20 février 2006

La Levée 13 février 2006

Élections en Haïti
Eh bien après avoir été repoussée à quatre reprises les élections en Haïti ont eu lieu il y a quatre jours et au moment où je vous parle on attend toujours les résultats du premier tour.
Depuis le sondage de CID-Gallup pris en Haïti en décembre dernier montrant René Préval favori à 37%, les forces qui ont provoqué le renversement du gouvernement d’Aristide en février 2004 s’organisent pour contester les résultats qui viendront sous peu…
René Garcia Préval était le premier ministre sous Aristide jusqu’au premier coup d’État en septembre 1991.
Il est un agronome éduqué en Europe et a été président d’Haïti de 1996 à 2001.
Son rival le plus sérieux, Charles Henri Baker, un riche propriétaire de sweat-shops et co-fondateur du groupe des 184 qui a provoqué le deuxième coup d’État contre Aristide traînait dans les sondages à un taux lui étant favorable à 10%.
Il est clair que la majorité d’électeurs appuyant Préval est de la même base électorale d’Aristide et le mouvement Lavalas qui l’avait amené au pouvoir.
La majorité mal représentée dans nos médias : les pauvres paysans en campagne et les pauvres urbains des bidonvilles.
Faudra porter une attention particulière à la suite des événements en Haïti avec cette victoire probable de René Préval, déjà circulent beaucoup de bruits voulant qu’il y ait une forte résistance à un nouveau gouvernement Préval.
Ce que tout ça nous montre, en fait, c’est que les pseudo-forces de la démocratie qui ont renversé Aristide, en premier lieu le Canada, la France et les ÉU, n’ont pas du tout la démocratie à cœur.
Les centres de pouvoir responsable du 33e coup d’État haïtien n’accepteront les principes de la démocratie que du moment que c’est leur candidat, défendant leur point de vue et leurs intérêts.
Depuis février 2004, des forces de l’ordre de l’ONU contribuent au dépeçage du groupe Lavalas dans les quartiers pauvres de Port-au-Prince, La Saline et Bel Air.
La nouvelle armée haïtienne qui a été réinstallé après la chute d’Aristide, une armée composé pour la plupart de membres de gang criminelles s’amuse à aller tirer sur des femmes, des enfants et des hommes innocents…
C’est rendu à un point où la MINUSTAH, la mission des nations unies pour la stabilisation en Haïti connaît beaucoup de tensions au sein même de l’organisation.
L’été dernier le commandant militaire brésilien le général Augusto Heleno Ribeiro Pereira a demandé d’être relevé de ses fonctions…parce qu’il s’inquiétait de cette tuerie de citoyens qui se tenait sous ses ordres et qu’il s’ouvrait à une poursuite pour crimes de guerre.
Après 2 ans, la grave détérioration des droits humains et de la sécurité sous la supervision de l’ONU a sérieusement besoin d’être expliqué…
On poursuit sur le rôle du Canada dans tout ça et à quoi on peut s’attendre pour les lendemains de l’élection…

