1. Grippe porcine : le rôle des méga-porcheries dans les mutations du virus
2. Privatisation et mortalité : une étude démontre que la perte de contrôle sur sa propre vie rend malade
3. Le Pérou et ses ressources en eau : comment les changements climatiques assoiffent le pays
4. La Turquie en transition : mythes et réalités du modèle de laïcité musulmane
5. L'Egypte après Moubarak : qui prendra le pouvoir entre son fils, l'armée et les fondamentalistes?
GRIPPE PORCINE
Voyons comment l'agrobusiness transnationale a préparé le terrain pour cette éclosion de la grippe porcine du Mexique.
Cette chimère génétique, probablement conçue dans le tas de merde d'une méga-porcherie, menace maintenant la planète entière.
Les apparitions initiales d'infections à travers l'Amérique du nord ont lieu à un rythme plus rapide que la dernière pandémie, celle de Hong Kong en 1968.
Pour l'instant, il semble beaucoup moins mortel que le SRAS en 2003, mais en tant qu'influenza, il pourrait être beaucoup plus durable.
Donnant qu'une version domestiquée et saisonnier d'influenza de type-a tue prêt de 1 millions de personnes chaque année, même une légère montée de sa virulence, surtout ajouté à une haute fréquence, pourrait produire un carnage équivalent à une guerre majeure.
Mais on peut se consoler dans la foi qu'a l'OMS, l'organisation mondiale de la santé, dans sa croyance que les pandémies peuvent être contenues par la réponse rapide de bureaucraties médicales des différents pays touchés, indépendamment de la qualité locale des systèmes de santé.
En tout cas, on verra... mais sans investissement massif dans les infrastructures scientifiques, de surveillance, de réglementation à travers le monde, y'a pas de raison d'avoir totalement confiance ni d'être hyper optimiste.
Et on ne sera pas surpris d'apprendre que le Mexique manque de moyens et de volonté pour surveiller les maladies venant des animaux d'élevage et leurs effets sur la santé publique... parce que la situation n'est guère meilleure au nord de leur frontière.
Où la surveillance est limitée par la bonne volonté des producteurs d'animaux d'élevage.
Le paradoxe central de toute cette panique liée à la grippe porcine c'est que son apparition avait été prédit, il y a six ans.
Depuis son identification au moment de la grande dépression, la grippe porcine n'a que légèrement variée par rapport à son génome d'origine... mais en 1998 tout a changé.
De nouvelles versions ont commencé à apparaître, annuellement.
Rappelons que les pandémies de 1957 et 1968 ont pris naissance à partir de mélanges de virus d'oiseaux et d'humains à l'intérieur des porcs...
Mais qu'est-ce qui a bien pu accélérer l'évolution de la grippe porcine depuis la fin des années 1990?
Probablement la même chose qui a favorisé la reproduction de la grippe aviaire : l'élevage... qui s'est transformé en une méga-industrie... par exemple, aux EU, en 1965 il y avait 53 millions de cochons sur plus d'un million de fermes.
Aujourd'hui, 65 millions de porcs sont concentrés sur 65 000 porcheries, la moitié contenant plus de 5000 animaux.
Au Québec, Le gouvernement Charest en 2004 sa décision de lever le moratoire visant la construction de nouvelles porcheries, avant même de rendre publics les résultats d'une vaste étude relative aux effets de l'industrie porcine sur la santé de la population
Chaque année, les fermes porcines rejettent 9,5 millions de mètres cubes de lisier, assez pour remplir quatre fois le Stade olympique.
Une transition de fermes familiales à de vastes enfers rempli de purin, contenant des dizaines à parfois des centaines de milliers d'animaux souvent avec des systèmes immunitaires affaiblies, s'échangeant des pathogènes à une vitesse qui s'accélère.
Et l'utilisation abusive d'antibiotiques, plutôt que des environnements plus sains.
Et comme je disais, pour les politiciens prêts à attaquer le problème et veiller à la santé public, bien ils devront faire face à des conglomérats alimentaires comme Smithfield Foods pour le porc et le boeuf et Tyson pour les poulets.
On parle déjà que le centre de la grippe porcine aurait apparu prêt d'une porcherie sous-traité par Smithfield dans l'Etat de Veracruz au Mexique.
