LA LEVÉE 2 DÉCEMBRE 2009

1. Le Canada, la plus grande menace à la paix dans le monde : tout ça pour des sables bitumineux
2. À la veille du Sommet Copenhague sur les changements climatiques : quelles leçons de Seattle en 1999 peut-on appliquer aujourd'hui?
3. La bombe à retardement du Pakistan : la mèche est allumée pour une explosion démographique hors de contrôle
4. Le référendum en Suisse sur les minarets : la constitution helvète se trouve désaxée par rapport à la loi internationale

SABLES BITUMINEUX!

L'image du Canada dans le monde est de pire en pire
La campagne du gouvernement canadien contre le multilatéralisme est aussi sauvage que celle menée par l'administration Bush

À moins que l'on puisse l'arrêter, les dommages causés par le Canada en décembre 2009 pourrait mener directement à l'apocalypse climatique, rien de moins

En 2006 le Canada annonçait qu'il abandonnait ses cibles de réduction de GES sous le protocole de Kyoto

Aucun autre pays ayant ratifié le traité a fait une telle chose

Le Canada était supposé coupé ses émissions de 6% entre 1990 et 2012

Au lieu de ça, elles ont augmenté de 26%

C'est clair maintenant que le Canada refusera de se faire sanctionné pour avoir abandonné ses obligations légales

L'affaire c'est que le protocole de Kyoto ne peut être renforcé qu'à travers la bonne foi

Les pays doivent accepté des mesures punitives dans l'avenir si ils ratent leurs cibles

Mais le Canada ne s'est pas porté volontaire à couper davantage, en fait, notre réduction visée est plus petite que toute autre nation riche

Le gouvernement canadien est en train de tester les processus internationaux vers la destruction et se rend compte que ses engagements sont beaucoup trop faciles à briser

En démontrant que les sanctions sur le climat ne valent pas le papier qu'ils sont écrits dessus, notre pays menace d'avance tout traité qui pourrait être signé à Copenhague

Donc après avoir scrappé Kyoto, le Canada s'apprête à empêcher les autres nations de signer une entente par la suite

Comme je disais, rien de ça n'est très récent... à la fin de 2007, Ottawa a bloqué une résolution du Commonwealth pour des cibles de réductions obligatoires pour les pays industrialisés

Après les discussions sur les changements climatiques en décembre 2008, le Canada a remporté le prix de fossile de l'année présenté par des groupes environnementalistes...

Le prix va chaque année au pays qui en fait le plus pour défaire les négociations


Le même mois, un index mesurant les efforts des 60 pays les plus riches pour contrer les changements climatiques a été publié... L'Arabie saoudite était 60e .... le Canada 59e

En juin de cette année des médias ont mis la main sur les plans du gouvernement canadien visant à diviser les européens sur la question de la lutte aux changements climatiques

Durant une rencontre en octobre de cette année à Bangkok presque tous les délégués du monde développé ont sorti de la salle de réunion en bloc lorsque nos délégués ont pris la parole, totalement révolté par notre attitude

La semaine dernière, les chefs d'État du Commonwealth se sont battu pendant des heures pour contrer les obstructions du Canada

Et à Copenhague, la semaine prochaine, vous pouvez être certains que nos représentants feront tout pour dérailler les négociations

Il faut tout faire en notre pouvoir pour empêcher ça... ce qui veut dire prendre les rues et hausser le coûts pour nos élus pour cette politique qui ne représente qu'une minorité à l'ouest du pays

On en reparle

***

Les négociations en cours visant un effort global contre les changements climatiques sont fragiles... ça prend un pays du G8 assez borné pour tout faire dérailler.... et ce pays c'est le Canada, en ce moment, représenté par notre bon gouvernement minoritaire de Stephen Harper

Il ne faut pas hésiter trop longtemps avant de comprendre la motivation d'Ottawa : c'est que le Canada est en train de développer la 2e plus large réserve de pétrole au monde à partir des sables bitumineux en Alberta

La forme la plus sale d'énergie que l'on puisse imaginer

L'extraction des sables bitumineux se fait à partir de la plus grosse mine à ciel ouvert au monde

De la taille de l'Angleterre... on va creuser à même des forêts vierges et des marais

Raffiner les sables bitumineux demande deux à trois fois plus d'énergie que de raffiner le pétrole brut

Les compagnies qui exploitent les sables brûlent assez de gaz naturel pour chauffer six millions de maisons