***

Alors le 7 février dernier ont eu lieu les fameuses élections haïtiennes et il semble qu’un seul candidat parmi les 31 qui se sont présentés pour devenir président remportera par une large marge.
Et derrière ce choix d’un proche d’Aristide et du mouvement Lavalas il y a bien sûr le mandat clair de changer les horribles conditions sociales et économiques qui affligent Haïti depuis des siècles.
Pourtant, si les ÉU, la France et le Canada avait laissé Haïti tranquille et si ces pays avaient plutôt choisi d’échanger avec Haïti en partenaire égal je vous garanti que l’on aurait une toute autre situation là-bas.
Allant de la strangulation financière imposée par la France durant le 19e siècle, en passant à l’occupation du pays par les ÉU au milieu du 20e jusqu’au coup d’État provoqué en bonne partie par le Canada en 2004…
Disons que la bonne foi et la bienveillance de ces trois pays envers Haïti sont loin d’être mérités.
Et là on ne saura jamais qu’elles auraient été les conséquences d’un troisième transfert de pouvoir en Haïti successif sans l’utilisation des armes et de la terreur.
Les pays des Caraïbes observent l’élection haïtienne avec beaucoup d’attention surtout parce que l’instabilité d’Haïti menacent directement la leur :
Pas juste à cause des réfugiés qui fuient le pays après chaque coup d’État, mais surtout en voyant à quel point de puissantes institutions et États peuvent tout simplement décider de sortir un président démocratiquement élu de son pays et d’installer un gouvernement pantin à sa place.
Alors CARICOM, l’union des pays des Caraïbes, ont demandé depuis les deux dernières années à la communauté internationale d’enquêter sur les circonstances du coup d’État contre Aristide.
Ils ont demandé à l’OEA, l’organisation des États américains d’enquêter là-dessus et même si CARICOM possède la moitié des votes à l’OEA ils ne paient pas semble-t-il assez du budget pour obtenir une réponse à leur requête.
L’Union africaine a pour a part demandé à l’ONU d’enquêter de son côté et a obtenu le même résultat.
Je vous invite en parenthèse à visiter le site canadien Seven Oaks où on y trouve un article très intéressant sur le rôle et la place du Canada dans les Caraïbes et ses services rendu au capital britannique et américain depuis quelques siècles.
Le Canada a donc été le pays des services pour l’exploitation des Caraïbes par les deux puissances pendant un bon bout de temps.
Ça recule jusqu’au premier ministre John A MacDonald qui avaient de lourds intérêts financiers attachés aux profits tirés des économies de plantation des Caraïbes.
Notre premier ministre sortant doit la fortune de sa famille aux transports marins fournis par le Canada Steam ship lines fondées au 19e siècle.
Alors semblerait que les services militaires, financiers et de transports fournis par la Canada ont précieusement servi les intérêts financiers à Londres et à New York aux dépends, bien sûr, des personnes qui vivent dans les Caraïbes.
Aujourd’hui, les banques canadiennes sont profondément ancrées dans les Caraïbes et la possibilité de mener librement leurs activités dépend de pays où les normes de travail sont relâchées, et la capacité des populations locales à contrôler leur vie réduite au minimum.
La machine militaire canadienne est bien présente dans la région aussi et ce depuis les débuts de son histoire.
Alors lorsque les ÉU voulait sortir Aristide du pays en 1990, c’était Lynn Garisson de Calgary, qui a admis des connections avec la CIA qui a été le stratège derrière le coup de 1991.
Et plus tard, c’était des troupes canadiennes qui ont facilité l’expulsion du président démocratiquement élu Jean-Bertrand Aristide.
Alors on peut s’attendre avec l’élection de René Préval que les grands intérêts financiers imposent leur volonté à coups d’embargo, de coercition et de sanctions interdites par la loi internationale et, si nécessaire, nous irons enlevé d’autres élu par la force s’ils persistent à promouvoir des programmes de lutte à la pauvreté plutôt que des mesures favorables au capital.


Relations publiques tabac/pétrole

Je vous parle maintenant des firmes de relations publiques, plus spécifiquement des stratégies utilisées par les géants du tabac et du pétrole pour brouiller volontairement les enjeux concernant la santé publique afin de poursuivre leur accumulation criminelle, pathologique et obsessive de profit.
C’est à partir d’articles britannique que j’ai trouvé sur le bon vieux Web, un de Tim Holmes de UK watch et l’autre de la personne que je dois avoir le plus cité ici à La Levée, le chroniqueur du Guardian George Monbiot.
Alors au milieu des années 1950 l’industrie du tabac faisait face à une crise majeure.
Des recherches scientifiques démontraient des liens sans contredit entre fumer la cigarette et l’apparition du cancer.
Et de plus en plus les médias en prenaient conscience et voulait en parler…
Alors, dans une société normale et non menée par un système économique débile et morbide, l’information se serait répandue dans la société librement et les gens auraient pris la décision intelligente de cesser de fumer.
Ce qui est arrivé plutôt est une contre-offensive de l’industrie du tabac, une campagne de relation publique surnommée l’urgence de 1954.
On a crée le TIRC, le Tobacco Institute Research Committee, entièrement subventionné par l’industrie du tabac, le groupe avait déclaré sans rire que son but était de collaborer étroitement avec ceux qui avaient pour tâche de sauvegarder la santé publique.
Et jusqu’au années 1980, subventionné à coups de dizaines millions de dollars par l’industrie du tabac, le TIRC a brouillé les enjeux, fait exprès en fait pour semer un doute dans l’esprit du public concernant les preuves scientifiques liant la consommation de la cigarette à une panoplie de graves maladies, au haut de la liste le cancer.
Le pire c’est que 90% du budget du TIRC allaient vers ses campagnes de propagandes et un gros 10% était consacré à de la recherche scientifique.
En 1988 la compagnie Philip Morris dépensait de vastes sommes d’argent afin de subventionner des chercheurs prêts à réfuter les dangers de la fumée secondaire, juste pour, selon des documents internes, insuffler de la vie à la controverse, enlever de la crédibilité à ceux qui sonnaient l’alarme concernant les dangers de la fumée secondaire.
Parce qu’il faut comprendre ceci concernant cette activité de relation publique des compagnies de tabac : le but n’a jamais été de gagner le débat scientifique, bien non… c’était certain qu’ils allaient perdre sur ce terrain là.
Ce que pouvais faire la relation publique c’était de semer assez de doute dans la conscience collective que personne ne sait vraiment qui croire.
Plus récemment, un groupe actif entre les années 1988 et 2004, ARISE, acronyme qui signifie Associates for Research into the Science of Enjoyment, était pendant les années 90 un des groupes dans le monde qui avait le plus d’influence sur la santé publique.
ARISE se décrivait comme une communauté internationale de scientifiques vouée aux commentaires indépendant.
Son but premier était de démontrer comment les plaisirs quotidiens comme manger du chocolat, fumer, le café et l’alcool contribuent à la qualité de vie.
Le groupe affirmait qu’il y avait beaucoup de raisons pour laisser ses inhibitions de côté et de céder au produit qui nous font plaisir.
Ils allaient même jusqu’à affirmer que des recherches démontraient comment la jouissance de plaisirs simples, sans se sentir coupable, pouvait réduire le stress et ainsi améliorer notre résistance aux maladies.
Au que le fait de se sentir coupable avait l’effet contraire, causant des pertes de mémoire, un dysfonctionnement alimentaire, des problèmes cardiaques, voire des dommages cérébraux!
La police de la santé comme ARISE les qualifiaient à l’occasion pouvaient provoqués plus de mal que de bien.
Le problème avec ARISE, un fait que presque aucun média n’a porté à l’attention du public pendant ses 16 ans d’activités, c’est qu’elle était subventionné à 99% par l’industrie du tabac…
Alors la première question qu’il faudra posé, à l’avenir, à tout chercheur qui affirme le contraire de ce qu’affirme la communauté scientifique devrait être «qui paie ton salaire?»…
On en reparle après la pub…

