Rivalités en Asie de l’Est
On regarde du côté de l’Asie aujourd’hui à La Levée en commençant par un portrait de la dynamique actuelle entre les différentes régions de l’Asie de l’Est.
Alors ce l’on craignait chez plusieurs analystes est en train de se produire dans cette région du monde :
La rivalité et la discorde entre la Chine et le Japon est le facteur le plus menaçant pour la paix et la prospérité de l’Asie de l’Est.
Le concept même de communauté d’Asie de l’est commence à sonner de plus en plus creux avec les développements récents entourant l’ASEAN, l’Association of South Eastern Asian Nations et l’APEC, l’Asia-Pacific Economic Cooperation.
L’embûche principale à une vraie communauté asiatique est donc la rivalité entre deux groupes la Chine et la Corée du sud d’un côté et le Japon de l’autre.
Selon Sang Jung Kang, professeur de science politique à l’Université de Tokyo, les réunions de l’ASEAN et de l’APEC ont souffert de trois problèmes principaux :
L’augmentation du nombre de participants à l’ASEAN, avec l’ajout à la dernière minute de l’Inde, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande à fait en sorte que la réunion s’est transformé en cérémonie informelle.
Ensuite vient l’objection des ÉU de ne pas faire partie du party, Washington à mis un peu le bâton dans les roues parce que l’idée d’une communauté de l’Asie de l’Est l’excluant ne lui plait pas beaucoup…
Alors pour contrer l’union du Japon avec les États-Unis, la Chine à insister pour inclure la fédération russe dans les négociations.
Comme on voit…nous sommes loin de la création d’une véritable communauté de l’Asie de l’Est si les ÉU et la Russie s’en mêlent…
Les profondes rivalités entre la Chine, la Corée du Sud et le Japon mineront toute véritable progression vers l’établissement de l’équivalant à de la communauté européenne en Asie, selon le professeur Jung Kang.
Et ça l’aura des conséquences néfastes non seulement sur le Japon, mais sur l’ensemble des pays de la région.
En premier lieu sur l’économie…L’Asie devait absolument se doter d’un fond monétaire qui lui est propre pour contrer des crises financières comme elle a connu à la fin des années 90.
Ensuite il risque d’y avoir des menaces de confrontation entre la Chine et le Japon, motivé bien sûr par la rivalité entre la Chine et les ÉU.
On pourrait même voir l’émergence d’une guerre froide à saveur asiatique et donc l’approfondissement des divisions entre deux blocs de pays.
Et si ça arrive bien l’Asie se lancera dans une course dangereuse à l’armement…et la militarisation du Japon en inquiète plusieurs…
Enfin, l’avortement d’une véritable communauté asiatique fait en sorte que les dangers régionaux tels que les tsunami, la grippe aviaire, les accidents nucléaires, voire les effets désastreux de la globalisation financière ne pourront pas être affronter de manière efficace et concertée.
Mais vu la menace grandissante de la Chine pour les intérêts de l’empire américain, le piètre résultat de l’ASEAN était probablement l’idéal pour nos voisins du sud…
On en reparle après la musique.
Chine et dollar US
Jeudi le 5 janvier dernier la Chine a peut-être accroché le premier domino qui ruinera l’économie américaine.
La Chine a annoncé qu’elle commencera à diversifier ses réserves de devises étrangères en s’éloignant du dollar américain.
Je ne sais pas si vous le savez, mais c’est le début d’un des pires cauchemars pour les économistes américains.
La seule chose qui garde le dollar US à flot c’est le fait que d’autres pays veuillent bien absorber les 600 milliards de dollars dans le rouge que les ÉU entretiennent chaque année à cause de leur déficit budgétaire.
En ce moment la Chine tient 769 milliards de bidoux US, la vaste majorité des réserves à l’étranger, soit 30% du PNB chinois.
Malheureusement, les dépenses folles de l’administration Bush ont fait en sorte que le dollar US devient un très mauvais investissement à long terme.
Alors la Chine se voit contrainte de se départir des billets verts au risque de subir de grosses pertes dans ses réserves sinon…
Les chances sont que la Chine agira d’une manière posée, mais déjà les marché financiers dévoilent leur nervosité :
Toute la semaine les grands investisseurs ont réfugié leur argent dans l’or…ce qui est un indice solide qu’ils ont perdu confiance en la capacité de Washington de calmer ses dépenses.
Faudra garder un œil très attentif sur les marchés pour juger de leurs réactions aujourd’hui pour voir sur quelle pente glissante l’économie s’est lancée nous avertit Mike Whitney dans un article publié dans Z Magazine.