L'opération des sables bitumineux est la plus grande source industriel d'émission de carbone au monde

En 2020, si la croissance actuelle se poursuit, ça produira autant de GES que l'Irlande ou le Danemark

Déjà, grâce en partie aux sables bitumineux, les Canadiens ont déjà le taux par tête d'émission de GES sur Terre

Et l'exploitation en Alberta vient à peine de commencer

Le plus gros actionnaire de cette folie des sables c'est la pétrolière Shell... une entreprise qui dépense des millions par année à convaincre le public qu'elle respecte l'environnement

Alors, il va sans dire que l'assaut du Canada sur les discussions internationales pour contrer les changements climatiques est motivé par la protection de cette industrie

Les barons du bitume de l'Aberta ont été en mesure de prendre le contrôle du pays à travers ses pantins à Ottawa

C'est certain que le Canada n'est pas le seul obstacle à une entente à Copenhague.... mais c'est une force majeur...

Et si le climat déraille... vous pouvez être certain que que le monde vivra plus de guerres et de chaos


Aors il va sans dire que la menace immédiate aux efforts globaux pour une paix durable, la stabilité dans le monde, ne vient pas de l'Arabie saoudite, de l'Iran ou de la Chine...


C'est le Canada, c'est nous autres... l'avenir du monde est entre nos mains



COPENHAGUE ET SEATTLE

Les préparations pour le Sommet sur le climat de Copenhague du 7 au 18 décembre vont bon train

Sauf pour une importante diversion sortie le 20 novembre dernier lorsque des hackers ont publié des courriels embarrassants de l'unité de recherche de l'université de l'East Anglia


Où les chercheurs s'avouaient jouer avec les chiffres pour donner l'impression que le réchauffement climatique est pire qu'il l'est vraiment

Personnellement, je me fout de ce qu'un groupuscule d'académiciens stupides ont à dire sur les changements climatiques... ce n'est après tout qu'une goutte dans une mer de preuves qui nous tombent dessus depuis trop d'années pour se laisser distraire par ça

Il y a un réel danger par contre, encore une fois, que les grandes pétrolières plantent un doute dans nos esprits sur les réels dangers des changements climatiques

Exactement comme l'ont fait les grandes compagnies du tabac il y a quelques décennies sur le potentiel létal de leurs produits

Les pétrolières, surtout les BP, Shell, Chevron et ExxonMobil de ce monde, subventionnent les groupes de recherches qui se spécialisent dans le déni

Exactement comme le faisait les apôtres de la globalisation financière au cours des années 1990... et pour contrer ça, faut se rappeler de Seattle il y a 10 ans à pareil date

Lorsque l'OMC est tombé dans le fiasco le 30 novembre 1999 quand les activistes de la société civile ont mené les protestations spectaculaires contre la cérémonie d'ouverture du Sommet de l'OMC

Les activistes ont tout fait pour empêcher l'entrée dans le centre de conférence, résistant à un barrage de gaz lacrymogène et de poivre de cayenne

Et dans le centre, les négociations ont tardivement eu lieu... et les chefs d'États du monde en développement a rapidement compris qu'une libéralisation des échanges et du déplacement du capital ne ferait qu'endommager leurs petits secteurs industriels

Ce qui a mené à la même chose lors du départ de la ronde de Doha en novembre 2001

Malheureusement, au même moment, le mouvement de justice global se tournait vers l'anti-impérialisme dans le sillon de la militarisation après les attaques du 11 septembre 2001

En 2003, avec une entente médiocre de l'OMC sur la table à Cancun et 30 000 manifestants dehors, encore une fois les pays en voie de développements se sont retirés du consensus

Ruinant les plans de l'Amérique du Nord et de l'Europe pour la libre exploitation du monde

Et jusqu'à ce jour l'OMC ne s'en est toujours pas remis

Alors voilà les précédents requis pour surmonter les trois énormes défis auquel le Nord doit faire face à Copenhague

Des réductions de GES d'au moins 45% par rapport aux niveaux de 1990 d'ici 2020 à travers une entente obligatoire, défaire le marché ridicule du carbone et des échanges de droits d'émissions; ainsi que le paiement d'une large dette écologique aux victimes des changements climatiques

Et comme j'ai dit plus tôt, le rôle du Canada, son influence sur la balance des forces qui dominent en ce moment ne permettra pas de crier victoire sur aucun de ces trois défis

Alors quelle réponse est logique? La leçon principale vient de Seattle : en prenant les rues, aux côtés des manifestants de la société civile