Mais ce qui compte plus en ce moment, donnant la menace encore réelle de la grippe aviaire, c'est la stratégie plein de trous de l'OMS, le déclin des systèmes de santé à travers le monde après des vagues de réajustements structurels imposés par le néolibéralisme.
Et la catastrophe mondiale des méga-industries d'élevage d'animaux qui utilisent leurs leviers économiques afin de poursuivre leurs activités sans trop de vérification.
PRIVATISATION ET MORTALITÉ
Une récente étude scientifique publié dans le journal médical The Lancet explore la corrélation entre la privatisation et la mortalité en ex-URSS et d'autres pays d'Europe de l'Est socialistes du dernier siècle.
La restructuration socio-économique de l'Europe de l'Est, de 1989 en montant, est vu dans l'étude comme étant une des plus grande expériences de santé publique de l'histoire.
L'étude examine les effets des privatisations massives qui ont eu lieu suivant les réformes qui ont échoué visant à décentralisé ces économies à planification centralisé et leur transition vers le capitalisme néolibéral.
On y examine les taux de mortalité des hommes âgés de 15 à 69 ans entre 1989 et 2002.
On a donc trouvé que les privatisations massives ont été associé à une hausse des taux de mortalité à court terme de 12,8%.
Les chercheurs suggèrent que le chômage, qui a monté de 56% durant cette période, a été un facteur important.
Les plus hauts taux de mortalité étaient en Russie, au Kazakhstan, Lettonie, Lituanie et en Estonie.
Ensemble, ils ont vu leur taux de chômage tripler à 305% et le taux de mortalité monter à 42%.
Les endroits où le chômage n'a pas été aussi marqué et où l'investissement étranger était important n'ont pas vu une hausse marqué de mortalité.
Les auteurs ont remarqué que la transition de leurs économies vers une privatisation rapide et massive ont causé une hausse de la mortalité des hommes due aux facteurs suivants : le stress psychologique, le déclin de l'accès aux services médicaux, une perte de capital social, la désorganisation sociale et une hausse d'abus d'alcool.
Les effets des privatisations sur la chute de social capital ont été importants.
Concernant la Russie, les auteurs affirment que les efforts de Gorbachev visant à démocratiser et décentraliser l'Union soviétique ont échoué car les réformes sont tombées entre les mains d'une élite sympathique au capitalisme néolibéral.
Concernant le capital social, c'est important, ils indiquent que si plus de 45% de la population faisait parti d'au moins une organisation sociale, la privatisation n'avait pas un effet aussi important sur les taux de mortalité.
Ceci suggère qu'une plus grande organisation communautaire, solidaire, et même une participation active dans l'organisation sociale réduit les vulnérabilité selon les positions dans les classes sociales... mais certainement pas assez pour remédier aux effets d'inégalités de richesse, de pouvoir et de privilège.
Est-ce que ça veut dire que 100% de contrôle de la communauté sur la vie socio-politique ainsi que sur les institutions économiques pourrait grandement améliorer la qualité de vie?
C'est bien ce que les altermondialistes et les anti-capitalistes font comme argument.
Et les critiques peuvent dirent que même si une économie est centralisé ou dirigée par le marché, les gens ordinaires n'ont pas de contrôle décisionnel sur leurs vies.
À moins qu'une personne fasse partie du 20% des plus riches et puissant de la société, leurs destinées sociales et matérielles sont déterminées par des forces et des structures hors de leur contrôle...
Et faut ajouter à ça les effets du racisme, du sexisme, de l'âgisme et du classisme, ... tous des facteurs qui contribuent au stress psychologique et physique qui haussent les taux de mortalité.
EAU AU PÉROU
La fonte des glaciers résultant des changements climatiques et le manque de politiques de gestion adéquate de l'eau semblent être les causes principales derrière les carences en eau qui contribuent aux conflits qui se déroulent au Pérou.
Selon des chiffres du gouvernement péruvien sorti en février 2009, près de 50% des 218 conflits ont été déclenchés par des problèmes socio-environnementaux, pour plusieurs cas liés aux problèmes de gestion de l'eau.
Deux départements au sud sont pratiquement en guerre concernant l'eau... des communautés rurales dans les hautes terres des Andes le long de la rivière Yauca ont connu des conflits violents.