***
Alors à la fin de la dernière heure je vous ai parlé en grandes lignes de la stratégie des transnationales du tabac qui visait en somme, à semer un doute dans l’esprit du public par rapport aux effets nocifs de leur produit.
Pour y arriver, elles ont directement subventionnés une panoplie d’institut de recherche bidons qui disaient aux médias de masse crédules à quel point le consensus n’était pas coulé dans le béton par rapport à la morbidité de la cigarette et des autres produits du tabac.
La stratégie centrale pendant des décennies consistait simplement à semer le doute dans l’esprit du public sans jamais directement nier les conclusions scientifiques de ceux qui faisaient de la véritable recherche.
Créer le doute, donc, pour masquer habillement de solides preuves scientifiques de manière à ce que le consommateur, exposé en plus à une publicité efficace, décide de fumer pareille parce que de toute façon ce n’est semble-t-il pas tout à fait prouvé que c’est mauvais pour la santé…
Résultat : des millions de morts et surtout des millions de personnes qui ont passé leur vie à tirer sur des bâtonnets de cancer qui ont fait en sorte que c’était difficile de monter deux étages par les escaliers…
La même chose se produit depuis près de 20 ans concernant le réchauffement climatique, c’est la stratégie centrale que l’on enseigne dans les cours de relations publiques :
Les gens ne sont pas en faveur d’action dans une situation non-alarmante lorsque les arguments semblent balancés des deux côtés et que le doute s’installe.
Il faut implanter le doute de sorte que le public perd sa motivation d’agir.
Dans le cas du réchauffement climatique le consensus est aussi fort que dans le cas des effets nuisibles du tabac, sauf que ceux qui ont intérêts à ce que les pratiques destructives se poursuivent sont aussi, sinon plus puissants encore!
Surtout depuis 2004, les conclusions fusent de partout concernant l’apocalypse qui nous attend à cause du réchauffement climatique.
Certains chercheurs affirment même que nous avons un point de non retour, que les effets destructeurs du réchauffement sont au-delà de la capacité des humains de renverser.
Mais encore les choses auraient été tout à fait différentes si un message puissant et persistant ne venait pas brouiller les faits et les enjeux depuis des dizaines d’années :
Un message disant que les preuves restaient encore à faire, que rien n’était prouvé, qu’en fait le réchauffement pouvait être une bonne chose…
Des groupes comme l’AEI, l’American Enterprise Institute for Policy Research accusent les chercheurs qui sonnent l’alarme concernant le réchauffement global d’être politiquement motivés et de ne pas s’appuyer sur la science.
Le problème c’est que ce groupe est monétairement motivé, ce qui est pire je crois, ayant reçu 1,4 millions de dollars d’Exxon Mobile depuis 1998.
Des supposée Instituts de recherche scientifique indépendantes payé par les grandes pétrolières pullules depuis le début des débats sur le réchauffement.
Exxon à elle seule en finance officiellement une bonne quarantaine.
Alors si les mensonges propagés par les compagnies de tabac à travers leur habile utilisation de l’industrie des relations publiques a contribué directement à la mort de millions de personnes…
La propagande des grandes pétrolières qui a tout aussi habillement contribué au niaisage et au manque d’action collective et sérieuse pour empêcher le réchauffement climatique est pas mal plus grave…allant même jusqu’à l’extinction de l’espèce humaine.

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