En empêchant une mauvaise entente à Copenhague le 18 décembre


LEÇONS DE SEATTLE

Je reviens sur les leçons de Seattle dont les manifestations contre le sommet de l'OMC en 1999 a pour jamais changé le monde... du moins, je l'espère

Avant 1999, le rouleau compresseur de la globalisation écrasant tout sur son chemin, incluant la vérité

Mais à Seattle, des femmes et des hommes ordinaires ont montré la vérité au monde à travers l'action collective

C'est généralement accepté maintenant que la globalisation est un échec dans sa promesse de livrer trois choses : sortir les pays pauvres de la stagnation, éliminer la pauvreté et réduire les inégalités

La dépression profonde de l'économie en ce moment prend ses racines dans le fait que l'économie est mené par des entreprises transnationales et la libéralisation financière

Le tout poussé par l'idéologie du néolibéralisme qui a rendu le processus légitime

Et j'espère que l'on a vu la fin de la globalisation

Mais les choses étaient vraiment différentes il y a plus de 10 ans

Je me rappelle encore à quel point les discours étaient triomphant après la première rencontre de l'OMC à Singapour en novembre 1996

À l'époqie, on nous répétait partout que la globalisation menée par les transnationales était inévitable, c'était la voie de l'avenir, et il ne restait qu'à n'en faire officiellement la politique économique du FMI et de la BM

l'OMC allait servir de locomotive au train de l'utopie du néolibéralisme menant à une économie global parfaitement intégrée

Au cours de la décennie précédant Seattle, il y avait beaucoup d'études, incluant des rapports de L'ONU, qui questionnaient l'affirmation que la globalisation et les politiques du marché supposément libre menaient à la croissance durable et à la prospérité

En effet, les données indiquaient que ces politiques, où elles étaient appliquées, accentuaient la pauvreté et l'inégalité, consolidant la stagnation économique, et ce, surtout dans le sud

Or, ces données étaient réduites au statut d'opinions plutôt que d'être des faits solides

Le point de vue orthodoxe, répété sans cesse dans les salles de classe, dans les médias, dans les cercles politiques

c'était que les critiques de la globalisation étaient l'incarnation moderne des Luddites, ces illuminés qui détruisaient les machines durant la révolution industrielle... ou comme étant des gens qui croient que la Terre n'est pas ronde

Ensuite vint Seattle... et après ces journées tumultueuses, la presse commençait à parler du côté noir de la globalisation, on commençait à peine à parler dans les médias des inégalités et de la pauvreté qu'elle générait


Le retrait intellectuel de cette idéologie a atteint son plus haut point il y a deux ans lorsqu'un rapport intelligent a été publié par des économistes néoclassiques de Princepton qui montrait au monde à quel point la globalisation et la libéralisation des échanges ont contribué à la pauvreté, la stagnation et l'inégalité


... et aussi à quel point des organismes comme le FMI et la BM et l'OMC ont faussé les données à travers les années pour prouver le contraire


Le renversement intellectuel sur l'idéologie de la globalisation qui a eu lieu à Seattle a eu des conséquences très concrètes... une leçon que nous avons besoin d'appliquer à la veille du sommet de Copenhague

La leçon étant que la vérité est rendue complète et réelle et ratifiée que par l'action directe et solidaire


PAKISTAN!

Allons maintenant au Pakistan, le pays autrement connu sous le nom de bombe à retardement

Pour plusieurs raisons... mais principalement à cause de son explosion démographique en conséquence de ses propres initiatives aux cours des dernières décennies

Et le résultat sera une politique qui deviendra l'ombre de l'islamisme

Les Nations unies ont prédit en juillet dernier que si les tendances se maintiennent, le Pakistan aura la 4e plus grosse population au monde d'ici 2050

Lorsque le Pakistan est né en 1947, il était loin d'être en tête des populations les plus nombreuses du monde

20 ans plus tard, il se trouve en septième et sixième place

À l'époque, le Pakistan était divisé en deux, l'est du pays est devenu le Bangladesh

dans ce temps là, la population était un peu plus large que celle de l'ouest du Pakistan

Dans les décennies qui ont suivies, l'ordre a été inversé

Le Pakistan et le Bangladesh ont respectivement la 6e et la 7e place dans l'ordre de la population mondiale

Et une étude publiée l'an dernier par le journal médical Lancet aide à expliquer pourquoi le Bangladesh a eu plus de succès que le Pakistan à contrôler la croissance de sa population