L’économie américaine a vraiment pris un mauvais tournant lorsque Bush a commencé ses réductions d’impôts de l’ordre de 450 milliards par année pour donner au 1% des plus riches citoyens.
Juste cette décision a mené l’économie du pays vers un désastre appréhendé.
La dette nationale a augmenté de 3000 milliards sous les mandats de Bush…en plus, les nouvelles mesures imprudentes de prêts approuvée par la réserve fédérale ont causé une énorme bulle spéculative par rapport au marché immobilier.
En somme, la carte de crédit est pleine et le puits est vide…les Américains feront face à des taux d’intérêts plus élevés, une économie stagnante et une devise sans valeur.
L’action de la Chine le 5 janvier dernier indique que nous entrons dans une période d’instabilité économique…en fait, l’avenir des ÉU est entre les mains de ses créditeurs.
La politique économique de la Chine déterminera à l’avenir des taux d’intérêts sur les hypothèques…
Si la Chine décide de se débarrasser de ses billets verts américains, le Japon suivra et ensuite l’Allemagne.
Aujourd’hui Mike Whitney croit que la réserve fédérale donnera une dose d’adrénaline au dollar pour empêcher sa dévaluation.
Le déficit massif qu’encoure l’administration Bush pour mettre de l’argent dans la poche de ses clients, le 1% des citoyens les plus riches des ÉU.
Tout ça au coût de la souffrance de la classe moyenne qui verra ses revenues chuter en chemin direct vers le niveau de vie des masses de travailleurs pauvres du monde.
Chasse aux baleines
Un article dans le journal britannique The Independent nous rappelle à quel point le combat n’est jamais tout à fait gagné pour protéger une partie intégrante de notre écosystème.
Alors même que l’on croyait qu’un moratoire global vieux de 20 ans empêchait la chasse aux baleines, et bien voilà que le Japon, la Norvège et l’Islande ont repris la chasse à un niveau très inquiétant.
Ce qu’il faut comprendre avant tout c’est que la protection d’une espèce menacée comme les baleines n’est pas fait juste dans une intention romantique, une cause «cute» pour se donner bonne conscience :
Non, on cherche à protéger les espèces menacées de la destruction par l’humain pour justement conserver la richesse et la diversité de la biosphère qui contribue directement à notre qualité de vie.
Alors oui, sauvons les baleines si on ne veut pas d’un monde homogène en stagnation…
Le Japon, la Norvège et l’Islande comptent abattre pas moins de 2000 baleines au cours de la prochaine année.
Une année cruciale puisque ces pays sont sur le point de prendre contrôle de l’IWC, l’International Whaling Commission, l’organisation supposée veiller à la réglementation entourant la chasse aux baleines…
Le Japon mène la flotte avec 1035 baleines abattues l’an passée, sous le prétexte de recherche scientifique…excuse absolument bidon puisque la viande de baleine se trouve ouvertement dans les marchés japonais.
C’était l’année la plus sanguinaire depuis que les excès de la chasse commerciale avaient mené au moratoire.
La Norvège et l’Islande sont en proportion aussi pire que le Japon…
Greenpeace et d’autres groupes demandent donc aux pays anti-chasse d’attaquer directement le prétexte scientifique de cette chasse pour démontrer sa nature illégitime.
Voire de les traîné devant une cour internationale…mais le temps presse parce qu’à la réunion en juin de l’IWC sera peut-être le point tournant où les pays baleiniers auront le vote majoritaire.
Au cours des 6 dernières années, le Japon a trouvé le moyen d’attirer 16 nouveaux pays favorables à ses pratiques dans l’organisation.
Le moratoire de 1982 avait été voté pour permettre aux populations de baleine de récupérer à un siècle de chasse industrielle, et non pas pour bannir la chasse à tout jamais.
Mais la plupart des pays anti-baleiniers comme la GB dont maintenant fermement contre le retour à la chasse commerciale même sévèrement contrôlée.
Sauvons donc les baleines…nous sauverons en même temps les humains!
Chomsky sur les élections en Irak
Je vous transmets maintenant ce que l’éminent linguiste, philosophe et militant Noam Chomsky pense des récentes élections tenues en Irak.
Le président Bush avait qualifié ses élections de points tournant majeur pour la démocratie en Irak…une belle réussite impossible à atteindre sans l’intervention militaire des ÉU.
Pourtant lors de l’invasion de l’Irak, la motivation principale évoquée était l’élimination du risque des armes de destruction massive…motivation vite oubliée vu que c’était un gros mensonge.
Dans les faits, les ÉU ont tout fait pour empêcher la tenue d’élections en Irak et si ce n’était pas d’une belle résistance non-violente et bien organisée les élections du mois passé n’auraient jamais eu lieu.