Des grands projets d'irrigation dans le nord-ouest ont aussi contribué aux disputes concernant les ressources aquatiques.
Donc l'eau n'est pas seulement rare au Pérou, mais sa distribution est très inégale par rapport à la population.
70% de la population vie le long une bande aride près de l'océan pacifique où juste 1,8% de l'eau potable se situe.
À Lima, sur la côte donc, où huit millions de personnes habitent, 30% de la population est la deuxième plus grande ville au monde située en plein désert, après Le Caire en Égypte
On estime qu'entre un et deux millions de personnes dans la ville n'ont pas accès à l'eau potable
Mais l'État a l'objectif d'augmenter l'accès à l'eau potable de 76% à 88% des ménages et les services sanitaires de 57% à 77%, les égouts de 22 à 100% d'ici 2015.
Mais la question centrale demeure la quantité et la qualité d'eau disponible pour tout ça.
La loi sur les ressources d'eau, promulguée le 30 mars dernier a été vertement critiquée par les citoyens et les politiciens car elle ouvre clairement la porte à la privatisation de l'eau.
Mais pendant ce temps là, la source première d'eau potable, les glaciers massifs des Andes, fondent à vue d'oeil.
Des glaciers trouvé aux latitudes tropicaux, 71% sont situés au Pérou.
Les rivières du Pérou dépendent et prennent leurs origines des glaciers des montagnes, et une fois parti il ne restera que les précipitations... donc pas grand chose.
TURQUIE EN TRANSITION
On le sait, la Turquie cherche à faire partie de l'Union européenne...
À deux mois des élections de l'Union, c'est peut-être un bon moment de voir à quoi ressemble la démocratie et l'état des droits humains dans le pays.
Dans le monde musulman, la Turquie est souvent nommé comme étant un modèle de gouvernement démocratique dans un régime laïque.
Le pays a un rôle a jouer comme médiateur dans des conflits au moyen-orient et au Caucase, un genre de pont aussi entre l'Occident et l'Orient.
Avant la montée de l'AKP, le parti de la justice et du développement, culminant à sa prise de pouvoir en novembre 2002.
L'image dominante de la Turquie, du moins à l'ouest, en était une d'un pays géré par une élite laïque qui repoussait des mouvements islamiques tout en cherchant à s'intégrer dans les structures occidentales.
À l'interne, la Turquie était une société assez conservatrice avec oui des aspirations démocratiques, défiant les pratiques autoritaires de l'élite laïque.
Donc l'association de l'AKP avec la démocratie musulmane comme antidote au radicalisme islamique s'est imposée depuis 2002.
Et ça l'a fait gagner beaucoup de points à la Turquie envers les pays démocratiques du monde.
Mais peu importe le parti au pouvoir et l'image qu'il projette de la Turquie... la question à poser c'est voir si les politiques implantées contribuent ou non à l'expansion du progrès et du bien-être humain, les droits socio-économiques dans le pays.
Et de ce point de vue là, toutes les forces politiques majeurs en Turquie font pitié.
L'AKP espère qu'en rejoignant l'UE, la Turquie pourrait décroître l'autonomie politique de l'armée, consolider la gouvernement civil et contribuer aux libertés religieuses... bref, projeter le pays en position de tête dans le monde musulman.
Mais les réformes de l'AKP ont perdu un peu de leur force à partir de 2006.. l'Allemagne et la France n'ont pas montrer beaucoup d'intérêt à intégrer la Turquie dans l'UE.
Une des raisons c'est la pauvre performance en défense des droits humains, la réputée association turque des droits humains a démontré que, même si les violations de droits humains ont décliné depuis 1999 à 2005, aucune amélioration majeure n'a eu lieu depuis.
Même que, en 2008, on a constaté une détérioration des droits humains.
Les forces de sécurité de l'État ont poursuivi leurs assassinats extra-judiciaires, et ont réagi de façon disproportionnée et violente aux protestations sociales.
Tout ça sans parler des droits culturels et politiques des kurdes qui continuent d'être bafoués.
Il demeure que tous les joueurs principaux, tous les parti politiques, qu'ils soient kurdes, laïques, islamiques, pro-occidentaux, personne n'a assez de pouvoir pour imposer ses voeux sur les autres...
