens dans les communautés où les familles pourront s’exprimer directement sur les décisions qui les affectent.
Les conseils de base seront formés de 200 à 400 familles ou de 1000 à 2000 personnes.
Chaque unité locale enverrait un porte-parole élu au niveau supérieur, ce niveau représenterait une région géographique plus large et de là on procèderait à élire un autre porte-parole qui ira à un niveau supérieur et ainsi de suite…
Comme ça le ministère de la participation populaire compte créer un réseau du bas vers le haut qui représenterait le plus fidèlement possible les volontés des 26 millions de Vénézuéliens.
On ne cherche pas à copier ce que d’autres gouvernements socialistes ont fait ailleurs, ni à imposer une dictature du prolétariat.
Le but est de créer quelque chose de nouveau en parallèle aux institutions démocratiques déjà existantes de manière à ne pas forcer les choses par la violence et la confrontation, mais plutôt par une saine compétition entre institutions de manière à ce que les plus efficaces et les plus désirables s’imposent.
L’important c’est de donner l’opportunité aux citoyens de se prononcer sur les décisions qui les toucheront selon la proportion qu’ils en seront affectés.
C’est selon moi la véritable définition de la démocratie…
Il y a bien sûr beaucoup d’élus et de bureaucrates qui ne veulent rien savoir de voir leur pouvoir réduit et celui des citoyens, augmenté.
Alors l’équipe de Chavez implantera ces processus de démocratie participative en parallèle aux institutions existantes afin qu’elles fassent leurs preuves sur le long terme.
Mais il demeure que le pays a 335 municipalités et jusqu’à présent 255 ont fait connaître leur appui au projet du président.
Michael Albert soutient par contre qu’il faudrait un débat national pour mieux clarifier et explorer les buts ultimes de la révolution bolivarienne de manière à ce que tous soit en mesure de les critiquer et de les enrichir.
Un autre aspect intéressant est que c’est l’élite au pouvoir qui est bien en avance sur le reste de la population pour implanter la démocratie participative.
Au moins le processus se déroule avec le soucis de démontrer la valeur des nouvelles institutions plutôt que de les imposer par la force.
Chavez dans tout ça démontre une retenue remarquable avec l’utilisation de son pouvoir, on dirait même qu’il est le premier homme à avoir autant de pouvoir à faire la promotion de l’anti-autoritarisme.
Mais avec cette situation existe le danger d’une forte instabilité si jamais il disparaissait…faudrait vraiment qu’une nouvelle opposition à Chavez, plus modérée que celle qui existe présentement et issue de la gauche apparaisse aux cours des prochaines années.
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