On pourrait même qualifier d’élections de façade ce qui vient de se produire en Irak…
Car des élections sérieuses veulent dire que l’on porte une attention particulière à la volonté de la population.
Et la première question à laquelle la population répond depuis un bout de temps c’est à savoir si elle souhaite la présence des troupes américaines sur son sol.
La réponse est majoritairement et sans contredit non. À 80% les Irakiens veulent les voir sortir immédiatement.
1% de la population croit que la présence de troupes étrangère est responsable pour l’amélioration de leur conditions de vie et de sécurité…
Avec de véritables élections la population Chiite du sud, où se trouve tout le pétrole chèrement convoité, aurait une influence prédominante dans les affaires de l’État.
Pire, c’est Chiites chercheraient à établir de fortes relations avec l’Iran, un pays majoritairement Chiites aussi.
Pire encore, juste à l’Ouest se trouve une population chiite très amère en Arabie saoudite…alors un Irak véritablement souverain risquerait d’augmenter l’autonomie et la justice dans cet autre pays contrôlé par les ÉU.
Et ça adonne que l’Arabie saoudite regorge de pétrole aussi dans ses régions à fortes concentrations chiites.
Alors ce que craignait par-dessus tout les ÉU depuis des décennies risque de se produire de toute façon : une vaste alliance informelle entre les population chiites de l’Iran, de l’Irak et de l’Arabie saoudite : contrôlant de la sorte les plus larges réserves d’hydrocarbures au monde.
Et une alliance de ce genre risque de s’aligner beaucoup plus avec la Chine et l’Inde qu’avec les ÉU.
De tels développements seraient un cauchemar pour Washington nous dit Noam Chomsky alors ce n’est pas pour rien que l’administration Bush fait tout pour écraser l’émergence d’une démocratie populaire en Irak malgré ce qu’elle affirme.
Avec cette perspective la question reste à savoir si l’occident demeurera du côté des forces occupantes qui empêche la démocratie et la souveraineté en Irak ou si les pays de l’Ouest prendront le pari d’appuyer le peuple irakien…
Ça reste à voir…
15 ans de globalisation
L’équipe éditoriale du Washington Post a publié un très bon éditorial le 9 janvier dernier sur l’échec grandissant de la globalisation néo-libéral, ce qui est étonnant pour un journal qui n’est pas reconnu pour ses points de vue anarchiste radical alors j’ai cru bon de partager ça avec vous…
Il y a 15 ans on avait annoncé l’éclipse de l’État-Nation devant les corps supranationaux tels que l’ALÉNA, l’OMC, la Commission européenne et l’ONU.
Mais aujourd’hui on ne peut faire autrement que de constater les échecs de ces institutions.
En commençant par l’OMC qui n’arrive pas à agrandir sa zone d’élimination de tarifs sur l’échange, l’ambition d’accroître son influence sur les questions du travail et de l’environnement ont fort heureusement échoués.
Pendant ce temps là l’OMC n’a pas été en mesure d’éliminer les mesures protectionnistes de l’Europe et de l’Amérique du Nord envers son agriculture ce qui cause des dommages irréparables dans les pays du tiers-monde.
C’est un peu le même cas avec l’ALÉNA…
L’influence du FMI continue de chuter. Durant les années 80 et 90 le FMI avait une place prédominante dans la gestion des réformes économiques dans les pays en voie de développement, mais sa politique a mené à des crises financières à répétition allant de l’Asie de l’est à l’Amérique latine, en passant par la Russie.
Les Nations unies sont en crise et l’organisation réunissant la communauté internationale semble incapable de mener l’humanité vers des politiques globales pouvant repousser la majorité des problèmes communs qui nous menacent.
L’Union européenne a vu sa nouvelle constitution rejetée par la France et les Pays-Bas l’été dernier.
Et l’OTAN a été inutile en Irak et inefficace en Afghanistan…
Le Washington Post espère que ces crises indiquent une période de transition et de réajustement pour les institutions internationales.
Il souligne que oui, des États-nations démocratiques ont plus de légitimité et de capacité que les organisations internationales et qu’ils devraient demeurer des éléments clé des relations internationales.
Mais dans un monde tricoté aussi serré grâce aux communications et les moyens de transports, des corps transfrontaliers doivent exister pour coordonner efficacement les efforts pour affronter les défis communs à tous.
Les crises financières, le réchauffement global, la grippe aviaire, le terrorisme, à la fin il faudrait affronter ses types de problèmes par la prévention plutôt qu’en réactions improvisées.
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