Tous devront chercher à s'entendre et à bâtir des coalition et jusqu'à présent, le but d'atteindre le statut d'état-membre de l'UE a été la motivation principale de la Turquie pour se démocratiser.
Voyons maintenant si le processus d'une plus grande liberté, l'expansion des droits humains et la démocratie peut être généré à l'intérieur de la Turquie, plutôt que de conditions venant de l'Europe...
L'EGYPTE APRÈS MOUBARAK
Allons en Égypte maintenant, plus spécifiquement Le Caire, la capitale égyptienne qui subit depuis un an des incendies d'origines criminelles.
En août dernier, l'étage du haut de parlement était la proie des flammes.
Un mois plus tard, c'était au tour du théâtre national.
En novembre, les bureaux du parti d'opposition El Ghad ont été incendiés.
Ces feux sont peut-être la démonstration que la population vit très mal sous le régime oppressant du président Moubarak depuis 1981.
Alors que le pays se prépare à des élections nationales en 2011, auxquelles un Moubarak vieillissant pourrait ou ne pourrait pas participer, les incendies ne semblent pas déclencher du moins pour l'instant un mouvement de révolte de la part de la population.
Mais la frustration collective envers le régime, et la perspective d'une succession dynastique pourrait, dans un pays qui a renversé la monarchie il y a très longtemps, pourrait rendre le transfert du pouvoir très chaotique dans l'épicentre politique du monde arabe.
Faut rappeler que la longévité de Moubarak s'est fait grâce à la passivité des égyptiens... sans parler de l'appui inconditionnel de Washington qui depuis 1979 lui fourni des milliards de $ annuellement.
Donc il est possible que Moubarak, âgé de 80 ans, ne se présente pas pour un autre mandat de six ans aux élections de 2011... il pourrait carrément nommé à sa place un général de l'armée, ou le chef de la sécurité de l'État, ou transférer le pouvoir à son fils Gamal.
En face de lui, l'opposition officielle en Égypte, Ikhwan, un mouvement islamique basé à Le Caire, est de loin la parti politique le mieux organisé et le plus populaire d'Égypte.
Bien que banni par la loi, ses membres font campagne et servent au parlement en tant qu'indépendants, Ikhwan est le plus gros bloc d'opposition.
C'est une organisation paradoxale en Égypte : représentant la plus grande menace au règne de Moubarak, c'est aussi une garantie de sa survie.
En 2005, en réponse à la demande du président Bush que les pays du Moyen-Orient se démocratisent, les Égyptiens ont tenu des élections libres.
L'Ikhwan a remporté le quart des sièges au parlement... deux mois plus tard, le Hamas remportaient les élections en Palestine... et avec ça, la relation de l'administration Bush avec l'idée de gouvernements démocratiquement élu dans le monde arabe a soudainement pris fin.
L'islamisme est la carte qui est jouée en Égypte chaque fois que le monde demande une démocratisation du pays et que l'on se plaint de la violation de droits humains.
Le message de Moubarak est clair : des élections libres et justes ne feront que remettre l'État égyptien entre les mains de fanatiques islamiques qui détruirait le traité de paix avec Israël et s'allierait avec la Syrie et l'Iran...
Pendant ce temps là, son fils Gamal âgé de 45 ans a été intégré à la machine politique égyptienne depuis 2002, depuis, Gamal a mis en place dans des postes clés des apôtres du marché libre qui ont été applaudi par la Banque mondiale.
L'économie égyptienne a une des plus fortes performances des pays en voie de développement, mais les dividendes sont sans surprises très mal réparties, le fossé entre riches et pauvres s'agrandit.
Reste à voir si la transition du pouvoir vers son fils pourrait se faire passer pour un processus démocratique, faudrait que la manoeuvre soit approuvée et sanctionnée par l'armée.
Et si l'armée refuse, si Moubarak père décédait entre temps, une junte militaire pourrait fort bien être formée et prendre le contrôle du pays.
Ou Gamal pourrait devenir premier ministre avec l'armée qui décide les choses à sa place...
Sans véritable constitution, sans système électoral ouvert, sans presse libre ni organisations non gouvernementales... la transfert du pouvoir sera nécessairement chaotique, l'armée descendra dans les rues, et ça n'augure rien de bon pour la population et le Moyen-Orient.
05 mai 2009
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