Une approche innovatrice du gouvernement de Dhaka a fait toute la différence

Peu de temps après avoir remporté sa guerre d'indépendance, le Bangladesh a adopté une approche basé sur la communauté où les femmes de chaque village qui savaient lire étaient entraînée en médecine de base et la planification familiale

Elles faisaient ensuite du porte à porte, distribuant des condoms et des pilules contraceptives

Les taux de fertilité au Bangladesh ont en conséquence baisser de moitié, allant de six enfants à trois par femme... une réussite phénoménale

Au Pakistan, par contre, il n'existait qu'une forme de contraception en promotion par les médecins et les sage-femme qu'il fallait payé : les méthodes intra-utérines

Vers 2050 donc, la population du Pakistan est prévue d'être 62 millions de plus que celle du Bangladesh

on prévoit que la population grossira de 85 millions au cours des 20 prochaines années

les deux-tiers des Pakistanais sont âgés de moins de 30 ans et la proportion ne fera qu'agrandir

36 millions de nouveaux emplois sont nécessaires pour soutenir cette explosion démographique... et en ce moment nous en sommes à un million par année

On imagine facilement le cauchemar qui se déroule

pas une surprise, par exemple, que l'inflation à 23 % cette année est vue comme un problème plus important que le terrorisme

On a mené des sondages sérieux auprès des segments de la population qui représentent la génération des moins de 30 ans

et seulement un tiers des répondants ont confiance en la démocratie, et un tiers à plutôt confiance dans les modes islamiques de gouvernance

Les militants du parti au pouvoir ont plus confiance en l'armée, à 60% qu'aux politiciens, à 10%

L'absence d'une alternative, un de modèles viables pour les jeunes pakistanais, ajouté à l'absence d'infrastructure et la stagnation économique est la recette parfaite pour une situation explosive

Il n'est pas trop tard, par des mesures basées sur l'éducation et la santé, d'éviter le pire... mais à voir aller les leaders politiques et militaires du Pakistan me pousse à la conclusion qu'on est loin de les appliquer


REFERENDUM SUISSE ET MINARETS

Les Suisses ont créé une grosse surprise en votant dimanche à une majorité de 57,5% l'interdiction des minarets à l'appel de la droite populiste, qui dénonce un symbole politico-religieux.

«La construction de minarets est désormais interdite en Suisse», a annoncé le gouvernement helvétique dans un communiqué officiel.

«Les quatre minarets existants ne sont pas concernés», ont précisé les autorités.

Sur les 26 cantons de la Confédération helvétique, seuls quatre cantons ont rejeté la proposition soutenue par le parti UDC de la droite populiste et le petit parti chrétien de droite UDF.

Ce vote va entraîner la modification de la Constitution suisse, dont le préambule proclame, «au nom de Dieu Tout-Puissant», l'esprit «de solidarité et d'ouverture au monde» du peuple et des cantons suisses.

Ce vote démontre encore une fois qu'il existe deux Suisse : une est moderne et ouverte, l'autre est xénophobe et populiste

Le résultat de dimanche est un coup dure à l'image multiculturel du pays où 400 000 musulmans représentant 4,3% de la population sont considéré comme modéré et relativement bien intégrés

La plupart d'entre eux viennent ont fui les Balkans et seulement une minorité est pratiquante


Le changement constitutionnel adopté, qui est en flagrante discrimination contre un seul groupe religieux est sans doute en contradiction de la loi internationale qui protège les droits des minorités

Ce résultat fâcheux place maintenant les Suisses devant leurs propres contradiction entre la loi nationale et internationale

Éventuellement, ce changement constitutionnel pourrait être impossible à implanter justement à cause de cette contradiction

Malgré le fait que ce référendum touchait seulement les Minarets et non les mosquée... le pays à 400 mosquées et 4 minarets... et que le vote n'était pas directement contre les musulmans ou l'Islam

beaucoup de musulmans considèrent ce vote du peuple suisse comme étant un affront direct à eux... avec raison je dirais

l'image d'un pays tolérant, où des gens de différentes convictions religieuse vivent ensemble en harmonie, est, disons, sérieusement compromise

Le pire, c'est que pas si loin, la Bosnie-Herzégovine rêve parfois de devenir la Suisse des Balkans

Mais c'est plutôt la Suisse qui doit maintenant vivre avec le cauchemar de s'approcher du destin d'un pays divisé